Février 1959

 

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1 Février 1.959 :

 Rien.

  

2 Février 1.959 :

 Un commis de ferme assassiné près d'Affreville.

Une auto saute sur une mine, un ingénieur meurt sous les yeux de son fils de 3 ans, indemne.

Un père de sept enfants égorgé après mignardises par un groupe de fell, près de Voltaire.

 A Montréal, Debré, premier ministre affirme que "jamais la France n'abandonnera l'algérie".

  

3 Février 1.959 :

 Deux employés des PTT qui installaient le téléphone égorgés, un troisième arrive à s'enfuir quoique blessé.

Le sous lieutenant Loue Bao, fils de l'ex empereur d'Anam Daï Bao, blessé dans un engagement.

  

4 Février 1.959 :

Ordonnance du 4 février 1959 sur les mariages contractés par les personnes de statut civil local, qui adapte le statut de la femme algérienne au statut de la métropolitaine. Elle consacre la protection de la femme dans la formation du mariage, et l’égalité des époux dans l’accès aux conditions de dissolution du mariage. L’âge légal est fixé à 15 ans, le mariage doit être inscrit à l’état-civil, le consentement des époux exclut la contrainte paternelle, le divorce judiciaire remplace la répudiation.

Cependant la polygamie et une certaine inégalité successorale sont maintenues.

L’ensemble de cette législation constitue une réforme profonde de la société musulmane, représentant une laïcisation du statut personnel et un rapport égalitaire vis-à-vis de la religion. L’islam positif est considéré comme compatible avec les droits de la femme, et le droit musulman désacralisé.

Expérience originale, cette réforme se place dans une vision à long terme de la modernisation de la société par le biais des femmes.

L’opinion algérienne reste partagée, les traditionnalistes, les religieux et les cadis sont très réticents. La scolarisation est acceptée, le mariage civil est mis en application de façon inégale, seul le droit de vote suscite l’enthousiame.

L'application de l'ordonnance sera nuancée.

 

 5 Février 1.959 :

 Salan est nommé gouverneur militaire de paris un poste sans aucune importance.

 

 6 Février 1.959 :

 Les rebelles attaquent une école à Fort National, un jeune élève tué, un autre blessé.

Challe donne le top départ à son plan d'écrasement de la force militaire de la rébellion, (l'utilisation des troupes de réserve, d'ouest en est, balayant toutes les forces militaires) tel que mis en au point par l'état major de Salan (disent les amis de Salan).

  

7 Février 1.959 :

 Verdict au procès des agresseurs de Soustelle (qu'ils ont manqué), deux condamnations à mort, un perpéte, le reste peines avec sursis. Soustelle ne manquera pas de demander (et d'obtenir) la grâce de ses agresseurs.

Le super poste d'inspecteur général de la défense, le machin qui a décidé Salan à quitter Alger, est supprimé, au détour (article 9) du decret definissant les attributions du chef d'état major général de la défense...

Salan raconte (archives du général): "J'éprouve le sentiment d'avoir été dupé ... Je n'ai donc plus qu'à quitter ce service de l'Etat où le mensonge semble devoir s'instaurer.

Quelques jours après lorsqu'il me reçoit, je proteste de nouveau femlement contre le sort qui m'est fait par cette espèce de destitution officielle et publique. Le général fait effort d'amabilité et dit: "Détrompez - vous, Salan, vous demeurez auprès de moi puisque vous êtes désormais membre du Conseil supérieur de Défense, et vos fonctions de gouverneur militaire de Paris sont revalorisées du fait de ma présence au sommet de l'Etat. Vous succédez à des chefs exceptionnels tels que Galliéni et Gouraud, qui, comme vous, ont eu un passé colonial historique. Ainsi que je vous l'ai écrit, vous avez toute ma confiance. "

Sur ces mots, le général me tend la main. Je me retire assez " refroidi ". Je décide donc de rester, mais me voilà sur mes gardes."

  

8 Février 1.959 :

 Debré cause à Alger : "en Algérie, la France demeurera. Je viens vous en apporter l'assurance au nom du gouvernement. C'est grâce à l'algérie que la France s'est retrouvée elle-même et que le redressement a pu commencer. L'autorité de la France en algérie est une exigence de l'histoire, de la nature, de la morale."

 

 9 Février 1.959 :

 Debré continue à porter la bonne parole, "L'appel de De gaulle est la seule voie de salut en Algérie". Il préside une réunion de travail avec Challe et les principaux chefs militaires: "toute solution d'bandon avec recasement des français d'algérie en métropole entrainerait immediatement le communisation totale de la France. (Rapporte Challe "notre révolte"). Ensuite il demande des succès militaires rapides, dès le printemps.

Fin Avril cependant (est-ce déjà la fin du printemps?) (et pourtant les premiéres opérations du plan Challe en oranie ont été un succès considerable) Debré écrit à Challe en lui demandant des économies de toute sorte "car la situation en Algérie ne peut ontinuer à obérer indéfinient les finances de l'état".

Un certain nombre de pieds noirs n'y croient plus, lors du dépôt d'une gerbe au monument au mort, Debré est sifflé aux cris algérie française, les C.R.S. chargent.

  

10 Février 1.959 :

 Toujours à Alger, Debré préside une réunion consacrée au plan de relance et d'industrialisation dit plan de Constantine, il déclare : "tous les citoyens de ce pays sont français au même titre, cela ne sera jamais remis en question."

Un agriculteur assassiné à Marengo.

Pour la deuxième fois les rebelles attaquent le train Biskra- Constantine qui évacue le pétrole en attendant le pipe-line.

A Paris, le genéral Salan apprend par son chef d'état major qui lit le journal officiel tous les matins, que son poste créé exprès pour lui de "inspecteur général de la Defense nationale" n'existe plus. Lors d'un contact quelques jours plus tard Salan proteste fermement.

 

11 Février 1.959 :

 Rien.

  

12 Février 1.959 :

 Bataille du barrage, 200 rebelles anéantis à Morsot.

Un homme assassiné à l'Arba.

 

 13 Février 1.959 :

 Ely note sur son carnet une déclaration de De gaulle : "il faut en finir avec cette guerre (...) elle est mauvaise pour l'armée. Elle y prend le goût de la politique et ne fait pas son métier."

 

14 Février 1.959 :

 Rien.

 

 15 Février 1.959 :

 Rien.

 

 16 Février 1959 :

 Rien

 

 17 Février 1959 :

 Rien

 

 18 Février 1959 :

 Un commando FLN mitraille le quartier Bel Air à Constantine, 7 blessés dont deux musulmans.

Le lieutenant Schoen très connu dans le milieu militaire et médiatique tué à la tête de sa harka à l'alma.

Un meunier et son ouvrier musulman assassinés à Lamoricière.

 

 19 Février 1959 :

 Création du grand Alger, ensemble de communes de 750.000 habitants.

On continue à chercher le capitaine Moreau, officier des affaires indigènes, enlevé en juin 56 dans les confins algero-marocains et dont on raconte qu'il est promené de douars en douars, les yeux crevés, le nez coupé, muni de son uniforme et de ses décorations, pour que le peuple le batte à chaque halte (et autres mignardises, dont sexuelles).

 

 20 Février 1959 :

 Six prisonniers français du F.L.N. ont été rendus, à Oujda, dans un grand deploiement de fastes mondains, soeurs du roi, croix rouge internationale, consul de france. Ils ont laissé dans leur geole un seul prisonnier, musulman, que personne ne reverra plus.

Debré à l'american club (les ricains de paris) : il est regrettable que votre pays ne se rende pas suffisamment compte que la France défend en algérie l'occident contre les forces hostiles à la liberté de l'homme ; "

  

21 Février 1959 :

 Rien

  

22 Février 1959 :

 Un agriculteur égorgé dans sa ferme prés de Tizi, son épouse enlevée pour rire un coup.

Un agriculteur laissé pour mort dans sa ferme à Guelma.

Une bombe dans un café, une grenade dans un autre à Maison carré, le terroriste travaille à la chaîne.

 

 23 Février 1959 :

 Pendant la semaine, 846 rebelles mis hors de combat, le plan Challe.

A Sétif un agriculteur tué en centre ville.

 

 24 Février 1959 :

 Une mine explose à Perregaux au passage du train Alger- Oran (l'inox). Deux blessés graves.

Le colonel Hervé de Blignére, un des acteurs de résurection, gaulliste modéré, chef du premier régiment de chasseur étranger, chargé avec ses EBR de la herse sur le barrage tunisien, profite d'une permission pour rencontrer Salan, qui vient d'être limogé, aux Invalides. Il lui expose "Créer un champ clos pour achever la pacification de l'Algérie, d'accord, mais à condition de déboucher sur quelque chose de viable: une solution politique d'intégration ou d'association avec les populations musulmanes. Et cette solution, mon général, personne ne nous en arien dit. Le Commandement s'occupe d'autre chose. On se demande même si de Gaulle y réfléchit sérieusement! Avons-nous le droit de faire tuer nos hommes pour un non-objectif? Un objectif inconnu? un objectif qui ne serait pas français?"

Surprise. La réponse de Salan est identique à celle qu'Hervé de Blignières vient de recueillir au Palais de l'Elysée, chez Branet et Beaufort, ses contacts de la Maison militaire du Président. Venant d'un homme qui n'aimait pas de Gaulle, d'un général qui avait cumulé tous les pouvoirs en Afrique du Nord, du leader qui avait fait tomber la IVe République pour garder l'Algérie à la France et qui allait bientôt menacer la Ve du même sort, sur le même motif, cette réaction aujourd'hui ne laisse pas d'étonner:

- Ne dramatisez pas, Blignières. Le général de Gaulle a besoin de temps. Mais la politique qu'il prépare est celle que nous souhaitons. ..celle de notre combat commun pour l'Algérie française .

En raccompagnant son visiteur à la porte, Salan sent bien qu'il n'a pas convaincu. Avec la plus grande gentillesse possible, il met les points sur les "i":

- Merci de votre visite, colonel. Je suis content que des gens comme vous ne m'aient pas oublié. Partez rassuré. Dites bien à vos camarades qu'ils ne s'inquiètent pas: jamais le général de Gaulle n'abandonnera l'Algérie. Je puis vous dire ma totale confiance à ce sujet... Bonne chance avec le 1er REC, mon vieux. Vous n'êtes pas à plaindre, c'est un sacré régiment!

"Jamais de Gaulle n'abandonnera l'Algérie " : c'est la troisième fois en trois jours, et sans doute la trentième en six mois, que Blignières enregistre aux meilleures sources cette heureuse prophétie. Il se serait contenté d'assurances plus modestes sur le refus de négocier avec les terroristes, la sauvegarde des intérêts et des alliés de la France en Afrique du Nord. Mais non. On exigeait une foi entière dans les capacités du Général à abolir tout le drame, comme si la guerre d'Algérie elle-même et son enjeu international n'avaient pas existé !

Au lendemain de cette entrevue, Lassauzet propose à son camarade de lui arranger une rencontre avec Merry et Serge Bromberger: ils sont en train de réunir la documentation d'un livre important, Les 13 complots du 13 mai, le témoignage d'une plaque tournante parisienne de l'opération "Résurrection" ne serait pas de trop. ..Blignières refuse tout net. Il est resté sous le choc de l'entrevue avec Salan, des questions sans réponse et des discours du "prince de l'équivoque" qui règne à l'Elysée.

 

 25 Février 1959 :

 L'armée libère l'abbé Rieser, qui avait été enlevé par le FLN.

Deux français arrêtés pour avoir monté un trafic d'armes avec le FLN.

Le tribunal des armées condamne l'abbé Berenguer, actuellement ambassadeur du F.L.N. en Amérique latine, par contumace à dix ans de prison.

1959 région de Bône environ de Mondovi. (le lieu de naissance d'Albert Camus) 31ème Régiment de Dragons

Un accrochage avec une forte bande rebelles, coûte la vie au Capitaine Jean Moulinier, au sous lieutenant séminariste Jean Marie Houset, et le Brigadier chef Morel.

Circonstances : Des rebelles sont signalés, par des civils du Douar Talha, oued Frarah. (20kmSud Mondovi)

Deux pelotons sont détachés sur les lieux. Sur une piste au détour de l'oued, des rebelles se sont enterrés dans des trous individuels au milieu de la piste. Ils se dévoilent en tirant à bout portant sur le centre de la colonne, tuant net le Capitaine. Le sous lieutenant, séminariste, tente de dialoguer avec un fellaghas en disant qu'il ne peut tirer sa conviction religieuse lui interdit. Une rafale de pistolet mitrailleur lui répond en pleine poitrine, alors qu'il lève son arme la crosse en l'air.

Le Brigadier chef Morel, lui arrive à se dissimuler dans les lentisques environnants. Les Dragons sont cloués au sol, sans chef. La nuit arrive. Puis un grand cri d'effroi troue la nuit.

Le lendemain , trois corps sont retrouvés, nus et sans armes. Le brigadier chef Morel a été tué à l'arme blanche, sa plaque d'identité se trouve dans une plaie béante enfoncée dans son cœur. (Il allait être rapatrié sous peu avec la naissance de sa deuxième fille) Le FLN ne faisait pas de prisonnier !

Francis Mauro (sociétaire des écrivains combattants) sous officier dans cette unité à cette époque. http://www.francismauro.com

 

 26 Février 1959 :

 Rien

 

 27 Février 1959 :

 Argoud étant d'un tempérament à n'accepter ni l'échec de sa mission de pacification, ni le désordre de tels procédés, ni leur tartuferie, prit la décision dans son secteur de mettre les mots en accord avec les faits, de constater l'état de guerre, et d'en appliquer la loi prévoyant l'exécution sans jugement des Partisans en civil pris les armes à la main : Je fusillerai les grands coupables. En revanche, je laisserai en liberté les autres délinquants. J'éviterai ainsi de remplir les centres d'hébergements, qui sont de véritables officines de la rébellion.

En février 1959, Argoud, devenu chef d'Etat-major du corps d'armée d'Alger, obtiendra de son chef d'alors, le Général Massu, l'application des règles impératives suivantes : Les sanctions à l'égard des terroristes pourront aller des prestations de service pour les saboteurs, aux exécutions capitales publiques pour les assassins, les incendiaires, les chefs terroristes, les déserteurs avec armes, les récidivistes.

Mais tous recours à la violence à l'égard d'individus non prévenus, toute atteinte -lors des interrogatoires - à l'intégrité physique et morale des coupables, toute exécution capitale clandestine à priori, quels que soient les motifs, sont formellement proscrits.

(recopié sur Kayanakis, algérie 1960, la victoire trahie, ISBN 3-932711-16-5)

 

Le comité de défense approuve le plan Challe, avec 370.000 hommes instruits (hors supplétifs) une vaste réorganisation des unités, conduisant à mettre les moyens militaires légers au niveau des SAS, à dégager des troupes d'intervention qui d'ouest en est liquideront les forces armées du F.L.N.

 Elles s'attaquent d'abord à l'ouarsenis, y liquident la rébellion en deux mois, s'attaquent en septembre au massif des babor, puis la Kabylie.

En parallèle, au fur et à mesure que l'emprise de la rébellion est dénouée, il crée des SAS, multiplie les auto défense (100.000 fusils y sont affectés) et les commandos de chasse basés sur des harkas, à la disposition des patrons de secteurs.

C'est aussi dans cette période que la pénétration des services de renseignement pousse Amirouche à exécuter les instruits qu'il accuse de sympathies avec la France (la bleuite).

 

 28 Février 1959 :

 Rien.