Septembre 1961

 

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Premier Septembre 1.961:

Un jeune homme de 17 ans poignardé à Oran. Il s'agit d'un crime parmi d'autres destinés à faire quitter les quartiers à majorité musulmane par les non musulmans. Petit à petit, Oran deviendra une ville avec deux territoires distincts suivant la religion.

Le cheikh de la confrérie des Amarias assassiné.

Une jeune fille assassinée à Sétif.

Le colonel de gendarmerie Debrosse rencontre ses premiers succès dans la lute anti OAS, grâce à un agent infiltré, il arrête Luchetti, jeune femme agent de liaison de Salan, Servolle un fermier qui a hébergé Salan et Jouhaud pendant longtemps, madame Salasc la femme d'un médecin d'Alger, Garcin, un agent de liaison de Salan qui connaît sa dernière cache. Il loupe de peu Salan et Jouhaud. L'indicateur, "Pino" de son vrai nom Molinari, sera exfiltré par l'armée en décembre, avec de vrais faux papers, en Italie, et échappera ainsi à l'O.A.S.

Debrosse torturera lui-même avec habileté ses prisonniers, en particulier les femmes, sans aucun résultat. (amnistié, voir considéré comme un héros).

Un café maure mitraillé à Alger, 3 morts, 2 blessés.

 A paris un officier de police assassiné, un autre à Douai.

L'agent hors cadre (en civil) Boucherif Tahar, matricule HC 119 assassiné dans le 13 ème.

 

2 Septembre 1.961:

Situation tendue à Oran, grève des musulmans.

Nombreux plastics à Alger.

Susini occupait la somptueuse villa de l'architecte Pouillon, muni de documents le désignant comme son conseiller juridique. Les gendarmes veulent requisitionner la villa pour y installer leur nouveau PC, Susini proteste, on fait un gentleman agreement, Susini s'installe dans un pavillon du parc, on lui donne tous les jours les mots de passe pour pouvoir entrer et sortir sans problèmes.

Salan publie son instruction numéro 1. C'est à la fois l'acte de naissance de l'O.A.S. la definition de ses buts et de son organisation.

A Paris, une patrouille de harkis est attaquée à Romainville, deux blessés.

 

3 Septembre 1.961:

Ailleret donne la liste des unités qui vont regagner la métropole.

Explosion d'une mine sur la plage de Zeralda, deux enfants tués.

Trois assassinats dont un soldat du contingent à Constantine.

 Un gardien de la paix assassiné à Paris.

Raid FLN contre la gendarmerie de Nanterre, un fell tué.

Deux plastics à Ajaccio.

A Paris, place de la Chapelle une patrouille de harkis est harcelée de loin, aucun blessé, une arrestation.Un gardien de la paix Grandjouan est assassiné.

 

4 Septembre 1.961:

Sept plastics à Alger.

Un assassiné à Alger, un autre à Oran.

 A Paris attentat dans un autobus.

Un gendarme tué à Nanterre, lors de l'attaque d'une gendarmerie. les tueurs blessent une jeune étudiante en droit.

Un officier de police, Harvard, assassiné à Saint Denis.

Un café mitraillé à Romainville, trois blessés.

Arrestation d'un journaliste "activiste" à paris.

 

5 Septembre 1.961:

 Dans une conférence de presse, De gaulle propose de reprendre les conversations avec le F.L.N. Il oublie les couteaux au vestiaire de l'année passée et surtout la partition qui bloquait les négociations. Il ajoute ce magnifique mensonge:"La france n'a aucun interet à garder ces territoires et elle n'en a jamais eu l'intention". On rappelle les étapes:

Juin 1958 : "Français à part entière... terre française aujourd'hui et pour toujours... Vive l'Algérie française!" Octobre 1958 : la "paix des braves".

Septembre 1959 : l'autodétermination à trois branches, la sécession condamnée.

Janvier 1960 : "la solution la plus française".

Mars 1960 : la "francisation" est écartée, l'Algérie sera "algérienne".

Juillet 1960 : l'Algérie aura son gouvernement.

Novembre 1960 : elle sera un État.

Avril 1961 : cet État sera indépendant.

Décembre 1961: en tout état de cause, on " dégage" et on s'en va!

4 Septembre 1963, pour féliciter Ben Bella de son "élection" à la présidence de la république algérienne : " je vous adresse mes félicitations et forme des vœux pour votre bonheur personnel, le succès de votre mission ainsi que pour l'heureux avenir du peuple algérien car cette indépendance nous l'avons voulue et aidée.

Un commissaire de police abattu par des tueurs à Ostricourt (nord) le frère tailleur d'un autre officier de police assassiné en région parisienne, sans doute confondu avec son frère.

Un policier tué dans un autobus, boulevard de Ménilmontant, un voyageur blessé.

Tentative d'attentat sans résultat contre De gaulle à Pont sur Seine, Villemandy, chargé d'appuyer sur le bouton ayant craqué au dernier moment, ce qu'il ne fera pas le 9, lors d'un nouveau voyage.

 

6 Septembre 1.961:

Plastic à l'intérieur de la caserne de C.R.S. d'Alger, une femme de C.R.S. grièvement blessée.

Trois plastics à l'intérieur du rocher noir, en principe la zone la plus sécurisée d'Alger (mais tous les matins les chefs se livrent à un exercice d'évacuation, avec bateaux au large, ce qui leur permettrait de foutre le camp éventuellement, sans attirer l'attention.)

Un passant tué rue Riquet à Paris.

Le commissaire de police d'Ostricourt assassiné.

Fusillade à Pantin entre harkis et F.L.N., un mort à un. (Mohamed Missi).

 

7 Septembre 1.961:

Deux musulmans assassinés d'une balle de revolver au centre d'Alger.

Un policier tué à Bezons.

Au tribunal militaire spécial, on juge le colonel Stern, les commandants Schutz, Jourdan Lamothe et Campos. Ces officiers, tous aviateurs, ont permis à Challe de gagner Alger. Ils ont agi sous les ordres du général Bigot, precedemment condamné qui a pris sur lui l'entiére responsabilité. Stern, sous la pression de Bigot et malgré ses reticences a organisé le voyage. Schutz commandait l'avion. Il choisit son équipage en fonction de leurs opinions, et les informa du but du vol. On reproche aussi à Schutz d'avoir esssayé de prendre le contrôle du porte avion La Fayette. Lamothe commandait un autre avion qui amena à Alger d'autres officiers putschistes.Quand des mouvements divers se firent jour à la base aerienne de Blida, c'est lui qui fit intervenir les paras. Jourdan et Campos, pied noir, étaient dans l'un ou l'autre avion. Stern, Jourdan et Campos sont acquittés. Schutz et Lamothe, trois ans de prison avec sursis.

 

8 Septembre 1.961:

A Maison Blanche (l'aéroport d'Alger) Gingembre, directeur de société, soupçonné d'alimenter en argent les réseaux OAS de métropole arrêté à sa descente d'avion. Le colonel Debrosse l'avait lui-même suivi dans l'avion. Gingembre portait une lettre manuscrite du colonel de Blignéres pour Salan, il avait promis de la taper et ne l'a pas fait.

"Mon Général,

Le porteur de cette lettre vient de vivre une quinzaine de jours bien remplis au milieu de nous. Mieux qu'un autre, il est en mesure de vous exposer objectivement nos points de vue, nos préoccupations et nos difficultés.

Depuis deux mois, nos affaires commencent à se développer d'une manière assez satisfaisante. Depuis plusieurs semaines, l'ambiance générale s'est considérablement améliorée, facilitant les prises de contact de toutes natures. Le symbole que représente l'armée - aussi paradoxal que cela puisse paraître après toutes les secousses récentes - attire de nombreuses et variées bonnes volontés. Nous insistons pour qu'il en soit tenu compte, dans l'optique d'une efficacité immédiate, qui réclame de notre part une certaine liberté d'action et une adaptation au milieu métropolitain.

Nous nous permettons d'insister, aussi, sur l'unité d'action à réaliser. Sur place, il y a de nombreuses tendances qui prétendent relever directement soit de votre autorité, soit de quelqu'autre de vos délégués. Cette unité d'action ne doit pas être obtenue par des désignations théoriques: il ne peut pas être question de détruire ce qui existe, il faut tenir compte de tout ce qui a été fait.

Enfin, je souhaite que le porteur vous explique, avec beaucoup de franchise, la nécessité d'éviter les thèmes, les formules, le vocabulaire et les hommes qui risquent d'effrayer, prématurément, toute une population métropolitaine prête à faire confiance devant la peur de l'aventure communiste.

Ce mot n'avait pour but que d'introduire près de vous le porte-parole d'une équipe que vous connaissez de longue date.

Respectueusement et en toute fidélité.

Balance"

(Minutes du procès, septembre 1963.)

Arrestation d'une "activiste" madame veuve Thomazo, 26 ans, veuve du fils mort pour la france du colonel Thomazo, le libérateur de la corse en mai 58.

Très nombreux plastics dans toute l'algérie.

On juge le lieutenant colonel Trouette. Il commandait en second lors du putsch la base aérienne d'Alger Maison Blanche. On lui reproche d'avoir accueilli le 23 avril l'avion venant d'espagne avec Salan et Susini, et surtout d'avoir donné l'accolade à Salan lors du débarquement. Trouette ne reconnaît qu'un serrement de mains. Pendant le putsch il executa avec vigueur les consignes d'interdiction de tout vol non autorisé par les putschistes. Devant l'opposition de certains, il demanda l'intervention du 2 ème REP qui mit certains officiers aux arréts et retablit l'ordre. Trois ans de prison avec sursis. Le procés du colonel Segura, pied noir, ancien commandant de la base de Creil d'où partirent les avions, est remis à date ultérieure, le colonel ayant subi une intervention chirurgicale.

 

9 Septembre 1.961:

La presse decrit l'attentat sans succès du contre De gaulle sur la route de Colombey, à Pont sur Seine, quarante trois kilos de plastics bourrés dans une bonbonne de Butane et couplés avec un jerrycan de vingt litres d'essence explosent au passage de sa voiture. Le résultat attendu n'a pas eu lieu car la bonbonne de butane avait été mal soudée et au lieu d'exploser le haut est parti vers le ciel comme une fusée, le plastic n'explosant pas. Les coupables de Villemandy, Cabanne de la Prade, Maunoury, Belvisi sont très vite identifiés, il sont considérés comme membres de la mission 3 de l'O.A.S., dirigée par Canal (le monocle) un industriel d'algérie. Belvisi sera encore de l'attentat du Petit Clamart, il sera arrêté en Mars 62 . En fait le commando et l'organisation de la tentative étaient sous l'autorité du colonel des fabrications d'armement polytechnicien Jean Bastien-Thiry, qui devait recommencer à Petit Clamart le 22 Août 62 et être passé par les armes dans le consensus des anti peine de mort (bien qu'il n'ait tué personne) le 11 Mars 1963. Bastien Thiry beneficiait de complicité à l'Elysée même, ce qui lui permettait de connaître l'heure de départ du convoi de De gaulle et l'emplacement et le numéro d'immatriculation de la voiture où le général avait pris place.

Les arrestations sont effectuées à la suite d'un travail policier de routine, Villemandy ayant embourbé sa voiture, s'étant fait aidé par un fermier qui se souvient de la marque et de la couleur.

Au conseil des ministres qui suit, De gaulle commente: "Evidemment, la bête humaine mesure avec soulagement ce à quoi elle a échappé. Mais, au point de vue spéculatif et historique, peut-être cela aurait-il mieux valu que de mourir dans son lit ou par accident." L. TERRENOIRE, De gaulle et l'algérie, 1964.  

Arrestation des généraux Vanuxem et Crevecoeur et du Colonel Hervé de Blignéres..

Arrestation d'un journaliste de Rivarol.

Arrestation d'un capitaine de para à Bayonne.

Un soldat du contingent assassiné à Versailles.

Un café maure de Lille mitraillé, 3 morts, un blessé.

Un gendarme tué à Annecy.

Une patrouille de harkis est attaquée à Paris, rue des blancs manteaux, Mohamed Boulahia est tué, un autre est blessé, deux arrestations, les reculades gaullistes créent des vocations FLN.

 2 morts à Oran, autant à Alger.

 

  10 Septembre 1.961:

 Arrestation de De Villemandy, dans le cade de l'enquête sur l'attentat contre De gaulle.

Arrestation de trois membres de l'institut, Girardet, professeur, Brissaud, directeur.

Les hommes les plus recherchés de france sont le journaliste Jean Brune et le capitaine Sergent.

Arrestation aussi de Jean-Yves Alquier, (qui fera l'objet d'un non lieu après six mois de détention). Alquier, fonctionnaire, marqué par son action en Algérie comme sous lieutenant rappelé, avait publié en 57 "nous avons pacifié Tazalt", très beau livre sur l'action de terrain de l'armée. Condamnant l'algérie du cessez le feu, il était accusé d'activisme.

Au cours de sa carrière, Alquier avait été chargé en 1960 de mission chez Debré, chargé d'adapter la justice aux conditions de la guerre révolutionnaire, et il a essayé de monter un parti politique pro français réservé aux musulmans, parti ensuite phagocyté par le FAF de Boualem.

Le ministre de l'intérieur, Roger Frey indique que les documents trouvés chez de Blignéres ainsi que ses aveux prouvent qu'il est le chef de l'OAS en métropole. Bien entendu, ni documents, ni aveux, ni chef de l'OAS métropole, mais bon, le ministre avait besoin de "marquer des points" de semer la ziznie chez l'adversaire et de Blignéres, ci-devant, gaulliste reticent, catholique de tradition et franc parleur est le type même de coupable qui ravit la presse.

De Blignéres porte plainte contre le ministre pour denonciation calomnieuse, il s'appuie en particulier sur le fait que son premier interrogatoire date du 12 et que donc il n'a pu parler avant cette date, la plainte est classée..Comme par hasard cette déclaration precede l'ouverture du "procès du complot de Paris" qui s'ouvre le lendemain devant le tribunal militaire spécial.

A Tunis sous les auspices de la croix rouge internationale s'effectue un échange de prisonniers, tous dus au "coup" de Bizerte. 217 militaires français contre 778 tunisiens.

 

11 Septembre 1.961:

Trois personnes tuées à Alger dans les quartiers périphériques, il s'agit pour le F.L.N. de séparer physiquement les deux communautés.

Mitraillage d'un café à Belcourt, deux morts, même combat.

Un capitaine assassiné à Constantine.

Le jour de l'an juif est marqué à Oran par un pogrom, des F.L.N. descendant en foule dans le quartier juif piller les boutiques. Un coiffeur juif qui promenait sa fille et portait un bébé dans les bras est égorgé. Les habitants du quartier, furieux se livrent à une ratonnade, 8 passants musulmans sont blessés. Les journaux métropolitains ne remarquent que la ratonnade, attribuée comme toujours à l'OAS.

 A paris, dix membres du F.L.N. sont refoulés en algérie (libres ...)

Tir sur un contrôle routier par des membres du F.L.N. à Maubeuge, deux gendarmes tués.

Un militaire égorgé à Bezons.

Un tué et un blessé chez les harkis, rue vieille au temple, à Paris.

 

Le "complot de Paris" affirme l'accusation, concerne le général Faure, le colonel Vaudrey, les commandants Bléhaut, Mouchonnet, Azaïs, Casati, le capitaine de Saint-Rémy. Godard et Sergent étaient accusés aussi mais en fuite et dans l'OAS leur cas a été disjoint, de toute façon ils sont déjà condamnés à mort par contumace, ces dangereux recidivistes. Il y a ausi le prefet Léger, le docteur Cathala, le maître d'internat Thévenin, l'ingénieur Sabouret Garat de Nedde, Jabely, Bezin, Calvet, Dupont, cineaste, Jourdes, Meyer, de Biré, de Laroque Latour, Mourolin, Taillandier et Bradel.

Tous sont accusés d'avoir compploté pour renverser la cinquiéme république. L'accusation rapporte une quantité considerable de réunions entre les divers inculpés, durant le mois d'avril 1961, avant et après le putsch. Les inculpés ne nient pas les réunions, ni même le caractére anti politique algérienne d'une partie des propos échangés, mais nient toute intention insurectionnelle. Le fond du dossier réside dans la publication par l'hebdomadaire "Le Nouveau Candide" de pretendus carnet du colonel Godard. Ces carnets sont arrivés par la poste, anonymement. Ils parlent de Mouche (l'acusation y reconnaît Mouchonnet) F. (identifié par Faure) V (en principe Vaudrey). De toute façon, dans ces carnets on ne parle pas de prise de pouvoir.

Dans son premier message aux parlementaires (11 septembre), Salan a veillé à souligner que la France "se doit de répondre à des impératifs internationaux" (crise de Bizerte, crise de Berlin) et admet par conséquent le principe d'un retrait des forces françaises d'Algérie qui pourraient être utilisées ailleurs. Mais cette attitude vise à proposer au gouvernement "qu'il mobilise immédiatement sur place les huit classes nécessaires. Tous sont ici volontaires. Ainsi la métropole pourra disposer des forces nécessaires au maintien de son prestige et de sa place dans le concert international". Ce souci de proposer des solutions se double chez Salan d'une revendication de respect de la légalité. Ainsi, face aux sévices dont ont été victimes les militants de l'OAS, Salan réclame aux parlementaires (lettre du 26 septembre) la mise en place d'une commission d'enquête, inspirée d'une procédure tout à fait classique et déjà largement utilisée sous la IIIe République en cas de crise ou de scandale (commission d'enquête sur le 6 février 1934).

Au coeur de l'OAS, Olivier Dard; ISBN 978-2-262-03499-3

 

12 Septembre 1.961:

Ratonnade à Bab El oued, due à une nouvelle bombe dans un café, 10 morts et 17 blessés, des magasins musulmans saccagés et pillés.

A Oran, les musulmans viennent se venger de la ratonnade d'hier, ils lapident un pharmacien juif et pillent un certain nombre de boutiques. Les juifs réagissent, les uns crient algérie française, les autres algérie musulmane, un musulman est tué. Sous leurs autorités religieuses les juifs organisent des milices d'auto défense, les autorités laissent faire, et dressent des barbelés entre les deux quartiers. Ces organisations rejoindront en corps l'O.A.S.

8 morts sept blessés par le F.L.N. sur tout le territoire algérien.

 Une voiture de police mitraillée à Bagneux.

Un policier assassiné à Villeneuve la garenne.

Un autre dans le 17ème.

3 tués dans l'attaque d'un café de Lille.

 

13 Septembre 1.961:

Encore des heurts entre communauté à Bab el oued, un musulman tué, trois blessés.

Trois morts dans trois attentats à Bône.

Un couple égorgé à Oran, ils avaient le tort d'être lui musulman, elle chrétienne.

Le jeune (16 ans) Claude Daudet, Oranais arrêté à Constantine est retrouvé tout nu "pendu" dans sa cellule, à l'aide de son tricot de peau, à un loquet situé à 1,1 métres du sol. Un acrobate. Le médecin refuse le permis d'inhumer, la famille demande une autopsie qui montre que le gamin, torturé (traces de brûlures) a succombé à un traumatisme crânien. Dossier classé sans suite.

 Fusillade à paris entre force de l'ordre et F.L.N., rue Max dormoy cinq passants blessés, deux F.L.N. abattus.

Un officier de police tué à saint Denis.

Jugement du commandant Rioual, des capitaines Patouraux, Bayt et Heissat. Tous trois furent à l'état major du colonel Godard. Rioual était "au coeur du drame" puisqu'il était à la tête de la section "problèmes humains du corps d'armée d'Alger. Il affirme qu'il refusait de se faire complice des mensonges adressés aus européens (l'armée restera et vous protegera) aux musulmans (l'arme ne vous abandonnera pas) aux militaires (continuez la destruction des rebelles et la conquête des coeurs). Le procureur Tirel reproche aux accusés d'avoir plus suivi Salan (Godard est consideré comme partisan de Salan) qui a des objectifs politiques que Challe (qui n'a que des objectifs militaires).

Deux ans avec sursis à Rioual, acquittement de Heissat, Bayt et Patouraux.

 

14 Septembre 1.961:

Arrestation de trois activistes, suite à l'attentat contre De gaulle.

Cinq plastics à Alger.

Un commerçant assassiné à Alger.

 Tous les députés trouvent dans leur courrier une lettre de Salan, expliquant la position de l'O.A.S. et recommandant, pour diminuer la charge des appelés en algérie, de mobiliser huit classes de français d'algérie. (toutes religions confondues).

Pour une fois le tribunal militaire juge un civil, Jacques de Mari. Ancien du cabinet civil du général Salan il se mit à sa disposition. Salan lui demanda d'attendre les ordres "ceux ci ne vinrent pas". Deux ans de prison avec sursis.

 

  15 Septembre 1.961:

 Un musulman assassiné à coups de couteau à Alger.

20 membres du F.L.N. arrêtés à Mostaganem.

Un homme assassiné au poignard à Mascara.

Le journal Le Monde publie une lettre manuscrite du général Salan, qui a été déposée dans leur bureau, dans laquelle il nie avoir donné l'ordre d'attenter à la vie de De gaulle. Cela est malheureusement vrai, les tentatives dont celle de Bastien Thiry à Pont sur Seine étant réalisée par une organisation plus ou moins liée à l'action française (un mysterieux "vieil état major" raconte Demaret dans "objectif De gaulle"), et qui ne depend pas de lui. Salan essaye à cette époque de rallier à son action l'opposition parlementaire.

On juge le capitaine Ponsolle, qui était à Arras au moment du putsch. Marié à une pied noire il se trouve à Alger en permission, par hasard dit-il. Il avait rencontré Sergent le 18 avril, la veille de son embarquement pour Alger, et dés son arrivée il se met à la disposition de Challe; Deux ans de prison avec sursis.

 

16 Septembre 1.961:

Un car de police attaqué à Paris à la grenade et au pistolet mitrailleur, un policier tué trois passants blessés, trois terroristes tués. C'est l'époque où les commissariats sont entourés de sacs de sable.

Plastic à Avignon

 22 plastics dans toute l'algérie.

Au procés du "complot de Paris" les élements concrets sont peu nombreux: prjet de tract destiné à l'armée, demandant de joindre les officiers du putsch, listes d'officiers algérie française (les accusés affirmeent que cette liste est destinée à recruter des abonnés au journal "l'esprit public") Enfin, la police a retrouvé dans la voiture d'un des acusés des plans de Paris marqués au crayon de couleur, presentés comme le trajet de troupes insurgées. L'accusé laisse entendre que ces plans ont été apportés là par la police. De même la credibilité des "carnets de Godard" est mise en cause par des témoins qui attestent sur certaines réunions leur impossibilité. Le procés qui sopmbre dans l'insignifiance est animé par le témoignage du gand écrivain Jacques Perret en faveur du cineaste Dupont. "Dupont sera un nom de plus en plus difficile à porter" déclare (entre autres remarques qui rejouissent le public) Perret de façon prémonitoire.

 

17 Septembre 1.961:

18 arrestation à Paris d'un réseau de soutien à l'O.A.S.

deux grenades à Geryville, dans un stade, pendant un match de foot, 5 morts, 20 blessés.

 

18 Septembre 1.961:

Le FLN mitraille un car de police rue Chaligny, un policier et trois passants blessés. 3 tués FLN.

Quai de bercy on trouve un musulman étranglé.

Réquisitoires au procés du "complot de Paris". Le procureur ne s'appuie pas sur les fameux "carnets" mais veut prouver à l'aide des faits établis l'intention de complot. Il commence par blanchir Bradel, Calvet et Leger. Il laisse le tribunal juge pour Jourdes, Thevenin, Mourolin et Cathala. Il reserve ses foudres à Faure, Vaudrey et Sabouret Garat de Nedde.pour lesquels il réclame de la prison ferme.

Le verdict est rendu le 21. Le tribunal commence par affirmer qu'il y a bien eu complot, en liaison avec le général Challe. Faure, dix ans de detention criminelle, Vaudrey dix ans aussi, Garat de Nedde, sept ans de prison ferme. de Saint-Remy, cinq ans de prison ferme, Jabely, de Biré, de Laroque-Latour, un an ferme. Sont acquittés les commandants Bléhaut, Mouchonnet, Azaïs, et Casati ainsi que les civils Thévenin, Cathala, Bezin, Dupont, Jourdes, Bradel, Taillandier, Calvet, Leger Meyer et Mourolin.

 

19 septembre 1.961 :

Ailleret dans un ordre du jour engage l'armée française dans la guerre civile "L'armée doit mettre l'O.A.S. hors d'état de nuire". Fort heureusement, presque personne dans l'armée n'obéit à Ailleret.

Une épicerie mozabite mitraillée à Alger, 3 tués, 2 blessés. Les mozabites, une secte musulmane localisée dans le sud (le mzab) et dont les hommes s'expatrient souvent pour gagner quatre sous, en général dans le commerce, n'avaient jamais montré beaucoup de zèle envers le FLN, ils sont mis au pas.

 Trois attentats , trois blessés à Romainville, Lille et paris, boulevard de la chapelle.

Un policier tué, un autre blessé dans le 18ème arrondissement, un autre à Clamart.

Verdict au procés du colonel Augier de Baulny, du capitaine Bonnel, des leutenants Monganne et Guerrier. Ce sont des officiers du premier étanger, la base de Sidi Bel Abbés. Augier de Baulny commandait en second sous les ordres de Brothier. Il prend une part active, tente de convaincre de Pouilly, envoit la compagnie du capitaine Bonnel (adjoint Monganne) defiler à Oran, Brothier, celebre pour ses positions algérie française, non inculpé, est témoin de l'accusation. Il raconte que fin 1960 il a reçu des questions de Salan, Jouhaud et Gardy sur la position de la légion en cas de coup de force militaire et qu'il y a répondu defavorablement. Le colonel Ogier déclare "je n'ai compris que le 15 juin que le colonel Brothier n'était pas d'accord". Brothier est mal à l'aise, le tribunal acquitte tous les inculpés.

 

20 septembre 1.961:

 Le commissaire de police Goldemberg, chargé de la lutte anti O.A.S., co-tortionnaire de madame Salasc, assassiné à Alger, visiblement par l'O.A.S.

Quatre assassinats au poignard à Bône.

Grenade dans un bar de Constantine, deux tués, 5 blessés.

Salan est conscient du danger d'isolement de l'OAS et, durant la fin de l'été et le début de l'automne 1961, il s'ingénie à le rompre. Gagner la bataille de l'opinion est sa priorité et il multiplie les initiatives. Dès la mi août, les rédactions parisiennes ont reçu une brochure ronéotypée retraçant la biographie du général et le présentant comme "l'homme indispensable au salut de la France" et "l'homme de la réussite". Au cours des semaines suivantes, Salan intervient à plusieurs reprises dans la presse. D'abord pour nier toute implication de l'OAS dans l'attentat de Pont-sur-Seine. Le directeur du Monde, Hubert Beuve-Méry, a accepté de publier le 20 septembre non pas une interview de Salan (comme souhaité par Susini), mais une "libre opinion" signée par le général. Il y dénonce la machination opérée contre l'OAS et rappelle le précédent du bazooka: "Quant aux ordres que certains "commis de l'État" m'ont attribués sans vergogne, il serait aussi impensable que je puisse les avoir donnés que de prétendre voir dans le général De gaulle l'instigateur d'une agression mortelle bien faite pour lui ouvrir les avenues du pouvoir." Cette "libre opinion" est également une occasion pour Salan de stigmatiser "l'impuissance de l'État" et un moyen de présenter l'OAS sous un jour positif: "L'armée secrète n'est pas une faction politique, c'est une véritable armée, visant à mobiliser les Français sur le terrain essentiel de la défense des libertés fondamentales, de la justice sociale et du territoire national." À l'inverse, "l'état-major de l'OAS n'est pas et ne sera jamais une équipe de remplacement gouvernemental. Il y a une Constitution, il y a surtout des Assemblées et un peuple de France. L'OAS leur apporte ses forces physiques et morales, elle leur apporte sa foi dans l'avenir de notre pays". Intoxication pour les uns, expression sincère de la pensée de Salan pour les autres, en tout cas l'objectif est clair: déprendre l'OAS d'une image factieuse et fasciste et accréditer l'idée que le général Salan n'est pas un Franco français.

Au cours des semaines suivantes, le "Mandarin" multiplie ses offensives de charme en publiant une série de "lettres" aux parlementaires, aux maires de France et aux évêques. Dans tous ces courriers, il dénonce la politique de la Veme République et justifie l'action de l'OAS. Il veut surtout montrer que son objectif n'exclut pas les hommes ni les institutions en place et ne néglige pas la situation internationale de la France (un des arguments majeurs du général de Gaulle pour stigmatiser le caractère rétrograde de la défense de l'Algérie française).

Au coeur de l'OAS, Olivier Dard; ISBN 978-2-262-03499-3

 

 21 septembre 1.961:

Emission pirate à Alger, l'O.A.S. donne des consignes pour que la population manifeste massivement son soutien. Grenade à Tlemcen, sur un marché, 21 blessés.

Ailleret abandonne le FAAD (front algérien d'action démocratique). Ce mouvement avait été créé en Juillet 60, par Melnik, conseiller de Debré, avec l'appui du SDECE, le service d'espionnage français. Ils avaient regroupé les restes des maquis de Belounis (MNA) et essayé de créer une troisième force pour faire pendant au F.L.N. (ou plutôt, suivant la tactique du général De gaulle, pour essayer d'obtenir quelques concessions du F.L.N., a jamais rien compris aux révolutionnaires, de Gaulle). Bref le FAAD eut quelques succès, en particulier en région parisienne, en particulier des attentats en fait réalisés par le service action du SDECE, il contribua à l'arrestation de Salan, en lui proposant une réunion qui était un piège. Quand Joxe informa le F.L.N. qu'ils seraient à la table des négociations d'évian, le F.L.N. annula sa présence, Joxe céda, les membres de cette troisième force eurent le sort des harkis.

 Jugement au procés du capitaine Lasalle. Il est accusé d'avoir téléphoné dans la nuit du 24 au 25 avril pour faire intercepter un camion qu'il croyait chargé des codes secrets de l'armée. Lasalle ne nie pas les faits. Compte tenu de la nature de ce qui est reproché, le tribunal decrete le huis clos. A l'issue du huis clos, on apprend que le capitaine Lasalle est condamné à dix mois avec sursis, non à cause du camion, mais pour desertion. Lasalle a en effet abandonné son poste quinze jours, craignant son arrestation.

 

22 septembre 1.961:

Désireux de montrer la force et la représentativité de l'O.A.S., Salan a déclenché trois journées de manifestations, ce 22 manifestation sonore, le 25, grand pavois aux couleurs de l'O.A.S., le 28 grève totale avec arrêt de la circulation de 11 heures à 11 heures trente.

Obéissant aux consignes de l'O.A.S., les algériens se livrent à un concert de casserole sur le rythme algérie française, c'est un bruit indescriptible.

22 plastics dans toute l'algérie.

Onze attentats F.L.N. font 7 morts, 37 blessés.

 Deux policiers grièvement blessés lors d'une arrestation à Issy les Moulineaux.

Plastic à Chartres, un autre à Orléans.

Les policiers avaient la gâchette facile. Le 17 octobre - simple coïncidence de date, la Fédération de France du FLN diffusa dans toutes les salles de rédaction de la presse française une "Déclaration du FLN sur la répression et les mesures policières dans la région parisienne". Parallèlement des tracts et articles de presse dénonçant des exactions policières étaient transmis par Maurice Patin, président de la Commission de sauvegarde des Droits et des libertés individuels, au Procureur de la République puis par ce dernier à la préfecture de police aux fins d'enquête.

Si plusieurs de cette dizaine d'affaires restent confuses, d'autres semblent relativement claires. Dans quelques-unes, la version du FLN apparaît mal fondée, comme les accusations portées contre le commissaire de Saint-Denis "auteur, avec certains de ses inspecteurs, des attentats de Drancy et de Stains, qui ont fait 10 morts et plus de 15 blessés algériens", ou comme les incriminations d'assassinats de responsables du FLN le plus souvent trouvés armés. En effet le FLN pouvait difficilement se prévaloir des règles de la démocratie en matière d'interpellation policière, alors que dans le même temps il abattait les policiers sans autre forme de procès.

Prenons donc trois cas qui concernent Boulogne-Billancourt et Vanves. Dans cette dernière commune, le 22 septembre à 20h 45 - accuse le FLN, "Babouche BELLACBE sort en bras de chemise devant la porte de sa chambre, 7 rue Frattaci. Un car de police est stationné en face. Une rafale et des coups de revolver éclatent. Il reçoit une balle au ventre, une autre au foie. Mort surle coup". Quelle est la version de la préfecture? Après une tentative d'assassinat perpétrée contre un fonctionnaire de police, une patrouille interpelle un suspect. "Il s'agit du nommé BELLACHE qui, à la vue des policiers, a porté la main à l'une de ses poches. S'estimant en danger, l'un des gardiens de la paix a tiré, atteignant mortellement ce FMA". Il n'est pas indiqué si l'Algérien était armé, mais il ne le semble pas. La police procède de façon expéditive et finalement les deux versions ne sont pas si éloignées qu'elles le semblaient de prime abord.

Le FLN incrimine également la police pour avoir, le 6 octobre, à Boulogne- Billancourt, tué un jeune Algérien de treize ans sur un trottoir, et parallèlement pour avoir, au cours de la fouille d'un hôtel, "sauvagement frappé" deux Algériens et blessé à mort un troisième âgé de dix-huit ans. Il apparaît en fait que les deux affaires n'en font qu'une. L'enquête de l'IGS indique que des policiers avaient reçu consigne d'arrêter "un terroriste dangereux", du nom de Meraouch Mohamed, qui logeait dans un hôtel de la rue Beinrich. Elle poursuit: "Pendant qu'ils se tenaient dans le couloir sombre de l'hôtel, la porte d'une chambre située en face de celle de Meraouch Mohamed s'est ouverte et ils ont vu un jeune Français musulman d'Algérie qui brandissait dans leur direction un objet brillant ayant toutes les apparences d'un revolver. L'un d'eux a tiré sur cet individu, le tuant sur le coup. Il s'agissait de Meraouch Moussa, jeune frère de l'individu recherché", et qui était âgé, non pas de treize ans, mais de dix-sept. "11 tenait à la main un pistolet factice en matière plastique noire, ayant toutes les apparences d'une arme du type pistolet automatique de calibre 6,35 [. ..] Il est à signaler à propos de cette affaire qu'un FMA habitant l'hôtel, qui avait confirmé les déclarations des policiers sur la manière dont les faits s'étaient passés, a été par la suite l'objet de menaces de mort de la part du FLN. Il s'est placé sous la protection de la police et a dû être renvoyé en Algérie". On peut ou non attacher crédit à tout ou partie des conclusions de l'IGS, mais une chose est certaine: les policiers n'entendaient plus courir aucun risque, tirant d'abord, avisant ensuite.

Dernier exemple, le FLN mentionne qu'à Vanves, le 28 septembre, des policiers ont appréhendé et fait monter dans un car de police tous les locataires d'un hôtel. Ils enjoignent à l'hôtelier, Smaïl Ahmed, de suivre les autres. Selon la version du FLN, "celui-ci demande une minute pour fermer son local. Pour toute réponse, il reçoit un coup de crosse sur la tête et une balle derrière l'oreille. Smaïl succombe avant son admission à l'hôpital". L'enquête de l'IGS signale que, quelques instants auparavant, vers 20h15, un gardien de la paix a été abattu dans la localité par trois Algériens, et qu'un automobiliste a indiqué que les meurtriers présumés se sont enfuis en direction du café-hôtel exploité par Smaïl. "L'établissement a été aussitôt investi par les forces de police qui en ont fait sortir les occupants mains sur la tête. Smaïl n'a pas obtempéré et s'est au contraire dirigé rapidement vers un gardien de la paix qui lui tournait le dos, en mettant brusquement la main droite dans la poche de son pantalon. Un gradé a immédiatement tiré sur lui, estimant que, eu égard aux circonstances, une pareille attitude le constituait en état de légitime défense. Le nommé Smaïl n'était toutefois pas armé". Cette relation des faits semble peu vraisemblable. On note d'ailleurs que la première version de la préfecture était toute différente: une seconde issue du café serait restée ouverte [que les policiers auraient négligé d'investir?], le coup de feu aurait été tiré de l'extérieur et été en fait "destiné, non pas à Smaïl, mais aux gardiens de la paix qui se trouvaient à ses côtés". Ces versions, tout comme d'ailleurs celle du FLN, ne semblent pas recevables et la réalité historique nous échappe. Relevons cependant que, dans ce cas comme dans les précédents, les policiers tirent et tuent très facilement; qu'ils n'éprouvent pas le besoin de justifier leurs actes en prétendant que les Algériens abattus étaient armés; et qu'ils n'ont pas attendu les formules utilisées par Maurice Papon le 2 octobre pour pratiquer une forme de répression expéditive.

Par-delà ces meurtres commis au cours d'opérations de police, sinon en situation de légitime défense, du moins dans le cadre de ce qu'on pourrait appeler une attaque préventive, assiste-t-on à une dérive plus grave qui concernerait des assassinats purs et simples? La question s'avère extrêmement complexe. Elle fut abordée lors de la réunion hebdomadaire en date du 4 octobre tenue par le Service de coordination des informations nord-africaines (SCINA), sur laquelle nous disposons de deux comptes rendus d'une importance capitale. Les trois semaines écoulées, fit-on d'abord observer, ont été marquées par la multiplication des agressions contre les membres des forces de l'ordre, qui ont été visés pour leur appartenance aux différents corps de police, et non pas, semble-t-il, pour leur activité personnelle. "Ces attentats peuvent être imputés à des groupes de choc locaux (régionaux ou zonaux) exploitant des renseignements également locaux et s'en prenant, de ce fait, plus particulièrement à des fonctionnaires dont la qualité de policiers est connue dans les milieux FMA situés à proximité de leur domicile et de leur lieu de travail". Les participants regrettent à cet égard que la grande presse ne se soit guère indignée de la multiplication de ces attentats et que l'opinion publique y reste largement indifférente. Mais la question posée par le Président du SCINA (on ignore qui il est), qui semble traduire l'inquiétude de tous, de savoir "si les découverts récentes de nombreux cadavres de FMA dans la Seine, la Marne et les canaux de la capitale avaient un rapport quelconque paroles de M. Papon: "Pour un coup reçu, nous en rendrons dix"". Plusieurs réponses sont alors apportées par le représentant du Service de coordination des Affaires algériennes (SCAA),appuyé par son collègue des Renseignements généraux de la Sûreté nationale. D'abord, dit-il, "le FLN réclamait depuis plusieurs mois le recensement des "traîtres" et des "condamnés à mort" qui n'avaient pas encore été exécutés. Dans le lot des cadavres découverts, ses victimes doivent donc représenter une importante proportion. Le MNA peut avoir également à son actif quelques exécutions sommaires". Une autre information essentielle est aussi donnée: le phénomène n'est pas seulement parisien, et compte tenu de la densité de la population musulmane, "il se manifeste dans toute la France avec une égale intensité". Sur ce point, le président Dieudonné Mandelkern nous a signalé que la mission qu'il dirigeait a pu consulter les archives du FAS (Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leur famille), et qu'elles montrent une forte augmentation du nombre des Algériens décédés de mort violente à travers toutes les régions de forte implantation algérienne.

.Pourtant, poursuit le compte rendu de la réunion du SCINA, les cadavres de FMA repêchés un peu partout ou victimes d'attentats par explosifs commis contre des cafés et hôtels fréquentés par des Algériens, ne semblent pas être dûs dans leur totalité aux rivalités internes de la communauté nord-africaine. "Il apparaît donc que le contre-terrorisme s'insinue en métropole", sous l'action de groupes "plus ou moins spontanément constitués".

"L'action de ces groupes - note le compte-rendu du commissaire de Saint-Etienne - peut apparaître comme le résultat d'une indulgence constante des tribunaux répressifs dont la mansuétude, frisant parfois la carence, est devenue à la longue une véritable invitation aux citoyens paisibles de faire "leur justice" eux-mêmes". De ce point de vue, le représentant de la Direction de la Gendarmerie et de la Justice militaire signale que les tribunaux militaires ont prononcé jusqu'alors 422 condamnations à mort, dont seules 25 ont été exécutées - le passage correspondant du compte rendu a été ainsi commenté par une main du cabinet du préfet de police: "Aucune pour la Seine".

D'autres documents vont dans le même sens, même s'ils n'utilisent pas l'expression de contre-terrorisme. La brochure de l'Union régionale parisienne de la CFTC que nous avons citée au chapitre précédent note à la rubrique "Opérations parallèles" : "Il semble que certaines opérations de police ne soient même plus des opérations régulières mais soient dues à "l'initiative privée" de policiers désireux de régler des comptes personnels". Le 3 octobre, lors de la réunion du Conseil syndical des Gardiens de la paix du Syndicat général de la police qui a longuement évoqué les déclarations de Maurice Papon, plusieurs participants soulignent sur un ton angoissé les risques de dérive policière et de constitution de "commandos" de la part de leurs camarades policiers, au cas où la situation se prolongerait. Peut-on aller plus loin dans l'appréhension de ce phénomène gravissime?

Notons d'abord que parmi les plaintes déposées en justice par des Algériens gravement blessés, un certain nombre mettent en cause, moins des policiers à proprement parler (c'est cependant parfois le cas) que des agresseurs se disant policiers.

Les archives du Parquet de la Seine nous en donnent trois exemples survenus le 29 septembre. Ce jour-là, B. est interpellé à proximité de l'hôpital de Saint-Denis, portant une plaie à la tête et blessé à l'abdomen. Il déclare qu'il a été arrêté par deux hommes qui se disaient policiers, qui l'ont conduit en voiture sur les bords de la Seine, l'ont frappé et lui ont tiré une balle dans le ventre avant de le jeter à l'eau, mais qu'il est parvenu à s'en sortir. De nême E., de nationalité tunisienne, dit avoir été appréhendé à Paris par trois hommes en civil qui ont crié: Police!, qui l'ont transporté en voiture à Bagnolet où ils ont tenté de l'étrangler et l'ont frappé avec un poignard, l'abandonnant inanimé sur place.

Le même soir vers minuit, H. est arrêté à proximité de son domicile dans le XIIIe arrondissement par trois hommes en civil, armés de pistolets, qui l'obligent à monter dans une voiture. Il déclare qu'il a été bâillonné avec un mouchoir et ses mains liées avec sa cravate; qu'à la hauteur d'un pont, les hommes l'ont fait descendre, frappé d'un coup de crosse de pistolet sur la nuque et projeté à l'eau. Il est parvenu à se maintenir à la surface et à regagner la berge où des passants l'ont secouru. Quelques jours plus tard, le 3 octobre, L. est découvert blessé sur la voie publique à Noisy-le-Sec. A l'hôpital où il a été transporté, il déclare qu'il a été attaqué à Paris par quatre hommes qui lui ont dérobé ses papiers et son argent (440 NF), l'ont transporté en voiture à Noisy-le-Sec où il a reçu une balle dans la nuque et a été laissé sans connaissance.

Tous ces Algériens ne semblent pas avoir été victimes du FLN, car quand ce dernier avait prononcé une condamnation à mort, ses hommes de main ne faisaient généralement pas le travail à moitié, comme dans les trois premiers de ces quatre cas - nous avons sans doute vu quelques exemples où ses victimes en avaient réchappé, mais ils sont rares et, comme dans le quatrième des quatre cas ci-dessus, la survie du blessé tenait du miracle. Une hypothèse probable est que certains de ces Algériens avaient été victimes de groupes "para policiers". Nous entendons par là des groupes, soit de policiers qui n'étaient pas en service, soit d'amis politiquement très proches d'eux, et qui enlevaient des algériens pour aller "se faire justice eux-mêmes".

Extrait de l'excellent livre "Police contre F.L.N." ISBN 2-08-067691-1 de Jean Paul Brunet, consacré au drame du 17 octobre 1961.

 

23 septembre 1.961:

Assassinat à Alger, un autre à Bel Abbés.

L'O.A.S. attaque l'hôtel de l'oasis, un tué, 5 blessés. Le tué est un militaire qui couchait dans la chambre de celui que l'O.A.S. visait, et qui était plutôt algérie française, bavure. Il est possible que le visé ait été prévenu, et qu'en offrant son lit à son collègue il ait fait d'une pierre deux coups.

500 femmes manifestent devant la préfecture de Bône, il s'agit des femmes des détenus "activistes" du camp de Djorf où lesdits activistes sont laissés littéralement crever par manque d'eau de soins et de nourriture, dans l'indifférence totale des consciences morales.

 Plastic au domicile d'Ailleret, dans le 16éme arrondissement.

Plastic dans la rédaction de "témoignage chrétien".

 

24 septembre 1.961:

Salah Bouakouir meurt noyé lors d'une partie de péche sous marine. Dans son livre "l'expiation", Pierre laffont, ancien député, ancien directeur de l'écho d'oran, note qu'il "sait qu'il été eliminé sans hésitation et sans considération pour sa veleur, parce qu'il avait servi la france". Ce qui charge le F.L.N. Ce dernier avait accusé l'O.A.S., au point d'avoir donné son nom au Telemly, puis Boudiaf avait fait annuler cet honneur., le traitant de collabo..

Bouakouir, un des rares polytechnicien musulman avait travaillé pour le gouvernement général sans état d'âme apparent, jusqu'à cette date. Beaucoup pretendent qu'il avait servi d'intermediaire aux groupes pétroleirs pour empecher le sabotage par le F.L.N. des puits et des pipe line... on ne prête qu'aux riches.

 

25 septembre 1.961:

 Obéissant aux consignes de l'O.A.S. données lors d'une émission pirate, la ville se couvre de drapeaux O.A.S., et la vie s'arrête une heure, les automobiles au milieu des rues empêchant la circulation des forces de l'ordre. Jamais le F.L.N. n'avait eu une telle unanimité dans aucun quartier d'aucune ville en algérie.

Un assassiné à Oran.

Deux officiers condamnés pour leur rôle dans le putsch, Vaudrey et Saint-Remy s'évadent du val de grâce et rejoignent l'O.A.S.

 

 26 septembre 1.960:

 Rien.

 

 26 septembre 1.961:

11 plastics à Alger.

Fox, attaché militaire anglais tué par l'O.A.S. qui lui reprochait d'alimenter le F.L.N. en armes.

Grenade à Boufarik, deux morts.

 Plastics à Avignon, Gardanne, Biarritz, Paris.

Le Monde entonne le couplet O.A.S.= fachiste, repris en choeur.

Au comité des affaires algériennes de ce jour, Ailleret informe les présents (dont De gaulle) que "Les gendarmes et le contingent sont sûrs, mais les CRS douteux". Le comité décide la création de la force locale. Elle approuve le cessez le feu en ces termes : "le cessez le feu créera une situation dans laquelle l'insurrection n'augmentera pas ses éléments armés à l'intérieur de l'algérie, et dans laquelle les forces de l'ordre ne seront pas non plus accrues". Le comité fixe la liste des bases où l'armée française devra se maintenir, Mers El Kebir, trois bases sahariennes et quelques aérodromes.

 

27 septembre 1.961:

Un israélite égorgé à Alger.

Un conseiller municipal musulman aussi, mais à guyotville.

 4 plastics à paris.

Un jeune homme de 19 ans, René Briffaz assassiné à coups de poing et de pied par un groupe de militaires français musulmans à Annecy.

En réaction contre les nombreux attentats visant des policiers, la police a mené des opérations de deplacement de population de façon à couper les reseaux FLn et d'obtenir des informations. La presse collaboratrice a longuement denoncé ces méthodes, mais les résultats sont là, de nombreux responsables sont arretés en septembre et octobre, et les attentats contre la police cessent.

 

 28 septembre 1.961:

Joxe commence à mettre en place les polices parallèles destinées à lutter contre l'O.A.S.

Ferhat Abbas menace De gaulle à Rabat: "s'il ne met pas fin à la guerre d'algérie, la guerre d'algérie mettra fin à De gaulle".

 Deux agriculteurs, un homme et son fils, assassinés dans leur ferme près de Blida.

 

29 septembre 1.961:

Autre exemple, le 29 septembre, à lh30 du matin, on retrouve le nommé S. au Bois de Boulogne, route du bord de l'eau; il a été gravement blessé de deux balles dans la tête et il décède à l'hôpital. A un marchand de combustibles qui l'avait employé à plusieurs reprises, il avait confié qu'il était recherché parce qu'il ne voulait pas payer sa cotisation. Le dit marchand n'y avait guère attaché d'importance, car S. était un pauvre hère qui vivait à crédit chez les commerçants, empruntait à des camarades et ne remboursait qu'avec beaucoup de difficulté. Deux ou trois jours avant sa mort, il avait sollicité ce marchand de combustible pour qu'il le conduise au commissariat de police afin d'y faire une déclaration. Son patron lui avait dit de s'y rendre seul, désireux qu'il était de ne pas avoir d'ennuis avec les nombreux nord-africains domiciliés dans le voisinage.

Extrait de l'excellent livre "Police contre F.L.N." ISBN 2-08-067691-1 de Jean Paul Brunet, consacré au drame du 17 octobre 1961.

 

Dans un courrier du 29 septembre, Salan s'adresse aux maires et joue sur le registre de l'opposition Paris/ province et de la défense des notabilités: "Alors qu'à Paris le pouvoir vous bafoue, à l'intérieur des communautés dont vous êtes les chefs, le respect vous entoure, car votre autorité est légitime. Vous êtes des notables; ainsi, quand l'heure sera venue, je ferai appel à vous. Soyez prêts à répondre."

Au coeur de l'OAS, Olivier Dard; ISBN 978-2-262-03499-3

 

30 septembre 1.961:

 17 plastics à Alger, aussi à Bône, Blida, Bougie.

Les fonctionnaires unanimes respectent l'ordre de grève lancé par l'O.A.S.

Les autorités estiment à 15 le nombre de personnes assassinés à ce jour par l'O.A.S.