Janvier 1959

 

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1 Janvier 1.959:

 Rien.

 

 2 Janvier 1.959:

 Une auto saute sur une mine près de Lutaud, 3 tués.

Un chauffeur de car assassiné à Saint-Arnaud.

Engagements sérieux à Berouaghia, 136 rebelles tués.

LEDOUX Marcel artilleur à la 2e Batterie du 1/408e R.A.A. Un petit convoi le ramenait du centre de repos interarmes d'Alger. Il disparaît le 02-01-1959 dans l'embuscade tendue par le F.L.N. sur le chemin du retour à Tigadaïn, (entre Azazga et El-Kseur, en Grande Kabylie), et qui a fait, 3 morts: le harki ABERKANE, et les soldats BENAÏSSA et Yves BAËs. Alors que les rebelles allaient l'abattre, l'un d'eux, gradé, crie "ne tirez pas, je le connais" ce qui lui sauve la vie. Quelques temps auparavant, cet Algérien avait travaillé et habité dans la région de Robecq même, où LEDOUX était domicilié, et le connaissait de vue. Cet algérien demanda et eut l'accord de ses chefs pour faire partie du détachement qui le conduirait à la forêt de l'Akfadou. Il fut détenu avec 27 autres prisonniers, puis libéré le 19-05-1959 par le F.L.N. avec 14 camarades, les 13 autres étant décédés. Il ne pesait plus que 49 kg!

"Militaires français prisonniers du F.L.N. ou disparus en Algérie", jean-Yves Jaffrés,

 

 3 Janvier 1.959:

 Rien.

 

 4 Janvier 1.959:

 Rien.

 

 5 Janvier 1.959:

Plusieurs attentats à la bombe à Sétif, un mort, 24 blessés.

Accrochage à Molière, 28 fells au tapis.

 

 6 Janvier 1.959:

 Prenant officiellement ses fonctions de premier président de la cinquième république française, de Gaulle donne à Ben Bella et ses co- détenus un régime de faveur, gracie 180 terroristes condamnés à mort et libère 7000 prisonniers dont le leader Messali Hadj.

Ces mesures sont regardées par les habitants de l’algérie comme un encouragement au FLN.

La commission constitutionelle provisoire presidée par René Cassin annule l'élection de Lacoste Lareymondie, au nom d'affichages hors des panneaux électoraux. Lacoste Laraymondie, partisan fervent et affiché de l'algérie française, avait battu à La Rochelle le gaulliste Noël dans une triangulaire où le communiste sortant avait de bonnes chances, et ce alors même que des accords de desistement reciproques avaient été conclus. Le premier Mars, Lacoste Lareymondie écrase le communiste, le gaulliste ayant été eliminé au premier tour.

Qui raconte que le peuple de france votait pour De gaulle et pas pour l'algérie française?

 

 7 Janvier 1.959:

 Les réseaux FLN des hautes alpes démantelés, 24 personnes arrêtées.

Une ordonnance ramène le service militaire à 24 mois, mais son application n'est pas immédiate (effet d'annonce).

 Grande opération en Kabylie, 240 rebelles hors de combat. Le sixième RPC, qui a subi l'attaque en masse des rebelles encerclés, commandés par Amirouche, y laisse beaucoup de monde, 19 soldats, trois officiers dont le capitaine Graziani.

De ce fait d'arme (22 à 240) date la réputation d'Amirouche.

Graziani, pied noir de Mondovi (le village de Camus), fils d'officier, orphelin élevé par une tante, s'engage en 1942, à 17 ans, dans l'armée américaine qui vient de débarquer. Il est affecté aux S.AS de Château Jobert, parachuté à plusieurs reprises en france, puis en 45 en hollande, il fait Cyr, part en Indochine.

Parachuté sur la RC 4 pour assurer le repli des colonnes Charton et Lepage, il est blessé et fait prisonnier. Il vit les souffrances du camp numéro un des vietcongs et en est un des rares survivants, bien qu'à trois reprises il ait tenté de s'évader et ait été repris. Libéré par la retraite de la france, il gagne Alger, où il est nommé au service de renseignement lors de la bataille d'Alger. A ce titre il a à se salir les mains, mais pas seulement, et ses relations avec Djemila Bouired sont bien connues, la jeune fille tombant amoureuse du vaillant capitaine et livrant pour sa démarche virile tout ce qu'elle sait. Bien sûr elle racontera d'autres histoires, quand elle sera remise aux juges.

 Grenade à Sidi bel Abbés, deux tués dont un métropolitain de passage et un musulman, 9 blessés.

 

8 Janvier 1.959:

 De Gaulle s'installe à l'Elysée.

Le premier gouvernement de la nouvelle (Véme) république est formé, Debré premier ministre, les socialistes qui ont été au gouvernement précédent le quittent, déçus de leur score aux législatives, en particulier Max Lejeune. Soustelle souhaitait un poste en relation avec l'algérie, comme rien de tel ne lui est offert, (on lui propose l'éducation nationale) que son précèdent poste de ministre de l'information ne lui a pas plu ("je me faisais en permanence doubler par le cabinet de De gaulle") il préfère ne pas en être. Debré et De gaulle sont ennuyés car cela risque de braquer les forces algérie française, Frey demande à Alain de Sérigny, président de l'écho d'Alger, d'intervenir, finalement Soustelle accepte un strapontin (ministre délégué auprès du premier ministre avec quand même un rôle spécial sur le Sahara et l'atome qui doit y exploser).

Pour la première et dernière fois, jusqu'en 2002, la France a des ministres musulmans.

Dans son discours d'investiture De gaulle déclare, entre autre: "Ainsi prend ses fonctions celui à qui la République Franaise et la Communauté ont, l'une et l'autre, une fois de plus, attribué la charge de les conduire vers leur destin.

Dans l'ensemble ainsi formé une place de choix est destinée à l'algérie de demain (...) developpant elle-même sa personnalité et étroitement associée à la france (...)"

Presque personne (mis à part les épurés de 1945 qui se mefient de De gaulle comme de la peste), ne fait attention à "associée".

 

9 Janvier 1.959:

 Bigeard ayant dit à un quotidien parisien des choses qu'il ne fallait pas avait été envoyé en métropole. Après une période de placard, il est de nouveau muté en Algérie. Cette raison de virer un militaire resservira.

 

 10 Janvier 1.959:

 En complément des compagnies d'intervention, il est créé une compagnie spécialisée dans la recherche du renseignement en territoire marocain et tunisien, habilité à intervenir jusqu'à 75 kilomètres à l'intérieur des terres.

Ces hommes n'ont pas besoin, eux, de l'accord des politiques pour aller à la recherche des informations. Comme les compagnies d'intervention, il s'agit essentiellement de harkis et de pieds noirs parlant parfaitement les langages locaux.

 

 11 Janvier 1.959:

 Les amnisties de membre du FLN décrétées à l'occasion de l'arrivée au pouvoir de de Gaulle sont mal accueillies en algérie.

 

 12 Janvier 1.959:

 Rien.

 

13 Janvier 1.959:

 Le premier conseil des ministres de la cinquième république enterine les décisions de De gaulle, libère Messali Hadj, transfère Ben Bella et ses copains dans une prison de luxe, gracie tous les condamnés à mort (dont Saadi), libère 7000 internés.

 

14 Janvier 1.959:

 Rien.

 

15 Janvier 1.959:

 Déclaration de politique générale à l'assemblée, Debré, premier ministre, déclare "l'algérie façonnera ses traits propres au sein de la souveraineté française", première négation (sur ordre dira-t-il plus tard) de l'intégration pure et simple.

Le vote donne 453 voix au gouvernement contre 56 (communistes et divers) Le groupe informel des députés d'algérie organise une petite action: Moatti, député de l'Orne, ami de Soustelle,propose une motion de soutien au programme défini par les députés d'algérie; dans l'enthousiasme, plus de 400 députés la votent.

Argoud quitte Baden le 12 janvier 1959 et débarque le 15 janvier à l'aérodrome de Maison-Blanche. Il raconte :

"Le soir même, le général Massu me reçoit dans son bureau de la préfecture. Je devais travailler pendant un an à ses côtés. Pendant un an, je le verrai, je discuterai avec lui, presque chaque jour, des heures durant, sur tous les sujets. Nos relations resteront au beau fixe tout au long de cette collaboration. Sa silhouette est bien connue du grand public. Elle a été dessinée bien des fois. Comme il arrive souvent, la réalité diffère, par maints traits, des portraits tracés par les thuriféraires comme par les détracteurs. Il est grand, bel homme. Il a le masque volontaire d'un maréchal d'Empire.

Contrairement à la légende, il est intelligent. Son intelligence est vive, fine, large, très pragmatique. Il sait à la fois s'attacher aux détails et voir les ensembles. Il a l'esprit vif, de l'humour. Son courage physique, attesté par des états de services indiscutables, ne peut être révoqué en doute. Qualité beaucoup plus rare chez un officier général, il a du caractère. A maintes reprises, au cours de cette année 1959, je le verrai prendre des décisions, dont seul, à ma connaissance, mon vieux maître le général de Lattre eût accepté d'assumer la responsabilité. Derrière ses manières un peu rudes, derrière ses propos à l'emporte-pièce, il cèle beaucoup de générosité, de chaleur humaine. Il aime la troupe. Il la comprend. Elle le lui rend bien. Sa popularité ne doit rien à la démagogie.

Mais ce maréchal d'Empire (il est plus intelligent que la plupart d'entre eux) a une faiblesse secrète. Il manque de fermeté de pensée. Il est sensible aux influences. Le masque autoritaire, la brutalité de son comportement ne sont qu'un rideau, derrière lequel il camoufle son influençabilité. Il a tendance à épouser l'avis du dernier qui a parlé. C'est le lion de la Metro-Goldwyn-Mayer. Il rugit... pas longtemps, mais il ne mord guère. Ceux qui le connaissent le laissent rugir et n'en font qu'à leur tête, assurés de l'impunité. Il a beaucoup de prestige. Il rayonne, mais il ne commande pas. Il n'a jamais commandé sa division parachutiste. Il ne commande pas davantage son corps d'armée. Il sera également incapable d'obtenir que ses parachutistes portent le casque lourd en jeep, que ses chefs de corps reversent le matériel exigé par les directeurs de service, que ses officiers généraux appliquent ses directives en matière de pacification. Comme Shakespeare le fait dire à Hamlet: "Un seul vice de caractère suffit à annihiler toutes ses autres qualités." Massu est destiné à être la victime de son entourage. Ce sont quelques colonels et de nombreux capitaines qui ont en fait gagné la bataille d'Alger. Massu les a suivis et les a couverts, parce qu'il vivait au milieu d'eux.

Le jour où le destin le livrera à d'autres influences, Massu, éternel victime de ce mimétisme intellectuel, oubliera allègrement, sans même s'en rendre compte, ses promesses algériennes.

  

16 Janvier 1.959:

 Un médecin du sanatorium de Rivet est assassiné avec sa femme à proximité du sana. Leur fils de 6 ans, enlevé, est rendu quelques jours plus tard avec une lettre du responsable de l'assassinat expliquant qu'il regrette son erreur, n'ayant pas identifié le médecin, très connu dans la région pour son rôle humanitaire.

A Guelma, un car est arrêté par un groupe rebelle les deux européens passagers du car sont abattus.

 

 17 Janvier 1.959 :

 Un detachement du 11 ème choc, deguisé en personnel de SAS, renommé "detachement de securité 111" s'installe entre le barrage et la Tunisie, zone frontiére où demeurent encore des populations. Ces "SAS" ont pour but réel d'attirer les troupes FLN et de les éradiquer.

 

18 Janvier 1.959 :

 Rien

 

 19 Janvier 1.959 :

 Sabotage de la voie ferrée Alger Oran, l'orgueil de la sncfa, l'inox, déraille. Il y a onze blessés.

 

 20 Janvier 1.959 :

 Mine sur une piste dans le massif du Sakamody, le capitaine Quilichini est tué.

 

21 Janvier 1.959 :

 Rien

 

 22 Janvier 1.959 :

 Rien

 

 23 Janvier 1.959 :

 Embuscade dans la presqu'île de Colo, 21 militaires tués, un disparu.

 

 24 Janvier 1.959 :

 Trois embuscades font onze morts, dont un commissaire de police, des gendarmes, des policiers.

 

25 Janvier 1.959 : 

Bigeard prend son commandement à Saïda, il était destiné à rejoindre la 25 ème division para dans le Constantinois, unité d'élite, cette mutation est annulée et il est nommé à la tête d'un secteur de pacification, rôle ingrat . D'autant que Saïda, sa nouvelle affectation n'est pas reputée pour être un endroit tranquille. Bigeard pense qu'il est victime, comme Salan, d'un quelconque desaveu de De gaulle, mais il s'agit sans doute d'une decision de Challe, qui veut dynamiter le rôle des secteurs.

En effet Bigeard obtient trés rapidement des résultats inesperés, liquidant en quelques mois l'implantation du FLN dans son secteur, en dynamisant ses troupes et retournant les fells fait prisonniers. En particulier, Youssef Ben Brahim .

Le cas de cet ex-chef rebelle qui, révolté contre le FLN, contre ses dirigeants et contre son organisation politico-administrative (O.P.A.), devient lieutenant dans nos rangs, puis conseiller général de son département, obtient huit citations dont trois à l'ordre de l'armée, la médaille militaire et enfin la Légion d'honneur, est significatif de ce qu'est l'Algérie de 1959 pour laquelle il se bat à nos côtés. Youssef appartient à une grande famille locale dont l'influence s'étend bien au-delà de Saïda et de sa région; son père est un grand marchand qui domine le transit des marchandises entre le riche Nord oranais et Figuig, dans le grand Sud marocain. Dès son enfance, Youssef a été initié au métier de son père et à celui de caravanier; quand éclate la rébellion en 1954, il connaît, dans leurs moindres détails, toutes les filières qui sillonnent la région et lorsqu'il décide, pour des raisons plus mercantiles que politiques, de se mettre au service du FLN, c'est tout naturellement qu'il devient le chef des transports d'armes, de munitions, de fonds, de médicaments ... entre Oujda-Nador au Maroc et Saïda.

En 1959, quand Youssef décide de se rallier à Bigeard et à la paix des braves offerte par le général De gaulle, il livre tous ses secrets: les nombreux itinéraires qui, à travers plaines et montagnes, régulent les mouvements des hommes, des animaux et du matériel transitant, de relais en relais, par les innombrables points d'eau, dépôts de ravitaillement, matmooras (silos à grain creusés dans le sol), caches secrètes ...

Il dénonce le train de vie opulent des dirigeants du FLN au Maroc: leurs villas, leurs limousines avec chauffeurs, leurs maîtresses... Puis, aux côtés du colonel Bigeard, en dévoilant l'organigramme, les habitudes, les repères de l'Armée de libération nationale (A.L.N) et de l'O.P.A., il prend une part active à la préparation de l'offensive qui va porter un coup fatal à l'organisation rebelle du Secteur et des régions frontalières.

Intelligent, ambitieux et charismatique, Youssef est un personnage respecté des autochtones et des Européens; ayant reçu une éducation et une instruction coraniques, il ne lit et n'écrit que l'arabe classique, mais au commando musulman comme à la Préfecture, il ne se sépare jamais de son secrétaire, le sergent-chef harki Daho, qui écrit le français sans faute et le parle sans accent.

Armand Benesis de Rotrou, "Commando Georges et l'algérie d'après".

 

26 Janvier 1.959 : 

Rien

 

 27 Janvier 1.959 :

Un vétérinaire assassiné à coups de hache à Mascara.

 89 responsables du FLN arrêtés à Maubeuge.

 

28 Janvier 1.959 :

 Onze militaires trouvent la mort au cours de violents combats, non loin de Tenés.

Un agent de police et son épouse assassiné dans leur voiture près de Menerville

 

 29 Janvier 1.959 :

 Rien

  

30 Janvier 1.959 :

Allocution de de Gaulle " le destin de l'algérie est dans les algériens eux-mêmes ".

Un obus de 105, non explosé et récupéré par le F.L.N. explose au centre de Sétif, 17 blessés.

 

 31 Janvier 1.959 :

 Le FLN a tué 35 fois en janvier, en Métropole.