Juin 1961

 

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1 Juin 1.961:

Un commissaire de police, Garaudy, assassiné au couteau dans son appartement. Le premier crime commis de sang froid par l'O.A.S.

Quatre plastics à Alger, huit à Oran, un à Tiaret, à Bône, à Miliana.

Un adjudant assassiné à Alger, deux grenades tuent deux personnes à Alger

Deux agriculteurs assassinés à Tipasa.

 Arrestations à Paris de sympathisants de l'O.A.S.

 Après plus d'un mois de tractations, de rassemblement des bonnes volontés, l'action incessante de Godard met sur pied l'O.A.S., qui se présente ainsi :

Chef, Salan, adjoint Jouhaud (qui prendra très vite l'oranie), état major Gardy et Godard (qui garde en direct une organisation chargée de noyauter l'armée, le S.R.A. Ce service sera remarquablement efficace en matière de renseignements, mais une fois de plus, quand il faudra s'engager au grand jour il y aura peu de monde.)

Il y a une structure matricielle avec des découpages territoriaux et des grands services, L'Action Politique et Psychologique avec Susini et Ras, deux civils, qui éditent le Centurion, une revue destinée aux officiers et Appel de la France une revue de masse, les tracts, et qui aussi seront en charge des émissions radio et télé; le bureau musulman, avec Gardes et Augustin, (un kabyle) qui réunissent les musulmans voulant rester français; l'organisation des masses, toujours avec Gardes, mais Leroy comme adjoint, chargé de la logistique, caches, transports et agents de liaison, faux papiers, structuration des foules, organisation des manifestations; L'ORO, organisation renseignement opération, chargé des actions ponctuelles, avec Perez et Degueldre , c'est là que se trouvent les fameux deltas; enfin les finances, chargés en s'appuyant sur l'organisation des masses, de récolter les cotisations, de les gérer et de les distribuer pour assurer les besoins des clandestins, en particulier des harkis et des légionnaires. Les finances seront d'abord sous Medeu, puis Gorel.

Ce même jour, avec l'accord de Godard, le capitaine Sergent s'embarque pour la métropole, où il compte federer les hommes partisan de l'algérie française. Il considére que la bataille ne peut se gagner que là. Il n'y organisera aucun attentat contre De Gaulle.

 

2 Juin 1.961:

plastics à Bône, Bougie, Bouisseville, Alger, Oran.

Directive de l'EMG à toutes les wilaya, le 2 juin 1961 Directive de 6 pages, qui précise au sujet des musulmans engagés avec la france: Nous devons mener une véritable campagne soutenue et provoquer le ralliement massif ou partiel des harkis, des faux élus, des goumiers et des fonctionnaires, qu'a pu tromper l'ennemi par ses mesures coercisives (sic) et les côtés sordides de problèmes économiques. Les plus peureux, nous devons au moins obtenir leur concours clandestin ou tout au moins leur neutralité. Signé: Soleiman

 Un plastic à Bayonne.(à la sous préfecture)

Trois plastics en corse.

 

3 Juin 1.961:

quatre plastics à Alger, deux à Sidi-bel-Abbés. Les exactions FLN, non conformes, ne sont plus rapportées.

A Bône une foule de musulmans brandissant des drapeaux F.L.N. se livre à une piednoirade, elle attaque les européens qui sont dans les rues, deux morts, nombreux blessés. La police intervient et tire sur la foule, une dizaine de morts.

 Plastic à bordeaux au domicile du premier adjoint de Chaban.

Le capitaine Sergent et son adjoint Godot arrivent à Paris mettre en place l'O.A.S. métropole. Ils font ça de leur propre initiative.

L'implantation de l'O.A.S. en Métropole, va tout d'abord être confrontée aux difficultés inhérentes à un pays largement hostile à ses objectifs. A cet égard, comme l'a bien mis en évidence une étude de Charles Robert Ageron sur l'évolution de l'opinion française face à la guerre d'Algérie, la défense de "l'Algérie Française" va rencontrer de moins en moins de partisans à partir de 1956: 49 % en 1956, puis au lendemain de l'affaire de Suez, 40% en avril 1956, 34% en mars 1957 et 36% en septembre de la même année. Après une période d'attentisme suscité par l'arrivée du général De gaulle au pouvoir, on observe, dès la fin 1958, un regain de volonté de négociation pour régler le conflit algérien.

Cette volonté se manifeste de façon égale au travers des diverses générations du pays, et s'amplifie encore début 1959 alors que beaucoup de Français soulignent que l'armée leur semble désormais dépasser le cadre de ses fonctions normales. Un nouveau sondage effectué en mai 1959 montre cependant que, sur le "degré de solidarité avec les populations d'origine européenne qui vivent en Algérie", les Français métropolitains manifestent deux réactions d'égale intensité: 38% se sentent tout à fait ou assez solidaires, 38 % peu ou pas du tout (24 % ne se prononcent pas). Les Français de condition aisée étant deux fois plus solidaires que les ouvriers. La conscience d'une solidarité avec les Français d'Algérie varie également avec les classes d'âge: elle est minoritaire chez les jeunes de 21 à 34 ans, et majoritaire chez les personnes âgées de 50 à 60 ans, c'est-à-dire ceux qui ont eu 20 ans à l'apogée de l'ère coloniale entre 1905 et 1930 et qui ont vécu la libération par l'armée d'Afrique. Enfin, géographiquement, c'est dans le nord-ouest de la France que ce sentiment de solidarité se trouve le plus nettement, tandis qu'à l'inverse le sud-est et la région parisienne font preuve d'un désintérêt complet pour le problème des pieds-noirs.

Cette situation évolue sensiblement à la suite du putsch d'avril 1961. En effet, les barricades de janvier, tout comme le putsch, suscitent des réactions de crainte mêlée d'hostilité. Les Français ne savent pas quelle peut être la solution pour l'Algérie: 36 % en février 1960 ignorent quelle issue trouver à un conflit qui, pour 78 % d'entre eux, apparaît désormais comme le problème essentiel du pays. Seule l'idée d'une Algérie algérienne liée à la France fait alors son chemin dans l'esprit d'une part croissante de la population. En mars 1960, cette dernière solution est d'ailleurs celle préconisée par la majorité des Français. Entre les menaces du péril "fasciste", et les analogies effectuées par la presse métropolitaine après le putsch de Kappl, l'état d'esprit de l'opinion publique est de ce fait, en mai 61, très largement hostile aux objectifs de l'O.A.S. naissante: 74 % de la population métropolitaine souhaite alors des négociations avec le F.L.N., traduisant ainsi la lassitude d'un peuple qui a dû faire face à de nombreuses épreuves depuis 1939.

Ce contexte si peu favorable, n'est cependant pas complètement perçu par tous les responsables de l'O.A.S. souvent confinés dans une approche unilatérale propre au microcosme militaire. Quant aux informations qui leur parviennent de l'hexagone, beaucoup d'entre elles sont le fait d'officiers de réserve ou de contacts locaux, dressant pour beaucoup un tableau exagérément sombre de la situation politique et sociale. Ce n'est qu'avec la mise en place effective des premiers réseaux que les membres de l'O.A.S. vont mesurer toute la difficulté à développer un Mouvement clandestin dans un environnement hostile.

Dérouléde, l'O.A.S., éditions jean Curutchet, ISBN 290434884.0

Quand Sergent arrive en france, dix mouvements divers se réclament du sigle O.A.S. et agissent en son nom, allant de la petite équipe chargée de la propagande de Salan, groupée autour de Gignac jusqu'à Jeune Nation et aux royalistes. Sergent n'arrivera jamais à les coordonner, et encore moins à s'imposer à eux. Quand Salan le mettra sous les ordres de Vanuxem, cette situation ne s'améliorera pas.

 

Lorsqu'il arrive à Paris le 3 juin 1961, Pierre Sergent n'a pas de projet précis. Il devait revoir Godard avant son départ mais un empêchement a rendu cette rencontre impossible: Godard ne connaissait que son "intention" mais rien n'avait été défini quant au "cadre exact de [sa] mission". Ses préoccupations sont très matérielles et liées à sa situation de clandestin: argent, logement.

Sa première visite est pour le 10, rue de la Croix-des-Petits-Champs, siège du journal monarchiste Aspects de la France, héritier de L'Action française, né en 1947 et qui paraît depuis le 25 novembre 1948. Sur place, il rencontre des dirigeants de la Restauration nationale, Pierre Juhel et Louis-Olivier Roux, qu'il ne connaissait pas. Antigaulliste et attachée à la défense de l'Algérie française, la Restauration nationale soutient officieusement l'OAS, fournissant à Sergent et ses amis, dont certains sont des anciens de la maison (Daniel Godot est un ex-AF de Nancy), la logistique nécessaire à une vie clandestine, à commencer par des planques. Déchargé de ce souci, Pierre Sergent s'attelle à mettre sur pied en métropole une organisation qui soit, selon ses propres termes, "l'organigramme simplifié, schématisé du colonel Godard": OM (organisation des masses, propagande et finances), APP (planques, boites aux lettres, support logistique) et ORO (actions spéciales). Ce projet, validé par Godot arrivé le 15 juin, appelle à renouer des contacts et à trouver les cadres susceptibles de prendre en charge les structures projetées.

 

L'un des plus significatifs est le directeur des éditions de la Table ronde, Roland Laudenbach, que Pierre Sergent bombarde à la tête de l'APP. Laudenbach a connu le capitaine en 1959 via Bertrand de Gorostarzu et la petite feuille Armée et Nation. Cette publication agrégeait des militaires (le commandant Garder, spécialiste de l'Armée rouge, Yves Gignac, secrétaire général de l'ACUF), des universitaires de sensibilité anticommuniste et nationaliste (le sociologue Jules Monnerot, l'historien Raoul Girardet) et l'écrivain Jacques Laurent (Cécile saint Laurent), issu de la Jeune droite des années 1930 et des Hussards. Depuis cette date, ce petit groupe a continué ses activités et mis sur pied à partir de décembre 1960 un hebdomadaire, L'Esprit public, patronné par Jacques Laurent et Raoul Girardet (renforcés par Jean Brune et Philippe Héduy) et financé grâce aux subsides réunis par deux algérois, le député d'Alger Philippe Marçais et l'avocat Marcel Kalflèche. Saisi après le putsch (numéro 20 du 5 mai 1961), soumis à des perquisitions (18 mai 1961), L'Esprit public appuie le camp de la "résistance à l'abandon" et relaie les thèses de l'OAS.

Au coeur de l'OAS, Olivier Dard; ISBN 978-2-262-03499-3

 

4 Juin 1.961:

Plastic à Alger, premier plastic à Philippeville, trois plastics à Oran, un à Sidi bel Abbés.

Un marchand de légume assassiné par le F.L.N. à Oran.

 

5 Juin1.961:

 Oran, plastic au siège du parti socialiste.

Deux européens assassinés d'une balle dans la tête, un musulman décapité ainsi qu'un marocain.

Trois plastics à Alger, un à Philippeville, Blida, Constantine.

Grenade à Belcourt, tuant une femme de 91 ans,.

Deux assassinats à Constantine.

 Plastic au domicile parisien de Boumendjel, négociateur F.L.N. d'évian.

Des commandos FLN attaquent des voiture de police en région parisienne, dix terroristes abattus, nombreux policiers blessés.

Les postes de police en région parisienne ressemblent de plus en plus à des blockhaus.

Procés et verdict au tribunal spécial militaire (ni recours ni grâce) du commandant Hélie Denoix de Saint Marc, résitant à 16 ans, déporté à Buchenwald puis au camp satellite de Langestein, il est abandonné mourrant lors de la fuite des géoliers. Il est nourri par des paysans allemands puis liberé par les americians, Il pése 42 kilogs. Aprés Saint Cyr, il choisit la légion étrangére, fait trois séjours en Indochine lors du dernier il raconte comment il a été amené à laisser sur place ses partisans vietnamiens qui s'acrochaient desesperement à ses camions. Plus jamais ça s'est-il promis.

Aussi quand, commandant par interim le premier REP, absolument pas au courant du putsch prévu, il est convoqué par le général Challe il n'hésite pas à rejoindre sa "révolte". Le premier REP a eu pour mission d'occuper les places essentielles d'Alger, le gouvernement général (le commandant de la CRS 83, de garde cette nuit, raconte une resistance très moderée, Gambiez et Saint Hillier racontent avoir physiquement essayé d'empecher les paras d'entrer, n'avez vous pas été bousculé demande l'avocat général Reliquet - des voies de faits agraveraient le sort de l'inculpé- mais "la porte est trés large" repondent les témoins), le commissariat central (le commissaire divisionnaire relate que l'opération fût facile car "les gardiens de la paix avaient maladroitement ouvert la porte"), la zone Alger Sahel, Denoix de Saint Marc déclare " "... En Algérie, après bien des tâtonnements, nous avons reçu une mission simple, claire: vaincre l'adversaire, maintenir l'intégrité du territoire, promouvoir une justice sociale et une égalité politique.

"On nous a fait faire tous les métiers, oui, tous les métiers, parce que personne d'autre ne pouvait ou ne voulait les faire. Nous avons dû accomplir des tâches souvent ingrates. Nous y avons laissé le meilleur de nous-mêmes. Nous y avons gagné l'indifférence ou l'incompréhension de certains, l'injustice des autres. Des milliers de nos camarades sont morts en accomplissant cette mission. Des dizaines de milliers de musulmans se sont joints à nous comme camarades de combat. Ils ont partagé nos peines, nos souffrances, nos espoirs et nos craintes.

"Nombreux sont ceux qui sont tombés. Les liens sacrés du sang versé nous lient â eux. Et puis un jour on nous a expliqué que notre mission était changée. Je ne parlerai pas de l'évolution qui a amené ce changement. Tout le monde la connaît. Un soir pas tellement lointain, il nous a été dit qu'il fallait songer à abandonner ce pays auquel nous étions tant attachés. Alors nous avons pleuré. Nous nous souvenions de quinze années de sacrifices inutiles, de quinze années d'abus de confiance."

Le procureur gache sa carriére en devoilant que le gouvernemant lui a demandé de requerir 20 ans de reclusion criminelle (l'ancien bagne) et il dépose ses conclusion écrites en consequence. Oralement il ne demande que 5 à dix ans de prison considerant que le commandant de Saint Marc n'était pas du complot et a accompli les taches confiées par le général Challe avec le maximum d'efficacité (aucun coup de feu, pas de blessés...) Il demande de 5 à dix ans de prison, laissant entendre que 5 lui paraissent suffisant, le tribunal tranche: 10 ans de detention criminelle.

  

6 Juin 1.961:

Manifestation pro F.L.N. au clos Salembier, banlieue d'Alger, intervention de la police, six blessés parmi les forces de l'ordre.

Un greffier du tribunal militaire assassiné, ainsi que deux autres personnes à Oran.

 Messmer, ministre des armées, écrit à ses officiers que "le nouveau combat ordonné en algérie sera un combat pacifique". On peut y lire aussi :"Les Musulmans engagés à nos cotés ne seront jamais abandonnés". Ce texte fait le gros titre du journal l'Aurore du lendemain 7 juin.

La dégradation de la situation en Algérie a des répercussions en métropole, le commando F.L.N. qui attaque des casernes est fort de 33 hommes (du jamais vu en métropole, une action de guerre) dont 20 déserteurs du 93ème RI essayant de se refaire une virginité. 8 policiers blessés, 9 FLN tués, 14 arrêtés.

Procés du général Bigot, patron de l'armée de l'air en algérie qui a rejoint les putchiste du 20 avril. Il vient de passer deux mois dans la cellule de Mohamed Boudiaf à la santé, symbole. Il va être jugé par le Haut Tribunal totalement renouvelé après la condamnation, jugée insuffisante de Challe et Zeller à 15 ans de réclusion criminelle: Le procureur Besson a été remplacé par le procureur Gerthoffer, certains juges ont été remplacés, Bigot risque la peine de mort. Car Gerthoffer accuse Bigot de tentative de meurtre sur le ministre de l'algérie Louis Joxe et le commandant interarmé Olié, en faisant semblant de croire que l'ordre d'interception de la caravelle où ils se trouvaient était équivalent à l'ordre d'abattre l'avion. Finalement cet aspect du procés est occulté et l'inculpé est surtout accusé d'voir mis un avion à disposition du général Challe pour gagner Alger. Le procureur réclame la réclusion à perpetuité, Bigot est condamné à 15 ans comme Zeller et Challe..

 

7 Juin 1.961:

Trois plastics à Alger, un à Bône, Castiglione, Palissy.

Un jeune de 16 ans tué à coups de couteau à Oran, un gardien de prison d'une balle.

Aux environs de Blida des rebelles en uniforme blessent grièvement un agriculteur.

Un ingénieur des ponts et chaussée et sa secrétaire sont assassiné lors d'une visite de chantier, près Orleansville.

Un lieutenant et un musulman assassinés à Constantine.

 Plastic à paris devant le domicile d'un député.

Maître Vergés condamné à un mois de prison avec sursis pour propos outrageant envers Debré.

5 ans de réclusion criminelle (bagne) au général Petit, participant du putsch. Les procés se succedent chacun ne durant qu'une journée. Petit signale qu'il n'a fait l'objet d'aucun interrogatoire et qu'il est resté 45 jours sans aucun contact (depuis la fin, le 26 avril du putsch il s'est écoulé 45 jours...). Il rappelle que le 12 mai 1958 il a été appellé par Michel Debré, alors deputé à soutenir un coup venant d'Alger, qu'il l'a fait et que cela ne lui valut pas de sanctions. Et que pour celui d'Avril, c'est sa seule conscience qui l'a conduit à suivre Challe, bien que doutant de l'issue de cette aventure.

Ailleret, sûr gaulliste remplace Gambiez à la tête de l'armée en algérie. Il est officiellment reproché à Gambiez d'avoir cedé facilement aux putschistes, Ailleret, qui avait été contacté par Argoud et avait donné son accord de principe aurait-il dénoncé ses camarades? A cette date ON savait qu'Ailleret avait donné son accord.

 

8 Juin 1.961:

Douze personnes suspectes d'avoir participé au meurtre du commissaire Gavoury arrêtées à Alger, dont 5 déserteurs de la légion. Un an plus tard, à deux jours près, deux d'entre eux (dont un qui n'y était pour rien) seront passés par les armes.

Un harki et un autre musulman assassinés à Alger.

Plastics dans les villas de Gambiez et de l'amiral Querville.

Plastics à Alger, Philippeville, Oran, Mascara.

 Plastics à Angoulême et Paimpol.

 

9 Juin 1.961:

Dix arrestation à Alger de personnes très connues (la famille, y compris le personnel domestique de Gautier-Saliége, médecin, la famille Lung, bien connue pour la qualité de ses vins, la famille Dumazer, médecin) pour avoir hébergé des légionnaires déserteurs. (dont ceux qui ont assassinés Gavoury).

Onze arrestations à Bône de plastiqueurs.

Un retraité de 75 ans assassiné d'un coup de couteau dans le dos à Mascara.

Nombreux attentats dans toute l'algérie.

La foule qui a assisté aux obsèques d'une victime du F.L.N. moleste des musulmans sur son passage. (ce que la presse socialo-gaullo-communiste stigmatise sous l'expression raciste de ratonnade).

 Trois plastics à Marseille.

 

10 Juin1.961:

 Trois grenades à Alger, un mort de 13 ans et neuf blessés.

 

11 Juin 1.961:

Rien.

 

12 Juin 1.961:

Lettre de Ben Khedda, président du GPRA à la willaya 4, demandant de "diriger si Salah, vers l'extérieur, où son cas sera tranché". (faute de frappe sans doute).

 

13 Juin1.961:

Plastic à Oran aussi à Alger.

Un employé communal assassiné à Oran.

Afin de mieux lutter contre l'O.A.S., le gouvernement, avec l'appui de toutes les grandes consciences, prend une ordonnance libéralisant les possibilités d'enquête sans juge d'instruction.

 Les négociations d'évian, après trois semaines sont interrompues, le F.L.N. explique que De gaulle ne veut pas céder sur tout, et en particulier sur le fait que le sahara est une partie de l'algérie.

A Vésoul la police démantèle un nébuleux complot contre la vie de De gaulle.

Un plastic à paris dans un hôtel fréquenté par des musulmans fait plusieurs blessés.

 

14 Juin 1.961:

A la suite de l'interruption des négociations d'évian, les mesures de sécurité sont renforcées à Alger. L'affirmation qu'"une grande armée du maquis s'organise" est très excessive comme le montrent les rapports internes a l'OAS. Ainsi, un rapport du BCR secteur du 14 juin 1961 fait état d'une "visite" effectuée dans la région de Loverdo et dans celle de Douera. Le document est sans ambigüité: "Le 3/06/1961 - région Loverdo - environ 80 personnes civils et militaires bérets rouges et noirs disséminés dans des fermes. [...] Le mot de maquis est un bien grand mot, il s'agit surtout de gars planqués sans armes. Les colons en ont davantage qu'eux. Grosses difficultés pour les fermiers qui demandent a être relevés, cause moyens financiers et sécurité (musulmans dans les fermes risquent de parler)."

A Douera (visite du 11 juin 1961), le "maquis" est compose de 40 personnes dont les besoins sont quotidiens (produits pharmaceutiques, chaussettes, grosses chaussures, livres, cigarettes) et logistiques: "Même problème que pour Loverdo - fermiers demandent a être relayés et n'ont pas d'armes." Le rapport conclut donc sans surprise: "Problème très important (...) s'y atteler d'urgence. En premier, secours financiers aux fermiers, ravitaillement, habillement. (...) Les hommes qui se sont regroupés après les événements d'avril ne pensaient pas que cela durerait. Us attendent des instructions."

Au coeur de l'OAS, Olivier Dard; ISBN 978-2-262-03499-3

Une manifestation de musulman en soutien du FLN pille des magasins et brûle des voitures à Belcourt, un quartier d'Alger. Les commerçants et les propriétaires n'étant pas musulmans, il ne s'agit donc pas d'une ratonnade, ni même d'une pienoirade, juste des incidents.

 

15 Juin 1.961:

 15 activistes sont arrêtés en région parisienne.

 

16 Juin 1.961:

Morin (délégué général) et Ailleret (commandant en chef) reçoivent 70 journalistes retour d'évian, où les négociations sont rompues. Ils tiennent une conférence de presse au cours de laquelle ils annoncent que dix soldats français (dont deux musulmans) ont été égorgé dans un poste militaire à sidi said, dans le Constantinois, par certains de leurs camarades, déserteurs., Ambiance.

Assassinat à Oran.

Plastics à Oran, Mascara, Bône.

 A Paris, Frey, ministre de l'information, indique que les négociateurs d'évian ne pouvaient pas accepter "une reddition pure et simple, alors que nos soldats ont gagné sur le terrain". (il faut le temps de préparer les esprits)

Sabotage d'installations électriques à Corbeil et à Saint Malo.

Plastic à paris, rue saint honoré, 5 blessés.

Un motocycliste de la police blessé boulevard d'Ornano.

 

17 Juin 1961 :

grenade dans un restaurant, 1 mort, deux blessés à Alger.

Grenade dans un café à Bône, 14 blessés dont 3 militaires.

Un jeune homme assassiné à Constantine.

3 plastics à Oran, 3 aussi à Alger.

 

18 Juin 1.961:

Deux assassinats, l'un à Alger, l'autre à Constantine.

Plastics à Oran et à Alger.

 Plastics aussi à Foix, préfecture et trésorerie générale.

Maître Gauterat, avocat du "collectif" de défense du FLN, inculpé de complot contre l'autorité de l'état.

L'express Paris Strasbourg déraille suite à un sabotage de la voie, 28 morts, 80 blessés, la presse accuse l'O.A.S. (qui a toujours nié, et nie encore). La police ne trouve rien. On rappellera que en 58/59 les attaques contre les trains étaient fréquents de la part du F.L.N. et que Sergent venait à peine d'arriver en métropole. Les rapports d'expert parlent de forte chaleur et de voie mal entretenue, ils sont soigneusement classés.

 

19 juin 1.961:

Procés, toujours aussi expeditif, de l'ex général Nicot qui fut attaché au cabinet du premier ministre Debré; prié par Jouhaud de favoriser le départ de Challe pour Alger lors du putsch il refusa, mais ne denonça pas son camarade. Cependant, quand il apprit qu'un avion que le général Bigot avait envoyé sur Paris arrivait, le général Nicot organisa son transfert à Creil où Challa, Broizat et Zeller prirent place pour Alger. Condamné à 12 ans de détention criminelle.

 

20 juin 1.961:

Plastic devant les locaux parisiens de "Afrique action" six blessés.

Deux plastics à Mostaganem.

Le soldat Guy Fromont, enlevé au combat, disparaît à jamais.

Un gardien de la paix assassiné à Sétif.

Lors d'une embuscade dans la région de Bouira, le capitaine Gaston et son commando de chasse élimine à la fois l'escorte et si Salah, enchaîné, que l'on amenait à Tunis.

Godard n'accepte pas que Salan, chef de l'O.A.S. ne s'installe pas à Alger, et réunit un soviet qui prend le pouvoir. Le 7 Juillet, Salan réagira en nommant Jouhaud à Oran, et en limitant la responsabilité de Godard et de son groupe à l'algérois. Dans la pratique l'autorité de Salan sera surtout théorique.

Le tribunal militaire special qui ne chôme pas (un procés par jour) traite ce 20 juin du cas du général Gouraud. On se souvient qu'il a changé plusieurs fois d'avis et de position au cours des quelques jours du putsch. Il n'importe, 7 ans de bagne (détention criminelle).

 

21 Juin 1961 :

Joxe à Alger met en place la délégation spéciale, 14 personnes, dix délégués musulmans, 4 chrétiens, tous désignés par le gouvernement, tous fonctionnaires, tous les chrétiens nés hors d'algérie (pas un seul pied noir).

Deux assassinés à Oran un coiffeur et un fonctionnaire.

Un autre, agriculteur, à Berthellot.

Un étudiant à Courbet.

Pendant deux jours, (les 19 et 20) le FLN a mené une piednoirade de toute première qualité, soigneusement tue en métropole. A Djidjelli, un commando F.L.N. assassine froidement tout ce qui ressemble à un européen, l'armée intervient au bout de quelques heures, elle coince le F.L.N., ils font fort chabrol, 16 morts, 70 blessés dont 15 militaires.

Plastics à Mostaganem, Mascara, Alger.

 Mitraillage à Lille, 3 morts, un blessé, tous musulmans.

A Tunis nouvelle épreuve de force entre l'état major général de Boumedienne et le GPRA. Pour montrer leur bonne volonté, le GPRA a promis de rendre un pilote français abattu entre les mains de l'ALN, Bourguiba doit menacer d'une action militaire pour le récuperer, le pilote est rendu, Boumedienne n'est pas content. Le 15 Juillet, il déclarera l'EMG "direction autonome". En Août il s'opposera à la nomination de Ben Khedda comme nouveau président du GPRA.

Ce 21, c'est au tour du commandant Robin de passer au tribunal militaire. Robin, pied noir, patron d'un groupe de commandos parachutistes (c'est à dire comme le premier REP non lié à un territoire à pacifier) tiens un rôle semblable à celui de Denoix de Saint Marc. Sous les ordres de Challe, il occupe le palais d'été et la villa de gambiez, c'est à dire les lieux de residence privée des deux plus hautes autorités. Ensuite il conduira toutes les autorités arretées (dont le ministre Buron, le délégué général, le colonel Debrosse etc...) au lieu de leur assignation à résidence, In Salah. Six ans de réclusion criminelle.

 

22 juin 1.961:

Deux assistantes sociales musulmanes assassinées à Constantine.

Le chanteur de tradition andalouse Raymond - beau père de Enrico Macias- est assassiné d'une balle dans la tête à Constantine. Il s'agit là d'une réponse nette au groupe de juifs installés en France qui invitaient leurs coreligionnaires à rester en Algérie. Ils avaient publié en Mai dans la revue du MRAP (mouvement d'inspiration communiste) un article citant Raymond comme exemple de lien entre les communautés. Cet assassinat sonne le début de l'exode vers la france des juifs de Constantine.

Plastics à Bône et à Oran.

  

23 Juin 1961 :

Attentats, plastics.

 

24 juin 1.961:

rien

 

25 juin 1.961:

 Un mort à Constantine, un autre à Sidi Bel Abbés, trois à Oran dont un moghazni, et un musulman adjoint au maire. Attentats à Sétif et à Mostaganem.

Plastics à Oran.

 

26 Juin 1.961:

Le colonel Brechignac condamné par le haut tribunal militaire à deux ans de prison avec sursis, pour sa participation au putsch. Chef d'état major de la 25 éme D.P., il avait vu deux de ses régiments prendre leurs ordres auprès de Challe et sentait que le reste allait suivre. Il voyait ses deux chefs incapables de prendre aucune decision. Aussi il discute avec ses chefs d'unité et il delegue trois autres régiments à Alger, gardant les reserves necessaires pour executer les missions.

Le gouvernement ferme les petits postes de harkis disposés dans Paris et regroupe tout le monde dans le fort d'ivry. Il fait ainsi droit aux réclamations des riverains qui, lassés des innombrables attaques du FLN vis à vis de ces postes les considéraient comme faisant atteinte à l'ordre public. Ce mouvement ne diminue pas l'efficacité des harkis, surtout en matière de renseignement, mais livre à nouveau la population immigrée au FLN. Il s'agit d'une concession, lors de réunions à Genéve entre négociateurs de deuxiémes catégorie, avec demande en contrapartie de respecter en métropole une trêve des attentats. L'unité sera toujours active même après les accords d'Evian sous l'appellation de 7e compagnie de district. La treve des attentats sera aussi bien respectée en métropole qu'elle l'a été en algérie, c'est à dire pas du tout.

 Sept morts, 20 blessés, bilan des exactions du F.L.N., dont un harki égorgé avec les mignardises usuelles.

Pinot, plastiqueur d'Oran, arrêté par la police qui saisit chez lui tout un matériel pour faire des plastics.

 

27 Juin 1.961:

A Alger, un harki, deux européens assassinés.

Deux blessés à Oran.

Monsieur Bachir Bouchala, conseiller général, maire d'Aïn-Akroun, assassiné aussi.

C'est au tour du colonel de la Chapelle de paser au tribunal militaire qui a repris son abattage quotidien. De la Chapelle a conduit son régiment, le premier REC de Constantine à Alger; Il avait rencontré Argoud à Metz, en mars: 7 ans de détention criminelle.

 

28 Juin 1.961:

Les lieutenants colonel Masselot (pied noir) et Lecomte, participants du putsch condamnés à 8 ans de détention criminelle. Ils vont peupler la prison de Tulle.A la tête de leurs deux régiments, Lecomte et Masselot ont, dans le secret du complot, embarqué leurs régiments pour Alger dès qu'ils ont su que Challe y était. Averti de ce départ inopiné, le colonel Fourcade rejoint en hélicoptère les deux régiments pour apprendre ce qui se passait. Challe envoit les deux régiments en oranie rallier le général Pouilly et l'amiral Querville, mais les evenements vont trop vite.

Deux musulmans assassinés à Montfermeil, près de Versailles.

Deux européens assassinés d'une balle dans la tête à Oran.

Dans le discours qu'il prononça à l'Assemblée nationale le 28 juin 1961, Michel Debré révéla que, peu avant le référendum du 8 janvier 61, "le gouvernement avait reçu une communication aux termes de laquelle les dirigeants de la rébellion souhaitaient un contact discret".

Ainsi, pendant qu'on amusait le tapis en France et qu'on égarait l'opinion en parlant d'autodétermination et d'institutions provisoires, on négociait avec l'ennemi. Pompidou et Tricot se chargèrent de mener ces conversations. Dans le même discours, Debré à l'assemblée nationale donne lecture de la position du gouvernement sur l'algérie (association avec la france).

Le même jour, à Verdun, De gaulle confirme, ou association, ou partition.

 

29 Juin 1.961:

Deux plastics à Alger, un à Mascara.

Un musulman tué et deux autres blessés à Alger, une grenade sur un boulodrome à Mostaganem, deux blessés, un européen assassiné d'un coup de couteau au ventre à Mascara, une grenade jetée à Guelma dans une kermesse d'enfants en tue cinq et en blesse 15 autres, tous musulmans, ainsi que dix des militaires qui avaient organisé cette fête.

Du 28 juin au 2 juillet, le Président de la République parcourt les départements de l'Est. Pas grand-chose de nouveau dans ses allocutions: "Tout nous commande de procéder à l'opération humaine qui s'appelle la décolonisation... (La France) ne fait aucune objection, aucun obstacle, à ce que l'Algérie soit, si elle le veut, et nous savons qu'elle le veut, un Etat indépendant et Souverain." (Verdun, 28 juin.) "Cette paix, nous l'offrons: elle signifie que l'Algérie devienne un État souverain au-dedans et au-dehors... Les opérations sont virtuellement terminées." (Bar-le-Duc, 29 juin.) "Nous espérons que les rapports entre l'Algérie nouvelle et la France nouvelle seront des rapports d'association et de coopération... Si nous devions être déçus, il faudrait regrouper ceux qui ne voudraient pas rester dans un pays en désordre." (Toul, 30 juin.) "Cette guerre s'achève." (Nancy,1er juillet.) "Les conversations engagées peuvent durer plus ou moins longtemps... je pense et j'espère qu'en définitive cela aboutira à la solution du bon sens et de la raison ( ...) Un arrangement est possible pour le Sahara dont tout le monde veut. (Metz, 2 juillet.)

Les foules, naturellement, applaudissaient, puisqu'on leur promettait à la fois la paix et une solution raisonnable. Cependant Évian, puis Lugrin échouèrent. La guerre continuait, le terrorisme s'aggravait. Comme devait le constater le rapport du général Ganeval et de trois autres sénateurs au terme d'une mission que leur avait confiée la Commission de la Défense nationale de la Haute Assemblée, "la suspension des opérations militaires offensives (ce qu'on a appelé la "trêve unilatérale") a été utilisée par la propagande F. L. N. comme une preuve de notre faiblesse. L'arrêt des opérations a provoqué une baisse de rendement au sein des unités, affecté le moral des recrues et des supplétifs musulmans et provoqué des désertions dans leurs rangs. Il a en revanche renforcé le potentiel militaire et l'ascendant du F. L. N.".

Ce que constatèrent les quatre sénateurs était facile à prévoir. Mais ces évidences n'ont pas cours à l'Élysée. Le 12 juillet, le général De gaulle, après avoir dépeint la situation militaire sous les couleurs les plus favorables, déduit de cette description qu'il est maintenant possible de retirer des unités d'Algérie.

Soustelle, l'espérance perdue.

 

30 Juin 1.961:

 

 Quatre membres d'un réseau de porteur de valises arrêtés à Marseille, tous membres de la même cellule communiste.

 Une grenade dans le dortoir d'un pensionnat prés d'Alger, un jeune musulman tué, deux autres blessés.

Dominique Zattara, vieux militant algérie française, principal responsable de l'OAS (coté pieds noirs) sur Alger est arreté. Godard en profite pour secouer les puces d'un peu tout le monde, il demande à Gardy de prendre la responsabilité d'alger.