Novembre 1956

 

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1 Novembre 1.956:

Après deux années dans le maquis comme adjoint du chef de la willaya un, Adjoul-Adjoul se rallie aux forces de l'ordre. Il sera liquidé par le FLN.

Le G.C.N.A. en Algérie était composé de 4 groupes de 4 compagnies. Les 1er, 2e, 3e et 13e C.N.A. (à cheval) étaient basées en Oranie. Ces compagnies ont d'abord été appelées C.M.A. (compagnies mobiles algériennes), jusqu'en août 1955. L'unité expérimentale, fondée vers mi-août 1955, est constituée d'éléments de différents régiments de Tirailleurs algériens, d'escadrons de Spahis, ou de bataillons d'Infanterie. Les C.N.A. commencent à fonctionner sur le style des anciens goums marocains d'abord appelés "goumiers", les soldats prendront le nom de "nomades" en mai 1956).

La 1 re compagnie du 1 er C.C.N.A. a d'abord été envoyée au douar Khémis avec pour mission la création d'un camp avancé en direction de la frontière marocaine (piton du Taachlatt). Le 13-08-1956, elle quitte le Khémis pour les Abdellys dans les Monts de Tlemcen. Le secteur est agité: attentats, incendies de fermes, enlèvements ...

Le 1.11.1956, les 1er et 3e sections (20 Français de Souche et 24 Français Musulmans) sont enlevées. On ne retrouvera même pas les cadavres. Il est vraissemblable qu'ils ont été jetés dans un gouffre, prochedu barage de beni badel. Des lettres signés de certains des enlevés ont été postées au Maroc, alors que leurs signataires étaient sans doute morts.

Synthèse sur les disparus des Abdellys, par Julien DELEMME (frère de Bernard, disparu). En famille, il a réalisé un recueil résumant nos connaissances.

En souvenir de Bernard martyrisé et exécuté en Algérie, près du barrage de Béni Bahdel et jeté dans une faille très profonde de Ras el Oued, avec 19 camarades, entre le 8 et le IO novembre 1956.

J'avais déjà lancé un avis de recherche sur la revue "Notre temps" en 1998, telle " une bouteille à la mer".

"Officier, sous officier, civils, auriez-vous quelques renseignements sur l'accrochage du 1er G.C.N.A. cantonné aux Abdellys, Algérie-Tlemcen le 01-11-l956?"

J'étais loin de penser que le 12 novembre 2007, neuf années après, Bernard apparaîtrait à la télévision, sur France 5, à 20 h 40, dans le film documentaire de Christophe WÉBER "Disparus en mission", relatant le drame des Abdellys. Que de chemin parcouru! Que de palpitations!

Le temps des crispations est terminé. Je remercie toutes les personnes qui ont participe à ce travail minutieux de recherche. En particulier, le premier acteur Abdallah ARDAOUI de Oran qui, avant de mourir a remis la liste des 20 prisonniers. Ce fut cet élément essentiel qui déclencha tout le processus. Le dernier acteur, un journaliste parisien, Christophe WEBER, sans qui ce film n'aurait jamais vu le jour.

Voici un condensé de l'enlèvement résultant de sept années de recherches minutieuses: Quatre années de 1999 à 2003, recherches réalisées par quelques familles et les récits de copains de Bernard HASTINGS et de Jean FLORES qui avait 14 ans à l'époque.

Trois années essentielles de 2003 à 2007, compulsées par Christophe WEBER. Celui-ci m'ayant contacté une première fois le 17 décembre 2004.

Il y a 51 ans, le 01-11-1956, l'armée du F.L.N. (l'A.L.N.) enlevait, grâce à des complices intérieurs, 20 jeunes du contingent pendant leur sommeil à 0 h 30, avec toutes les armes. Le signal ayant été donné par des lampes de poches. Je reste très perplexe sur le déroulement de leur capture. Vingt jeunes en pleine force de l'âge, bâillonnés, enchaînés, sans un cri, et cette opération dura de 0 h 30 à 3 heures du matin, soit 2 h 15.

Ce silence relève presque de l'impossible, la première maison se situe à 10 mètres de la grange (maison de M. SANCHEZ). A méditer. ..

Avait-on introduit des somnifères dans l'alimentation le soir? Mystère!

Un peu avant Noël 1956, toutes les familles recevaient de leurs fils une lettre écrite de leurs mains (censurée bien sûr) et 10 jours après, une lettre du F.L.N., soi-disant d'un camp situé au Maroc.

Dès l'enlèvement, toutes les familles ont contacté tous les parlementaires, laïcs, religieux, Ambassade, etc ... , mais nous n'avons jamais obtenu le moindre renseignement.

Les captifs ont été enchaînés par le cou, en file indienne, pieds nus, en slip et maillot Ils marchaient 10 à 15 km, voire plus, dans la montagne la nuit et se cachaient le jour dans des grottes.

Au lendemain de l'enlèvement, à 10 heures, les recherches militaires françaises ont commencé et se sont terminées le surlendemain à 19 heures.

Mais le film nous donne des compléments d'information. L'armée française détenait un bon indicateur qui leur permettait de suivre à distance l'évolution des soldats et de leurs prisonniers qui se sentaient surveillés en permanence. La peur de ne pas arriver à franchir la frontière marocaine provoqua un mouvement de panique parmi le commando... Pour ne pas être obligé d'abandonner leur trophée à l'armée française, le chef de secteur donna l'ordre de les exécuter.

Par chance, 47 ans après, Abdallah ARDAOUI d'Oran confie, avant de mourir, la liste des 20 français qu'il avait enlevés le 1er novembre 1956 à Mohamed BENDJELBAR, d'Oran également. Ce dernier la remet à son voisin, le Père Curé Jean Marie DESCLAIS qui l'envoie a un copain historien en France, Claude HERBIER, de Cosne-sur-Loire.

Celui-ci compare avec l'avis de recherche paru sur "Notre Temps" en 1998 (reçu de son copain Albert DENEUVILLE de Ronchin). Alors, il me téléphone, afin de savoir si je suis bien le frère de Bernard. Ouf! ... Quelle surprise ! Cette liste des 20 prisonniers était très détaillée, très bien écrite et portait dans la dernière colonne cette mention "Adresse à prévenir en d'accident". Ce qui prouve que ces otages devaient servir de monnaie d'échange. L'armée française a-t-elle bien fait de les traquer sans relâche ... Nous ne le saurons jamais.

Ces 20 jeunes ont tous subi le "sourire berbère" près du barrage de Béni Bahdel, et jetés dans une faille très profonde de Ras el Oued. Ainsi Bernard n'a plus le statut de "décès présumé". Il devient prisonnier, tué par le F.L.N.

C'est quand même invraisemblable de recevoir tous ces renseignements par les ennemis d'hier! Où sont les archives de l'armée française?

Les recherches ont démarré après le décès de mes parents (ma mère en 1997). Ces derniers renseignements ont été obtenus après de nombreux coups de fil et courriers et aussi beaucoup de chance et ce film qui clôt cette première partie. Reste le rapatriement. Avec l'Association des familles des disparus aux Abdellys, j'espère obtenir un jour les restes de Michel dans un cimetière militaire de France.

Si les familles n'avaient pas cherché elles-mêmes pour connaître le sort de leurs enfants, à ce jour, nous serions encore dans l'ignorance.

Nous poursuivons notre enquête et notre grand souhait serait le rapatriement des ossements de ces 20 jeunes soldats en France pour qu'ils reposent en paix dans leur terre natale, tous ensemble, dans un cimetière militaire.

 

Compte rendu d'une information reçue d'Algérie, par un membre du F.L.N.

La compagnie qui nous avait encerclée le 1 er septembre aux Abdellys a eu la monnaie de sa pièce. En effet, dans la nuit du 31-10-56 au 1 er novembre une attaque fut déclenchée avec l'aide de la sentinelle et de 9 de ses amis, contre le poste militaire situé en pleine ville des Abdellys. La marche d'approche fut commencée à 24 h ; l'élément d'appui fut mis en route; le groupe d'assaut était en disposition de combat; les routes menant au poste étaient verrouillées.

A 0 h 30, le signal fut donné par une lampe électrique et l'assaut fut déclenché à l'arme blanche. Nos combattants s'introduisirent alors à l'intérieur de la garnison malgré les lampadaires qui nuisaient à notre action. Les premiers à être maîtrisés furent les gradés. Dès leur capture, ils nous remirent les clés de l'armement enchaîné dans leur râtelier. Les soldats ennemis loin de se défendre se cachaient sous leur lit, d'autres au contraire faisaient semblant de dormir et refusaient de s'éveiller malgré les coups de bottes. Puis ce sont les soldats qui furent ligotés un à un après avoir été tirés de leur "plumar", et mis en surveillance du groupe chargé des prisonniers. A remarquer que tous avaient des... à portée de main. L'armement et le matériel furent aussitôt transportés à l'extérieur pour le groupe de transport chargé du matériel. Les soldats prisonniers étaient tous en slip et pieds nus. A noter le degré de combativité des forces ennemies! "Je rends hommage au comportement et à la brillante tenue de nos soldats en Algérie" Dixit Lacoste. L'attaque de cette garnison prit fin à 3 heures.

Bilan : des pertes ennemies

En Soldats: 45 prisonniers dont 20 Européens (2 sous-officiers, un caporal chef et 2 caporaux); 25 Musulmans (1 sous-officier et 2 caporaux).

En matériels: Un F.M. 24/29 avec 44 chargeurs garnis; 44 fusils de guerre avec équipement complet; 8 P.M. avec équipement complet; 2000 cartouches 7,5 mm; 3 caisses de grenades; équipement et matériel divers et 460 000 francs ...

Les prisonniers, au nombre de 34, dont 20 Européens et 14 musulmans furent également emmenés avec nous. Malgré les péripéties du voyage qui dura une semaine, nous parvînmes à les présenter au Chef de secteur. Nous avons, à maintes reprises, manifesté notre désir de voir ces prisonniers arriver à destination. Mais hélas ! Les ordres sont les ordres, et il faut les exécuter. Un petit accrochage qui eût lieu à quelques kilomètres du lieu où nous nous trouvions a été la cause de leur exécution.

 

CLAUDE KERMY

Témoin privilégié, car il n'a dû sa survie qu'à un coup du destin. Il aurait pu faire partie du sinistre cortège. Depuis cette nuit du 31 octobre au premier novembre 1956, il garde un souvenir douloureux. Chaque année il dort mal cette nuit-là. C'est un vrai fardeau, il pense parfois qu'il aurait dû partir avec eux.

Claude KERMY est mobilisé le 18 octobre 1955. En avril 1956, il intègre le ler G.C.N.A.

Début juillet 1956, la compagnie nomade s'installe au village des Abdellys. Le 18 août il est blessé au bras alors il est immobilisé à l'hôpital jusqu'au mois d'octobre. Il se souvient de ce 31 octobre comme si c'était hier. Il venait de toucher trois mois de solde d'un coup. On était cinq gars du Nord dans la compagnie et les copains insistaient pour qu'il leur offre une bière. On s'est arrangé pour que le patron du café du coin nous fasse un steak frites. Ils ignoraient à ce moment-là que c'était le dernier bon moment qu'ils passaient ensemble, dont avec Michel CLABAUX, Bernard DELEMME et Eugène MERLIN.

Lorsque j'avais touché ma paie, on m'a demandé ce que je savais faire. J'ai dit que j'avais un CAP de cuisine. Puis on m'a aussitôt dit que je partais chez le commandant pour faire la cuisine des gradés, à 10 km de là, dès le matin du 1 er novembre. On m'avait dit que ce serait pour deux mois. Mon destin s'est joué à ce moment-là et je ne m'en suis pas vraiment remis.

Je ne saurai jamais pourquoi, mais on m'a dit que cette nuit du 31 octobre, je devais prendre mes quartiers dans la maison du capitaine, à 300 mètres de là, et non pas comme d'habitude au hangar qui nous servait de caserne.

Vers une heure du matin, il est réveillé par des aboiements. "On avait l'habitude. disait-il, de voir des chacals venir rôder près des hangars et fassent aboyer les chiens. Cette fois-là, ça a duré vingt minutes, quelques heures plus tard ce fut le choc: vingt soldats européens et vingt-quatre soldats Algériens ont disparu en pleine nuit!"

D'un coup on a vu débarquer 700 militaires pour effectuer des recherches, qui se sont arrêtées dès le lendemain sur le prétexte que les ravisseurs ont eu le temps de traverser la frontière. Immédiatement, on nous a donné la consigne de ne jamais parler de cet événement à qui que ce soit. Le général MORILLOT m'a convoqué pour me donner ordre de me taire. C'est ce que j'ai fait. J'ai mis 20 ans avant d'en parler, même à mes parents.

Claude KERMY est démobilisé le 02-12-1956. Hormis à l'occasion d'échanges avec les familles de disparus, dont celle de son copain Michel CLABAUX, jusqu'en 2004, il n'entendra parler de l'affaire des Abdellys. A ce moment, de passage au siège de la fédération départementale des CATM, à Arras, il découvre le livre de Louis MORTREUX intitulé "Les héros de l'oubli" où un court chapitre évoque les disparus des Abdellys. Puis, le journaliste Christophe WEBER prend contact avec lui et le convainc de témoigner dans son documentaire. Mais il ne lui avait pas encore dit ce qu'il avait découvert.

Ce documentaire, fruit d'un long travail d'investigation en Algérie, amène une révélation brutale. Les soldats ont marché pendant huit jours, puis ils ont été égorgés et leurs corps jetés dans une crevasse.

Claude KERMY est abasourdi: "perdre des copains au combat c'est une chose qui correspond à une certaine logique de guerre, mais apprendre qu'ils ont été égorgés comme des cochons! C'est insupportable ... "

Dans le documentaire de WEBER, je suis convaincu qu'il y avait des traîtres parmi nous, même si je ne le pensais pas jusqu'ici. Je suis sûr aussi que les Harkis ont été abattus comme les autres. Beaucoup de questions continuent de le torturer: "Comment cela se fait-il qu'ils n'ont pas crié? Et qu'aucun d'eux n'a pu s'échapper?" Dans le documentaire WEBER donne sa version, les soldats enlevés devaient servir de monnaie d'échange.

Les quelques rares personnes au courant de l'affaire des Abdellys se doutaient que les soldats enlevés avaient connu une fin tragique. Mais "ne pas savoir comment" leur était un poids lourd à porter. Leur incertitude était d'autant plus cruelle que ni l'Armée, ni l'Etat n'ont jamais pris la peine ne serait-ce que d'évoquer l'enlèvement de la nuit du 31 octobre 1956. (La Grande Muette et la Raison d'Etat?)

Enfin, la plupart des disparus des Abdellys ont été déclarés judiciairement mort en 1964, sans autre commentaire. Cinquante et un ans plus tard, les familles des soldats disparus attendent toujours une parole officielle qui accréditerait l'enquête de Christophe WEBER, et rendrait un juste hommage à ceux que Claude KERMY appelle "les martyrs des Abdellys".

Ces soldats avaient écrit une lettre à leurs parents, datée du 7 novembre 1956, postée de Tanger (Maroc), avec le cachet le l'Armée de libération nationale, alors qu'ils n'étaient déjà plus de ce monde. En voici un exemple:

 

Bien chers parents, frères et sœurs.

Je viens par ce petit moment vous donner de mes nouvelles qui sont toujours très bonnes pour le moment et je souhaite que toute la maison est en parfaite et bonne santé et que vous ne vous êtes pas fait trop de souci de ne pas avoir reçu du courrier mais je vais vous dire que depuis le 1er novembre je suis prisonnier où j'ai été très bien vu, bien soigné et bonne nourriture, donc comme vous le voyez je suis entre de très bonne main et surtout ne vous faites aucun souci puisque nous pouvons encore vous donner de nos nouvelles de temps en temps.

Partout où l'on a passé nous avons été bien reçu et nous comprenons vraiment la situation d'Algérie car les gens vivent vraiment comme des pauvres et tout ça c'est la faute à tous les gros qui occupent la terre algérienne. Et pourtant ces gens-là sont chez eux et n'ont même pas un morceau de terre qui leur appartient. Je ne vois plus grand-chose à vous dire pour aujourd'hui et rester toujours en parfaite santé.

 

Compte-rendu de la communication téléphonique du 16-04-2007 avec le Père Curé

Ce prêtre habite Oran depuis novembre 1956. Il se situe dans le département du Nord pour des raisons familiales. Le capitaine Abdallah ARDAOUI, officier F.L.N., a participé à l'enlèvement des soldats français aux Abdellys (Algérie) et devait conduire les prisonniers jusque Oujda ou Bergane au Maroc.

ARDAOUI est décédé en 2003 et, avant de mourir, a confié la liste ci-dessous donnée, très, très détaillée au lieutenant F.L.N. BENDJEBBAR pour savoir ce qu'étaient devenus les 20 soldats français capturés dans la nuit du 30 octobre au 1 er novembre 1956; le parcours A1gérie/Maroc ne s'était pas trop mal effectué.

Ces soldats devaient être livrés à un autre commando F.L.N. au Maroc et, d'après feu ARDAOUI et BENJEBBAR, auraient pu et auraient dû servir de monnaie d'échange.

Mais, à cette époque, il y a eu le détournement de l'avion qui transportait Ben BELLA et AMIROUCHE. Y a-t-il eu refus de transaction du gouvernement français? C'est une piste à explorer. ..

BENDJEBBAR et le père Curé, son voisin à Oran, ont regardé tous les deux cette liste vieille de plus de 45 ans et ce Père l'a transmise à Claude HERBIET, un copain historien du Nord.

Quand Claude HERBIET a eu ce document, il a tout de suite fait le rapprochement avec un avis de recherche que Gérard DELEMME avait lancé dans le Magazine "Notre Temps", en 2002. (Une bouteille a la mer, disait-il). Il a aussitôt contacté DELEMME par téléphone.

P.S. : BENDJEBBAR voudrait avoir une entrevue avec les familles des disparus. Où? Et comment? Nous pensons élaborer un plan! Ce qui ne sera pas facile. Gérard DELEMME.

 

Guy GINEUX s'exprime sur les Abdellys

Le soir du 31 octobre 1956, je suis désigné par le chef de section pour effectuer, comme chef de poste, la garde au P.C. qui se trouvait à environ 300 mètres de la grange où étaient normalement les sections. Je dormais avec eux dans cette grange. L'armement était toujours enchaîné sur des râteliers de bois.

Ce même soir, j'ai effectué une ronde vers 22 heures. Arrivé à la grange, la sentinelle était européenne et me dit "rien à signaler".

Aux environs de 23 h 30 / minuit, je fais une seconde ronde. L'homme de faction était un musulman qui me dit "RAS". Je retourne au P.C. Je précise que la rue était très bien éclairée. Pour moi, le dispositif pour l'enlèvement devait être déjà en place. Ils m'ont vu faire ma ronde sans intervenir, cela aurait pu les déranger dans leur intention. Après la nuit était libre. J'ai donc eu la vie sauve grâce à ma fonction au P.C.

Je précise que KERMI était au P.C. avec moi en tant que blessé à un bras. Le 3e homme était LENGLET recrue du Nord. Ce dernier est décédé après sa libération suite à une longue maladie (des dires de KERMI). Je n'ai jamais été interrogé par les autorités vue ma fonction et pourquoi?

Je suis en contact avec Madame BIDELIN, sœur de VIGNON. Il faut le savoir aussi que lors de l'enlèvement de mes camarades aux Abdellys, un soldat musulman du nom de Miloudi DJELLOUL se serait échappé lors d'un accrochage avec l'armée française. Ce dernier vit actuellement, d'après M. KERMI dans la région de Bordeaux.

KERMI m'a dit au mois de mars 2008 qu'il devait le rencontrer, en août 2008 peut-être pourrait-il nous dire à quel moment exact il s'est échappé, entre le 1er et le 2e jours de leur captivité. A la mi-décembre 2008, il m'a dit au téléphone qu'il me donnera l'adresse et le numéro de téléphone de Meloudi Djelloul.

Voici la liste des 20 prisonniers des Abdellys transmises d'Algérie par Ardahoui.

 

 "Militaires raqnçais prisonniers du F.L.N. ou disparus en Algérie" ISBN 2-9515740-3-7

 

2 Novembre 1.956:

Rien.

 

3 Novembre 1.956:

Accrochages dans le Constantinois et dans l'algérois.

 

4 Novembre 1.956:

Le problème des effectifs est le problème le plus grave. Lacoste, dans une réunion à Oran le 5 novembre 1956, le reconnut: "Vous avez demandé des troupes... moi aussi... On ne nous en a pas données,. même quand il y avait le maximum de troupes, leur nombre était quand même inférieur à ce que nous avions demandé. Aujourd'hui, il est encore plus réduit que le chiffre que nous indiquons ... peu de chances que nous puissions avoir de nouvelles troupes, faire avec ce que nous avons. "

À cette réunion, les généraux ne firent que dénoncer les réductions d'effectifs imposées. Déjà, en juillet 1956, le général Lorillot avait signalé que la libération des rappelés, entre le 1er octobre 1956 et le premier janvier 1957, allait lui enlever quatre-vingt mille hommes sur les quatre cent quarante mille dont il estimait avoir besoin. En novembre 1956, le colonel de Carrmejane, commandant la zone opérationnelle de Tlemcen (ZOT), rappelait que la libération de la classe 53/C et le renvoi des rappelés avaient fait disparaître un bataillon. Il avait ajouté que "si on continue à courir les fellaghas dans tous les coins, nous ne pourrons plus faire d'opérations aussi importantes qu'il y a deux mois". Le sous-préfet de Marnia, pour protéger les trains, ne disposera plus que de quatre hommes, après la démobilisation des autres dans deux mois. Un général se plaint d'avoir à contrôler soixante mille kilomètres carrés avec une dizaine de bataillons. Le général Pedron doit défendre toute l'Oranie avec une seule division mobile. Le sous-préfet de Mascara avait le mot de la fin: "L'Armée n'a pas accompli la mission qu'on pouvait attendre d'elle", les soldats "ne sont pas assez nombreux" et les "opérations d'envergure sont devenues impossibles."

À son arrivée, le général Salan constata qu'il disposait de quatre cent dix mille hommes, soit seize divisions, presque toute l'Armée française, pour un territoire très vaste, sans rapport avec les normes d'implantation occidentales. Il ne pourrait obtenir plus, étant exclu pour des raisons politiqués un nouveau rappel de disponibles ou la prolongation du maintien sous les drapeaux. Il tenta de récupérer des combattants sans succès: "Je poursuis depuis plusieurs mois cette politique d'accroissement des effectifs opérationnels, les possibilités de récupération restent assez réduites et nécessitent une prospection très détaillée des effectifs sous mes ordres." De Paris, Ely freina, voulant "éviter de désorganiser les échelons tactiques par la dissolution de bataillons". Mais en janvier 1958, il dut dissoudre vingt-cinq bataillons, par manque d'officiers.

Commença alors une lente déflation des effectifs, contraire à la conception de la guerre de Salan: o En septembre 1956, le ministre décide de ramener les effectifs à trois cent quarante-deux mille hommes, soit une diminution de vingt-huit mille;

o Le 16 août 1957, Ely impose à Salan de dissoudre vingt-trois bataillons, alors que le mois précédent il avait prévu un renforcement de vingt-huit mille hommes sur trois mois. Salan ne cesse d'invoquer les charges tactiques nouvelles: "Étoffer le dispositif de la frontière tunisienne comme de l'Atlas saharien et plus particulièrement dans les Ksour, simultanément d'entreprendre, à un rythme accéléré, la construction des barrages frontières face à la Tunisie et au Maroc oriental enfin de réorganiser et d'équilibrer un système de forces mobiles permanentes à mon échelon comme à celui des grandes unités." Alors qu'il est prêt d'atteindre "le tournant décisif qui doit précéder l'effondrement de la rébellion armée en Algérie", il demande à "disposer des moyens que j'estime nécessaires pour obtenir la décision". En réponse, le ministre, André Morice, annonce la libération de deux classes entre octobre et décembre 1957.

La projection sur les douze mois suivants est inquiétante: (Personnel instruit)

1 er septembre 1957 372 000

1er octobre 1957 399000

1 er novembre 1957 384 000

1er décembre 1957 368000

1er octobre 1958 343000

 

À l'état-major d'Alger on ne voyait de solution que dans une réduction de l'effectif théorique de dix-sept bataillons, parachutistes et légionnaires étant épargnés, ou la dissolution d'une compagnie par régiment, portant sur les unités de" valeur médiocre". Salan tenta de compenser en faisant des hommes des services - train, génie, transmissions - des combattants engagés dans les opérations. Mais Paris refusa de réviser cette politique de déflation. "On ne met pas en avant, note Salan, la question financière mais seulement les promesses faites par le ministre." Des expédients ne pouvaient répondre aux besoins. En août 1957, Salan rappelle au ministre son besoin en unités de réserve générale et en groupements d'intervention: "L'ensemble des forces d'Algérie est à base de mobilité ... Si une bonne partie d'entre elles agit et fait la chasse aux bandes dam le cadre limité d'un sous-secteur, d'autres, tels les groupes d'intervention, dispensés de toute mission à caractère territorial, sont uniquement destinées à mener des actions immédiates dans le cadre plus vaste de la zone opérationnelle." Il suggère alors de créer des "réserves de commandement de zone" pour agir sans délai sur tout élément adverse signalé.

En octobre, il propose d'employer des "forces auxiliaires", de supprimer les sursis des Français "de souche" vivant en Algérie. Cette demande n'eut pas de suite. Quant au bilan des forces auxiliaires, il était mince: dix mille musulmans dans les unités régulières, douze mille dans les harkas, trois cent soixante-six dans les unités territoriales (UT).

Au début de janvier 1958, il tente de lier le problème à la lutte contre l'infrastructure du FLN. "La pacification ne se décrète pas, elle se constate, elle résulte d'un certain climat" né de la destruction des bandes et de l'infrastructure, et aussi de la mise en place "d'une infrastructure analogue mais favorable à notre cause". Il faut rechercher des propagandistes et de futurs élus à "injecter dans les douars et quartiers", tout en les protégeant, en les contrôlant pour "les amener, à la faveur des résultats obtenus et selon leur importance, à des développements d'autodéfense". Dès janvier 1957, Ely avait proposé de ramener en Algérie les unités que l'indépendance du Maroc et de la Tunisie privait de liberté d'action. Une division de renfort, la 11éme division d'infanterie (11 e DI) ne servait à rien en Tunisie, malgré sa mission de "couverture avancée". Des unités n'en furent transférées qu'à l'été 1957 (le 23e régiment d'infanterie et le 18e dragons). Salan demanda aussi des unités du Maroc pour protéger le sud de la zone de Tlemcen des passages d'hommes et d'armes. Enfin divers expédients apparaissent dans les rapports. Salan fit retarder la libération de soldats guinéens qui devaient être rendus à leur pays devenu indépendant, il leur confirma la "possibilité de servir sous contrat". Il fit accélérer la naturalisation de cent quatre-vingt-dix Vietnamiens, qui allaient devoir quitter l'Armée française. Des personnels de l'armée de l'air furent transférés d'autorité dans l'armée de terre.

En octobre 1957 alors que les disponibilités du contingent allaient souffrir du phénomène des classes creuses, Salan hésitait à enrôler massivement des musulmans algériens. Il ne jugeait " pas souhaitable d'augmenter brutalement le nombre des appelés FSNA (Français de souche nord-africaine)", un pourcentage de dix pour cent lui paraissait suffisant. Il se méfiait surtout des citadins, "plus évolués", mais marqués "par la propagande du FLN". Il préférait ouvrir une campagne d'engagement, visant à recruter trois pour cent des effectifs totaux et d'engagés d'origine rurale. Il en voyait les effets politiques, l'intégration des musulmans "par la vie en commun et l'instruction". Il demandait qu'on attire "le plus grand nombre possible de jeunes { . .), tout candidat à l'engagement devant être accepté quelle que soit la situation d'effectif de l'unité au titre de laquelle le contrat est sollicité". Ces appelés et ces engagés seront instruits dans les corps de troupe, puisque le manque de ressources budgétaires interdisait la création de nouveaux centres d'instruction. Après le 13 mai 1958, Salan relance son projet dans le contexte politique créé à ce moment: "L'intégration du personnel FSNA doit aboutir à supprimer toute discrimination de quelque nature qu'elle soit. Ces personnels peuvent être employés dans diverses spécialités et dans tous les emplois, sans autre considération que leur aptitude et leur manière de servir. Les mesures de sécurité systématiques et discriminatoires concernant l'armement sont rapportées. Désormais les prescriptions réglementaires concernant le choix des tireurs (aptitude physique) et les instructions relatives aux précautions contre les vols et pertes d'armes seront seules appliquées uniformément à tout le personnel (.. .} tout le personnel sera traité sur un pied de scrupuleuse égalité ... la confiance sans arrière-pensée ne viendra que progressivement ..."

En octobre 1958, le général Salan demande un large emploi des engagés musulmans, pour des raisons pratiques et pour mieux les compromettre: "L'évolution favorable du climat politique permet, à l'heure actuelle, d'accepter des risques supplémentaires en confiant aux harkas des actions relativement indépendantes ... (pour) permettre un allégement des tâches incombant aux unités régulières, en même temps que la valorisation des harkas cantonnées jusqu'alors dans des rôles subalternes susceptibles d'émousser à la longue leur combativité." Il souhaite leur confier "des missions fixées aux unités de contre-guérilla", sous forme "d'actions indépendantes contre les bandes". (La guerre d'algérie du général Salan, Vialette, ISBN 978-2-915960-38-9)

 

5 Novembre 1.956:

 Débarquement en Egypte, les paras français sautent sur port Saïd. Moscou et les ricains somment les franco-britannique (et Israël) de bien vouloir dégager, sous peine de ? (on saura jamais de quoi).

Le 2 Novembre, des avions français déguisés en avions israéliens (deux escadrons de F84 F, en principe de l'OTAN, mais utilisés sans leur accord officiel) et 24 Mystères 4 israéliens (mais israéliens parce que livrés en catastrophe quelques jours avant l'attaque) avaient éliminé l'aviation nassérienne. La route du Caire est dégagée, on pourrait éliminer Nasser, les ricains ne veulent pas.

 Un gérant de coopérative assassiné à Oued Foda.

Un cantonnier à Chebli.

Un agriculteur à Damiette.

Un ouvrier coiffeur à Oran.

Grenade à Constantine, 22 blessés dont de nombreux juifs.

 

6 Novembre 1.956:

Cessez le feu en Egypte.

Accrochage à turenne, 3 morts et 6 blessés dans nos troupes, 35 tués chez les fellaghas.

 

7 Novembre 1.956:

Les communistes ayant (comme toujours) soutenu l'URSS qui menace nos troupes en Egypte, les syndicats non communistes (FO, CFTC - avant la scission, CGC) organisent une manifestation de protestation à l'étoile, qui obtient un grand succès. Une partie des manifestants s'attaque ensuite au siège du comité centrale du PC, sous l'oeil impassible des forces de maintien de l'ordre.

 

8 Novembre 1.956:

Un cultivateur assassiné.

Un cultivateur et son fils égorgés à Saint- Denis -du- Sig.

Un commerçant tué à Alger.

 

9 Novembre 1.956:

L'enquête lancée après que six appareils de l'ERALA 2/40, une unité d'aviation légère servant à la reconnaissance, servie en grande partie par des pieds noirs de la territoriale se soient scratchés, moteur en rideau, sans perte humaine heureusement vient de livrer ses conclusions au public. Il apparaît que les moteurs de ces appareils revenaient de grande révision aux Ateliers Industriels Aéronautiques où des ouvriers communistes les sabotaient.

On découvre deux bombes qui n'ont pas explosé.

 

10 Novembre 1.956:

 Un enfant de 13 ans assassiné à saint-pierre-saint-paul.

Un coiffeur à Alger.

Grenade à Batna sur un cantonnement militaire, 9 blessés.

Bouclage et ratissage à Aïn-Rich, 59 rebelles tués, 33 prisonniers.

Trois musulmans pro français sont assassinés à la hache près d'Oran, ils avaient prévu de défiler le lendemain avec les anciens combattants. Photo de Gasmi Bachir disponible sur simple demande.

 

11 Novembre 1.956:

Nombreux attentats à Alger, nombreux blessés.

 

12 Novembre 1.956:

Un car arrêté entre Dublineau et Perregaux, les passagers européens assassinés, six militaires en permission et un civil.

Embuscade entre El-Marsa et le Guelta, douze militaires et deux civils (dont le curé de saint- pierre- saint- Paul) tués.

Plusieurs bombes explosent à Alger, dans des autobus, au Monoprix de Maison Carré, à la gare d'Hussein Dey. Il y a de nombreux blessés, musulmans et européens fraternellement unis dans la douleur, femmes et enfants. Il y a 36 morts. ICI bonne synthése de la "bataille d'alger".

 

13 Novembre 1.956:

A Gouville, dans l'Eure, un militant C.G.T. est arrêté transportant dans sa voiture 2 fusils mitrailleurs, 8 fusils de guerre, des munitions, des explosifs destinés au FLN.

 

14 Novembre 1.956:

Un car attaqué près de Mascara, les assassins égorgent le receveur et le chauffeur, ainsi qu'un passager qui s'était interposé et pillent le car. Version moderne et justifiée par l'idéologie de l'attaque de la diligence.

Attentat à Alger, un cafetier assassiné,

A Beni Sali un agriculteur aussi, d'une balle dans le dos.

Dans la maquis de Sebdou, près de Tlemcen, les militaires ont la surprise de voir se rendre Benzine Abdelhamid, ancien rédacteur en chef d'Alger républicain. Condamné à 20 ans, il sera libéré à l'indépendance.

Deux bombes non explosées découvertes à Alger.

 

15 Novembre 1.956:

 La police arrête Yveton, qu'elle surveillait depuis quelque temps en tant qu'ami du lieutenant déserteur Maillot et communiste comme lui, au moment où il posait une bombe à l'usine à gaz d'Alger, aidé par la jeune Acéra. Elle arrête aussi la jeune (20 ans) Lavalette, communiste, qui prêtait son appartement aux réunions du CEC. Assignée en résidence en métropole, elle rejoint l'Algérie en 1962, est nommée députée de la première assemblée algérienne, se fait virer comme la plupart des pieds rouges en 1966 par Boumedienne.

Malgré la preuve de l'action subversive des communistes en algérie, et du soutien des communistes de métropole, les gouvernements successifs n'interdiront jamais ce parti en métropole.

Le docteur Nakache est assassiné alors qu'il sortait d'une visite à domicile dans un douar de Vallée.

 

16 Novembre 1.956:

Yveton raconte tous ses exploits, il permet l'arrestation entre autres de Felix Collozzi et de Boualem Makloui, communistes aussi.

Un ouvrier tué d'une balle dans la nuque à Bône.

Un automobiliste à Alger.

Un cultivateur et sa sœur à Aumale.

Le corps d'un jeune homme de 17 ans retrouvé près de Blida. Il avait été enlevé, sodomisé en groupe, torturé et finalement égorgé et sommairement enterré.

 

17 Novembre 1.956:

Grenade dans un café d'Alger, trois morts, six blessés.

Deux jeunes hommes (musulmans) tués par balle dans le dos.

Un militaire assassiné à Alger.

Un policier aussi.

Assassinats à Bône, Aumale, Blida, Djelfa

.Un membre des eaux et foret à Blida.

Un employé de la défense et restauration des sols à Tenés.

 

A New York, Mohamed Yazid expose devant l'"american commitee for africa" que ""pour faire l'unité africaine, il ne faut pas hésiter à écraser par la force toute opposition" .Ce programme est bien entamé puisque depuis le début, 5344 civils dont 4149 musulmans ont été ainsi écrasés. Même s'ils n'étaient pas vraiment opposants, ne cherchant qu'à vivre tranquillement chez eux, comme la plupart des pieds noirs. L'american commitee applaudit à tout rompre ce programme humanitaire et aligne les dollars.

 

18 Novembre 1.956:

Dans la foulée des déclarations d'Yveton, un réseau terroriste communiste en majorité formé de français de métropole, fonctionnaires communistes mutés à leur demande en algérie, est arrêté en Oranie.

A Bab-el-oued un terroriste armé d'un pistolet tire sur des femmes, trois sont blessées grièvement

.Bombe dans un café de maison carré, deux blessés.

Embuscade près de Teniet el Had, 4 militaires et deux fonctionnaires des eaux et forets assassinés.

 

19 Novembre 1.956:

Au total 120 communistes ont été arrêtés en algérie, dont des médecins des hôpitaux, des fonctionnaires du gouvernement général, de nombreux postiers et électriciens. Beaucoup sont expulsés vers la métropole.

Embuscade sur une route près de Tiaret, cinq véhicules sont arrêtés et leurs occupants assassinés, les véhicules brûlés, les femmes enlevées pour en jouir. Parmi les victimes le maire de Prevost paradol.

 

20 Novembre 1.956:

 Un passant assassiné dans la rue à Alger, un autre grièvement blessé.

Un agriculteur, ses deux jeunes enfants, sa femme enlevés dans leur ferme de Champlain.

Encore une communiste arrêtée, étudiante à l'école normale d'institutrice d'Alger, elle faisait les petits travaux (liaison, port d'arme avant et après les attentats, soutien logistique) pour son réseau FLN.

 

21 Novembre 1.956:

Un membre du FLN, présenté comme le trésorier en france, arrêté à paris.

 Un conseiller municipal d'haussonvilliers tué sur la route de Bordjmenaiel.

 

22 Novembre 1.956:

Les troupes combinées franco-anglo-israeliennes se retirent d'Egypte. Cette victoire du grand frère Nasser portera à son comble les propagandes hystériques, Nasser racontera qu'il a coulé la flotte, en particulier (pourquoi lui?) le croiseur français Jean Bart. Un voyage du bateau tout le long des cotes algériennes n'a pas réussi à couper les ailes à ce canard, il y a encore des millions d'algériens qui y croient. En tout cas, jean Bart ou pas jean Bart, ce retrait portera un coup très dur au prestige de la France

Deux villages kabyles attaqués, 18 jeunes hommes enlevés, il s'agit de recruter de nouveaux moujahidines plus ou moins de force. La multiplication de telles opérations aboutira à la politique des villages en auto défense, obligeant à prendre nettement parti.

Un agent de police assassiné à Cherchell.

Un passant blessé à Alger.

 

23 Novembre 1.956:

Toujours le réseau communiste, un infirmier de l'hôpital de Benimessous volait des médicaments pour alimenter les rebelles.

Embuscade sur la route près de bordj-bou-arreridj trois automobiles sont arrêtées, les hommes sauvagement exécutés (deux familles de l'administration des eaux et forêts, un sous officier du contingent, une famille d'agriculteur) les femmes enlevées pour servir au plaisir des combattants. Ce type d'attentat conduira dans certaines régions les militaires à organiser des convois quotidiens protégés par des blindés.

Un cultivateur égorgé dans sa ferme à Aïn boucif, un avocat pro français poignardé à El-Milia.

 

24 Novembre 1.956:

Yveton est condamné à mort. Il sera exécuté le 11 février 1.957, seul "européen" ainsi exécuté pour aide au FLN. Les exécutés pour O.A.S., eux seront quatre fois plus nombreux, pour beaucoup moins de morts.

Un brigadier de police assassiné à Biskra.

Un agriculteur à Rouach.

Embuscade à Berrouhaghia, 12 morts, huit militaires, quatre civils.

 

Le 24 novembre, une petite patrouille de parachutistes coloniaux du 8e R.P.C., sous les ordres d'un vieux briscard d'Indochine, le sergent Roger Holeindre, est en "chouf " sur les pentes méridionales du djebel Anoual. Enfants perdus à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Tébessa, les paras se sont fondus dans le paysage. Les ruines d'une maison forestière leur servent d'abri et de cache. Autour d'eux tout est calme. Dans leur dos, la forêt étouffe les bruits. Face à eux, le glacis coupé des ravinements des oueds descendus de l'Anoual, laisse deviner dans les lointains les reliefs tunisiens. La journée s'est déroulée sans incidents. Coups de jumelles aux quatre coins de l'horizon, grignotage mesuré du contenu des boîtes de ration. Pas de feu surtout. Pas de déplacements non plus hors des vestiges de l'ex- maison forestière.

16 heures. Dans moins d'une heure la nuit tombera. On pourra se dégourdir les jambes. L'obscurité apportera sa relative sécurité et sa longue veille, car, sait-on jamais, si près de la Tunisie. ..

Soudain, le guetteur de service alerte discrètement son chef. Côté opposé au couchant, il distingue nettement des hommes qui progressent en file indienne le long de la lisière de la forêt.

" Ces imbéciles, murmure Holeindre, ils ne m'ont pas prévenu qu'il y avait une opération dans le coin! "

La tête de la troupe est encore loin de lui. Il discerne mieux, aux jumelles, l'éclat d'un canon de fusil. Soudain, un doute le traverse. Et si ces hommes n'étaient pas des Français ? Pourtant, la colonne s'allonge, treillis kaki derrière treillis kaki. Non, ce n'est pas la démarche d'une unité française. Ce n'est pas la file caractéristique piquetée d'antennes radio et de F.M. portés sur l'épaule comme une besace au bout d'un bâton de pèlerin. Holeindre les voit mieux. A combien sont les premiers ? 150-200 mètres tout au plus. Les treillis sont un peu plus clairs que ceux de l'armée française, les rebords des casquettes plus carrés. Les visages ont le teint hâlé des gens du sud.

" Des fells ! " murmure Holeindre. Les mains se crispent sur les poignées des P.M. Quelques-uns ne vont-ils pas faire une incursion jusqu'aux murs écroulés ? Les paras, qui sont moins de dix, sont sans illusions. Non, la colonne poursuit sa marche. Elle n'en finit pas. Quatre cents hommes environ, estime Holeindre lorsque les derniers s'estompent derrière un bosquet. La pénombre grandit. La nuit tombe vite fin novembre. Heureusement. Elle va permettre de s'éclipser. Pour Holeindre et les siens, après la tension nerveuse, le plus dur reste à faire: rejoindre Tébessa et rendre compte. Le plus sûr sera encore de dévaler jusqu'à la route Tébessa- EI-Ma- EI-Abiod en évitant la forêt. Dans l'obscurité, en plein terrain découvert, ils risquent moins une mauvaise rencontre. Il est plus de 3 heures du matin lorsque le groupe Holeindre rejoint Tébessa. Il marche depuis neuf heures, nerveux, tendu, aux aguets. Sur la route, au passage du col, il a écopé de quelques coups de fusil du poste français. Impossible de se faire reconnaître des sentinelles effarouchées par ses coups de lampe intempestifs.

A l'état-major, la première réaction est le doute. Ce n'est pas possible. Les services de renseignements l'auraient su! Mais Holeindre se fait pressant. On le connaît. Gai luron au cantonnement, mais combattant chevronné. Au Tonkin, il a vu déferler les vagues "viets". Il sait ce dont il parle. Ce ne sont pas des ombres qu'il a vues progresser à portée de son P.M.

Dès l'aurore, deux régiments paras de la 25e D.P. convergent vers la ville en soutien de celui qui y est et qui lance de nuit son commando à la recherche de l'ennemi. Qui se doute que la guerre d'Algérie, sur le plan militaire, vient pour de longs mois de changer de visage ? L'homme qui dirige la colonne qui a défilé devant Holeindre s'appelle Chérif Mahmoud. C'est un ancien lieutenant de l'armée française, où son frère est capitaine des spahis. Ce fils d'un légionnaire autrichien marié à une musulmane a plus les traits d'un enfant du Tyrol que ceux d'un natif de Chéria, ce bourg poussiéreux au sud de Tébessa. Il n'en est pas moins profondément nationaliste. Il a milité à l'U.D.M.A. de Ferhat Abbas avant de rejoindre le front, où ses antécédents militaires l'ont mis en avant.

Avec quatre cents hommes bien équipés, il arrive de Tunisie pour frapper un grand coup: prendre une ville française. Cette ville, ce sera Tébessa. Déjà, il regroupe les siens dans les couverts de l' Anoual, qui dominent la ville. La forêt, qui arrive au bord de la cité, dissimulera son monde et son approche. Quel feu d'artifice attend l'antique Théveste ! L'intervention des paras de la 25e D.P ., un combat incertain d'un jour et deux nuits écarteront le danger d'une occupation même limitée de Tébessa. Spectacle inédit, pendant de longues minutes, le lent crépitement d'une vieille mitrailleuse Hotchkiss française accompagnera l'efficacité des deux P .47 d'appui. Le lendemain, on retrouvera un tas de douilles, mais l'arme sera repartie là d'où elle était venue. En Tunisie.

Une nouvelle page se tourne. La bataille des frontières s'engage grâce aux éléments venus de Tunisie ou du Maroc. Elle va durer avec acharnement pendant plus de deux ans. D'elle dépendent la survie et le développement de l'A.L.N. de l'intérieur.

Montagnon, la guerre d'algérie, éditions Pygmalion, 1984, ISBN 2-85-704-171-1

 

25 Novembre 1.956:

 Trois personnes égorgées près de Trezel.

Un homme de 72 ans à Cherchell.

Un chef de chantier à La Chiffa.

Un employé communal à Tizi-Ouzou.

Bombe dans un café d'Ain Temouchen, quatre blessés.

 

26 Novembre 1.956:

Une personne assassinée à Alger.

Pascal Rivas est conducteur de train aux chemins de fer algériens, plusieurs fois il a exécuté la manœuvre, quand la bombe saute sous le tender rempli de blocs de pierre qui précède la locomotive, il faut s'accroupir et mettre en arrière toute. Il l'a fait plusieurs fois et disait: un jour, ils m'auront.

Le 28 novembre 1956 la bombe était télécommandée, et éclate sous la "Micheline" tuant et déchiquetant Pascal Rivas.

Ce jour-là, Pascal avait reçu sa nouvelle affectation pour Mostaganem et devait conduire le train Aïn-Séfra - Saïda. Mais afin de dire "au revoir" à tous ses collègues de la ligne Colomb-Béchar, il a demandé de faire une dernière fois la ligne Aïn-Séfra - Béchar, en permutant avec un collègue.

Une dernière fois, une fois de trop; elle lui fut fatale. Témoignage à la date du 30.

 

27 Novembre 1.956:

Rien.

 

28 Novembre 1.956:

Violent accrochage près de Tébessa. 36 rebelles abattus et 50 blessés, 11 morts et 50 blessés parmi les militaires. Il s'agit de bandes qui s'infiltrent à partir de la Tunisie.

Embuscade près Orleansville, 10 soldats tués, un blessé un disparu.

Quatre bombes à Alger, dix blessés.

Un employé municipal assassiné à Alger.

Le train Oran Colomb-Béchar attaqué à Bou-Aïch, 3 morts, 24 blessés.

 

29 Novembre 1.956:

Un convoi d'armes venant de Tunisie intercepté près de Tébessa.

Nouvelle forme de terrorisme à Affreville, comme à Chicago, depuis une automobile des hommes mitraillent la foule à l'arme automatique, 3 morts, une dizaine de blessés, panique.

C'est ce mois que l'immense champs de gaz de Hassi R'mel est mis en evidence.

 

30 Novembre 1.956:

 A Bayard un jeune garçon est égorgé sous les yeux de son père lui-même gravement blessé.

A Nedromah, deux graves attentats ciblent la communauté israélite de la petite ville, dans le but (atteint) de la contraindre à l'exil. Deux bombes sont posées dans la synagogue et dans un lieu de réunion communautaire, faisant 23 morts dont le rabbin et une trentaine de blessés.

 

 Témoignage de Marie-Louise Saez née Planelles: De nouvelles victimes. Extrait de l'Echo de Saïda de décembre 1956

 "Vendredi 30 novembre, une pénible et attristante nouvelle nous parvenait d ' Aïn- Sefra. Trois agents des CFA, MM. Pascal Rivas, 45 ans, Augustin Saez, 36 ans, tous deux natifs de Saïda, Saïd Messaoudi, 40 ans, père de 8 enfants, trouvaient une mort affreuse dans l'accomplissement de leur devoir. Le train Inox qui avait quitté Sefra le matin, à l'aube, sautait sur une mine, posée à dessein sur les rails, avant la station de Djenien-bou-Rezg. Les deux motrices que pilotait Rivas quittaient la voie, la première percutait le remblai rocheux et la seconde grimpait sur celle de tête, écrasant les malheureux cheminots qui étaient tués sur le coup.

Par une cruelle ironie du sort, notre ami Pascal Rivas, muté au dépôt de Mostaganem, assurait son dernier train sur la fraction Sefra-Béchar. On conviendra que le destin a frappé inexorablement un homme sympathique, qui jouissait de l'estime générale des travailleurs du rail, et se doublait de plus, d'un excellent père de famille.

En cette douloureuse circonstance, nous adressons aux familles de ces malheureuses victimes du devoir, l'expression de nos vives et sincères condoléances."