Mai 1959

 

page de garde du site

 1 Mai 1959 :

Un musulman est élu maire d'Alger ; c'est un ancien combattant élu sur une liste algérie française tendance gaulliste Soustelle. Le Chevallier (pied noir tendance Ferhat Abbas) est furieux.

Les députés d'algérie unanimes (y compris les plus algérie française) soutiennent De gaulle dans sa déclaration de "paix des braves" que les va- t - en - guerre métropolitains dénoncent.

Une statistique militaire fait le point de la politique des regroupements: Le budget militaire prend en compte outre l'entretien des Harkis, les principaux postes suivants: 42 millions pour les centres de regroupements, 17 pour des travaux de génie, 14 pour l'A.M.G., etc. En bref: l'Armée finance les activités civiles, mais les Harkis en passe de devenir nos soldats les plus efficaces sont cantonnés à un statut de fonctionnaires civils prêtés à l'Armée. En leur refusant l'intégration statutaire dans l'Armée, avait-on déjà l'intention de faciliter plus tard leur largage? On peut espérer que non.

Quoi qu'il en soit, le désordre financier et administratif, l'esquive de décisions cohérentes, atteignait sous le nouveau régime un point tel que la grogne Algérie Française ne se limitait pas à l'Armée : Forestier cite le Contrôleur Général Morin, Directeur du contrôle du budget et du contentieux (note du 27 juillet 1959) : " Il est permis de regretter que le recours [pour examiner la répartition financière des tâches] à un organisme de haute direction politique comme le Comité de Défense puisse être considéré comme insuffisant pour délimiter les tâches communes à remplir en Algérie ...Il est difficile d'admettre, alors que le discours de Constantine a tracé un plan économique et social pour transformer l'Algérie dans les dix ans à venir, que l'on ne puisse organiser la poursuite de la pacification en traçant les lignes d'action des armées dans les domaines non purement militaires.

S'il est vrai que le destin de la France se joue en Algérie, que celle-ci est la clef de la France et de l'Europe, peut-on accepter que l'action des armées et des administrations civiles ne soit pas coordonnée en haut, que les armées parent à toutes les carences, que l'on vive d'expédients et d'improvisations pendant encore plusieurs années? " (Morin cite Debré)

C'est pourtant le Comité de Défense qui avait ratifié les demandes de Challe d'augmentation massive du nombre des troupes supplétives, le Général De gaulle y étant d'ailleurs le seul à balayer les réticences des autres membres du comité pour trancher en faveur des demandes de Challe. (c'était sa condition pour accepter le poste).

Le regroupement des populations:

La politique de regroupement de populations rurales est résultée de plusieurs causes: demandes de protection de populations se réfugiant auprès des postes pour échapper aux exactions rebelles; impératifs opérationnels liés à la reconquête du bled et des populations se traduisant paradoxalement par des "zones interdites" qu'il fallait vider de leurs très rares populations pour y interdire tout parcours. D'où très vite, le classement des regroupements en deux catégories, les provisoires et les définitifs, puis à partir de 1959, la politique des mille villages nouveaux, correspondant à des causes profondes: assurer l'intégration administrative des populations que la dispersion avait maintenues dans un état archaïque; et plus encore la préparation de leur développement social et économique, en viabilisant durablement ceux des regroupements qui pouvaient l'être.

La progression des regroupements à partir de mai 1958:

Le regroupement des populations n'est pas une innovation en Algérie: l'appel à la protection assurée par la proximité de postes militaires remonte au temps des Bureaux arabes. De même, pendant la guerre d'Algérie, les premiers regroupements ont été spontanés, pour peu que les populations aient localement perçu une intention française de réagir à la rébellion. Ainsi se constitue une première série de regroupements. Le mouvement se développe d'abord là où les populations sont le plus exposées, dans le Constantinois où les regroupements sont en majorité volontaires. Mais la progression en nombre des populations regroupées demeure lente jusqu'au 13 mai 1958 : 400.000 regroupés au 1er avril. Une statistique plus tardive du 5e Bureau décomptera au 1er mai 1958, dans 567 centres, 273.000 volontaires pour 163.000 non-volontaires. Les ordres de grandeur restent comparables, le mouvement restant jusqu'alors relativement limité.

Un an après, les effectifs ont doublé; début 1959, Paul Delouvrier, Délégué Général, dont la politique se traduit par : "aucun regroupement sans mon accord" et par la volonté de "n'autoriser que les regroupements absolument nécessaires sur le plan militaire ou résultant de la volonté manifeste des populations", évalue la population regroupée à plus d'un million de personnes.

L'Armée estime aussi de son côté que les effectifs ont doublé en un an: sur 1.135 regroupements, 864 ont été expertisés à la date du 20 juillet 1959; pour 467 un programme définitif de construction est décidé; pour 234 seulement, est prise une décision de principe de suppression dès que la sécurité le permettra; pour les autres, l'expertise se poursuit.

Fin 1960-début 1961, le nombre de centres atteindra 1.881, les personnes regroupées : 1.625.000.

Objectif initial: sécurité des populations et besoins opérationnels:

Pour les populations, le regroupement est le moyen d'échapper aux campagnes F.L.N. d'égorgements; pour l'Armée, un moyen d'asphyxier l'activité rebelle. L'impératif de sécurité accompagne toute opération de regroupement depuis son origine : elle est préparée secrètement, pour éviter toute intervention adverse, puis exécutée très rapidement sous la protection de forces militaires. Le regroupement s'effectue à proximité d'un poste du quadrillage ou d'une S.A.S. Les premières demandes de protection ont d'abord concerné des populations montagnardes. Là étaient également les zones que l'Armée voulait pouvoir interdire aux bandes et aux transits d'armes. Ainsi en Oranie, les regroupements ont-ils touché l'Atlas Tellien. Sans doute les circonstances ont-elles "bousculé" des traditions, des modes de vie, mais aussi un isolement administratif et social, une sclérose économique et ont donc eu "le mérite de constituer la base de départ d'un véritable progrès économique et social".

Les réactions du F.L.N.:

Le F.L.N. est d'autant plus vite conscient du danger que le ralliement d'une population s'accompagne quelquefois de la livraison aux forces françaises des rebelles qui terrorisaient auparavant cette population. Des rapports saisis sur les rebelles des différentes zones de la willaya IV décrivent l'isolement de la rébellion là où des regroupements ont eu lieu; d'après le secrétaire de la zone I, en novembre 1959: "Toute la population était pénétrée et collaborait avec le F.L.N. Actuellement on rencontre des difficultés à avoir des rapports avec cette population regroupée, les entrées d'intendance deviennent difficiles". Dès lors les regroupements deviennent la bête noire des cercles parisiens habitués à s'indigner de toutes méthodes permettant de battre les rebelles. Les centres de regroupements auront donc, dans ces cercles, la même mauvaise presse que l'action psychologique, les troupes indigènes ou les troupes parachutistes. La critique ne freinera pas plus la démarche militaire dans sa politique de regroupements que celle sur la torture n'a empêché la victoire française dans la Bataille d'Alger. Tout au contraire, les commissions d'enquête envoyées inspecter les centres de regroupements conduiront à une analyse objective et des corrections permettant de rendre les regroupements définitifs. De plus l'administration impliquée par ses contrôles commencera à s'intégrer à la politique de pacification en assistant l'Armée dans sa politique de restructuration sociale.

La politique des "Mille Villages":

On est donc naturellement passé aux regroupements nécessaires à une pacification durable, l'objectif étant clairement défini dès 1957 par le Ministre Résidant Lacoste: les regroupements seront de nouveaux centres "dans le cadre de la réforme administrative et de la réforme agraire". Cette réorientation des regroupements permet l'innovation d'une conduite des opérations en double commande: l'Armée conservant un rôle d'impulsion et d'exécution, mais l'administration en assurant le contrôle.

Dès 1958, l'Inspection générale des services civils est chargée d'une enquête détaillée sur l'état des regroupements. Le Délégué Général, Delouvrier, fixe les limites des regroupements et l'axe de leur développement: suspendre sauf autorisation toute création, concentrer les moyens sur les regroupements existant, les viabiliser économiquement. Les secrétaires généraux régionaux reçoivent la charge de faire procéder aux études nécessaires par des groupes de travail itinérants composés d'un officier S,A,S. et de deux techniciens des problèmes de développement rural pris dans les services de 1'Agriculture et des Eaux et Forêts. Les premiers résultats de cette analyse sont fournis par le Général Challe, dans sa synthèse sur le premier semestre 1959. Parallèlement, le commandant en chef baptise l'opération de "Mille Villages", la réorientation en cours, thème qui devient commun aux civils et aux militaires et que reprend le Délégué Général: Tout centre jugé définitif en raison de son caractère incontestable de viabilité économique et sociologique est un des mille villages.

Une nouvelle circulaire du Délégué Généra rend statutaire la politique des Mille Villages, en confiant à la décision des préfets, sur avis de la commission mixte militaro - civile ad hoc du département et après rapport de l'équipe itinérante, le soin de classer "nouveau village" tout regroupement définitif, mais aussi de proposer la dissolution des regroupements provisoires ou la création éventuelle de regroupements.

Les récriminations parisiennes estompées, la prudence du Délégué Général n'interdit plus tout nouveau regroupement.

Les mêmes orientations sont poursuivies jusqu'en 1961. Le Général Crépin qui succède à Challe, est sur ce terrain aussitôt en phase: La politique des regroupements est l'une des pièces maîtresses de la manoeuvre de pacification: ils permettent de mettre en place les nouvelles structures nécessaires à la rénovation de l'Algérie.

A la veille du putsch d'avril 1961, la Défense Nationale répète la même orientation : La politique des regroupements a connu un nouvel essor à partir de mai 60 avec la relance du plan des "mille villages". Il s'agit maintenant, tout en profitant des avantages militaires du système, de remodeler l'Algérie rurale.

Les regroupements contribuent à faire évoluer la conception de l'administration française dont la rigidité s'adaptait mal aux données algériennes: étendue des espaces, dispersion et parfois mobilité des population, analphabétisme. On voit se dessiner, dans le territoire le plus avancé d'Oranie, la doctrine d'une administration légère et sans fixité, dite théorie des pôles d'attraction, les regroupements pouvant servir à "recenser populations et troupeaux, éduquer en scolarisant et en faisant fonctionner les communes nouvelles, soigner les malades, en un mot administrer".

A cette théorie nouvelle de l'administration, répond une transposition militaire, la théorie des groupes de contacts "qui a fait son apparition dans les directives officielles en septembre 1959" et qui est "une sorte de réplique militaire de la théorie des pôles d'attraction." Le groupe de contact, petit détachement d'une dizaine d'hommes comprend autour d'un sous-officier et d'un interprète, un ou deux secrétaires, un infirmier, un instituteur, une équipe de secouriste, le support de l'auto défense.

Servilement copié sur Nicolas Kayanakis, " Algérie 1960, la victoire trahie " Editions Atlantis, ISBN 3-932711-16-5

Kayanakis oublie de souligner que ce développement de villages entraîne un développement économique en algérie dans le secteur travaux publics, bâtiment, partie centrale du plan de Constantine: cimenteries, atelier de préfabrication, entreprises de maçonnerie et de travaux publics, second œuvre.

 

2 Mai 19.59 :

rien.

 

3 Mai 1959 :

Le F.L.N. attaque un groupe de jeunes qui pique-niquaient dans les environs de Constantine, ils tuent deux jeunes gens de 23 ans et une jeune fille de 16, enlèvent sa sœur de 18 ans, qui ne sera jamais retrouvée. "Je me permets de vous apporter une petite précision concernant ce qui s'est passé à CONSTANTINE, le 3 mai 1959. Une camarade de collège - Marie-Josée SERIO - a été enlevée alors qu'elle se trouvait à la sortie de la ville, sur la route du KROUBS, Elle se trouvait alors avec sa petite soeur Hélène en compagnie d'Antoine PINA et Paul SPINATO. Contrairement à ce que vous annoncez, elle fut retrouvée par l'Armée avec un soldat, prisonnier lui aussi, lors d'une embuscade des forces de l'ordre et je crois, tout à fait par hasard, quelques semaines plus tard. Ce fut une grand joie pour tous". Témoignage par internet de Madame Vivienne Ognibene .

Un charnier de 30 cadavres découverts entre Chréa et Tablât, au sud de Blida. D'après les renseignements, il s'agirait de purges internes à la willaya 4.

 

4 Mai 1959 :

Scènes d'émeute à Constantine lors des obsèques des trois jeunes assassinés (et en mémoire de la jeune fille manquante). La foule piétine les portraits du général De gaulle, jette les gerbes déposées par les autorités et fait une conduite de Grenoble au préfet ; le tout au cris A mort De gaulle, traître…

 

5 Mai 19.59 :

 Le cadavre d'un militaire de réserve enlevé huit mois plus tôt découvert près de Tiaret.

 

6 Mai 1959 :

A Saoula, deux conseillers municipaux sont enlevés, torturés et assassinés. La présentation des corps fait preuve d'originalité puisque non seulement, le sexe est présenté dans la bouche de la tête coupée, mais le corps est dénudé, les diverses entailles sont mises en évidence par le fait qu'il est sur le dos, bras et jambes sectionnées lui faisant comme un piédestal. photo d'une presentation analogue.

 

7 Mai 1959 :

 A Bourges, De gaulle assure qu' "un jour viendra où l'algérie sera pacifiée."

 

8 Mai 1959 :

 Rien.

 

9 Mai 1.959 :

Le maire et deux moghaznis de sa garde assassinés à Tadjmount.

Opération dans l'ouarsenis, près de Medea, 51 rebelles, 10 militaires tués.

Explosion dans un marché, 5 morts, 13 blessés.

 

10 mai 1.959:

à Tadjmount le maire, Rabhi Atallah et deux supplétifs sont égorgés.

à Medea, accrochage, dix militaires et 51 rebelles restent sur le terrain.

à Bougie, bombe dans un fondouk, cinq morts, 13 blessés, tous musulmans.

 

11 Mai 1.959:

Fusillades en région parisienne, 6 tués.

 

12 Mai 1.959:

rien

 

13 Mai 1.959:

 Une foule nombreuse, composée en majorité de musulmans, commémore les événements de 58.

 

14 Mai 1.959:

rien

 

15 Mai 1.959:

 à Sidi-bel-Abbés un professeur du lycée enlevé par les rebelles est libéré vivant.

 Un réseau de 14 terroristes arrêté à Lyon.

 

16 Mai 1.959:

rien.

 

17 Mai 1.959:

rien.

 

18 Mai 1.959:

Une bombe cause la mort d'une personne et en blesse 21 autres.

Deux familles musulmanes pro françaises assassinées à Geryville.

Quatre nouveaux villages du Constantinois rejoignent les villages mis en auto-defense.

 

19 Mai 1.959:

en Kabylie, le FLN libère 15 prisonniers, six civils et neufs militaires.

A Saïda, l'ordonnance de Bigeard est assassinée.

A Oued Zenatti, deux gendarmes sont assassinés.

 A Paris, De gaulle gracie huit terroristes condamnés à mort.

 

20 Mai 1.959:

 à Berrouaghia, le gendre du sénateur Tamzali, le docteur Bouderba est retrouvé égorgé.

 

21 Mai 1.959:

Une grenade explose devant le casino municipal d'Alger, un mort, le terroriste, 12 blessés dont un enfant de trois ans.

 

22 Mai 1.959:

 rien.

  

23 Mai 1.959:

à Paris l'avocat du FLN, Ould Aoudia est assassiné dans le quartier de la bourse. Il fait pourtant partie du "collectif" des avocats pro FLN, avec Dumas (futur président du conseil constitutionnel, puis celebre par ses chaussures) Badinter (futur garde des sceaux) Halimi (future vedette des médias) qui sont aimablement relayés par les journaux moraux. Aurait-il failli? Les autres avocats indiquent qu'eux ont reçus des menaces de mort, numérotées de 2 à 8, sans doute Aoudia avait-il la une? Les journaux parlent de la mythique main rouge, présentée comme un organisme d'activistes pied noir, en fait le service action des barbouzes français. D'après Muelle (7 ans de guerre en france, quand le FLN frappait en métropole, ISBN 2-914185-04-9) il s'agirait bien d'une exécution commandée par le gouvernement gaulliste français.

A Douai, deux français musulman et la femme européenne de l'un d'eux sont assassinés par le FLN.

 A Medea, deux conseillers municipaux musulmans sont enlevés et égorgés avec raffinements.

 

24 Mai 1.959:

rien.

 

25 Mai 1.959:

 rien.

 

26 Mai 1.959:

Salah chef F.L.N. de Tlemcen, se rallie et livre 40 terroristes.

 

27 Mai 1.959:

le capitaine Barrés, petit fils de l'écrivain est tué sur le barrage tunisien.

Trois charniers contenant 47 cadavres sont découverts près de Medea et de Mila.

 

28 Mai 1.959:

6 militaires tués et 8 blessés dans une embuscade près de Geryville.

Discours de De gaulle à Saint Etienne. "Il faut donner à la population algérienne l'égalité des droits. Lui permettre de s'exprimer (...) Alors nous verrons apparaître des algériens qui raisonnent avec bon sens et intelligence."

Ce discours étonne car, depuis le 13 Mai 58, la population algérienne a l'égalité des droits. Et il y a quantité d'élus algériens à tous les niveaux. Beaucoup pensent que cette déclaration de De gaulle revient à refuser de discuter avec les élus de 58, et est un appel à la création d'une troisième force.

 

29 Mai 1.959:

 Meyer, chef cantonnier, assassiné aux Issers.

Choucham, commerçant, poignardé à Sidi-bel-Abbés.

Aouizerate, pharmacien est assassiné dans son auto avec son préparateur.

 

30 Mai 1.959:

Elections sénatoriales, huit musulmans ont accepté de se transformer en cible potentielle des terroristes. Ils siégeront au sénat.

 

31 Mai 1.959:

 rien