1 Janvier 1962 :
Une villa des hauts d'Alger est attaquée au fusil mitrailleur et au bazooka. Il apparaît qu'il s'agissait d'un repaire de barbouzes (ceux de Bitterlin) attaqué par les deltas. (les deltas liquident ce qui a survecu de leur opération du 12 décembre) . Il faudra une troisième opération (l'hotel radjah) pour en finir.
Vers 7 h 30, le 1er janvier, des dizaines de badauds se trouvaient rassemblés aux abords de la villa , toujours entourée par un cordon de gendarmes. Parmi eux, trois Européens manifestaient un intérêt si particulier, que Michel Dirand les interpella et leur donna l'ordre d'approcher. Ils se mirent alors à courir. Deux d'entre eux disparurent. Dirand tira sur le troisième. L'homme fit brusquement demi -tour, un pistolet à la main. Très rapidement un des Vietnamiens de J im Alcheik dépassa Dirand et fonça vers Michel qui allait armer son pistolet... Il n'en eut pas le temps. Le Vietnamien lui porta très rapidement un hatémi. Touché à la gorge, le coup fut mortel. Il s'agissait du Capitaine des Unités Territoriales, Michel Massenet, âgé de quarante ans. Un des fidèles lieutenants de Degueldre. Quelques heures plus tôt, c'était lui qui avait déclenché les tirs au bazooka contre la maison. Avec deux autres Deltas , il était venu pour son malheur, admirer son travail de trop près". D'après Lucien Bitterlin in Histoire des Barbouzes
Grenade dans un hôtel de Bordj-Bou-Arreridj.
Un militaire mort, trois blessés dans une embuscade.
Un commando FLN prend d'assaut l'hôtel de police de Constantine, un mort, deux blessés.
A Bône un attentat fait un mort, une bombe 7 blessés.
Un train saute sur une mine.
Au premier janvier 1962, la communauté des français de souche européenne (suivant la terminologie officielle de l'époque) est de 850.000, alors qu'ils étaient 1.025.000 en 1959 et 1.200.000 en 1954. 175.000 pieds noirs ont déjà quitté l'algérie depuis la prise de pouvoir par De gaulle, en gros pour moitié des chrétiens fonctionnaires originaires de métropole ou des familles riches ayant des biens des deux cotés de la Méditerranée, et pour l'autre moitié, les communautés juives des petits villages de l'intérieur, souvent arabophones, très minoritaires dans leur région, victime des consignes de boycott du FLN, et qui souvent ont gagné Israël. Des communautés plus importantes ont émigrés en masse en 61, en particulier la communauté de Tlemcen et celle de Constantine, elles aussi en général arabophone et elles aussi mais très partiellement, en direction d'Israël.
Deux plastics à Paris
Dans ses "mémoires d'espoir" Plon 1970, De gaulle ose écrire: "L'année 1962 fût celle du renouveau de la France".
2 Janvier 1962 :
Six attentats à Alger, deux morts (dont un policier) une dizaine de blessés.
Un assassiné à Constantine.
Trois à Oran.
Ratonnade à Bône, après les obsèques du jeune Russo, la foule blesse des musulmans qui se trouvaient là.
Un assassiné à Lens.
Trois attentats à Roubaix, Lille et Courcelles-les-lens font deux morts et quatre blessés.
Un plastic à Paris.
3 Janvier 1962 :
Sur l'ensemble de l'algérie, 40 morts, 70 blessés :
Oran raconté par Jouhaud dans son livre " oh mon pays perdu ".
" 1962 voyait, dès son début, la situation se tendre, le F .L.N . continuant, avec une certaine impunité, à commettre des attentats. La solution qui aurait épargné bien des drames eût consisté à mettre de l'ordre dans la ville nouvelle où les chefs fellagha étaient à l'abri. Mais il aurait fallu pour cela pénétrer dans le quartier indigène, opération qui n'enchantait guère les gendarmes et risquait, pour les responsables de l'ordre, de compromettre leur avancement, par suite des complications politiques qu'une telle mesure aurait provoquées.
Il était plus prudent de laisser faire et d'établir des bilans: Pour la journée du 3 janvier, l'Algérie comptait quarante morts et soixante-dix-huit blessés et, pour la seule ville d'Oran, seize morts, dont dix Musulmans et six Européens. Déjà, la veille, M. Jean Gaspard était poignardé avenue de Sidi-Chami, M. Joseph Junco, âgé de soixante-huit ans, était mortellement blessé à coups de hache et, vers 17 heures, en plein centre, à quelques mètres du Cercle militaire, un jeune homme de dix-huit ans, Fernand Amate, était égorgé par un tueur qui parvenait à s'enfuir, sous les yeux des C.R.S., sans pour autant être inquiété.
Ce 3 janvier, les attentats du F.L.N. devaient être particulièrement odieux : Vers 7 heures, M. Pédro Guerra était abattu boulevard Joffre, tandis qu'une demi-heure auparavant M. Albert Béguin, employé à l'hôpital Baudens, était grièvement blessé alors qu'il passait rue de Gênes. A 8 heures, à Gambetta, le cadavre de M. Kress était découvert : le malheureux avait été achevé au poignard. A 10 h 15 au quartier israélite, M. Abraham Bettan, soixante et onze ans, cordonnier, était grièvement blessé et, à 10 h 30, à Bel-Air, un terroriste ouvrait le feu sur un fonctionnaire de police, tandis qu'à la même heure, cité Petit, un matelassier, François Cortés était grièvement blessé à l'arme blanche. Enfin, une jeune femme enceinte, madame Karsenty, était tuée à l'angle des rues de la révolution et diégo. "
A Alger, trois morts, par arme individuelle, à Constantine 3 aussi, mais à la bombe, six morts à Bône.
Les médecins de l'hôpital civil d'Oran font grève pour protester contre l'enlèvement par des gendarmes, dans leur hôpital d'un membre de l'O.A.S. plongé dans le coma à la suite de graves blessures.
Le corps de cet homme n'a jamais été rendu.
A Alençon, un communiste, Locussol, membre du FLN, sous directeur de l'enregistrement, organisateur de l'évasion d'Alleg de la prison de Rennes, intermédiaire entre le FLN et les tchécoslovaques, en particulier pour les ventes d'armes, est assassiné par un commando OAS venu spécialement d'Alger (sur indication du SDECE) et immédiatement arrêté (sur les mêmes indications). D'une pierre trois coups: on élimine un traitre, on arréte un OAS et, en oubliant d'insister sur la personnalité du mort, on entre un peu plus dans la tête du public l'équation OAS = SS.
Un harki de la FPA Chraiet Salah est abattu d'une balle dans la tête devant un café du 12ème, c'était un homme trés aimé, les harkis sont furieux, il est difficile de les calmer, le capitaine decide de plastiquer l'établissement, l'action est portée au crédit de l'OAS. L'état d'esprit des harkis de Paris, mieux informés que ceux du bled algérien, n'est pas trés bon.
4 Janvier 1.962 :
A la suite de la sanglante journée de la veille, complété par trois meurtres dans la matinée, dont celui d'un conseiller municipal musulman très populaire, abattu dans un café, de jeunes européens lynchent des passants qui ripostent, 9 morts, (dont six musulmans) 28 blessés. Le Monde et autres journaux moraux, qui n'avaient consacrés que des entrefilets aux morts des jours précédents (et encore pas à tous) s'enflamme et condamne avec une vigueur roborative ces nouvelles preuves de racisme inacceptable.
7 attentats à Alger.
Un assassiné à Constantine.
Un poste émetteur de grande puissance volé par l'O.A.S.
Comme l'armée a équipé douze hélicoptères Sikorski de goniomètres destinés à repérer les postes émetteurs des émissions pirates, Susini se met d'accord avec l'officier responsable de cette opération ; chaque jour, l'officier lui donne la longueur d'onde sur laquelle Susini pourra émettre, les goniomètres chassant l'émission sur d'autres longueurs d'onde.
Mission 2 (Sergent) organise une opération psychologique contre le siège du parti communiste à Paris, plastic et fusil mitrailleur. Le parti réunit le lendemain 10.000 personnes pour protester. Cependant la S.F.I.O. et les centrales hors C.G.T. ont refusé de s'associer au mouvement.
5 Janvier 1.962 :
9 morts, 24 blessés du coté civil, 18 soldats tués, 7 blessés dans une embuscade près de Sétif.
Parmi les morts, trois à Oran, dont un musulman, quatre à Alger dont un barbouze (monsieur Wui Yen, dit le chinois), deux à Guyotville, un à Constantine.
A Mascara : Jean Segura se promenait avec sa fiancée dans la rue de Palikao et a été poignardé dans le dos.
Un plastic à Alger fait cinq blessés.
Par note de service, Salan, de son maquis, ordonne la mobilisation générale de tous les hommes valides d’algérie, de 18 à 45 ans.
6 Janvier 1.962 :
Le bilan des attentats de la semaine (135 actes de terrorisme, 103 morts, 200 blessés) est le plus lourd jamais enregistré. Sur ce total, l'OAS en score une dizaine, mais ce chiffre est top secret, le peuple français doit avoir l'impression qu'elle est responsable de tout.
Quatre assassinés, dont un juge d’instruction et un musulman à Alger.
Un à Constantine.
Emission pirate de l’O.A.S. à Alger.
Manifestation anti O.A.S. organisée par le parti communiste à Paris.
7 Janvier 1.962 :
Emission pirate de l'O.A.S.
Un assassiné à Alger, deux autres (l'homme et sa femme, chez eux, à Cherragas) un à Sidi bel Abbés, 3 à Oran.
Plastic à paris au domicile de JP Sartre.
Plastic à Beaumes de Venise.
Un commando O.A.S. penetre au camp de Satory, près de Versailles et y enléve 4 fusils mitrailleurs et 7 pistolets mitrailleurs.
Le GPRA, réuni à Casablanca, tient séance.
8 Janvier 1.962 :
La grève de deux heures demandée par l'O.A.S. est respectée à 100 %.
Deux assassinés à Alger, dont un interprète judiciaire musulman, un à Blida, un conseiller municipal musulman.
Le tribunal spécial tient audience relative au putsch d'avril 1961. Il juge 8 civils, tous pieds noirs. Ces derniers se sont rendus au commissariat central d'Alger, investis par laes paras, et reçurent des armes. L'accusation en déduit qu'is étaient du complot, et désigne André Mignot (du groupe "france resurection") et Marc Camp (ancien de la territoriale) comme les chefs. 5 ans de detention à Mignot, 4 ans ferme à Camp, Tous les autres ont un an de prison avec sursis.
9 Janvier 1.962 :
La liquidation des musulmans pro français prend de l'ampleur, quatre personnes d'une même famille égorgées à Kouba, deux officiers de police l'un musulman l'autre non assassinés par balle à Alger, un européen et deux musulmans assassinés à Oran, un à Tiaret, un autre à Médéa, un à Mascara.
A paris l'O.A.S. vole au camp de Sartory 4 fusils mitrailleurs et 14 pistolets mitrailleurs, le colonel commandant le camp est immédiatement mis aux arrêts. C'est Marc Robin, adjudant chef qui est à l'origine de ce vol, il remet deux des fusils mitrailleurs pour l'attentat du petit clamart contre De gaulle, il participe le 18 Mars à l'attentat contre Le Tac, est arrêté le 23 Mars, s'évade du bagne de Saint Martin de Ré le 4 Mai en pyjama et rejoint l'Espagne.
10 Janvier 1.962 :
Deux assassinés à Alger, un instituteur aussi toujours à Alger, un groupe F.L.N. attaque les instituteurs à la sortie de l'école en tue un et blesse deux autres.
Grève des dockers à Alger.
Trois assassinés à Oran, dont un conseiller général.
A la sortie d'une école israélite, un commando musulman tue deux adolescents (13 et 17 ans) un passant et un professeur, à Mostaganem.
Jaques Dauer désapprouvant la tournure terroriste prise en algérie par son mouvement "mouvement pour la coopération" licencie Bitterlin qui renomme son groupe de barbouzes "le talion" avec toujours l'assentiment du délégué général Morin et du colonel André de la sécurité militaire.
Frey interdit à Bitterlin et à ses deux adjoints de rejoindre Alger. Les troupes de Bitterlin continuent cependant leur action.
Audience au tribunal militaire spécial chargé du putsch. Trois jeunes gens, Benassi, électricien, Thomann, secrétaire, et Moha agent de publicité ont tenté le 23 avril d'arreter maître Caudas, avoué à Oran, "gaulliste notoire". Averti par l'épouse de Caudas les C.R.S. arretent les trois jeunes au bas de l'immeuble et remettent Caudas en liberté. Ils liberent aussi les jeunes avant, après l'echec du putsch, d'en ré-arreter deux, Moha s'étant enfui.. Un an de prison ferme, ils en ont déjà fait huit mois.,
11 Janvier 1.962 :
Deux assassinés à Alger, et 25 blessés.
Deux morts et trois blessés à Oran.
Un mort à Constantine, un blessé à Bône.
51 détenus FLN s'évadent de la prison d'Orleansville.
Début des négociations entre le gouvernement français et le FLN, aux Rousses.
12 Janvier 1.962 :
Emission pirate de l'O.A.S. demandant aux algérois de faire des provisions pour deux mois.
3 assassinés et deux blessés à Alger.
Les nouvelles du reste de l'algérie ne sont pas arrivées au journal qui me sert de base pour ces faits.
Important vol d'arme à Alger.
Le camp de Saint Maurice l'Ardoise est maintenant plein d'une centaine de personnes arrêtées "administrativement" pour sympathie avec les tenants de l'algérie française. Le camp est très chic, journalistes, écrivains, officiers, enseignants. On se donne du cher maître et du mon général.
De très nombreux membres de la légion d'honneur.
13 Janvier 1.962 :
Un assassiné, deux blessés à Alger.
Quinze attentats, 6 morts, 11 blessés à Oran.
Un commando OAS, vêtu d'uniformes de gendarmes, avec de faux documents, obtiennent qu'on leur remette les trois condamnés à mort que la prison d'Oran contient. Ils seront exécutés quelques instants plus tard.
Grenade dans un café à Constantine, 6 blessés.
Un assassiné, un blessé à Bône.
Le secrétaire de mairie et son épouse à Burdau.
14 Janvier 1.962 :
A Alger, une auto mitraille un café, 7 tués, 16 blessés. 4 personnes tués (dont deux enfants de 15 et 8 ans). Deux blessés.
5 attentats à Oran, 2 morts, 3 blessés.
Un conseiller municipal musulman de saint leu assassiné.
Deux attentats à Constantine, un mort, 11 blessés dont un terroriste mitraille la foule du marché, 4 blessés.
A Lyon, un gardien de la paix assassiné, un passant blessé.
Deux plastics à Montpellier, un à Bordeaux, un à Lons le Saulnier.
15 Janvier 1.962 :
Les deux communautés se séparent de plus en plus, la frontière entre les quartiers est patrouillée en permanence.
8 attentats à Alger, 3 morts, 8 blessés.
Grenade dans un car, un mort 6 blessés.
Mitraillage au petit village "retour de la chasse" non loin d'Alger, deux morts, un blessé.
Un mort 4 blessé à Oran.
Un à Bône.
Le fils du maire de Soumma, assassiné à Blida,
Deux à Constantine.
Un à Kouba.
Un médecin est grièvement blessé dans son cabinet par un de ses clients, à Rivet.
Deux frères, Henri COUTURIER 18 ans , Paul COUTURIER 14 ans . Enlevés à Ténès le 14 janvier 1962 par des terroristes FLN avec l’ignoble complicité de barbouzes gaullistes.
Séquestrés, suppliciés, torturés durant deux mois glacials dans le maquis du massif du Zaccar (Orléansville-Algérie)
Retrouvés ligotés, ventres ouverts, égorgés et émasculés le 18 mars 1962, jour de la signature de la déclaration d'intention d’Evian où le pouvoir gaulliste a capitulé face au FLN barbare et sauvage, islamique, fanatique et assassin.
Les pouvoirs publics ayant refusé de restituer les corps à la famille profondément éplorée et meurtrie ad vitam æternam il leur a été impossible d'avoir ni offices religieux, ni obsèques ni sépultures.
Ce qui a été le sort infâme de milliers de Français disparus..
Plastic à Lille.
16 Janvier 1.962 :
Joxe se fait déposer au rocher noir par hélicoptère, dans un grand luxe de protection, pour "examiner la situation".
Emission pirate OAS.
Un assassiné à Alger.
Trois assassiné dont un homme de 75 ans à Oran, un blessé.
Un maçon assassiné à Mascara.
5 plastics à Toulouse, un à Paris, un à Montpellier.
A Toulouse, la police demantéle l'ensemble des responsables O.A.S. de la région.
17 Janvier 1962 :
Piednoirades à Belcourt, un quartier populaire mixte d'Alger. Une bande de jeunes musulmans pille les boutiques des européens et bâtonnent les propriétaires et les employés, dans le but évident d'accélérer le regroupement par communauté qui s'amorçait déjà. Le Monde approuve ses événements dont il comprend les motivations. Comme par hasard il a choisi une opération où il n'y a pas eu d'égorgés.
Neufs attentats à Oran, Huit blessés.
Accrochages dans le bled, un militaire français, trois rebelles tués.
Plastic à Bône, piednoirade aussi.
Conan (le colonel Chateau-Jobert) rejoint l'O.A.S. et prend la responsabilité du Constantinois. C'est un resistant emblematique et couvert de gloire qui rejoint ainsi l'O.A.S.
17 plastics à Paris. Canal (mission 3) refuse d'obéir à ceux (y compris Salan) qui lui ont ordonné d'arreter ces manifestations aux seules consequences négatives.
18 Janvier 1962 :
Trois attentats à Alger, 3 blessés.
Trois attentats à Oran, trois blessés.
Un attentat à Mostaganem, un mort.
19 Janvier 1962 :
Suite à l'insécurité, les transports sont en grève à Alger et Oran.
Deux assassinés à Alger.
5 à Oran, dont deux musulmans .
Un médecin assassiné à l'Arba.
Un facteur est assassiné à Bône.
Toujours à Bône, un lieutenant de l'armée française assassine d'une balle dans le dos le jeune Jean-Noël Mei, 16 ans qui collait des affiches OAS. Son compagnon, est blessé. Le lieutenant, Paldaveau, attaché au parquet militaire (en charge de juger les militaires pro-OAS) dont le prefet promet qu'il sera jugé, sera muté en métropole. Nommé juge il est envoyé à Djibouti, puis en 1966 comme substitut du procureur de Troyes. Enfin un juge qui n'est pas contre la peine de mort.
Une dépêche AFP, datée de Bône, explique "Le 19 janvier, à 18 h 45, le sous lieutenant Palvadeau Gilbert, substitut du procureur militaire attaché au général commandant la ZEC, apercevant deux jeunes garçons qui collaient des affiches, arrête sa 2 CV, dégaine son revolver et tire à plusieurs reprises, tuant d'une balle au cœur Noël Mei, âgé de 14 ans (en fait 16), et blessant son compagnon âgé de 16 ans. Son meurtre accompli, l'officier se rend comme à l'accoutumée au mess pour y prendre son repas."
Sur une plage d'Alger, le dirigeant du front nationaliste, Leroy est retrouvé assassiné d'une balle dans la tête. Le lendemain le patron de "france resurection" Villard, est retrouvé assassiné d'une balle dans la tête dans les dunes de Fort de l'eau.
Le front nationaliste était une composante de l'O.A.S. qui n'avait pas accepté de s'y fondre, ses dirigeants ( Leroy et Sarradet) menaient une action indépendante quoique parallèle. En particulier ils avaient des commandos (commandos Z) qui ne dépendaient pas de Degueldre.
Or Sarradet avait noué des contacts avec les gaullistes (en particulier Petitbon, l'adjoint politique du gouverneur général Morin, que l'O.A.S. loupera plus tard au château neuf).
Sarradet avait proposé un plan de partage de l'Algérie conduisant à deux pays indépendants (on retrouvera ce plan dans le livre de Peyrefitte) et cela leur avait plu. Un livre d'Anna Loesch, La valise ou le cercueil, raconte cette affaire. Petitbon et Melnick, (chargé du renseignement) avaient marqué un grand enthousiasme, et convaincu Leroy que pour mettre cette solution en œuvre il lui fallait livrer la direction de l'O.A.S.
Averti, Salan décide l'exécution des partisans de la partition, c'est sans doute le lieutenant Degueldre (Leroy) et le capitaine Le Pivain (Villard) qui ont assassiné Leroy et Villard.
On trouve ICI des détails sur cette affaire , y compris le pladoyer de Jacques Villard en faveur de son père.
20 Janvier 1962 :
26 attentats faisant ensemble 27 morts et 22 blessés.
Parmi les morts du jour, 9 terroristes abattus par la police après qu'ils aient commis leurs exactions.
21 Janvier 1962 :
5 attentats à Oran, quatre morts.
Grenade dans un bar de Mostaganem, 5 blessés graves.
Un obus piégé explose dans une boucherie à Bône, 5 morts, en majorité des femmes et 25 blessés, tous en majorité musulmans.
Grâce à des complicités, l'O.A.S. récupère toutes les armes (trois camions) du camp de sidi Marouf.
Plastic à Marseille.
A Marseille toujours un musulman ne supporte pas d'être contrôlé par un policier, il le blesse, blesse encore un autre qui intervient en soutien, avant d'être maîtrisé.
Règlement de compte à Berre, un blessé parmi les musulmans, un gendarme qui tentait de les séparer blessé aussi.
22 Janvier 1962 :
Deux attentats à Constantine, deux blessés.
Sept attentats à Oran, un mort, trois blessés.
Attentat à Blida, deux tués un blessé.
A paris le député UNR Minguy est enlevé par des inconnus, il sera retrouvé le soir même, bien vivant, en banlieue.
Une auto piégée explose dans la cour du ministère des affaires étrangères, un mort 33 blessés. L'O.A.S. est accusée par les médias (bien sûr) mais à ce jour, 2003, on sait que c'est à la demande du premier ministre Debré que le responsable de la lutte anti OAS, Melnik a monté cette action avec ses hommes de main. Il le raconte en détail dans son livre "1000 jours à l'Elysée". Les autos piégées c'est une tactique moyenne orientale. Melnik (futur champion de vitesse automobile) n'avoue pas la voiture piégée, bien plus meurtrière, d'Issy les Moulineaux.
23 Janvier 1962 :
L'OAS fait sauter le gouvernail du paquebot "Djebel Dira", dans le port de Bône, immobilisant le bateau pour plusieurs mois. Le djebel dira devait embarquer la C.R.S. 196, composée pour l'essentiel de pieds noirs, jugés "non sûrs" et mutés en métropole.
20.000 bonois assistent à l'enterrement de Noël Meï, assassiné par un juge militaire parce qu'il collait des affhes OAS.
24 Janvier 1962 :
Emission pirate de l'O.A.S., écoutée avec ravissement par toute la population.
Pour commémorer l'anniversaire des barricades, l'O.A.S. Oran demande aux Oranais de pavoiser, de faire grève, de respecter un silence absolu (et incroyablement émouvant) pendant un quart d'heure, faisant ainsi la preuve que toute la population lui obéit sans hésitations ni murmures.
Un tué, deux blessés à Alger.
Un tué, un blessé à Oran.
Grenade sur une place de Blida, deux blessés graves, le père et son fils.
Trois apprentis terroristes se tuent en manipulant du plastic à Constantine.
Infiltration d'Azzedine à Alger par le gouvernement gaulliste. (ci-dessous).
Six plastics à Paris.
L'INA http://www.ina.fr/voir_revoir/terrorisme/video1.fr.html en compte 17 et les commente: "Ils seront revendiqués par le FLN. En effet la guerre d’Algérie fait rage et les actes terroristes se multiplient. Ils sont pour leurs commanditaires un moyen de pression pour accéder à l’indépendance"
Manifestation "anti O.A.S." à Paris, la police tape dans le tas.
Les barbouzes enlèvent pour l'interroger (ou pour faire du chantage sur son père ?) le fils du commandant des territoriaux des barricades, Sapin- Ligniére.
A cette date, les gaullistes infiltrent en algérie les chefs FLN, voici ce qu'en écrit Monneret "la phase finale de la guerre d'Algérie" édition l'Harmattan, ISBN 2-7475-0043-8
Si Hassan (le chef de la Willaya 4) refuse de se mettre aux ordres de Azzedine, girouette qui après avoir massacré à Bou Zegza un certain nombre de soldats qui s'étaient rendus, se fait attribuer par le F.L.N. le titre de " vainqueur du général Massu ". Adjoint du patron de la willaya 4, il est fait prisonnier, donne tout ce qu'il sait, est relâché par l'armée pour tenter de rallier les fellaghas, après des tentatives infructueuses en ce sens change à nouveau d'avis, et rejoint Tunis avec une réputation en acier trempée.
Si Hassan qui n'avait jamais gagné les palaces tunisiens, qui avait survécu aux combats, à la bleuite, aux dénonciations, et s'était opposé à Si Salah lors de la tentative de reddition de celui-ci avait eu une raison supplémentaire de se méfier des hommes que Tunis lui envoyait. Ils n'avaient pu venir à lui sans la complicité bienveillante des services secrets français.
Comment des hommes qui n'avaient pu revenir précédemment en Algérie faute de pouvoir franchir le barrage tunisien avaient-ils pu se rendre à Alger aux mois de janvier et février 1962 ? On pourrait imaginer que l'Armée française avait relâché sa vigilance, mais ce n'était pas le cas. Le barrage fut ouvert après le référendum du 1er juillet 1962 mais pas avant. La question mérite un examen détaillé.
Si Azzedine est arrivé dans la Ville Blanche le 24 janvier 1962. Presque deux mois avant la proclamation du cessez-le-feu. Or, il n'y a pas eu de franchissement de barrages, de traversée secrète de l'immensité algérienne, avec convois nocturnes, caravanes clandestines et camouflages; non, ceci était bon en d'autres temps. Si Azzedine n'a pas contourné l'Aurès et franchi les massifs kabyles pour entrer précautionneusement dans la capitale en guerre civile; Il est arrivé à l'aéroport de Maison Blanche par la caravelle régulière Paris - Alger.
Il débarque alors dans une ville bouleversée où l'O.A.S. tient le haut du pavé. C'est ce qu'il explique dans son second livre. Toute personne familiarisée avec la clandestinité, toute personne ayant vécu la guerre d'Algérie comprendra ce qu'a d'insolite le voyage d'un des chefs les plus connus et les plus "recherchés" du FLN, sur un courrier régulier effectuant pareil trajet. Nul n'ignore combien les contrôles policiers et militaires pouvaient être tatillons sur ces lignes dans les périodes troublées, et celle-là l'était au plus haut point. La question se pose: comment cela fut-il possible, alors que le FLN et le gouvernement français étaient encore en guerre?
L'historien algérien du FLN Mohamed Harbi qui use généralement d'un style clair et incisif, tombe ici dans un charabia inhabituel. Quels sont ces "appareils" au "service du général de Gaulle" ? Qui sont ces "éléments français et algériens qui leurs sont liés" ? Pour essayer d'y voir clair, nous devons d'abord revenir à l'ouvrage de Si Azzedine et au récit que lui-même a fait de son arrivée à Alger. Il explique qu'il a été pris en charge par un réseau d'aide au FLN. Il s'agit de celui de Philippe Bernier. Or, nous savons que celui-ci avait des liens avec Abderahmane Farès, futur chef de l'Exécutif Provisoire. Voilà pour les éléments français et algériens. Dans son premier ouvrage, Si Azzedine parle aussi, quoique brièvement, de son arrivée à Alger. Il fournit des détails qui ne sont pas dans le second. Il y reproduit des documents, notamment les faux papiers militaires qu'il a utilisés. Les faux papiers établissaient qu'il était Français d'Algérie, qu'il se nommait Serrano et qu'il était gendarme auxiliaire. Une européenne, sa prétendue fiancée, l'accompagnait. Les ordres de mission du GPRA étaient conservés dans le corsage de cette dame.
Si Azzedine précise dans "Et Alger ne brûla pas", qu'à l'aéroport on le fouilla et qu'on examina ses papiers avec soin. Or, il y a peu de chances, surtout dans le contexte de l'époque, que des policiers français aient pu le prendre pour un pied-noir, comme ses documents tendaient à le faire croire. Contrairement à ce qui se passe souvent pour de nombreux Berbères dont le physique ne se distingue guère de celui des Européens, Si Azzedine a un type oriental très marqué. A supposer que ses papiers aient été très bien imités, ce qui est plausible, ils n'auraient pas résisté à un examen approfondi et à des vérifications soutenues. L'intéressé a pu franchir deux aéroports sans anicroche et cela ne peut manquer d'étonner.
En outre, à en croire son récit, mais qui sait si l'ex- maquisard n'a pas quelque peu brodé sur ses souvenirs, il n'aurait pas voyagé en conservant une grande discrétion au passage des guichets. Enervé par la longueur de la fouille de ses bagages, il aurait élevé la voix pour reprocher aux douaniers français la gêne qu'ils lui infligeaient. Il serait aller jusqu'à stigmatiser les "planqués des aéroports", indifférents aux problèmes de ceux qui, comme lui, gendarme, "se battaient pour la France".
Là encore, un tel manque de réserve peut surprendre dans des circonstances aussi délicates. Imaginons la scène: un chef du FLN connu, dont la photographie s'étalait en 1958, dans tous les journaux, franchit les contrôles des policiers tant à l'aérogare des Invalides qu'à Maison Blanche, clandestinement - l'on est tenté d'utiliser les guillemets -, mais le verbe haut.
On comprend un peu Si Azzedine, quand il écrit ceci: "Pale, mordant ses lèvres, Philippe Bernier, nous observe de loin. J'imagine son appréhension". Ce qui paraît le plus à redouter en l'occurrence, ce serait moins la sévérité des contrôles, que le comportement erratique de Rabah Zerari (son vrai nom). Mais les choses ne se sont peut-être pas passées exactement comme il les décrit, et trahi peut-être par quelque propension méditerranéenne à se donner le beau rôle, et à enjoliver ses exploits, il a pu exagérer la description de ses dons de comédien.
Mais il y a bien d'autres raisons de s'étonner. En effet, ce délicat passage des aéroports ne s'est pas produit une fois mais plusieurs fois. Omar Oussédik, qui jadis avait fait l'objet de la sollicitude des services secrets français, a pu emprunter le même itinéraire. Lui aussi avait de faux papiers de la gendarmerie et passait pour un pied-noir, du nom de Juan Paraga. Ajoutons que d'autres chefs du FLN vont suivre: le colonel Sadek, Ali Lounici, Boualem Oussédik, Mohammed Cherrak et Aitsi. Si Azzedine le précise: "ils voyagent par la même filière que nous".
Résumons nous : une bonne partie de l'ancien état-major de la willaya 4 est arrivé à Alger en janvier et février 1962, par la caravelle régulière, grâce aux services du réseau de "porteurs de valises" de Philippe Bernier. Mohamed Harbi décrit l'événement en ces termes: "afflux soudain de cadres qui regagnent, sans encombre (souligné par nous), le territoire national". Ce "sans encombre" attire l'attention. On comprend mieux la méfiance des chefs de la willaya 4 groupés autour de Si Hassan, qui eux n'avaient jamais quitté l'Algérie lorsqu'ils virent arriver ce groupe de gens, à leurs yeux douteux, car catalogués comme "traîtres" à une autre époque. Ils étaient certes en droit de s'interroger sur les complicités dont ils avaient pu bénéficier du côté français pour arriver jusqu'à eux.
De fait, une question se pose légitimement: Si Rabah Zerari dit Si Azzedine et ses acolytes sont arrivés à Alger dans les conditions décrites, ont-ils pu le faire sans, au minimum, la neutralité des autorité françaises ? M. Harbi parle au sujet de cette opération, de la "complicité d'éléments français et algériens" ce qui décrit assez bien le réseau Bernier; il ajoute, rappelons le : "liés à des appareils au service du général De gaulle" ce qui est aussi vague qu'obscur.
S'agit-il du SDECE ? Il aurait fallu écrire alors "au service du gouvernement ou de l'Etat français". Or, ce qui est évoqué ici c'est une allégeance personnelle au Président de la République. Mystère donc. Pourtant, chacun sait que les ports et les aéroports sont des enceintes étroitement contrôlées par les services secrets. Le SDECE en particulier y avait alors des correspondants massivement présents en ces lieux où la surveillance est capitale pour la sûreté de l'Etat.
Le passage de 7 dirigeants du FLN, très connus, se déplaçant sous de fausses identités approximatives, peut-il se concevoir sans une certaine neutralité du SDECE ou au moins de quelques personnes appartenant à ce service ? On sait que le SDECE fut longtemps très Algérie Française, mais il est également connu qu'à partir de 1958, des éléments gaullistes y ont été progressivement introduits. L'hypothèse que les passages délicats de personnages très particuliers aient pu être ainsi facilités est-elle invraisemblable ? Non, si l'on retient que cela pouvait se faire sans impliquer la responsabilité du SDECE, mais uniquement par l'entremise de gens bien placés, par exemple parmi ceux que l'on appelle les "honorables correspondants"
Lors de la mystérieuse affaire Ben Barka, qui se produisit en 1965, c'est-à-dire trois ans après les événements que nous relatons, il apparut que de telles complicités dans les aéroports existaient. Nous n'entrerons pas dans le détail de cette affaire qui fit couler beaucoup d'encre, mais il convient d'indiquer ceci: sans les facilités accordées à certains personnages pour franchir les contrôles à l'embarquement et au débarquement d'Orly, il n'y aurait pas eu d'affaire Ben Barka. Tous ceux qui ont suivi cet épisode connaissent les noms des personnes dont le rôle était précisément de rendre plus aisés certains passages par avion.
Ici, il convient de rappeler que l'un des personnages- clés de l'affaire Ben Barka, n'était autre que ce même Philippe Bernier dont nous venons de voir l'activité favorable au FLN en 1962. Bernier était journaliste, il avait connu Ben Barka au Maroc et c'est avec lui que le leader tiers-mondiste avait rendez-vous à la brasserie Lipp, lorsqu'il fut enlevé. C'est lui qui présenta Ben Barka à Figon, ce truand chéri des média (et ami de feue Mme Marguerite Duras), lequel joua un rôle important dans l'affaire puis se suicida après. Or, ce Figon avait un ami d'enfance, ancien condisciple à Sainte Barbe, dont le nom bien connu est lié à ce qu'il est convenu d'appeler les "barbouzes"... Il s'agit de Pierre Lemarchand, dont on parla également beaucoup à propos de Ben Barka.
A l'époque qui nous intéresse, en janvier et février 1962, et comme nous le verrons au chapitre suivant, Lemarchand avait fait passer à Alger de nombreux "barbouzes", dont il assurait tant le recrutement que le transfert Outre Méditerranée. Or, c'est au même moment que se rendent en Algérie, les sept chefs précités du FLN. Est-il exagéré d'imaginer que les uns et les autres ont utilisé la même filière ?
Nous n'avons pas de preuves documentaires de ceci, mais nous sommes convaincus que si un jour sont ouvertes des archives qui permettent aux futurs historiens de savoir la vérité, c'est dans cette direction qu'il faudra chercher. En effet, l'hypothèse Lemarchand correspond bien à ce que nous verrons au chapitre suivant à propos des "barbouzes", il s'agit d'initiatives qui n'impliquent pas la responsabilité des services officiels. Les agences gouvernementales ne travaillent pas en liaison avec le FLN; tout passe par des "intermédiaires" que l'on peut considérer comme des personnes privées.
Toutefois, nous verrons que ceci n'est vrai que dans une certaine mesure et avec, rappelons le, de lourdes ambiguïtés. Dès lors, si l'on remplace le terme "appareils" par celui de "réseaux", on comprend mieux ce à quoi, fait, sans doute, allusion M. Harbi. Ces éléments "français et algériens" seraient les personnes travaillant avec Bernier et Farés.
Ces personnes sont en liaison, avec "des réseaux", ceux des "barbouzes". Ces réseaux sont au "service du général De gaulle". C'est-à-dire que ses membres agissent par conviction gaulliste et anti- O.A.S. Ils ne dépendent pas directement des services de l'Etat, ce qui ne les empêche pas de combattre pour une cause, qui est, ou qu'ils croient être, celle du Général.
Monneret, " la phase finale de la guerre d'algérie ", l'harmattan, ISBN2-7475-0043-8
25 Janvier 1.962 :
Alger et Bône commémorent à leur tour l'anniversaire des barricades.
Quatre tués à Alger et quatre blessés dans différents attentats dont le mitraillage d'un café.
7 tués, dont un enfant de quinze ans poignardé dans la rue, une dizaine de blessés à Oran. Des heurts sporadiques se produisent entre communautés.
Des heurts de même farine aussi à Bel Abbés.
Deux voitures sont mitraillées sur la route non loin de Moussaïaville, quatre morts.
Le Cheikh ben Toukouk, de grande tente, vestige des arabes de 1880, toujours vêtu de bottes de cuir rouges brodées d'or, parent de la dynastie libyenne, patron d'une des zaouïa les plus vénérée, après avoir rencontré Jouhaud à Oran, exprima son angoisse peu après, dans une proclamation :
" Nous savons tous, disait-il, que l'heure est grave, mais nous savons aussi que la situation n'est pas irréversible.
" Tout en rendant hommage au général De gaulle pour la promotion des meilleurs d'entre nous, qu'il a su accélérer, nous sommes obligés de reconnaître que la voie qu'il veut nous faire suivre ne peut aboutir qu'au chaos et à la misère. Pourquoi une telle constatation? Parce qu'il a accepté de discuter du sort de l'Algérie avec un soi-disant gouvernement provisoire dont nous connaissons tous la valeur des membres qui le composent et qu'il a enlevé ainsi tout sens au principe de l'autodétermination.
" Une Algérie nouvelle doit naître des remous actuels, c'est un fait indéniable. Elle était en bonne voie après le 13 mai 1958. Et c'est pour cela que tous les hommes de bonne volonté avaient apporté leur appui sans réserve au chef de l'Etat qui nous promettait d'être "Français à part entière "
Les gaullistes rigolent du bouffon attardé de l'histoire et mettent toute leur confiance dans les marxistes du GPRA, qui sera balayé par les islamistes de l'ALN.
Ce même 25 Janvier aussi arrive à Oran Katz, Jouhaud raconte (Ô mon pays perdu, fayard, 1969, à l'époque pas d'ISBN.)
" La vie à Oran devenait chaque jour plus sévère. Ce n'est pas l'arrivée du général Katz qui allait apporter un peu de détente dans notre ville. Il venait remplacer le général Michel Fritsch, nommé, le 25 janvier 1962, au commandement du secteur autonome d'Oran.
" Fritsch était arrivé dans un pays qu'il connaissait bien. Il avait fait ses premières armes, puis son temps de commandement à la Légion, en Oranie, pour commander enfin le 2éme régiment de tirailleurs, à Oran même, en 55-57. Il fut troublé lorsqu'il se rendit compte de sa mission: conseiller technique du préfet de police Denizot, on lui demandait de retourner les armes destinées au F.L.N. contre les Européens et même, écrira-t-il, "de les dénoncer et d'arrêter les chefs rebelles..." Il ajoutait: "Il était certes dans mes attributions de maintenir ou de rétablir l'ordre, mais non de me transformer en policier. Les militaires de vieille souche, et c'était mon cas, ont toujours répugné à l'accomplissement de missions de police... "
" En outre, aucune directive gouvernementale, à sa connaissance, n'avait prescrit de cesser la lutte contre le F.L.N. qui, dès son arrivée, se manifestait en lançant sur sa voiture une grenade qui heureusement ricocha.
Bientôt, les "briefing" présidés par le préfet de police, réunissant autorités civiles et militaires, lui confirmèrent que seule les intéressait la lutte contre l'O.A.S. Il lui répugnait d'entendre répéter, comme une litanie, que l'objectif numéro un était de décapiter l'O.A.S. en arrêtant, vivants de préférence, Salan et Jouhaud."
Nombreux plastics en région parisienne, visant les personnalités politiques et des médias.
Les communistes et autres créent un "comité contre l'O.A.S. et pour la paix en algérie".
Lors du comité des affaires algériennes de ce jour, De gaulle donne personnellement l'ordre de retirer les troupes des hauts plateaux "où il n'y a que des musulmans".
26 Janvier 1.962 :
Trois attentats trois morts à Alger, dont un directeur d'école assassiné par les barbouzes gaullistes pour bien montrer qu'ils sont capables de tout.
Le gouvernement ne pouvait continuer à protéger des policiers officieux qui commettaient de plus en plus de bavures qui ne permettaient plus de les laisser impunément au service du gouvernement. Parmi les bavures les plus retentissantes, le problème que posa l'affaire ben Youssef est l'illustration de l'ambiguïté qui entourait ces hommes. Des troupes de l'armée française lors d'un accrochage avec l'ALN firent prisonnier cet homme (le 26 janvier 1962). L'armement dont disposaient les prisonniers était d'origine française, "donné" par Marcel Hongrois, le responsable Mouvement Pour la Coopération, la fausse couverture des vrais barbouzes, d'Aïn- Taya. L'origine de cet armement est certainement à rechercher dans l'accord passé entre les barbouzes et le nommé Sidi ben Youssef.
7 attentats, trois morts à Oran.
Un assassiné de 72 ans à l'Alma
A Berne Louis Joxe rencontre discrètement le F.L.N.
27 Janvier 1962 :
De façon tout à fait confidentielle la note suivante est diffusée par ceux qui préparent la négociation avec le FLN, à destination des futurs négociateurs.
Le volume 97 des Archives du SEAA consultable par les chercheurs contient une autre note attribuable à Roland Cadet. Elle est datée du 27 janvier 1962 et elle a pour titre: Protection Particulière de Certains Musulmans. Ce document très intéressant indique une orientation très ferme au sujet des Musulmans fidèles, leur défense étant considérée comme "une question d'honneur". Il permet de mesurer a contrario combien la position arrêtée par les négociateurs s'est éloignée de la direction suggérée dans ce texte.
Celui-ci souligne que le nombre des "Musulmans fidèles à notre cause" est très important et que "tous seront menacés dans leur personne, dans leur famille et dans leurs biens". Aussi faut-il partir du principe que "l'essentiel de leur protection résidera dans l'action unilatérale de la France". A la proclamation générale d'une amnistie, devra être associée celle du "droit ouvert à tous les habitants actuels de l'algérie de conserver la citoyenneté française tout en demeurant en Algérie" et celle de la liberté de circulation. Mais ces garanties peuvent se révéler fragiles. C'est pourquoi ce même document recommande "d'offrir davantage".
- "Le droit de réclamer la protection de la communauté minoritaire. La France doit mettre à la disposition de ces Musulmans les mêmes garanties que celles qu'elle aura obtenue pour les Français d'algérie, c'est à dire qu'ils pourront, s'ils le désirent, appartenir à la communauté minoritaire et bénéficier de tous les droits et de toutes les garanties reconnues aux minoritaires, à l'exception de celles incompatibles avec leur qualité de Musulmans, statut personnel, par exemple.
- Recours spécial devant la Cour des garanties: qu'ils appartiennent ou non à la Communauté, les Musulmans pourront toujours faire appel à cette cour de justice... Nous avons signalé plus haut qu'en fait cette possibilité leur fut effectivement déniée.
A l'objection possible qu'une puissance tierce, la France, imposerait à l'intérieur d'un Etat indépendant un statut privilégié pour certains nationaux de cet Etat, prétention exorbitante du droit commun, le rédacteur de la note faisait une double réponse:
. La France ne pouvait être considérée comme une puissance étrangère en Algérie, elle y conservait, malgré le changement, des droits et des devoirs notamment vis-à-vis de ses nationaux et de ceux qui lui avaient été fidèles-
."Enfin et surtout", disait le rédacteur, "le problème est beaucoup moins juridique que moral et psychologique: la France ne peut abandonner ceux qui l'ont fidèlement suivie, elle doit les protéger au même titre - si ce n'est davantage - que ses propres nationaux. Si elle ne tentait pas tout en leur faveur, elle faillirait à son honneur. Elle doit rester intransigeante dans ce domaine et aller, le cas échéant jusqu'à la rupture des négociations, si elle n'obtient pas satisfaction"(SEAA, n° 97).
Repris dans Monneret " la phase finale de la guerre d'algérie ", édition l'Harmattan, ISBN 2-7475-0043-8
28 janvier 1962 :
27 attentats, 17 morts, 12 blessés.
L'armée trouve un charnier près de maison blanche il contient 50 corps les rares qu'on peut identifier sont des amis de la France, dont d'anciens militaires, il s'agit du début de la liquidation des " harkis ".
Plastics à Versailles, Nice, Combourg, Toulouse.
Château Jobert (dit conan) célèbre baroudeur est déclaré officiellement déserteur.
Le gouvernement donne la liste des premières unités qui devront quitter l'algérie.
29 janvier 1962 :
Un gardien de la paix est tué, une dizaine d'autres ici ou là.
Chateau Jobert arrive dans le Constantinois pour y prendre la tête de l'OAS il y trouve (sauf à Bône) une population désemparée ne pensant qu'à sauver sa vie et à la fuite, son seul point fixe est un ensemble de commandos delta composés de musulmans prêts à tout.
Salan écrit à Debré, il l'accuse d'être le criminel assassin du chef de bataillon Rodier (affaire du bazooka) tout le monde s'en fout. Le Monde publie quand même cette lettre le 7 février.
A Alger, l'O.A.S. achève les barbouzes :
L'action qui peut être considérée comme fatale aux hommes de Bitterlin fut sans doute l'affaire du colis piégé de la villa d'El-Biar, rue Favre, le 29 janvier 1962.
" J'étais transitaire. Par fatalité la caisse est arrivée dans la société où je travaillais. Moi je passais au boulot tous les jours, environ deux ou trois heures et je repartais, car mes horaires étaient assez libres. Ce jour-là, la secrétaire me dit: "M. Anglade, on a une lettre qui nous est revenue parce qu'on s'est trompé dans l'adresse. Elle était au nom de M. Jim Lassus: Villa d'Andréa rue Favre à Alger: Comme on m'avait parlé de cette adresse, ça a fait tilt! Manque de chance, ils avaient mis Alger sur l'adresse alors que la commune concernée était El-Biar: Je prends donc la lettre, et me dit que cette erreur cache peut-être quelque chose. La secrétaire la renvoie à El-Biar cette fois-ci, et je lui demande de m'avertir lorsqu'il se passera quelque chose de nouveau. Elle me dit "Ils ont téléphoné, et viennent demain."
C'est comme cela que l'affaire s'est déclenchée. Ils sont arrivés le lendemain, j'avais entre temps rendu compte à Degueldre, qui m'avait dit de laisser faire, et d'observer qui viendrait faire dédouaner le matériel. Ils sont arrivés, il y avait Jim Alcheik, pour faire dédouaner la machine et la faire livrer à l'adresse donnée. À partir de là, nous avons monté cette affaire. C'est moi qui l'ai dédouanée, ouverte, fais mettre tout ce qu'il fallait dedans, puis transporté. Il a fallu une énorme coïncidence, que l'adresse ne soit pas inscrite comme il fallait pour que la secrétaire m'en parle puis que tout se mettre en place. "
La caisse effectivement livrée à la villa d'Andréa, à El-Biar a explosé et au moins blessé dix-neuf des hommes de Bitterlin. Il semble que la bombe ait été composée de quatre-vingt-dix kilos d'explosifs divers: plastic, nitrate N-17, TNT
(... ) L'explosion permit en outre de libérer trois hommes détenus et torturés par le groupe de "policiers". Parmi eux, Tislenkoff, responsable de la diffusion des émissions pirates sur Alger.
"vous parlez de la Villa Andréa à Alger, mon mari était dans cette villa, il faisait parti des 3 prisonniers des barbouzes, il y avait Mrs Tillenskoff, Vinent et Gosselin Jacques, mon mari, de ce passage il garde un souvenir à vie, surtout que suite à cette exploision et avec le temps il en est devenu presque sourd."
Les pertes occasionnées par l'explosion ayant décimé les rangs de cette police parallèle, Bitterlin se voit dans l'obligation de demander l'envoi de nouveaux renforts, qui semblent avoir été fournis par Ponchardier qui recrutera ses hommes parmi la pègre marseillaise. Mais les méthodes d'action des "policiers " commençaient à être embarrassantes pour le gouvernement. Aussi, après avoir encouragé ces hommes, les organes de répression officiels cherchaient à réduire leur potentiel. Le gouvernement ne pouvait continuer à protéger des policiers officieux qui commettaient de plus en plus de bavures qui ne permettaient plus de les laisser impunément au service du gouvernement. Parmi les bavures les plus retentissantes, le problème que posa l'affaire ben Youssef est l'illustration de l'ambiguïté qui entourait ces hommes.
Une autre affaire illustre les méthodes utilisées par les barbouzes. L'enlèvement de trois ingénieurs de la société SN-REPAL, soupçonnés d'appartenir à l'O.A.S. Cet enlèvement, suivi de leur assassinat, déclenche une grève générale de la société à Hassi-Messaoud.
- Si le MPC a déjà condamné ces procédés, à la suite de ces dernières affaires le gouvernement français manifestera son désaccord complet avec des méthodes peu discrètes et dont l'efficacité n'est pas prouvée.
Les barbouzes se trouvant délaissés, l'O.A.S. achèvera leur élimination dans l'indifférence complète du gouvernement. Le dernier réduit où les barbouzes s'étaient retirées, l'hôtel Radjah, avait été loué aux hommes de Bitterlin par un proche du FLN, le bachaga Bouabdellah. Les Deltas qui jusque-là avaient été monopolisés par la nécessité de lutter contre les "barbouzes" allaient décider maintenant du sort des derniers d'entre eux.
L'installation à l'hôtel Radjah date du 12 février 1962. L'impasse dans laquelle était situé l'hôtel offrait aux barbouzes une possibilité de défense des plus judicieuses. Les Deltas connaissant la position de leurs ennemis envoyèrent immédiatement une première équipe de trois hommes à rencontre des vingt-cinq nouveaux locataires, le 14 février.
La seconde attaque est menée le 18 février, à partir de 6 h 30. Ce 18 février deux half-tracks gracieusement prêtés par l'armée, chargés de soldats en uniformes de commandos de marine ( en réalité les Deltas de Jésus de Bab-el-Oued) ouvrent le feu au bazooka et au FM. Cette attaque sonne le glas pour ces hommes. Les forces de l'ordre ne manifestèrent aucune intention de contrer l'attaque menée par les Deltas. Les survivants restèrent à l'hôtel, tandis qu'une équipe accompagnait les blessés à l'hôpital Maillot. Cette équipe fut décimée le lendemain dès sa sortie de l'hôpital par une embuscade montée par un Delta qui avait suivi le trajet des policiers " .
La mission de ces hommes prendra fin sur ordre de Roger Frey le 8 mars 1962.
(copié servilement dans " les commandos delta " de Guibert, éditions Curutchet, ISBN 9 782912 932266)
Ce sont des informations de première main et qui sans doute mettent un point final à l'opinion (en particulier celle de Morin) suivant laquelle les barbouzes pro gaullistes auraient été éliminées par le S.D.E.C.E, les caisses ayant été piégées à Marseille, le gouvernement ayant décidé d'arrêter là l'expérience.
La commission de la défense nationale souligne les graves périls que comporte le rappel (décidé) de deux divisions d'algérie.
Dans le bureau d'Edgar Faure, à Lons le Saulnier, Louis Joxe rencontre durant trois jours Saab Dahlab. Il l'informe sous le sceau du secret que le général De gaulle est disposé à ceder le sahara au FLN, à condition que des accords précis concernant le pétrole soient signés.
C'est un échec, qui n'empeche pas la reprise des discussions, le 11 février, aux Rousses.
30 Janvier 1962 :
Compte tenu de l'état de l'algérie, des différents black out, les journaux (qui sont ma source essentielle) sont incapables de suivre avec précision l'état des lieux, en particulier dans le bled.
Il y aurait ce jour une quarantaine d'attentats, une vingtaine de morts.
31 Janvier 1962 :
L'OAS inaugure une nouvelle source de financement, dans le cadre de l'organisation de masse, les banquiers, employés des P.T.T. et autres montent un petit scénario baptisé hold-up à l'issue duquel l'O.A.S. emporte des espèces, 650.000 francs en 7 endroits ce jour.
Une dizaine de morts.
3 plastics à Bordeaux.
Arrestation de Castille, accusé à la fois d'être le chef de ceux qui voulaient tuer Salan pour y mettre à la place un général gaulliste et le chef des plastiqueurs métropolitains de l'O.A.S, sous les ordres de Salan.
Le bilan officiel de janvier s'élève à 555 tués dont 335 musulmans et 990 blessés dont 658 musulmans. Parmi eux, 228 seraient dus à l'OAS. Bilan purement destiné à la propagande.