Juillet 1956

 

 

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premier juillet 1.956:

rien

 

2 juillet 1.956:

Trois morts et 45 blessés à la suite de l'explosion d'une bombe sur la terrasse du casino de Constantine.

Huit blessés par suite d'une explosion au siège de l'UDMA à Alger.

 

3 juillet 1.956:

rien.

 

4 juillet 1.956:

27 soldats français musulmans et leur sergent chef enlevés dans les monts du Ksours.

 

5 juillet 1.956:

 Grève des travailleurs et des commerçants musulmans à Alger, à l'initiative du MNA, assez moyennement suivie. Le MNA ne coupe pas le nez des commerçants qui ne font pas grêve, en 57 la même gréve organisée par le FLN sera mieux suivie.

 

6 juillet 1.956:

Deux fermiers de la région de Medjana torturés et finalement égorgés.

Le garde champêtre musulman de Tadjemount et son épouse torturés (elle abondamment violée) et finalement l'homme égorgé la femme éventrée.

Arrestation à Alger de Hannou, membre de la cellule communiste qu'animait le traître aspirant Maillot, pour atteinte à la sûreté de l'état.

Expulsion de 5 militants communistes d'Oran, dont des anciens conseillers municipaux interdits de séjour en algérie.

 

7 juillet 1.956:

Dans son livre "Adieu Djebels" l'ethnologue jean Servier raconte comment il est amené à créer les ASSES (assistance medicale itinerante).

Une nouvelle piste s'ouvrit un jour dans le couiinement de la radio. Nos troupes au cours d'une opération avaient fait des prisonniers, parmi eux il y avait une femme: une infirmière. Cette grosse fille brune à la peau blanche avait de jolis yeux clairs derrière des lunettes d'intelllectuelle. Elle était étudiante en Droit et fille de notaire coranique. Mariée à un officier du F.L.N., elle cherchait à rejoindre son mari dans un pays "sûr" voisin. Une filière de passage s'offrit à elle.

- Passe par le maquis, tu rejoindras plus sûreement ton mari; chemin faisant, tu pourras aider les "Libérateurs-au-cœur-pur ".

Elle était partie la nuit avec un uniforme de toile verte venu d'une friperie américaine, émue sans doute comme une jeune épousée qui va rejoindre son mari, le cœur battant parce que la porte du foyer conjugal s'ouvrait lumineuse sur une folle aventure. J'ignore son itinéraire. Dans les montagnes, tout près de ma petite villa de retraité, elle fut accueillie par la bande de Mourad.

- Une femme! J'ai vu des photos de Mourad et l'expression folle de ses yeux noirs.

- Une femme! Pendant des semaines elle fut l'esclave de Mourad, sa bête à plaisir. La bande grondait, priivée de femmes, et sans doute la nuit les guetteurs étaient-ils tenus éveillés plus par les gémissements et les plaintes qui s'échappaient de la tente du chef, que par la crainte de l'ennemi. Mourad sentit ce flottement dans sa bande: moins docile entre ses mains. Gavé de volupté, il s'était sans doute aussi lassé de la femme. Il la donna à sa bande.

- Une femme! D'abord ce furent les "officiers" avec leurs insignes clinquants fabriqués par des bijoutiers kabyles et, quand ils le pouvaient, une arrogante casquette à "l'allemande . Chacun essayait de jouer au chef et de garder pour lui ce corps qu'il devinait à peine dans l'ombre de l'abri de toiles et d'épineux, immobile sous son étreinte comme entre les mains du laveur des morts. Mais dans la nuit les grands rires des hommes; privés de viol depuis la destruction des dernières fermes, les rappelaient à moins de folie. Dans un piétinement sourd, une bousculade coupée de jurons et de rappels à l'ordre, ce fut le tour des hommes: 40 la première nuit, 30 la nuit suivante, et après qui voulait, quand il le voulait.

De temps en temps, Mourad lui disait: - Tu as bien mérité de la Libération, le moral de la troupe est meilleur.

Dans la nuit elle sanglotait et ses yeux étaient devenus gonflés et rouges sous ses lunettes dérisoires d'intellectuelle. Un matin, à l'aube, les guetteurs donnèrent l'alerte.

- Voici les Français, 1es chacals, les chiens. Une mince colonne verte progressait en ordre dispersé. Les plus nerveux tirèrent au fusil malgré les ordres des officiers. C'étaient les coups de feu de défi comme dans les fantasias d'autrefois - un homme brûle de la poudre "pour le nez - pour l'honneur ". La colonne verte s'immobilisa. Les autres, tapis dans les rochers et les broussailles, voyaient les visages luisants de sueur de leurs ennemis.

- Des avions ennemis arrivent, crièrent les guetteurs. Deux hélicoptères restaient suspendus à un mètre au-dessus du sol sur un petit plateau voisin, des hommes en jaillirent, calmes, souples, précis dans leurs gestes. Ce n'étaient plus les soldats aux visages luisants de sueur qui montaient de la plaine, fatigués par la marche d'approche, mais des guerriers entraînés aux uniformes couleur de terre et de forêt. Bientôt le claquement sec des mitraillettes débusqua les combattants de la Guerre Sainte de leurs abris précaires, de leurs petites ambitions, de leur rêve insensé. Ils tombaient arrêtés dans leur course, esquissant - plutôt que le geste du musulman qui sent venir la mort - le geste du fuyard qui se rend. Dans son abri la femme pleurait et riait, hurlant sa rage et son mépris à ces hommes, ses amants - tous, ses amants - aussi lâches au combat que brutaux dans l'amour. La portière de toile verte s'ouvrit:

- Tiens, une gonzesse, dit un blondinet en tenue camouflée. Il répéta, extasié:

- Une gonzesse, et une bath.

- Je vous en prie, ne me touchez pas! hurla la femme.

Et, revenant sur le long itinéraire qui lui avait fait traverser le maquis, elle cria: - Je suis Française! détendue d'un coup, rasssurée par l'invisible protection étendue sur elle,

Il y avait des prisonniers. Un officier les interrrogeait, les réponses étaient identiques: ils ne savaient rien. Un homme au regard cruel, ironique, disait: - Je suis un paysan et j'ai été recruté de force. La femme s'arrêta net: - Lui! C'est Si Mourad, le chef de la bande, voilà son lieutenant Kader, voilà l'aspirant Ali. L'officier s'était arrêté d'interroger, trop jeune peut-être pour comprendre cette scène de femme bafouée et meurtrie: cette vengeance.

 

Elle était assise devant moi. Deux officiers étaient allés la chercher dans sa prison.

- Voulez-vous essayer d'être infirmière chez nous? dans nos équipes d'assistantes sociales? Préférez-vous retourner en prison?

- Au moins, dans la prison où je suis il n'y a pas d'homme.

- Passez la journée avec nos assistantes, vous me donnerez votre réponse demain matin.'

Le lendemain, je fus accueilli par un concert d'exclamations joyeuses:

- Elle reste! était la dominante, avec autour des précisions: Elle partagera la chambre de Jeannette ... ma blouse blanche, elle a la même taille que moi...

La vieille femme arabe qui faisait la cuisine des assistantes sociales était visiblement bouleversée. Comme toutes ses pareilles elle appartenait au réseau d'information du F.L.N., avec les garçons de café, les serveurs: tous les témoins blasés de notre vie, de notre agitation. Dans chaque équipe, dans les autres secteurs, il y eut une brève flambée de jalousie, vite transformée en émulation.

- Nous aurons aussi "notre" musulmane. Quelques jours plus tard, chaque équipe avait "sa" musulmane, et bientôt, par le jeu des relations, des parentés peut-être de cette merveilleuse complicité des femmes, chaque équipe était doublée de nouvelles recrues musulmanes venues d'horizons bien différents, depuis les jeunes filles au regard noir mobile que chantent les poèmes d'amour, jusqu'à de jeunes bachelières simplement heureuses de passer des vacances au grand air. Les unes avaient encore aux chevilles le cal laissé par les bracelets d'argent, les autres peut-être au fond de leur âme une dernière étincelle de rêve sanglant.

J'avais posé le principe de base de l'action: pas de charité dégradante. Le véritable sacrifice de charité, ces filles le consommaient chaque jour en allant sans protection militaire, au risque de leur vie, visiter des douars perdus dans la montagne qui, pendant des années, n'avaient vu de la France que le seul garde forestier.

 

8 juillet 1.956 :

Attentats à Boufarik, 9 morts, un européen et huit musulmans.

Deux bombes à Alger, nombreux blessés, il s'agit en particulier d'un autobus qui explose avenue du 8 novembre. Elles suivent les premiéres bombes celles du premier novembre 1954, celles de fin novembre 1954 à Oran, celles de juin 1955 dans deux cinémas de la casbah d'alger, destinées à renforcer les interdictions d'y aller du FLN, celle d'avril 1956 à Philippeville, celles du 10 juin et du 2 juillet à Constantine, etc...

On voit que ceux qui pretendent que la premiére bombe est celle posée par les contre terroristes en Août 1956 sont des menteurs conscients de mentir.

 

9 juillet 1.956 :

Embuscade près de Palestro, un convoi de ravitaillement de l'armée est mitraillé, 7 tués, 11 blessés.

Trente militants communistes (dont deux médecins et un avocat) mis en résidence surveillée dans la plaine du cheliff.

 

10 juillet 1.956 :

 Trois communistes, un métropolitain et deux français d'algérie inculpés à Alger d'atteinte à la sûreté de l'état.

 

11 juillet 1.956 :

Un officier chef d'une Section Administrative Spécialisée (SAS) assassiné près de Palestro, alors qu'il se rendait seul dans un douar.

Les associations étudiantes d'algérie rompent leurs liens avec leurs homologues métropolitains qui soutiennent les terroristes.

 

12 juillet 1.956 :

rien.

 

13 juillet 1.956 :

Deux cars attaqués, l'un près d'Affreville, l'autre à sidi aïssa, sept français musulmans assassinés, les autres rançonnés.

Dans le Sahara, un français découvert décapité, son sexe ornant suivant la coutume sa bouche. Il avait été abominablement torturé avant d'être décapité.

 

14 juillet 1.956 :

 Dans le sud algérois on signale la présence de bandes organisées, ce qui est nouveau.

 

  15 juillet 1.956 :

 Une bombe explose dans un café de El Arouka (près de Constantine) faisant 19 morts dont un militaire et 27 blessés.

Accrochage à Djidjelli, 12 soldats français tués, dont un officier.

Près de Laghouat, un inspecteur des PTT et deux ouvriers qui réparaient une ligne téléphonique sont enlevés, torturés et égorgés avec les rites habituels.

 A paris le pandhi Nerhu se pose en intermédiaire sur l'affaire algérienne et propose un plan conduisant à l'independance à Mollet et Pineau qui ne l'acceptent pas.

 

16 juillet 1.956:

rien.

 

17 juillet 1.956:

rien.

 

18 juillet 1.956:

Attentats à la bombe à Alger.

Bourgés Maunoury, Max Lejeune en tournée en algérie. Ils viennent recueillir les commentaires à la suite de leur Instruction du premier juillet, signée de Bourgès-Maunoury, et du ministre de la Guerre, le général Koenig qui reprend une note de Lorillot du 19 juin. On y reconnaissait qu'en Algérie, "des divisions entières ne peuvent arriver à bout de quelques centaines de rebelles". La force diffuse en était cette pression exercée par l'OPA sur les musulmans: interdiction de fumer, de travailler pour un Français, de faire de la musique dans les cafés maures. Rien n'était opposé à cette "action de commando" des "rebelles", commettant sabotages, destruction de récoltes et embuscades. Aussi, sous la formule de "conduite à tenir", le gouvernement autorisait de nouvelles méthodes:

o Il annonçait des moyens pour donner rapidité et efficacité aux unités: envoi d'hélicoptères, bombardement des bandes, allégement des paquetages individuels.

o Il autorisait des formes de combat brutales: "Tout rebelle faisant usage d'une arme ou portant une arme à la main, en état d'accomplir une exaction" serait abattu sur le champ" ... "les ravitailleurs, complices et tous autres membres des bandes, qui auraient échappé aux tirs et seraient capturés, sont à remettre à l'autorité administrative qui fixera leur sort." On précisait même que "le feu doit être ouvert sur tout suspect qui tente de s'enfuir", ce qui allait se traduire par des excès connus.

o Détruire l'infrastructure politico-administrative devenait une cible, pour développer la lutte "contre l'action des meneurs sur les masses".

La prééminence du pouvoir civil était maintenue. Il indiquait "le but et la conception générale", mais la police gardait son autonomie. Ce texte donnait carte blanche à l'Armée: "La mission du commandement est de rechercher le succès sur les bandes rebelles par tous les moyens" et, on y insistait, par "les mêmes méthodes que les rebelles." Le général Lorillot ne put tirer tous les effets de ce document. Peu de commandants d'unités avaient la capacité d'organiser des "détachements mobiles" aptes à "intervenir à l'intérieur d'un réseau à larges mailles". Contrôler les routes était encore le fait de "détachements mixtes, blindés et postes" peu spécialisés. La libération d'une classe du contingent, en réduisant ses effectifs, rendait inopérante toute velléité, seul le "nombre permettant cette stratégie". En octobre 1956, il était pessimiste, car, écrivait-il alors, "je n'ai pas vu en octobre les résultats que j'espérais; j'espérais mieux en novembre". Comme Salan plus tard, il insiste sur la pauvreté de ses moyens humains pour "lutter contre le terrorisme urbain", pour "déjouer les embuscades", pour surveiller les frontières. Comme "réserve générale" il ne dispose que d'une unité de parachutistes.

En novembre, à moins d'un mois de son départ, il touche l'inanité de ces instructions venues de Paris au cours d'une réunion de commandement. Tous les officiers présents notent l'absence de contacts entre les administrateurs civils et les chefs militaires locaux. Le colonel Le Pulloch, qui commande un secteur, en signalant l'arrestation de quelques chefs de cellule politique - entendons l'OPA -, de collecteurs de fonds et de propagandistes, avoue sa paralysie: protéger les points sensibles immobilise cinq bataillons sur les quinze qui ont été levés avec les disponibles rappelés. Quant à recenser la population, "mechta par mechta, tente par tente", c'est une œuvre impensable. ("la guerre d'algérie du général Salan, Valette, ISBN 978-2-915960-38-9)

Un gardien de phare sauvagement égorgé à Djidjelli.

Un lieutenant colonel, un officier, 9 sous officier et huit hommes de troupes, attirés dans un guet-apens près de Terafaoui sont désarmés, torturés, mutilés et finalement achevés. Photo disponible sur demande.

 

19 juillet 1.956:

Un agriculteur est assassiné dans sa ferme près de l'Arba.

Un vieillard de 90 ans et sa gouvernante sont assassinés, le vieillard torturé, la gouvernante violée par toute la troupe puis éventrée, suivant les coutumes locales au Corso, près d'Alger.

 

20 juillet 1.956:

 Un couple est attaqué près de Dellys, l'homme est égorgé, la femme violée est laissée pour morte. Elle est devenue folle.

 Tito (de la Yougoslavie) Nehru (de l'Inde) et Nasser (d'Egypte) marquent leur sympathie "pour le désir de liberté des algériens".

 

 21 juillet 1.956:

Violents combats en Oranie, les troupes françaises ont 20 tués et 10 blessés, les rebelles laissent une centaine des leurs sur le terrain. Le journal Oest France détaille cette embuscade, à Sidi Rhalem, où un colonel a été tué.ainsi qu'un lieutenant appellé et deux sous officiers.

Alexandre, dit Si Lassen, frère du bachaga Boualem assassiné dans l'ouarsenis.

 

22 juillet 1.956:

Le capitaine Moureau des affaires indigènes a été enlevé le 23 juin 1956 à Bou Izacarn, au Maroc, dans les confins de l'Algérie, par des éléments marocains, et remis au F.L.N. Il sera l'objet d'incroyables sévices pendant de longs mois, yeux crevés, mains et pieds coupés, il est mis en cage et promené avec son uniforme et ses décorations dans les villages, afin de déconsidérer l'armée française, il est humilié en permanence, la moindre de ses tortures n'est pas la sodomie publique. Camus essayera d'intervenir, sans résultat. Sa torture durera plus d'un an, un commando le récupérera et, semble-t-il à sa demande, le tuera miséricordieusement.

Cette version n'est pas certaine, beaucoup pensent que Moureau a été enlevé par un élément de l'armée de libération du sud marocain (Istiqlal) et exécuté le 18 ou le 19 juillet 1956 par Driss Alaoui chef local des dissidents. Que s'est-il passé entretemps ? Les rapports officiels disent que cet officier n'a jamais été "ni maltraité, ni torturé". Nous pouvons en douter mais ne pas l'affirmer de façon aussi péremptoires

http://adj.poss.over-blog.fr/article-martyrologue-du-soldat-francais-contribution-2-38669966.html

 

23 juillet 1.956:

Le chef de gare de Palestro grièvement blessé par une bombe.

L'agha Dahmoune, de dra-el-mizan assassiné à Alger par un terroriste.

Arrestation à Alger de 18 terroristes auteurs de 23 attentats.

 

24 juillet 1.956:

rien.

 

25 juillet 1.956:

 Un chef d'entreprise assassiné à Michelet, un maçon à fort national, un employé à Guettar el Aich, un président de djemaa égorgé en Kabylie. En tout 17 tués ou blessés.

Victor Lacout, qui refuse d'évacuer sa ferme près de Fedj M'zala (constantinois) est enlevé, premier repertorié d'une longue série.

La S.F.I.O. (le parti socialiste de l'époque) rencontre secrètement en Yougoslavie (titiste) des représentants du F.L.N. Quelles sont les conditions pour une paix ? ce sont toujours les mêmes, indépendance immédiate avec le F.L.N. comme seul représentatif. Le 20 Août, Mollet refuse.

 

  26 juillet 1.956:

Embuscade près de Philippeville, trois morts six blessés dont les quatre enfants (7/10/17/18 ans) d'un capitaine. Accrochages en divers points de l'algérie, 10 militaires tués, 14 blessés, 2 disparus.

Egypte, Nasser nationalise le canal de suez.

 

27 juillet 1.956:

rien.

 

28 juillet 1.956:

rien.

 

29 juillet 1.956:

rien.

 

30 juillet 1.956:

Un européen assassiné dans sa ferme près Orleansville, ainsi qu'un de ses ouvriers qui essayait de le défendre

 

31 juillet 1.956:

 rien