Août 1956

 

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1 Août 1.956:

Mitterand a donné son accord pour bombarder le douar Ichmoul, dans les Aurès, P.C. des hors la loi, mais à condition que la population soit avertie. L'aviation largue 80.000 tracts annonçant le bombardement. Les notables, les religieux protestent, le préfet annule le bombardement, Mitterand est furieux "quand on a donné un ordre comme celui-là, quand on a menacé par tract, on n'a pas le droit de se dégonfler."

Un retraité assassiné à Bougie.

 

2 Août 1.956:

rien.

 

3 Août 1.956:

Dans la nuit du 2 au 3 août, le réseau de barbelé placé en certains endroits de la frontière marocaine est démantelé et les combattants du FLN en ont montré le caractère illusoire: une feuille du manuel d'infanterie est piquée sur un poteau, à la page "que tout obstacle non battu par le feu est inefficace". En août et octobre 1956, six postes furent construits, équipés de mitrailleuses, de mortiers et de projecteurs. On amena même quelques canons de 105, des avions Luciole. La frontière, dans ces secteurs, était battue par l'artillerie. Ce dispositif fut doublé d'une zone interdite, où par quatre fois des groupes adverses furent accrochés. C'était insuffisant, un seul bataillon n'avait pas les moyens de garder en permanence cette frontière.

 

4 Août 1.956:

Une bande détruite en Kabylie, une autre dans les Aurès.

A paris Pineau déclare à l'assemblée nationale que "Nasser devra se soumettre (à l'internationalisation du canal de suez) sinon on prendra les mesures qui s'imposent".

 

5 Août 1.956:

 Un agriculteur assassiné (torturé puis égorgé) dans sa ferme de Aïn-el-arba.

L'adjoint (musulman) du maire de l'alma blessé grièvement.

L'autocar Alger- Miliana attaqué , trois personnes tuées, les seuls européens de l'autocar.

 

  6 Août 1.956:

Un garde champêtre musulman égorgé.

Un cafetier assassiné à Biskra.

Huit agriculteurs (dont deux européens) arrêtés. Ils étaient en possession de stocks de vivres et de vêtements destinés aux rebelles.

Embuscade vers Tablat, une section du 117 ème RI est anéantie, 13 morts, seulement 3 survivants

 

7 Août 1.956:

rien.

 

8 Août 1.956:

Série d'incendies criminelles à Alger et sa banlieue.

Un caïd assassiné à Battant.

Un gendarme et un militaire tués dans une embuscade.

Un tueur du FLN guillotiné dans la prison d'Alger.

A Londres, sir Eden, premier ministre affirme que le contrôle international de suez est une question de vie ou de mort.

 

9 Août 1.956:

Embuscade dans l'algérois, 18 militaires tués.

 

10 Août 1.956:

Explosion dans une maison de la casbah d'Alger, 16 morts, 32 blessés. On sait maintenant qu'il s'agissait d'une opération de contre terrorisme gaulliste, menée par Castille, lequel, le 16 janvier 1957 , toujours gaulliste, essayera de tuer Salan, général trop républicain à leurs yeux. Condamné pour ces faits, en prison au moment des barricades, il est libéré lors de la semaine des barricades, rejoint Madrid où il s'expliquera avec Salan, avant de rejoindre l'O.A.S. Les porteurs de valise affirment mensongérement qu'il s'agit là du premier attentat à la bombe à Alger (sous entendu ces salauds de pieds noirs ont commencé) on se reportera aux bombes de 1 novembre 1954, à celles de fin novembre 1954 à Oran, celles de juin 1955 dans deux cinémas de la casbah d'alger, destinées à renforcer les interdictions d'y aller du FLN, celle d'avril 1956 à Philippeville, celle du 10 juin à Constantine, etc... Et le mois passé, à Alger, deux bombes nombreux blessés, il s'agit en particulier d'un autobus qui explose avenue du 8 novembre

Dans le Constantinois, des bandes de rebelles attaquent des mechtas alliées à la france, une centaine de morts dans des conditions épouvantables.

 

11 Août 1.956:

rien.

 

12 Août 1.956:

Une cinquantaine de soldats du premier B.T.A. (tirailleurs algériens) est attiré dans une embuscade. 20 morts, une quinzaine de blessés, une dizaine de prisonniers dont seulement 2 seront liberés le 25 decembre .

 

13 Août 1.956:

 

 

14 Août 1.956:

Attentats "individuels" à Alger 4 européens abattus. Un attentat individuel ne vise qu'une personne, par opposition à l'attentat tout court (grenade, bombe) qui en vise plusieurs. Il n'est en général pas plus ciblé, il s'agit le plus souvent de faire commettre un meurtre par un candidat potentiel de façon à s'assurer de sa détermination.

 

15 Août 1.956:

 Cinq attentats individuels à Alger, un seul est réussi, dans les quatre autres cas la foule lynche littéralement l'auteur. Le cas réussi concerne René Almanza, instituteur et son épouse, qui, sur leur scooter, alors qu'ils se dirigeaient vers les plages, furent victimes d'une crevaison. L'assassin, un jeune, arrêté peu après raconte au tribunal que, pour faire partie du F.L.N. il devait tuer deux français. Sous prétexte d'aider René Almanza à réparer sa roue, il l'abattit froidement d'une balle dans la tête, puis tira sur sa femme qui tentait de s'interposer. La veille, il avait tué de la même manière un retraité qui prenait le frais devant chez lui.

Un car incendié à El-Benia, prés d'Alger, 12 personnes enlevées.

 

16 Août 1.956:

Rien

 

17 Août 1.956:

Rien

 

18 Août 1.956:

 Rien

 

 

19 Août 1.956:

Attentats à Bône, un européen tué, trois musulmans blessés.

Sur l'ensemble du territoire de l'algérie, des actions ponctuelles de l'armée ont conduit à la mort de 20 rebelles.

 

20 Août 1.956:

 Deux automobilistes représentants de commerce assassinés dans leur voiture dans une embuscade près de Bougie.

 Premier congrès du FLN (congrès de la Soumam) où seuls les chefs présents sur le territoire assisteront, les "égyptiens" n'ayant pu (ou voulu) rejoindre. les décisions sont les suivantes: Le pouvoir appartient théoriquement au CNRA, de 17 titulaires et 17 suppléants, qui se réunit au moins une fois par an. La plupart résident en Algérie, quelques une sont au Caire. Le pouvoir est délégué par le CNRA à un groupe de cinq membres, Ben M'hidi, Belkacem, Zighout, Ben Khedda, Ramdane. (qui ne comporte que deux " historiques ", Krim et Ben M'hidi, et quatre kabyles,).Les "extérieurs" sont rappelés à leurs devoirs, fournir à la révolution les hommes, les armes, l'appui politique et l'argent nécessaire. Les structures sont confirmées, en particulier la troïka à tous les niveaux, de façon à la fois à se surveiller mutuellement et à mieux résister aux coups portés par la police.

Quelques jours plus tard, un des cinq est abattu près de sidi-mesrich, Zighout Youssef , l'organisateur du massacre d'El Halia, il sera trouvé porteur d'un compte rendu de cette réunion. On y lit l'objectif classique des guerres révolutionnaires "Rejeter l'autorité de droit et faire reconnaître une autorité de fait, l'Organisation Politico Administrative (OPA) par le terrorisme, arme essentielle de notre combat". Pour obtenir l'adhésion de la population, des consignes sont données, interdiction de fumer (sinon, nez coupé), de lire en français (sinon œil crevé), de boire de l'alcool (sinon lèvres coupées) d'écouter la radio des français (oreille), de porter des habits européens (amende). Les chirurgiens d'algérie deviendront des spécialistes mondiaux de la reconstruction fonctionnelle (et esthétique).

En ce qui concerne la métropole, le FLN veut "développer l'appui de l'opinion libérale afin d'annuler l'effet négatif de la pression réactionnaire et colonialiste". Et organiser (prendre en main) la population émigrée, et souligner l'échec du messalisme, dont les membres sont condamnés à mort, comme les européens, qualifiés de "colonialistes". La dictature mise en place est qualifiée classiquement de "centralisme démocratique".

Tout au long de cette guerre, le FLN écrira beaucoup. Le congrès de la Soumam a pu être qualifié de "putsch kabyle", les kabyles majoritaires au congrès imposant une ligne pluri ethnique et partiellement "laïque", qui n'a pas l'approbation des chefs historiques, arabistes forcenés.

Les cinq ont de nouveau posé les conditions de la fin des opérations, reconnaissance de la nation algérienne, reconnaissance de la souveraineté et de l'indépendance de l'algérie "dans ses frontières actuelles" soit y compris le Sahara, libération de tous les détenus, reconnaissance du F.L.N. comme seule organisation représentative du peuple algérien. Le sort des européens est scellé "il n'y aura pas de double nationalité possible". (La valise ou le cercueil, l'octroi de la nationalité algérienne n'étant que faux semblant, exigeant l'adhésion à la religion musulmane.) On trouvera ICI le texte (amendé) tel que publié en novembre.

Commentaire issu de Philippe Tripier "Autopsie de la guerre d'algérie" , éditions France-empire, 1972.

  Dans une maison forestière isolée sur les flancs sauvages de la vallée de l'oued Soummam, aux confins de la Grande et de la Petite Kabylie, devaient se réunir clandestinement les chefs et délégués de toutes les Wilayas, de la Métropole et de l'Extérieur. Or, seuls se présentèrent ceux des Wilayas 2, 3 et 4 et le chef de la Wilaya 5.

Manquaient surtout, à cette manière d'Assemblée constituante, Ben Bella et ses co-équipiers de l'extérieur: ce qui ne faisait guère justice à leur privilège d' "Historiques". Nul ne saura jamais sans doute dans quelle mesure ces absences furent imputables aux circonstances de guerre ou aux seules manœuvres machiavéliques des organisateurs, peu soucieux en effet de voir discuter les décisions qu'ils avaient préparées à l'avance. Les initiateurs du congrès étaient: Krim Belkacem, chef de la Wilaya 3 kabyle, et surtout son adjoint politique Abane Ramdane qui fut avec Benkhedda et Saad Dahlab la tête pensante de toute cette affaire. Ils furent accusés par leurs collègues de l'extérieur, et non sans quelque apparence de raison, de les avoir évincés.

Toujours est-il que certaines décisions parmi les plus importantes furent prises aux dépens de ces absents de marque. C'est ainsi qu'en vertu de la création du C.C.E., comme on va le voir, le pouvoir se trouva dévolu à cinq hommes parmi lesquels ne figurait aucun des dirigeants de l'extérieur.

D'une manière plus générale, si l'énoncé de la pure doctrine par le Congrès de la Soummam exprimait bien la conviction de tous les dirigeants quels qu'ils fussent, en revanche les options déterminant la nouvelle organisation du pouvoir n'étaient pas toutes de nature à satisfaire Ben Bella et ceux de son école; quant aux décisions affectant les personnes, elles avaient pour effet d'évincer du pouvoir ceux de l'extérieur au profit de l'intérieur, d'en ouvrir l'accès aux non historiques aux dépens des Neuf et d'élargir la participation des Kabyles en refusant aux Arabes le privilège du nombre.

D'où le piquant de cette lettre adressée le 23 septembre par Abane Ramdane à Mohamed Khider - l'un des Neuf à l'extérieur -: "Maintenant que l'autorité de la Révolution est désignée, notre ligne politique fixée, les objectifs à atteindre assignés et que les responsabilités de chacun et de tous sont définies, il importe qu'une entente parfaite règne entre nous tous, d'autant que nous traversons une période décisive"

Informé seulement début octobre des décisions de la Soummmam, Ben Bella conteste aussitôt la représentativité du Congrès et la légitimité du nouvel exécutif. "Historique" et Arabe, le chef de la délégation extérieure ne peut admettre d'être évincé par le nouveau venu qu'est Abane Ramdane, Kabyle et simple adjoint de Wilaya. Il y va de son ambition personnelle et de celle de ses collègues de l'extérieur.

Ce qui est en jeu également, c'est un subtil et profond antagonisme: les affinités de Ben Bella envers l'Orient arabe et son penchant encore inavoué pour le pouvoir d'un seul sont en contradiction, depuis toujours, avec l'affinité des Kabyles envers l'Occident et leur goût atavique pour une forme démocratique du pouvoir. (En cela le directoire rebelle souffre du même clivage que toute la communauté musulmane d'Algérie). Cette opposition latente entre les chefs trouvant brutalement son objet à l'automne 1956 risque alors d'ouvrir à la tête du F.L.N. une crise grave. Mais ceci, empressons-nous de le noter une fois de plus, à l'intérieur d'une conception révolutionnaire qui n'a cessé d'être commune à tous. C'est ainsi que les tenants d'une forme "démocratique" du pouvoir en conçoivent l'exercice sur un mode purement totalitaire à la manière léniniste: de nouveaux textes ne tarderont guère à en fournir la preuve.

Providentiellement pour l'autorité des chefs de l'intérieur, le soudain arraisonnement dans le ciel d'Alger de Ben Bella et de ses collègues de l'extérieur, le 22 octobre 1956, dans l'avion qui les transportait de Rabat à Tunis, coupe court à tout développement schismatique. Désormais, les décisions de la Soummam auront force de loi constitutive et ce, pendant toute la durée du conflit. Mais ce ne sera pas sans de sombres règlements de comptes: Ahmed Mahsas, l'homme-lige de Ben Bella demeuré à Tunis comme le tenant du pouvoir extérieur, sera définitivement évincé par la nouvelle équipe au cours de l'été 1957; Abane Ramdane, le grand inspirateur de la Soummam, sera assassiné par ses propres collègues à Tunis au printemps de 1958. Une fois l'indépendance acquise et Ben Bella libéré en 1962, un retour des choses se produira enfin: Krim qui a couvert de son autorité le Congrès de la Soummam, Benkhedda et Saad Dahlab qui ont été les cooauteurs avec Abane Ramdane de la Plate-forme Politique seront rapidement éliminés et leurs schémas pseudo démocratiques écartés; Ben Bella triomphera au contraire avec sa conception typiquement nassérienne du pouvoir et l'alliance étroite avec Le Caire.

Mais de 1956 à 1962, la doctrine du F.L.N. aura continué de s'alimenter aux sources de la Plate-forme Politique et de même, les institutions para-étatiques tout en évoluant à l'image du conflit seront demeurées jusqu'à la fin dans le cadre conçu et défini au Congrès de la Soummam.

 

***

 

Il était grand temps, le 20 août 1956, de faire cesser le paradoxe d'un exécutif de neuf membres collégialement souverain mais depuis près de deux ans impuissant à se réunir et même à établir des liaisons satisfaisantes. C'était une nécessité dont on avait conscience même à l'extérieur. Aussi les cerveaux du Congrès décidèrent-ils d'édicter des règles toutes nouvelles pour la dévolution du pouvoir et pour son exercice, applicables immédiatement. C'est ainsi que la Soummam institua deux organismes suprêmes à la tête du F.L.N.: le C.N.R.A. et le C.C.E.

Le Conseil National de la Révolution Algérienne ou C.N.R.A., assemblée délibérante, est dépositaire de la souveraineté nationale. Il est donc la plus haute instance et détient tous les pouvoirs. Il doit siéger à raison d'une session par an.

Le Comité de Coordination et d'Exécution ou C.C.E. est l'exécutif du F.L.N. Il est investi par le C.N.R.A., devant lequel il est responsable. Le C.C.E. applique la politique définie par le C.N.R.A. Il siège en Algérie. Les vacances qui se produisent en son sein sont pourvues par le C.N.R.A.; en cas d'urgence elles le sont par cooptation.

Telles sont en bref les structures instituées par le Congrès de la Soummam, qui en outre édicte trois principes de fonctionnement: celui de la direction collégiale (déjà admis par tous); celui de la primauté de l'intérieur sur l'extérieur (expression, peut-être opportuniste, de la réalité des forces en œuvre); celui de la primauté du politique sur le militaire (qui pour déplaire à Ben Bella n'en était pas moins l'expression du sens commun).

Telle est, du moins, la théorie exprimée dans les textes. En pratique, les deux organismes nouvellement institués vont assumer chacun un pouvoir différent de celui qui lui est assigné: moindre pour le C.N.R.A., plus étendu pour le C.C.E. Il faudra plusieurs années d'usage et de nouveaux textes institutionnels plus précis (adoptés en janvier 1960) pour que l'exercice du pouvoir devienne sensiblement conforme au schéma édicté.

Initialement, les membres des deux nouveaux corps dirigeants sont désignés par le Congrès de la Soummam lui-même. Le C.N.R.A., assemblée souveraine, est composé officiellement de 34 membres - en fait de 33 puisque Mostefa Boulaïd est déjà mort -: 15 se trouvent alors à l'intérieur, 15 à l'extérieur et 3 en Métropole. Le C.N.R.A. est donc d'emblée dans l'impossibilité de se réunir. Il ne se réunira pour la première fois qu'après un an, au mois d'août 1957. (Son effectif passera alors à 54 membres, puis enfin à 65 au mois de septembre 1958).

Provisoirement impuissant, le C.N.R.A. annonce cependant par sa composition initiale le sens de son rôle futur. 24 de ses membres, soit près des trois-quarts, sont des "maquisards", à savoir 7 survivants des Historiques et 17 autres cadres de la lutte clandestine. En regard ne figurent que 9 membres d'origine purement politique, tous, sauf un, ralliés à l'extérieur après le 1er novembre, en 1955 et 1956. Dès le départ donc, la majorité - qui restera largement supérieure aux deux-tiers à travers les accroissements successifs du C.N.R.A. - appartient à ceux que leur origine commune de combattants révolutionnaires groupera pour la plupart, session après session, dans le camp des "durs", des "militaires", des extrémistes opposés à toute évolution bourguibiste du conflit et à toute solution de compromis.

Ce premier C.N.R.A. figure également, déjà, l'aristocratie du F.L.N. Dix-huit "ministres" se recruteront parmi ses membres, soit la quasi-totalité de ceux qui porteront ce titre pendant le conflit.

Ces futurs "ministres" sont: Krim Belkacem, Ben Khedda, Ben Tobal, Boussouf, Saad Dahlab, Ouamrane, Mohamedi Saïd pour l'intérieur; - Ben Bella, Khider, Boudiaf, Hocine Aït Ahmed et Rabah Bitat pour les Historiques de l'Extérieur; - Ferhat Abbas, Lamine Debaghine, Mohamed Yazid, Ahmed Francis, Tewfik el Madani et Abdelhamid Mahri, pour les "ralliés" politiques.

Enfin, les neuf membres purement politiques ralliés à la rébellion après son déclenchement, de par l'éventail de leurs origines respectives consacrent au sein de l'assemblée suprême l'existence effective d'un "Front": Abbas et Francis viennent de l'U.D.M.A.; Yazid et Lamine Debaghine du M.T.L.D. ainsi que Mahri, ce dernier du clan centraliste; Tewfik el Madani et Tayeb Thalbi viennent des Oulémas, Ben Yahia de l'U.G.E.M.A. (union des étudiants) et Mouloud Gaïd est secrétaire général de l'U.G.T.A. (syndicat ouvrier).

Quant au C.C.E., sur le papier modeste "Comité de coordination et d'exécution", il devient aussitôt de facto le comité dirigeant du F.L.N. - en attendant d'en être le "gouvernement" -. Ceci par la force des choses. La conduite de la guerre exigeait une tête, d'une façon de plus en plus pressante. Le C.C.E. se trouve être l'organe de décision indispensable, et seul à pouvoir jouer un tel rôle. En effet, la seule autre équipe susceptible d'y prétendre est celle de Ben Bella à l'extérieur. Or deux mois après le Congrès de la Soummam ce groupe se fait capturer par la France: ainsi le champ reste libre devant le nouveau comité. D'autre part le C.N.R.A., faute de se réunir, ne possède pendant un an qu'une existence théorique: le C.C.E. se trouve ainsi entièrement maître de ses initiatives, et même pratiquement de convoquer ou non le C.N.R.A. Le comité exécutif mettra cette circonstance à profit dès la première vacance en son sein pour y pourvoir lui-même par cooptation, geste qui consacrera son indépendance.

La composition initiale du C.C.E. favorise du reste son autorité en Algérie, où il siège. Il n'a que 5 membres, tous responsables et militants de l'intérieur: Krim Belkacem, Ben M'Hidi Larbi, Zighout Youssef, Abane Ramdane et Benkhedda ben Youssef; les trois premiers sont les chefs de Wilayas les plus représentatifs (W.3, 5 et 2), les deux premiers ayant de surcroît la qualité d' "Historiques". Les deux derniers sont les intelligences les plus actives du F.L.N. intérieur et les véritables auteurs du Congrès de la Soummam; une autre tête pensante de ce congrès les rejoint dès le mois suivant, lorsqu'en septembre Zighout Youssef tué est remplacé immédiatement par Saad Dahlab.

Aussitôt formé, le C.C.E. s'établit dans Alger. Outre sa valeur de symbole, la capitale par sa fonction naturelle de carrefour paraît en effet devoir se prêter mieux que tout autre lieu à l'exercice par le nouveau directoire de son autorité clandestine. Le Comité exécutif est alors l'initiateur de la vague de terrorisme urbain qui déclenche "la bataille d'Alger" et qui va durer tout l'hiver 1956-1957. Mais il en devient lui-même six mois plus tard la victime, car l'efficacité de la réaction française contraint alors les membres du C.C.E., en février 1957, à fuir Alger en toute hâte pour gagner le maquis, puis l'étranger: Maroc ou Tunisie. Sauf Ben M'Hidi qui est arrêté et décède le 4 mars.

C'est ainsi qu'au printemps 1957, le C.C.E. - réduit à quatre membres - se regroupe à Tunis.

La capitale tunisienne était depuis près d'un an le théâtre d'un certain désordre dans l'appareil extérieur du F.L.N. Dès l'été 1956, le Dr Lamine Debaghine s'y était établi avec le titre de Chef de la "Délégation Extérieure" dûment mandaté dans ces fonctions par les responsables de l'Intérieur (à l'instigation peut-être d'Abane Ramdane), c'est-à-dire par ceux-là mêmes qui préparaient alors le Congrès de la Soummam. Ce titre lui avait été contesté par Ben Bella, qui en fait avait gardé la direction des affaires de l'extérieur jusqu'à son arrestation en octobre. A partir de novembre 1956, c'est Mahsas, le fidèle de Ben Bella, qui prétend à Tunis prendre le titre du Dr Debaghine, tandis que Tewfik el Madani le lui dispute au Caire. Mais Debaghine, kabyle, médecin de formation, intelligent et de caractère entier, violent même (on le tient pour le principal responsable des horreurs commises à Sétif le 8 mai 1945), bénéficie à l'âge de 40 ans d'une longue expérience de la lutte des clans au sein du mouvement nationaliste. Confirmé par le C.C.E., le 10 décembre 1956, dans ses fonctions de responsable politique et militaire de la Délégation Extérieure, rejoint à Tunis, en décembre, par le "colonel" Ouamrane, chargé quant à lui de la branche militaire et du ravitaillement en armes, Debaghine procède à l'éviction de Mahsas. Tant et si bien que le C.C.E. trouve à Tunis, en juin 1957, un terrain relativement déblayé.

Dès lors le F.L.N. se trouve enfin doté - après plus de trente mois de guerre - d'une autorité unique et non contestée, effectivement groupée, libre et théoriquement capable d'exercer son pouvoir. C'est là un fait capital pour la conduite de la lutte.

 

 A Aïn-M'lila, douar Gassem, égorgement du chef religieux local, pro français, le Cheikh Ounissi, responsable de la zaouia Ben Tibar.

Egalement égorgement du père blanc Tabart, à Geryville.

 

21 Août 1.956:

Embuscade près de Constantine, deux militaires tués, trois blessés. Une dizaine de hors la loi abattus .

 

22 Août 1.956:

rien.

 

23 Août 1.956:

rien.

 

24 Août 1.956:

Un livreur de glace assassiné dans la basse casbah d'Alger.

 

25 Août 1.956:

 Deux attentats à Oran, un gendarme et un retraité tués d'une balle dans la tête.

Six militaires tués dans une embuscade, près de Constantine.

 

26 Août 1.956:

Accrochages nombreux dans le Constantinois et prés de la frontière tunisienne, 15 morts (dont le neveu du maréchal Leclerc) et 21 blessés.

Un médecin assassiné à l'Arba, près d'Alger.

 

27 Août 1.956:

Deux ouvriers de l'électricité et gaz d'algérie, enlevés sur le chantier où ils travaillaient, douar Ziamma-Mansourah, près de Djidjelli. Ils seront retrouvés trois jours plus tard, atrocement mutilés. Au fur et à mesure que la rébellion s'étend, les chantiers de travaux publics et autres devront être protégés par l'armée. (ne serait- ce que pour que les ouvriers acceptent de s'y rendre).

 

28 Août 1.956:

Juin, pied noir du Maroc et ancien commandant en chef des armées françaises en Italie, l'homme du Garigliano, maréchal de France, de l'académie française, déclare: "la solution pour l'algérie est dans une fédération française largement décentralisée".

Quatre automobilistes enlevés alors qu'ils circulaient près de Tlemcen.

 

29 Août 1.956:

rien.

 

30 Août 1.956:

Six personnes deux communistes et quatre musulmans arrêtés à paris pour avoir constitué un réseau de récolte de fonds destiné au FLN.

 

31 Août 1.956:

 rien.