Août 1961

 

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1 Août 1.961:

 Joxe déclare, après la conférence de presse tenue par Krim Belkacem, "la question de la souveraineté du Sahara n'est pas essentielle, nous n'exigeons pas ses richesses pour nous seuls".

 

  2 Août 1.961:

Grenade au centre ville de Bône, trois morts (deux musulmans un européen) 52 blessés.

Un groupe de fellagha s'attaque prés de Mostaganem à des harkis qui viennent d'être désarmés, 3 blessés graves, un passant européen qui a essayé de s'interposer assassiné.

Pas de vacances pour le tribunal militaire special. Les premier et deux Août, il juge 5 officiers, le colonel Roca, le commandant Lousteau, les capitaines Ziegler et hurtaix et l'aspirant médecin Mujica. Au colonel, qui commandait le secteur de fort national (kabylie) il est reproché d'avoir remplacé le général Simon, commandant la zone Est Algérois. Roca raconte que le commandant Lousteau vint lui annoncer son ralliement avec tous ses officiers et lui demander de prendre position. Il alla voir le général Simon pour lui emander de se rallier lui aussi, mais le général rfusa et le colonel prend sa place, non sans avoir demandé à l'ensemble des officiers de la zone leur point de vue. Un seul officier (le colonel Bertin) emit des reticences. Quand il fut clair que le putsch ecouait, Roca rendit son commandement à Simon, qui le confirma dans son secteur. Ce n'est que quinze jours plus tard que le colonel fût arreté. Le tribunal l'acquitte. Le commandant lousteau, non seulement fut le noyau du putsch dans la zone, mais il arreta le colonel Bertin, le commandant Gisserot et le capitaine Gardin. Cinq ans de prison avec susrsis. Le capitaine Ziegler fut chargé par Lousteau de conduire à Blida les officiers arretés, il s'en acquitta avec serieux et competence, un an de prison aec sursis. Le capitaine Hurtaix, officier SAS, alla aux nouvelles à Alger ("comme j'ai fait en mai 1958) et en revint avec les instructions de Challe, trois ans de prison avec sursis. Enfin à l'aspirant medecin Mujica, on ne reproche rien que ses convictions affichées avec force et d'avoir, pendant quelques heures, surveillé le central téléphonique de Tizi Ouzou. Acquitté;

 

3 Août 1.961:

4 blessés à Versailles, suite à l'explosion d'une bombe dans un hôtel occupé par des maghrébins.

Plastic devant la villa du professeur Antonini, dirigeant du PSU, à Montpellier.

Le tribunal militaire spécial juge le capitaine Oudinot. Oudinot est un cas, baroudeur, ancien des commandos SAS, plusieurs séjours en Indochine, il a bien étudié et bien compris la guerre révolutionnaire, aussi il a troqué son beret rouge contre le képi bleu des SAS. Il a eu un succés considérable, ("j'avais 22 villages, j'ai mis le drapeau français dans le coeur de 19") en Kabylie, faisant de sa région un modéle. On lui reproche d'abord de s'accrocher à son territoire et d'avoir refusé plusieurs mutations, ensuite à Tizi Ouzou le 21 Avril pour s'entendre notifier sa mutation d'office, d'avoir encontré le commandant Lousteau, de l'avoir assuré de tout son soutien et de celui de ses harkis, d'avoir informé le général Simon de ce qui se passait, et d'être resté auprés de lui pendant toute la durée du putsch. Acquitté.

 

4 Août 1.961:

Transfert de Clervaux à Tulle des principaux responsables du putsch, les généraux Challe, Zeller, Bigot, Nicot, Petit, les colonels Masselot, de la Chapelle, les commandants Robin et Saint Marc. A Tulle les épouses sont soumises à une surveillance de tous les instants et à des mesures destinées à les empêcher de voir leurs maris (pressions sur les loueurs d'appartements, perquisitions...) Le gouvernement gaulliste a peur.

Réunion au sommet du rocher noir, Joxe, Morin, Messmer, Ailleret

L'O.A.S. publie le premier numéro du journal " Les Centurions " destinés aux officiers.

Elle diffuse aussi vers les hommes politiques (députés, sénateurs, maires des grandes villes…) une brochure "qui est Salan" rappelant la carrière républicaine du général et, en particulier que les activistes gaullistes l'avaient visé en 58 lors de l'affaire du bazooka.

 

5 Août 1.961:

 L'OAS diffuse sa première émission pirate à Alger, un appel du général Gardy à rejoindre l'armée secrète. Elle a dynamité les câbles de liaison entre les studios de france V (radio Alger) et l'émetteur, raccordé son émetteur aux câbles, et diffusé sur la longueur d'onde ce discours avec les antennes de radio france V. Cette technique qui n'est possible qu'avec le plein support des journalistes et techniciens de france V perdurera jusqu'à la fin, deviendra quasi quotidienne et sera étendue aux principales villes d'algérie. Cette action provoque un enthousiasme inouï dans les rues des villes algériennes.

 Ouverture à Tripoli du congrès F.L.N., il durera jusqu'au 22 Août et verra s'affronter (une fois de plus) les factions.

 

6 Août 1.961:

Rien.

 

7 Août 1.961:

Douze plastics dans toute l'algérie.

Un passant assassiné dans une rue d'Oran.

Embuscade à Bougie, 5 morts, trois européens, deux musulmans.

 

8 Août 1.961:

Si Mohamed, chef de la willaya 4, tué. Cerné dans une maison de Blida, il fait l'objet d'une véritable exécution, Ailleret, averti de sa présence, envoie le 11ème choc, le dernier des membres du F.L.N. reçu par de Gaulle lors de l'affaire Si Salah disparaît ainsi.

Arrestation à sidi bel abbés de 5 plastiqueurs.

Un brigadier de police assassiné à Sidi bel Abbés.

Un agriculteur dans sa ferme, à Cued djemaa.

Un autre fermier à Mascara.

Le tribunal militaire spécial juge le commandant Perrier. Du 22 au 25 avril il a été l'aide de camp du général Challe. Dans ses papiers on a trouvé une lettre de Lagaillarde et d'un rapport sur l'état d'esprit de l'armée. Acquitté.

 

9 Août 1.961:

le petit village de Ziamma-Mansouriah attaqué par un commando F.L.N. Six européens tués dont trois enfants, ce sont des touristes venus profiter de la plage.

A Paris, le FLN manque l'assassinat d'un informateur de la police.

C'est au tour du lieutenant Labriffe d'être jugé. Ancien du premier REP, desabusé par la politique de De gaulle, il se fait muter à Tours. Sergent le contacte, il demande une permission et part dans le même avion que Sergent. Le premier REP s'étant rallié en corps il ne fait pas grand chose pendant le putsch, Deux ans de prison avec sursis.

 

10 Août 1.961:

Deux européens enlevés au Fondouk.

Un autre blessé à Saïda.

Une charge de plastic explose à Alger, trois morts, une institutrice et deux musulmans.

Le tribunal militaire spécial a repris son rythme d'un jugement par jour. Ce jour deux lieutenants, Trouillas, pied noir et commando de l'air et de Firmas de Peries son adjoint dans le même commando. On leur reproche d'avoir gardé le quartier Rignot (de Firmas) et d'avopir occupé le PC de la zone Nord Algérois à Fort de l'Eau (Trouillas) où il arréte le général Gombaud et le colonel Boquet. 5 ans à Trouillas, deux à Firmas, avec sursis, mais bien sûr ils quittent l'armée.

 

11 Août 1.961:

La trêve imposée par De gaulle pour prouver sa bonne volonté, qui a duré 80 jours, et qui a permis au F.L.N. de regagner une partie des positions perdues, cesse, l'armée reprend ses opérations (avec mesure).

Le bilan officiellement annoncé par une conférence de presse est : " (…) les exactions sont passés en moyenne journalière de 20 à 37. Les pertes rebelles ont diminuées de 50 % les pertes de l'armée française de seulement 25 %. " Pudiquement le gouvernement n'annonce pas les morts et les blessés, cachant ainsi sous le terme générique d'exactions, que les pieds de vigne coupés et des poteaux électriques abattus ont été remplacés par des assassinats.

Ratissage et bouclage dans la ville même de Sidi-bel-Abbés, 2 légionnaires tués, 4 blessés, 3 F.L.N. tués un prisonnier.

 

12 Août 1.961:

La lutte contre l'O.A.S. devient l'objectif prioritaire, Alger se remplit de C.R.S., gardes mobiles, chars et blindés, un journaliste de l'écho d'Alger (immédiatement exilé en métropole) compare la ville à Budapest.

 A paris aussi, patrouilles, contrôle d'identité, commissariats renforcés de sacs de sable.

A Nancy deux militaires plastiqueurs arrêtés.

A Thionville quatre tueurs du F.L.N. aussi.

L'indicateur qui a echappé à la mort le 9 asassiné par quatre hommes dans la chambre où il croyait avoir trouvé refuge.

 

13 Août 1.961:

Plastics à Alger, Oran, Blida, Bône, Constantine, un mort.

Trois attentats F.L.N. à Oran trois morts.

Quatre O.A.S. arrêtés à Oran.

 

14 Août 1.961:

Un groupe rebelle attaque le douar de teniet el had, en auto défense, six tués, trois blessés.

Deux assassinats l'un à Bône, l'autre à Blida.

 A Dunkerque un mort suite aux règlements de compte entre organisations rivales.

 

15 Août 1.961:

 Le grand muphti de la mosquée principale de Bône, égorgé.

Une ferme mise à sac (personnel égorgé ou éviscérée suivant le sexe, animaux égorgés, bâtiments en feu, récolte aussi) près de Blida.

Jouhaud arrive à Oran pour prendre la tête de l'O.A.S., il trouve une situation bien en main montée par les civils.

Premier drapeau O.A.S. sur Alger. Dès le modèle connu, ils sont partout en quelques jours.

La harka de gendarmerie "partisan noir", une des harkas les plus couvertes de gloire, emporte le P.C. de Si Tarik, patron de la willaya V (oranie) avec son état major et ses archives.

 Les Harkas de la gendarmerie : Entre octobre et décembre 1959 furent implantés :

- Partisan 20, à Ain-Lelou, au pied de l'Ouarsenis.

- Partisan 21, à la station de pompage de Teniet-el-Haad au nord de la forêt des Cèdres.

- Partisan 22, à Dupleix, dans la ferme même d'une famille européenne. (La famille Buthion avait offert la moitié des bâtiments de son domaine pour servir de cantonnement au commando. Des liens d'amitié et d'estime réciproques s'étaient vite noués entre elle et le personnel du partisan 22. Dans le cadre de l'excellente harmonie qui régnait à Dupleix entre musulmans et Européens, la confiance de la population dans la protection que lui assurait le commando contre les exactions des rebelles traduisait le degré de pacification atteint dans cette région.)

- Partisan 26, à Flatters, puis à Taourira au seuil du djebel Bissa qui passait pour être un repaire de fellagha et enfin Rouina, dans la vallée du Cheliff .

- Partisan 43, formé à partir d'une harka qui menait déjà le combat dans le Dahra depuis de nombreuses années.

- Partisan 44, initialement formé à Cherchel, puis transféré à Ain-Sour entre les deux Zaccar au nord de Miliana.

 Chaque commando faisait, à sa création, avec les instructeurs parachutistes du C.E.P.C.C. n° 1, un stage de perfectionnement au Grand Barrage de l'oued Fodda, chez moi. Rapidement, des relations amicales s'établirent entre les officiers des commandos et moi. Souvent, ils venaient me demander aide et conseils. En effet, il s'agissait d'abord de compléter à cent harkis l'effectif de chaque commando et ultérieurement de remplacer les tués, les blessés et les démissionnaires fatigués par une vie extrêmement rude. Certes, le personnel harki était de préférence recruté dans la région d'implantation et de travail du commando. Mais une sélection morale et physique très sévère écartait nombre de jeunes volontaires et il fallait chercher ailleurs. Les Beni-Boudouanes furent une permanente pépinière d'éléments de choix dont beaucoup avaient déjà une solide formation militaire.

Chaque commando travaillait isolément en adaptant la technique générale aux réactions de l'ennemi, au terrain et aux conceptions particulières de l'autorité qui l'employait. Chaque commando eut ainsi très vite sa personnalité propre qui dépendait aussi des conditions de vie des harkis. Là où les harkis vivaient habituellement dans le village, il se produisit un véritable phénomène d'osmose entre la population et l'unité. Très vite, les officiers sentirent qu'au travers du personnel, ils pouvaient toucher les familles, l'entourage, les notables et partout ce fut une réussite. Le commando était la partie armée du village protégeant par ses sorties permanentes la tranquillité, la paix du reste des habitants. Parallèlement à cette action purement militaire, une action civique et sociale fut entreprise et heureusement menée par les cadres.

Par contre, à Ain-Sour, à Teniet, et à Taourira, les harkis vivaient habituellement au poste, ne rejoignant leur famille que pour une permission mensuelle de quatre jours. L'activité de ces unités fut plus spécifiquement opérationnelle et le contact avec les éléments civils fut plus diffus sauf avec les quelques familles de supplétifs qui préférèrent la protection des postes à l'insécurité des djebels.

Mais quel que fut leur caractère particulier, les commandos gendarmerie se signalèrent dès les premières semaines de leur création par une activité intense et des résultats remarquables. Dans des zones où les unités du quadrillage répugnaient à patrouiller, les harkis encadrés par les gendarmes n'hésitaient pas à s'infiltrer et à tendre des embuscades aux fellagha. Alors qu'à la nuit tombante, les postes fermaient leurs portes, laissant le djebel aux bandes rebelles, les commandos s'apprêtaient à une longue marche de nuit dans la montagne. Au milieu des ténèbres, ils quittaient le cantonnement et se glissaient silencieusement jusqu'à leurs emplacements "de chouf" d'où ils observaient les mouvements ennemis pendant toute la journée du lendemain. Sans revenir au poste, ils se déplaçaient la nuit suivante pour exploiter, à la faveur de l'obscurité, les renseignements obtenus. C'est ainsi que par tous les temps, hiver comme été, les commandos passaient deux jours et deux nuits sur trois dans la nature.

Les six commandos de gendarmerie mis à la disposition de la Z.O.A. en devinrent rapidement le fer de lance et aucune opération d'importance ne se déroulait dans un secteur sans qu'un ou plusieurs commandos du groupe y participât, réclamé par les états-majors opérationnels, qui n'hésitaient pas ainsi à faire sortir les commandos de leur cadre traditionnel d'emploi. Et c'est avec une réelle fierté que le général BOULANGER, commandant la zone ouest algérois, qui ne cessait de soutenir et d'encourager les commandos "Partisan ", put dire fin 1961 au général NOIRET, inspecteur général de l'Infanterie que ces unités formées de gendarmes et de harkis, étaient les meilleures troupes opérationnelles de l'Orléansvillois.

Cette réussite exceptionnelle incita l'état-major de la Z.O.A. à mettre sur pied, par prélèvement de huit harkis et un gendarme par commando, un septième commando d'un genre particulier. Cette unité, baptisée "partisan noir", implantée à la base aérienne Orleansville, était immédiatement transportable en hélicoptère H. 34 sur un point quelconque de la zone, soit pour renforcer un élément ayant "accroché", soit pour exploiter un renseignement, soit pour poursuivre ou couper la route à un élément rebelle en fuite. Les interventions de "partisan noir", toujours inopinées et brutales, déclenchées à partir de la salle d'opérations de la Z.O.A. et commandées par de jeunes officiers enthousiastes, rendirent l'unité célèbre dans toute la zone. Entre autres exploits, c'est elle qui, le 15 août 1961, s'empara du repaire de Si Tarik, mit fin aux exploits du sinistre chef de la Wilaya V et de son état-major. Pendant toute l'année 1961 et le début de l'année 1962, la cinquantaine d'hommes que représentait " partisan noir " pouvait se faire héliporter en n'importe quel endroit de la Z.O.A., y rester deux ou trois jours sans ravitaillement, remplir sa mission et cela sans être inquiétée par les redoutables katibas... ou ce qu'il en restait.

(…) Certes, le jeune harki, extrait du milieu perturbé qui était le sien dans son douar depuis des années, délivré de la hantise des incursions des rebelles, éloigné du déchaînement des passions qui se voulaient nationalistes, découvrait auprès de ses chefs de la gendarmerie un cadre de vie solide, discipliné et équilibré. Il perdait sa mentalité de traque. Il se sentait gagnant et était fier de l'être. Et cette dignité humaine dont la conquête justifiait, aux yeux d'un monde abusé, les pillages et les meurtres des fellagha, le harki l'éprouvait en servant la France, son pays, et le drapeau français, son drapeau. Quelle injure à l'Armée, à la gendarmerie, de présenter ces harkis comme des mercenaires, c'est-à-dire des hommes servant pour de l'argent un gouvernement étranger. C'était leur gouvernement qu'ils servaient et la solde qu'ils percevaient n'avait pas une autre odeur que la solde des militaires des autres unités. (…)

MORTS POUR LA FRANCE

- Deux officiers, Douze sous-officiers, Vingt-trois harkis.

ONT ETE BLESSES :

- Deux officiers, Quatorze sous-officiers, Trente-neuf harkis.

Trente officiers ou sous-officiers tués ou blessés pour soixante-deux harkis tués ou blessés, c'est un pourcentage de perte qui peut paraître anormal quand on sait que sur le terrain l'encadrement était en moyenne de un gendarme pour cinq harkis. Qu'on en tire au moins la conclusion que dans ces commandos, on ne lançait pas au massacre les supplétifs pour économiser le sang français: ils étaient tous du même sang et les officiers gradés et gendarmes prenaient tout simplement des risques à raison de leurs responsabilités.

Mais quelque cruelles et douloureuses que furent les pertes de ces commandos de chasse, elles sont peu en comparaison de celles qui furent infligées à l'ennemi :

- 621 hors-la-loi tués, 331 prisonniers, 750 armes récupérées.

(…)

Vous tous qui les avez connus, commandés, côtoyés, pouvez-vous me dire ce que sont devenus ces six cents braves des commandos de gendarmerie, renvoyés à leur foyer sans arme et sans protection ?

 Boualem, les harkis au service de la france, Editions france Empire, 1963

Un des policiers auxiliaire, Lazhar Ensighaoui, en permission, est retrouvé à moitié étranglé et torturé rue du marche des blancs manteaux (4 ème). Il meurt à l'hopital.

Moumene, un informateur de la FPA, assassiné

 

  16 Août 1.961:

Nuit bleue à Alger (25 plastics). 13 blessés. On voit l'inexperience des nouvelles équipes de plastiqueurs, qui ne savent éviter que des passants soient touchés. Avec un peu de formation, ils apprendront à mettre des auxilliaires en surveillance.

Un autre policier auxiliaire, Amar Berani est lui aussi retrouvé étranglé (quai de Valmy) et lui aussi meurt à l'hôpital. Le FLN a mis la main sur un étrangleur specialiste qui semble faire parler sa victime, et, ayant recuperé les coordonnées d'un collégue, l'étrangle et va s'occuper du suivant. Une autre équipe execute un informateur.

 

17 Août 1.961:

Le lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume (le crabe tambour) est condamné à la prison avec sursis pour sa participation au putsch. L'accusation craint qu'il ne soit "irrecuperable" car "il n'a pas été un auxilliaire docile de Challe, mais il a assumé personnellement de graves responsabilités" En effet Guillaume a organisé le ralliement de la base de mers el kebir, obtenant la neutralité de l'amiral Querville. Ce dernier, témoin de l'accusation, reconnaît avoir promis de donner sa demission, quelque soit l'issue du putsch. 4 ans de prison avec sursie, Guillaume sort donc de prison et se met immédiatement à organiser la branche "marine" de l'OAS en france, avant de rejoindre Jouhaud à Alger.

 

18 Août 1.961:

 Puga, lieutenant colonel, commandant le 27 éme régiment de dragon, est accusé d'avoir mis deux de ses escadrons à disposition de Challe. Puga, soutenu par ses chefs directs, explique que le mouvement de ses unités était lié à des necessités opérationnelles et non aux demandes de Challe. D'ailleurs ils n'ont rien fait. Le tribunal est plus sensible aux opinions exprimées par le leitenant colonel que par les faits bruts, 5 ans de prison avec sursis.

 

  19 Août 1.961:

décompte de la police d'Alger, depuis le putsch d'avril 61, il y a eu 1.072 plastics à Alger.

Six attentats au couteau à Alger, quatre tués, quatre blessés.

Trois plastiqueurs arrêtés.

Le capitaine Delacour fut l'aide de camp de Zeller, pendant deux jours. Il n'a été inculpé qu'en juin. Mais le capitaine exprime avec ardeurs ses sentiments, il critique la politique de De gaulle et rappelle ses promesses. Le Président du tribunal, Guary fait remarquer que la politique ne peut pas être fixée une fois pour toute. Delacour considére que quand on est président de la république on ne doit pas se livrer à un discours constament évolutif. Acquitté.

 

20 Août 1.961:

 Trois morts par attentat, un à Blida, un à Sétif, un à Alger, un enlèvement (un sport qui va faire de nombreux adeptes) à Boufarik.

Jouhaud quitte Salan, auprès de qui il ne servait à rien, pour rejoindre Oran.

Son nom, son prestige, lui permettent d'y unifier des mouvements disparates :

- France -Algérie, version oranaise de France-résurection de Montpeyroux, créateur des maquis du Dahra avec Petitjean et Souétre, les seuls opérationnels à Oran à cette date. Ce réseau recrute surtout chez les bourgeois en particulier les médecins et les avocats.

- Pancho, joueur de football, garagiste, qui connaît tout Oran, a beaucoup de volontaires issus des classes populaires, inconnus des services de police, mais n'a ni moyens financiers, ni armes.

- La garde au drapeau, constitué d'anciens de la territoriales qui n'avaient d'autre ambition que de reprendre du service sous les ordres de l'armée. Et dans un premier temps refusaient d'obéir à d'autres qu'aux chefs militaires officiels.

- le réseau Bonaparte, recruté par Degueldre parmi les policiers révoqués.

- l'organisation juive d'autodéfense, d'autres encore, dont les gitans efficaces gardes du corps.

Il noue en particulier des liens avec les officiers SAS qui mettent à sa disposition leurs harkas.

 

21 Août 1.961:

rien.

 

22 Août 1.961:

Un terroriste lance une grenade dans un café, sept blessés, le terroriste est rattrapé et lynché par la foule.

Quatre plastics à Oran.

D'autres à Alger et Constantine.

Monsieur Boukarel conseiller général de saint Arnaud, assassiné.

M Benahmou, épicier à Sidi bel Abbés, aussi.

A paris le tribunal militaire acquitte le capitaine Pompidou, pied noir, du premier REP. Il fût aide de camp du colonel Argoud. Son rôle principal consiste à organiser une conference de presse où il dévoile les consignes pour le cessez le feu unilatéral, qui sont alors secrétes.

 Le congrès de Tripoli s'achève, ce qui est apparent est le remplacement des modérés Abbas et Francis par le marxiste dur Ben Khedda. Ce qui n'est pas apparent est la décision de ne céder lors des négociations que ce qui pourra être récupéré après.

 

23 Août 1.961:

27 plastics, pour une fois trois blessés.

21 plastics en métropole, dont un contre le ministre janneney, les autres contre des journalistes, brisson, robinet, sagan (françoise) d'autres personnalités, anxionnaz, boegner...

Le Front Nationaliste de Leroy, qui a tenu à garder son autonomie au sein de l'O.A.S. demande à y être admis au niveau du comité directeur et annonce qu'il ne reconnaîtra plus à l'avenir les décisions prises s'il n'y siège pas. Godard les renvoit à leurs études révolutionnaires.

Le tribunal militaire spécial traite ce jour le cas du commandant Guizien. Il commandait un bataillon de harkis. Le 20 avril (avant le declanchement du putsch donc) il rencontre Argoud. Guizen affirme qu'Argoud ne dit pas un mot du coup à venir, et lui a emandé s'il était possible d'organiser une demonstration de ses harkis en faveur de l'algérie française, ce que lui, Guizen accepta d'enthousisame. Le tribunal ne croit pas que Guizen n'it pas été un des conjurés, un an de prison avec sursis, les harkis auraont un nouveau chef.

 

24 Août 1.961:

19 morts et 36 blessés, bilan du jour, dont: un gérant de ferme près de Constantine, un militaire dans la ville même, un européen à Oran, 4 tunisiens à Bône, 6 musulmans à Alger, …

 

25 Août 1.961:

 A Medea, un groupe de l'ALN pénètre dans un café et mitraille les consommateurs, 6 morts dont le conseiller général Kebayli, deux gendarmes et trois autres, 10 blessés.

A Boufarik, embuscade, un capitaine et trois soldats tués.

A Tizi Ouzou, assassinat de monsieur Oulalez, gendre d'un député de Kabylie.

La liquidation des amis de la france prend un rythme effréné, vu le nombre de ralliés au FLN de la dernière heure.

A Mascara, un représentant de commerce dans son auto sur la route.

Premier drapeau OAS sur les facultés d'Alger. Tout le monde le copie, car il n'est pas en vente libre.

Jugement du lieutenant colonel Le Bourhis, des commandants Vailly, et Penduff, des capitaines Clédic et Mosconi, du lieutenant Auriollé. Vailly s'est evadé, son cas est disjoint. Il s'agit de l'encadrement de la base de Blida. Vailly, averti du coup, informe son chef Le Bourhis. Ce dernier veut laisser à ses officiers la liberté de choix. Vailly, effectif patron de la base, organisa l'occupation du commissariat central, de la prefecture d'Alger, du central telephonique Mogador et de Fort l'Empereur.. Le Bourhis en personne s'était assuré du sous prefet de Blida, et l'avait remplacé par un civil. Mosconi, pied noir, la jambe platrée, avec quelques soldats (parachutistes du contingent) prend le fort l'empereur en frappant à la porte et en demandant qu'on lui ouvre. Le corps de garde lui presente les armes. Le procureur est particuliérement sevére à l'égard de mosconi, non parce qu'il est pied noir mais parce que "blessé il pouvait demeurer à l'écart"...Le Bourhis, deux ans de prison avec sursis, Mosconi et Clédic (un ancien FTP) troisd ans avec sursis, Auriolle est acquitté.

 

  26 Août 1.961:

Rien.

 

27 Août 1.961:

Annonce officielle du remaniement du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne -GPRA- Ferhat Abbas, modéré est remplacé par ben Khedda - marxiste, Ben Bella toujours en prison en france est vice président, Francis qui négocia à Melun est exclu. Deux ordres de préoccupation - conduite de la guerre et de la négociation, définition du futur Etat - furent l'occasion d'affrontements houleux au cours desquels les irrésolus et les moins capables, manquant qui d'imagination qui d'une formation politique suffisante, se laissèrent dominer bientôt par ceux qui puisaient dans une doctrine élaborée la clairvoyance et la détermination particulièrement nécessaires au F.L.N. dans cette passe décisive.

"C'est ainsi que Ben Khedda se trouva finalement investi de la présidence du G.P.R.A. et Saad Dahlab de la charge des "affaires étrangères". Pionniers de la rébellion, théoriciens de la révolution et co-auteurs des textes fondamentaux du Front, ils étaient avec cela hommes d'action encore jeunes aux vues réalistes, et déjà familiers du pouvoir. Leur promotion de la part de l'instance suprême du F.L.N. signifiait un choix.

Elle marquait la décision de se donner un pouvoir fort, car Ben Khedda ben Youssef était un être autoritaire et froid; elle disait la volonté, inchangée, d'atteindre l'objectif de guerre du F.L.N. dans son intégralité, mais aussi d'y parvenir par la négociation directe avec la France, dont Saad Dahlab était le tenant le plus résolu et l'artisan le plus habile; elle traduisait enfin l'intention d'épargner à l'Algérie indépendante tout "néo-colonialisme" économique, et d'y promouvoir la profonde révolution qui donnerait au pays un régime socialiste et totalitaire: à cet égard les options de Ben Khedda étaient depuis longtemps arrêtées.

Jean Lacouture notait alors dans le Monde: "De toute évidence, le nouveau leader du G.P.R.A. est formé par la dialectique marxiste. Sa façon d'envisager les problèmes et de les résoudre est celle d'un lecteur attentif de Lénine."

Quelques mois plus tôt, au retour d'un voyage à Cuba et en Amérique Latine, Ben Khedda avait cité comme exemplaire ce conseil reçu du général Cardenas, l'ancien président du Mexique: "L'Amérique Latine qui a acquis depuis un siècle l'indépendance subit encore un colonialisme dans sa forme moderne, le colonialisme économique. Veillez à arracher votre indépendance intégrale en une seule fois, sinon il vous faudra encore un siècle pour réaliser votre véritable indépendance, comme nous latino-américains. ~ Commentaire de Ben Khedda: "A aucun prix nous ne pouvons réaliser en deux temps, comme ces pays, la libération politique d'abord et la libération économique et sociale ensuite. Nous devons les faire simultanément." (El Moudjahid du 5 janvier 1961.)

 

Le C.N.R.A. se prononça en effet, comme sa précédente session l'avait laissé prévoir, en faveur de la dictature d'un parti unique, le F.L.N., dans le futur Etat. En même temps, il opta pour une transformation radicale des structures économiques et sociales, notamment par la nationalisation des principaux moyens de production, l'élimination de la puissance capitaliste sous ses diverses formes, la redistribution des terres et leur collectivisation éventuelle.

Concernant l'avenir proche, le congrès interdit aux négociateurs du Front d'accepter aucune forme d'"association" de l'Algérie avec la France, ni aucun compromis susceptible de limiter l'indépendance économique du pays; il leur prescrivit de n'accorder aucune garantie particulière en faveur des Européens, et de ne consentir aucune atteinte au Sahara algérien. Il exigea du nouvel exécutif qu'il obtînt la reconnaissance des frontières sahariennes par le Maroc et la Tunisie. Il lui enjoignit de réaliser enfin en Algérie la mobilisation des masses et le ralliement à l'A.L.N. des musulmans combattant sous commandement français.

 

L'investiture du nouveau G.P.R.A., votée le 27 août 1961, attribua:

à Ben Khedda la Présidence et le département des Finances et Affaires Economiques

à Krim Belkacem la Vice-présidence et l'Intérieur

à Saad Dahlab les Affaires Etrangères

à Boussouf l'Armement et Liaisons générales, sans changement

à Yazid l'Information, comme précédemmment

Bentobal et Mohamedi Saïd étaient nommés "ministres d'Etat". Enfin, les cinq internés restaient nominalement et plus que jamais membres du gouvernement: Ben Bella et Boudiaf en tant que vice-présidents; Aït Ahmed, Rabah Bitat et Mohamed Khider comme ministres d'Etat.

L'élimination de Ferhat Abbas, qui pourtant avait adopté depuis tantôt deux ans les positions les plus intransigeantes, n'était pas tant la conséquence de son âge - 60 ans - ni même de ses attaches bourgeoises anciennes; elle visait plutôt à sanctionner la "personnalisation" suspecte qui avait fait acclamer son nom en décembre par les émeutiers de la Casbah d'Alger; mais surtout elle signifiait que sa présence n'était plus utile. A l'heure où le F.L.N. touchait au but en traitant directement avec Paris, la rébellion algérienne pouvait se passer du porte-parole rassurant qui pendant trois ans avait servi à appâter les "libéraux" de France et les diplomates étrangers, et dont le maintien au pouvoir risquait au demeurant de compromettre la pureté de la révolution à accomplir.

Quant à Bentobal qui cédait le portefeuille de l'Intérieur à son ami Krim Belkacem, il pouvait être félicité d'avoir pour la première fois mis sur pied, à la faveur de l'évolution récente, un système de liaisons via la métropole entre l'exécutif extérieur et les, Wilayas d'Algérie, grâce à quoi celles-ci avaient reçu assez régulièrement au cours des derniers mois les directives du G.P.R.A., ainsi qu'un renfort en cadres politiques instruits et un financement atteignant jusqu'à 400 000 NF mensuels par Wilaya. Libéré de ses responsabilités gouvernementales, Bentobal allait pouvoir se consacrer à une tâche de sa compétence, et désormais essentielle: l'organisation du Parti pour l'innervation du futur Etat.

En définitive, l'équipe du G.P.R.A. remaniée, si elle n'y gagnait guère en cohésion, allait néanmoins bénéficier de la rigueur propre à son nouveau président et mener avec celui-ci une politique active, secrète, réaliste et plus catégorique dans ses options.

Mandaté pour négocier, l'exécutif animé par Ben Khedda et Dahlab était plus apte que l'équipe précédente à triompher sur ce terrain. Mais les difficultés qui l'attendaient n'étaient pas moins grandes, au contraire. Car plus allaient se préciser les contours de l'accord final, plus se feraient vives les appréhensions des autres dirigeants rebelles et partant leurs exigences à l'égard des négociateurs du F.L.N.; et plus le dénouement s'approcherait, plus la concurrence des personnes et l'ambition immédiate de se saisir du pouvoir aiguiseraient de leur part la critique et la surenchère. Oppositions d'ailleurs impossibles à éluder, puisque tout accord d'ensemble franco-algérien devait être aussitôt suivi d'une nouvelle réunion du C.N.R.A., seule instance habilitée à ratifier un tel accord, et puisque statutairement le Conseil National de la Révolution Algérienne ne pouvait approuver un traité de cette nature qu'à la majorité des deux tiers de ses membres, un cessez-le-feu à la majorité des quatre cinquièmes.

Dès cet été 1961 qui voyait Ben Khedda porté à la présidence, ces rivalités étaient perceptibles aux horizons les plus divers de la rébellion et l'on pouvait prévoir qu'après avoir pesé sur la négociation, elles éclateraient en une dramatique course au pouvoir aussitôt l'Algérie conquise.

Ainsi de l'état-major de l'A.L.N. à l'extérieur: dès les premiers jours de son gouvernement, Ben Khedda soucieux de s'assurer le contrôle des forces armées voulut en modifier la composition, et notamment muter le colonel Boumediene, chef de "l'Etat-major Général". Les oppositions furent telles qu'il n'en put rien faire. Fort de l'appui de Boussouf dès l'origine, Boumediene s'était fait de l'A.L.N. extérieure, en 18 mois de commandement, comme un fief à lui: encadrée et endoctrinée par ses soins cette armée militairement inemployée puisait désormais sa cohésion dans la mystique révolutionnaire qui l'unissait à son chef. Ayant accru ses effectifs de près de 50% (Recrutement provenant de la métropole pour une grande part, le transit des Algériens aux frontières belge, allemande, italienne n'étant pas contrôlé comme il aurait pu l'être.) et valorisé son armement grâce aux fournitures soviétiques (Les livraisons du bloc soviétique, accrues en volume et en qualité et comprenant désormais des mortiers de 106 et 120 m/m, des canons antichars et des armes anti-aériennes, continuaient d'être débarquées, pour l'Est dans les ports égyptiens et libyens, pour l'Ouest dans les ports marocains. En 15 mois, de novembre 1960 à janvier 1962, on compte du seul côté marocain 6 cargaisons, totalisant plus de 6.000 tonnes d'armement. En outre des instructeurs étaient mis en place en Tunisie et au Maroc pour former l'A.L.N. à l'emploi des armes nouvelles.) l'A.L.N. extérieure allait atteindre à la fin de l'année 1961 un volume de 31 000 hommes, organisés en 33 bataillons (21 en Tunisie, 12 au Maroc) et 8 Compagnies lourdes. Avec une telle force, articulée, politisée, mobile, Boumediene ne doutait plus d'avoir en mains, lorsque la France se retirerait, l'instrument décisif de la prise du pouvoir. Il resta à son poste.

Autre puissance avec qui Ben Khedda allait devoir compter: Ben Bella et ses compagnons de captivité. Bien qu'internés en métropole depuis ce jour d'octobre 1956 où la piraterie française les avait enlevés en plein ciel à l'hospitalité du souverain marocain, ces cinq chefs de la première heure n'avaient pas cessé d'appartenir nominalement à l'exécutif rebelle et de vivre auréolés de gloire dans l'imagination d'un certain nombre d'Algériens, - Ben Bella surtout. Etant possédé de l'ambition la plus haute, Ben Bella allait mettre en œuvre tous les moyens à sa portée pour faire admettre à l'équipe de Ben Khedda ainsi qu'à l'opinion algérienne qu'aucun accord ne pouvait être conclu à moins de recevoir son aval. L'extrémisme des dirigeants de la "Fédération de France" - en contact avec les ministres captifs en métropole - allait jouer dans le même sens, ainsi que l'intransigeance opiniâtre, au sein même du G.P.R.A., d'un Boussouf et d'un Bentobal.

Il n'était pas jusqu'au Parti Communiste Algérien, si réduit fût-il, qui après sept ans d'une collaboration effacée ne se souciât de se démarquer du F.L.N. afin de se ménager un rôle dans l'Algérie indépendante: sa voix n'allait pas être la moindre à surenchérir dans l'élaboration difficile du règlement de paix - en évidente harmonie d'ailleurs avec celle des conseilleurs chinois et soviétique de l'exécutif rebelle.

Sur le plan international, Ben Khedda au nom de l'Algérie opta d'emblée pour une position "neutraliste" (c'est-à-dire pour l'essentiel, hostile à l'Occident): option qu'il marqua notamment en participant dès le 1er septembre à la conférence des chefs d'Etat "non engagés" à Belgrade - où il obtint le plus vif succès -, puis en intégrant le G.P.R.A. au "groupe de la Charte de Casablanca" composé de la Guinée, du Ghana, du Mali, du Maroc et de l'Egypte. Dès lors les pressions subies par l'exécutif de la part des puissances communistes allaient trouver un écho spontané non seulement dans l'influence exercée par le Caire, mais également dans les avis prodigués par les Etats les plus progressistes du continent africain.

En revanche les gouvernements tunisien et marocain, de plus en plus empressés auprès des dirigeants du Front, allaient s'efforcer de favoriser l'aboutissement des négociations, par souci de sauvegarder si possible au sein du futur Etat algérien un principe de modération et une disposition à ne pas couper tout lien avec l'Europe et l'Occident. En effet, Hassan II pas plus que Bourguiba ne se dissimulaient les affinités existantes et les liens déjà noués entre le F.L.N. et leurs propres opposants nationaux de gauche, ainsi que le péril à venir pour leur pouvoir du jour où s'établirait en Algérie, avec l'appui d'une armée révolutionnaire, un régime socialiste à l'idéologie conquérante.

Mais bien plus que les influences étrangères, c'étaient les données proprement algériennes qui pouvaient désormais guider l'action du G.P.R.A. Or celles-ci dictaient à Ben Khedda de se fonder sur la négociation avant tout pour conduire le F.L.N. à son but.

D'une part en effet, la trêve unilatérale instituée temporairement par la France, s'ajoutant aux fruits des discours présidentiels, avait achevé de redresser la position du F.L.N. en Algérie. Non que ce répit de trois mois à peine eût permis à l'A.L.N. intérieure de reconstituer son potentiel : au contraire celui-ci continua de s'effriter pendant toute l'année pour se réduire, fin 1961, à 16 000 hommes, auxiliaires compris, dont seulement 3 500 combattants réguliers, avec moins de 7 000 armes de guerre au total (Contre 22.000 hommes dont 8.000 réguliers et 11.200 armes de guerre en juillet 1960: soit une diminution globale du potentiel intérieur d'un tiers environ en dix-huit mois. En quinze mois - octobre 1960 à décembre 1961 - l'intérieur ne reçut d'autres renforts à travers les frontières que 30 hommes à l'Ouest et 100 à l'Est.).

Car l'armée française, réserve faite du temps de trêve, continuait à éliminer avec efficacité l'A.L.N. de l'intérieur en exécution des directives gouvernementales paradoxalement inchangées... Mais désormais le facteur militaire était évidemment de peu de poids en regard du basculement des esprits. Or les forces de l'ordre - qui avaient constamment incarné jusque-là, aux yeux des Algériens, la volonté française de triompher - ayant été réduites, par ordre, à la défensive du 20 mai au 11 août avaient par là même manifesté une abdication et recueilli le mépris populaire: mépris aussitôt reporté sur la France. Les Wilayas pour leur part, soulagées par la trêve, en avaient aussitôt profité pour rétablir leurs liaisons, réimplanter leur quadrillage clandestin même dans les secteurs les plus mal contrôlés par le Front, et pour intensifier le rythme des attentats, particulièrement dans les villes. Prenant avantage en outre de l'évolution des esprits, les Wilayas s'étaient dès lors employées à fortifier leur emprise sur les habitants, de même qu'à noyauter les propres unités musulmanes des forces de l'ordre.

Le volume global mensuel de l'activité rebelle en Algérie devait passer en un an de 717 exactions (décembre 1960) à 1215 (décembre 1961), le nombre des victimes civiles enregistrées du F.L.N. de 200 à 700. Le nombre des armes passées à l'A.L.N. par désertion fut de près de 2000 pour l'année 1961, dont 300 pour le seul mois d'août, avec 265 déserteurs: chiffre jamais approché depuis mars 1956.

Tout concourant ainsi à rallier la population à sa cause, le G.P.R.A. pouvait aborder la négociation en bien meilleure posture.

D'autre part, l'anarchie qui se développait en Algérie posait au G.P.R.A. le problème pratique de la prise du pouvoir. Le réalisme foncier d'un Ben Khedda et plus encore d'un Saad Dahlab leur fit très vite prendre en considération ce facteur nouveau qu'était la résistance active d'une partie de la population à la politique gouvernementale, s'organisant dans l'O.A.S. L'ampleur de ce mouvement, essentiellement populaire, sa violence croissante se surimposant à celle du F.L.N., de surcroît les attentats commis par le P.C.A. et le M.N.A. qui maintenant relevaient la tête, et même les règlements de compte entre juifs et musulmans, devaient bientôt créer, dans les secteurs urbains surtout, un imbroglio tel que bon nombre des crimes ne pouvaient plus être attribués avec certitude par l'autorité à tel ou tel parti (En décembre 1961 par exemple, sur un millier de victimes dont 700 du F.L.N., 200 restèrent sans responsable identifié).

Dans ces conditions, il pouvait ne pas suffire au G.P.R.A. d'arracher l'indépendance à la France pour prendre la relève purement et simplement. Plutôt que d'avoir à conquérir le pouvoir sur le chaos, sans doute était-il plus sage de définir avec Paris un accord qui assurerait une certaine permanence de l'autorité en organisant une transmission régulière des pouvoirs entre les mains du F.L.N.

Autant de raisons pour mettre à profit l'évolution politique du général De gaulle laquelle, sans cesse confirmée, créait une conjoncture de plus en plus favorable à une négociation victorieuse. "

"Autopsie de la guerre d'algérie" de Philippe Tripier, éditions France-empire, 1972.

 Grenades sur la plage de Bône, un mort, 12 blessés.

Sept plastics à Alger.

 A Metz, un autobus est mitraillé par un F.L.N., 2 morts, 2 blessés.

A Arras, deux musulmans grièvement blessés.

A Paris, un policier auxiliaire, Aït Taleb, est enlevé, conduit dans un hôtel rue Emile Duployé, torturé une semaine (sans doute ne parle-t-il que peu) finalement étranglé et jeté dans la Marne. Un hors cadre de la police auxiliaire Flambeau (les "hors cadre" sont des personnes infiltrées dans les reseaux FLN,) est assassiné. Passage Debille (13 ème) on trouve le corps de Boucherif Tahar, inconnu de la FPA, mais que le FLN avait consideré comme "collaborateur des harkis".

Mohamed Zouaoui, patron du FLN métropole, n'apprecie pas ces méthodes: "Il paraît [écrit-il] qu'un responsable - nommé Djafar [probablement le chef de la zone 212] - recrute des harkis pour le renseigner et les [abat] une fois que les premiers enrôlés lui ont amené [d'autre] et ainsi de suite. À ce sujet, il serait nécessaire de se pencher sur cette question et s'il y a des possibilités au sein des harkis, il serait plus rentable de les organiser au sein de la même caserne pour faire ensuite un coup spectaculaire, soit une désertion massive, soit provoquer une mutinerie à l'intérieur de la caserne. Nous croyons qu'il y a des moyens de faire mieux que la liquidation physique et individuelle."

D'aprés "Les calots bleus et la bataille de Paris" Remy Valat, ISBN 978 2 84186 382 2

 

28 Août 1.961:

Ratonnade à Bône, à l'issue de l'enterrement du jeune garçon assassiné à la grenade sur la plage, les participants se répandent dans la ville et tuent 6 personnes, en blessent 35, à l'aide de pierres, de matraques, de bouteilles, de cocktail molotov. 16 personnes sont arrêtées. Le Monde dénonce le terrorisme aveugle pour la première fois depuis le premier novembre 1.954.

Le patron du FAAS, Khalifa demande et obtient une réunion avec Jouhaud pour tenter de coordonner les actions de son mouvement avec l'O.A.S.

 

29 Août 1.961:

A digne, la police arrête 17 membres du FLN.

A paris, trois attentats visent trois officiers de police.

On juge ce jour le colonel Bravelet et le commandant Botella.Ce sont les officiers du Sahara, le tribunal traite les affaires géographiquement. Bravelet, chef d'état major au Sahara, se met à disposition de Petit (le général putschiste de mai 1958) qui avait pris le commandement du corps d'armée. Botella, pied noir, a été vu en conversation avec Lacheroy le 21 avril, il est soupçonné de faire partie des comploteurs. C'est lui qui a suggeré In Salah pour y mettre les personalités arretées. Botella raconte qu'il a été dénoncé par un comité d'épuration où figurait un chauffeur de l'état major, Tournier, un caporal chef Martin et un incertain Bonnaud.Un témoin explique que Tournier a fait l'objet en novembre 1960 d'un rapport de la sécurité militaire sur l'influence pernicieuse qu'il avait sur ses camarades. Il était soupçonné d'être membre du parti communiste. La fameuse rencontre avec Lacheroy repose sur le témoignage de Tournier, qui affirme avoir conduit non seulement Botella mais un autre colonel Marchelidon, qui nie. Bravelet est acquitté, Botella condamné à un an de prison avec sursis.

 A Oran, conférence officielle du FAAD, le mouvement terroriste monté par Debré pour faire contre poids au FLN. A cette réunion assiste quelques européens, un commissaire des renseignements généraux et les animateurs du FAAD. Les journaux français en font des gorges chaudes, ils dénoncent le montage politico- policier et la naïveté des intervention. De Gaulle engueule une fois de plus Debré "veuillez cesser vos conneries", Debré une fois de plus obéira.

 

30 Août 1.961:

Affrontements entre communautés à Oran, dans les quartier qui sont encore mixtes, 5 morts et 31 blessés. De plus en plus les quartiers deviennent mono ethniques. Les militaires en seront réduit (plan whisky) à séparer physiquement - barbelés et autres- les deux communautés.

Grenade dans un bar à Bône, 45 blessés.

Assassinat à Blida, aussi à Alger.

 Trois plastics à Paris.

A Tunis, révolution de palais, Ferhat Abbas (réputé " modéré ") est remplacé à la tête du GPRA par Ben Khedda (réputé marxiste). Tout ce que la france compte de grandes consciences et de moralistes s'en réjouit.

 

31 Août 1.961:

 Ouamri, commissaire de police à Constantine, assassiné

80 arrestations après les ratonnades d'Oran..

Début du désarmement des villages mis en auto défense, il y en a deux mille à désarmer.

 Un ouvrier européen, Dumortier, assassiné à la mitraillette (donc par le F.L.N.) à Douai.

On juge au tribunal militaire spécial, ce jour, le commandant Bonafos, pied noir. Le 22 avril alors qu'il est sans affectation car il est muté en métropole car il affichait ses opinions politiques avec force, il se met à disposition de Lacheroy. Le président du tribunal, Guary, note en circonstance aggravante que "sans affectation vous auriez pu rester tranquille". Bonafos est chargé de canaliser l'énergie des civils. Il reunit les officiers des unités territoriales (dissoutes après les barricades de fevrier 1960) , et commence leur remise en place. Pendant les quatre jours du putsch il a le temps de mette en place trois de ces unités. L'avocat Coudy met en evidence que cette action a sans aucun doute empeché des debordements dus à des initiatives individuelles et donc qu'elle a été trés positive. Le tribunal accepte cette argumentation et acquitte Bonafos.