1 octobre 1956:
Un négociant en céréale assassiné à Orleansville.
Un homme tué à Alger.
Les groupes kabyles messalistes, que le S.D.E.C. avait armé pour qu'ils luttent avec nous contre le FLN desertent. (Action K dite aussi "oiseau bleu" car le responsable militaire s'est exclamé "l'oiseau bleu s'est envolé".) Cette action a été montée à l'initiative du cabinet de Soustelle. En Novembre 1955, 300 fusils sont distribués, les soldats sont encadrés par le capitaine Hentic et une section du onzième choc. Jean Servier expertise le groupe et se rend compte que le ralliement est tout formel. Il en rend compte au général Olié. Le groupe attire dans une embuscade le capitaine Mazublanc du 151 ème R.I., puis s'envole. Bigeard les poursuit, les rejoint le 10 octobre met hors de combat 110 hommes. (opération Djenad) Une partie des survivants deviennent harkis, une partie rejoint la Tunisie, le solde est liquidé par le FLN. (D'après Faivre in l'algérianiste 118, juin 2007, page 18).
La grève des écoliers décrétée par le F.L.N. est médiocrement suivie.
2 octobre 1956:
Grenade à Constantine un militaire tué.
5 disparus en oranie.
3 octobre 1956:
Rien.
4 octobre 1956:
Une katiba de 500 rebelles, revêtus d'uniforme français attaque un convoi dans le sud Oranais, 38 militaires tués, 37 blessés, de nombreuses armes disparues.
2 policiers blessés à Alger.
Une bande F.L.N. démantelée, 23 arrestations à Alger.
5 octobre 1956:
Les agresseurs de Bigeard arrêtés à Bône. Ils seront abattus le surlendemain au cours d'une "tentative d'évasion".
Trois agriculteurs français condamnés à de la prison ferme pour avoir ravitaillé une bande rebelle. Nous étions soumis à un chantage à l'assassinat se défendent-ils.
Bombe dans un autocar de la ligne Alger-Tablat, neufs morts, tous musulmans et 16 blessés. (la révolution interdit de monter dans les machines conduites par des moteurs à explosion, que le prophète a interdit. Plus prosaïquement, le propriétaire du car ne payait pas l'impôt révolutionnaire, ses clients ont payé). D'autres pretendent que ben Boulaïd, exproprié de son affaire de transport par car pour atteinte à la sureté de l'état, continue sa guerilla personnelle contre le repreneur.
38 tués près d'Aflou, des premier et 11ème régiment d'infanterie.
6 octobre 1956:
Des rebelles fortement armés ouvrent le feu depuis une automobile sur la foule de la grande rue de Bône, panique en ville, 4 tués et 29 blessés, moitié musulmans.
Un assassinat à Orleansville.
Un père blanc enlevé en Kabylie.
Massu échappe de justesse à un attentat, l'arme de son agresseur s'enraye. .
La police judiciaire découvre dans une villa de Birkadem (banlieue d'Alger) le laboratoire qui sert à fabriquer le fulminate de mercure qui a servi pour les bombes du 30 Septembre et serviront encore, jusqu'à l'épuisement des stocks fabriqués.
7 octobre 1956:
Rien.
8 octobre 1956:
Un jeune garçon de 19 ans assassiné à Alger.
9 musulmans assassinés sur un chantier qu'ils avaient refusé de quitter.
13 détenus F.L.N. s'évadent de Tablat après avoir assassiné un soldat de garde.
9 octobre 1956:
Bilan du jour, sept assassinat dans toute l'algérie.
10 octobre 1956:
Explosion d'un laboratoire de fabrication de bombes à el biar, un mort trois blessés.
Lavoisier subit une attaque en règle par une bande rebelle, la population résiste, trois tués parmi les rebelles.
Le F.L.N. adresse une lettre aux juifs leur demandant de rejoindre les rangs de la rébellion, en tant que natifs du pays. Cette lettre, abondamment diffusée auprès des communautés, en particulier outre-Atlantique, dédouanera le F.L.N. des accusations de racisme qu'on portait à bon droit envers lui. Elle facilitera l'appui que les américains lui accordèrent.
En Novembre le consistoire répondra non, avec des explications embrouillées pour expliquer qu'il n'a pas à prendre de position politique, mais qu'il apprécie les bienfaits démocratiques et civilisationnels de la France et qu'il souhaite que ces mêmes bienfaits soient accordés aux musulmans.
Lacoste est d'un optimisme inoxydable: "Les résultats sont à la portée de la main ... Si nous pouvons tenir quelques semaines, nous pourrons offrir aux populations européennes et musulmanes une solution acceptable." C'est une autre version du fameux "dernier quart d'heure" qui l'a rendu célèbre. Ces quelques semaines cachent le délai de préparation de l'expédition de Suez, et aussi, peut-être, un autre projet audacieux, l'arrestation en plein vol des dirigeants de la rébellion.
11 octobre 1956:
Ratissage en Kabylie, 102 rebelles abattus, 5 soldats tués.
Grenade à Oran, 22 blessés dont un militaire.
Incendie criminel à Alger.
12 octobre 1956:
Rien.
13 Octobre 1.956 :
Des terroristes dans une voiture volée mitraillent un café, une morte de 20 ans, six blessés.
Le train Bougie Alger saute sur une mine. 6 blessés.
Embuscade à Thiers, un officier, six soldats tués.
14 octobre 1956:
Opération dans le Constantinois, 60 rebelles tués
Grenade à Mostaganem, un mort, 20 blessés.
Fusillade à Alger, un mort.
15 octobre 1956:
Embuscade à Chréa, 12 soldats tués, 4 blessés.
Le train Alger- bougie mitraillé, 3 militaires blessés.
Un ouvrier tué à Alger.
C'est seulement aujourd'hui que la police annonce la découverte d'un laboratoire de fabrication de bombes découverts à Birkhadeim, 7 arrestations dont un italien et deux français communistes. En fait le labo a été investi le 6, mais la police y avait établi une souriciére.
16 Octobre 1.956:
rien.
17 Octobre 1.956:
A Paris les orateurs communistes du parlement vantent l'action du sergent Maillot, déserteur avec les armes de sa section, qui a rejoint le FLN dans le maquis. Les députés, en particulier gaullistes s'élèvent avec vigueur, des coups pleuvent, mais bien entendu, compte tenu des droits des députés, et du fait qu'il ne s'agit pas d'une guerre mais d'une série d'opération de maintien de l'ordre, rien comme conséquence.
Un cargo l'Athos transportant des armes d'origine du bloc de l'est à destination des rebelles arraisonné au large de Nemours. Il portait cent tonnes d'armes, de quoi armer 3 000 hommes.
Un agriculteur et ses trois fils assassinés à Eugène- Etienne.
18 Octobre 1.956:
Suite du débat à l'assemblée nationale, Lacoste, socialiste et ministre résident à Alger défend la politique du gouvernement: maintien de l'ordre et négociations.
19 Octobre 1.956:
Des deux religieuses enlevées à Igjhil-Ali une (soeur Pierre Fournier) a été égorgée, l'autre (soeur François Solano) est retrouvée hébétée, toutes deux ont été abondamment violées. Il lui est demandé de ne jmais parler de ses tortures, et elle est mutée en Afrique. En retraite à Montréal, le gouvernement français lui a attribué en 2012 la légion d'honneur. Mais la supérieure lui interdit de l'accepter, car cette acceptation pourrait mettre en danger les religieuses qui survivent en Algérie. Lache chantage des autorités FLN.
Un conseiller municipal de Tizi- Ouzou assassiné
Le vice président de la cave coopérative de Moris aussi.
Deux pieds noirs, communistes, arrêtés dans le cadre de l'enquête sur le réseau Timsit.
20 Octobre 1.956:
Dans le sud Marocain le Lieutenant Perrin est enlevé par des rebelles marocains. Il est emprisoné à Akka, où il croise un autre français également prisonnier, l'adjudant Cacciaguerra fait prisonnier, lui en février 1957. Perrin est liberé sur intervention du futur HassanII, alors prince heritier, en avril 1957, l'adjudant en février 1959, après qua la corse toute entiére ait menacé d'interdire à Mohamed V d'atterir en corse où il avait de bons souvenirs. l'adjudant sera dans l'avion du roi.
21 Octobre 1.956:
Trois étudiants algérois arrêtés dans le cadre du réseau de soutien au F.L.N. du communiste Timsit.
Bombe à Alger, un mort deux blessés.
Deux agriculteurs et un caïd assassinés.
Embuscade près de Tigzirt, l'officier chef de SAS tué et trois de ses moghaznis blessés.
Bombe dans un café musulman de Blida, 7 blessés, le café servait de l'alcool.
Au Maroc, le roi Mohammed V reçoit en grande pompe des chefs historiques du F.L.N. avant leur départ pour Tunis où doit avoir lieu une grande conférence du Maghreb.
22 Octobre 1.956:
Quatre des historiques du F.L.N., accompagné du professeur de français dans un lycée parisien, Lacheraf, chef du FLN métropolitain, qui se rendaient du Maroc en Tunisie dans un avion d'air France spécialement affrété piloté par un équipage français se posent sans l'avoir voulu à Alger. Les militaires français savaient que l'avion avait ces passagers, Lorillot, géné chef de l'époque téléphone à neuf heures du matin au socialiste Max Lejeune, secrétaire d'état à la guerre, pour lui demander son autorisation, il l'obtient.
Le général Frandon, commandant l'armée de l'air, recevant l'ordre d'arraisonner l'avion, exige un ordre écrit, il obtient un document anti daté du secrétaire général du gouverneur général. Lacoste, le gouverneur général, de retour à Alger à 19 heures, alors que l'avion est dans les airs et qu'il est encore temps de tout annuler, approuve aussi. Les militaires ont donné l'ordre à l'équipage de poser l'avion à Alger. Pour ne pas donner l'alerte, l'avion a volé sur la Méditerranée jusqu'à l'heure prévue de l'atterrissage à Tunis, 21 heures 27. Les passagers n'ont pas vu la lune changer de bord, en plein jour le comportement du soleil aurait paru curieux. Ce sera une chance immense pour Ben Bella, Khidder, Aït Ahmed, Boudiaf, qui ainsi échapperont aux risques du métier de chef terroriste, en particulier aux purges internes. Il faudra leur libération en 62 pour qu'ils se fassent (enfin, pour le moment, pas tous) assassiner à leur tour, non sans avoir fourni deux présidents à l'algérie.
Pierre Laffont, dans son journal "l'écho d'Oran" intitule mon article: "Une joie inquiète. On ne peut s'empêcher de rapprocher cet enlèvement de la déposition du sultan du Maroc. Si aucune action d'envergure n'est entreprise après un tel geste, on peut craindre que des conséquences analogues au retour de Mohammed V ne se produisent pour notre pays." Pour une fois bon analyste, il commente dans son livre "l'expiation" douze ans après: "Il n'y avait en effet que deux solutions possibles: l'une consistait à exécuter Ben Bella et ses compagnons et à se lancer dans la lutte à outrance. C'était inimaginable en 1956 et en France. L'autre, de les sacrer interlocuteurs " valables ~ et discuter avec eux l'avenir de l'Algérie. Mais qui aurait pu avoir cette audace? On choisit, comme il fallait s'y attendre, la troisième solution: les mettre en prison. Décision qui sert la gloire de Ben Bella. Préservé de l'usure de l'action, entouré de l'auréole du martyre, il sortira de prison en 1962 pour démolir en quelques jours l'opération Ben Khedda."
Une section tombe dans une embuscade dans le Constantinois, un soldat métropolitain et trois français musulmans tués. Un père blanc suisse égorgé près d'azazga.
23 Octobre 1.956:
Violentes émeutes anti françaises en Tunisie et au Maroc pour venger le rapt des chefs FLN, de nombreux français sont assassinés au Maroc.
24 Octobre 1.956:
Attentats individuels l'un à Alger, l'autre à Oran, deux morts.
25 Octobre 1.956:
rien.
26 Octobre 1.956:
rien.
27 Octobre 1.956:
Quinze fermes attaquées et brûlées dans le sud Oranais. Sauf si y est installé un poste de militaires français ces fermes sont abandonnées (pour celles qui sont trop loin des gros villages) ou sont exploitées par des agriculteurs qui font l'aller retour quotidiennement.
Un professeur de musique assassiné à Alger.
28 Octobre 1.956:
Ben Bella et son équipe transférés à Paris.
Embuscade à Tablat, 19 soldats du contingent (146 ème RI) tués., 12 blessés.
29 Octobre 1.956:
Deux enfants (11 ans, 7 mois) assassinés dans leur ferme près d'Oran, les parents étaient invités ailleurs, les tueurs se sont contentés de ceux qu'ils ont trouvé.
Le FLN avait interdit à des travailleurs de collaborer avec la France (c'est à dire de cesser de travailler sur le chantier d'une route) ils n'ont pas obéi, le FLN les a dépecés vivants. Intéressante (au plan anatomique) photo .
Guy Mollet et Lacoste lancent un appel au cessez le feu et à des élections libres en algérie. La réponse sera la réponse habituelle, évacuez l'algérie et faisons les élections après.
Les israéliens entrent en Egypte.
30 Octobre 1.956:
Les anglais et les français lancent un ultimatum aux belligérants égyptiens et israéliens, cessez le feu ou sinon.
Graoua, moqaddem de la zaouia kadria à Soukh Arrhas, égorgé.
31 Octobre 1.956:
Les anglais et les français, rapides, entrent en Egypte.
Deux assassinés à Alger, un à Perregaux, un à Orleansville.
Les effectifs de l'armée en algérie, grâce aux mesures prises par Guy Mollet sont de 404.000 hommes dont 380.000 instruits.