Mars 1956

 

 

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1 Mars 1956 :

Rien.

 

2 Mars 1956 :

L'indépendance du Maroc (tout de même dans l'interdépendance avec la France) est solennellement proclamée dans une déclaration commune. Mohamed V se ventera plus tard d'avoir payé ceci trés cher à Edgar Faure, pourtnt à cette date, c'st Mollet.

De Gaulle fulmine contre ce lâche abandon, et promet que lui au pouvoir ce serait tout à fait diffèrent.

 

3 Mars 1956 :

Conférence de Soustelle à Paris, il explique que les capitales de la rébellion algérienne sont le Caire, Bagdad et Tripoli..

Hamou Tahar est égorgé sur la route de Sigli, il était gardien de la paix (auxiliaire) il avait refusé de démissionner, il avait reçu la lettre suivante (en français dans le texte) : "l'Armée de libération nationale t'a condamné à mort à cause que tu veux pas déposer ta démission , Hamou Tahar, gardien de la paix auxilière qui est autorisé pour tout ce qui se rattache à l'exercice de ses fonctions à requérir l'aide de la force publique en cas de besoin." photo

 

4 Mars 1956 :

Le Hazzab de la mosquée de Guelma est assassiné.

 

5 Mars 1956 :

Rien.

 

6 Mars 1956 :

200 rebelles attaquent un poste militaire au sud de Bourenne, douar de Khemis, ils perdent dix hommes.

Dans les communes de la banlieue d'Alger, le gouvernement arme des unités auxiliaires. (futurs territoriaux).

A Sidi Moahand, Mouheb, chef religieux, assassiné avec cinq membres de sa famille.

 

7 Mars 1956 :

Le Maroc devient indépendant.

 

8 Mars 1956 :

7 agriculteurs assassinés dans plusieurs fermes de Kabylie, dont 3 femmes (qui ont servi les fells avant d'être éventrées) et un enfant de cinq ans.

5 notables musulmans (caïds, conseillers municipaux) assassinés dans le Constantinois.

Un fermier assassiné à la Calle.

Des tirailleurs (une compagnie du 3/3ème R.T.A.) désertent dans la région de souk-arrhas, à la ferme Degoul, près de Villars, après avoir tué trois officiers les sous officiers qui les encadraient et leurs camarades qui refusent de se joindre à eux. Ils sont poursuivis et éliminés, 60 sont tués. En fait les faits se sont passés le 19 février, mais annoncés seulement ce jour, une fois la bande (80) en grande partie éliminée. Ce type d'événements est tout à fait exceptionnel et sa rareté même suffit à prouver que le mythe soigneusement entretenu du peuple algérien se levant unanime contre l'oppression est un pur mythe entretenu pr les propagandistes F.L.N. Craignant cependant une contagion, le commandmeent déplace les 3ème et 22 ème tirailleurs en métropole, dissoud deux des bataillons, et porte à 40% le pourcentage d'européens dans les tirailleurs.

 

9 Mars 1956 :

La bande qui a assassiné les 7 agriculteurs dans la région de Palestro a été poursuivie et détruite, elle laisse 91 tués, 96 suspects sont arrêtés.

En région parisienne, 10.000 musulmans manifestent, ils étaient armés de fusils de chasse et d'arme blanche, la police arrête 2300 personnes. Ils ont assassiné trois européens au passage, il s'agit du MNA qui veut prouver qu'il existe. Le FLN en deduit qu'il faut accelerer sa disparition.

 

10 Mars 1956 :

11 tonnes d'armes volées (sans doute pour le F.L.N.) au camp des trois fontaines, près de Nancy.

 

11 Mars 1956 :

Bombe dans une ferme à Vialar, dans la chambrée où dorment les soldats qui gardent la ferme, 5 tués.

Challal, marabout du douar Djoua, assassiné.

D'après certaines sources, c'est le 11 Mars qu'a lieu le congrès de la Soumam, j'ai gardé la date plus reconnue du 20 Août.

 

12 Mars 1956 :

Grenade dans un café à Khroubs, 12 blessés.

Embuscade près de Palestro, 5 soldats tués.

Dans divers accrochages, 35 rebelles tués, 25 prisonniers.

Guy Mollet est investi par 455 voix (dont celles du parti communiste) contre 76; il enverra le contingent en algerie.

Les pouvoirs spéciaux sont votés par l'assemblée nationale.

 

13 Mars 1956 :

Accrochage près de Foum Toub, 15 soldats tués, les rebelles laissent 16 morts et 7 prisonniers.

Le FLN fait courir le bruit que le lait destiné aux enfants musulmans donné dans les écoles est empoisonné, on note un retrait des enfants.

Dès la fin du mois de janvier 1956 se dessine un mouvement de départs massifs de travailleurs algériens de la métropole vers l'Algérie. Le 13 mars, le Journal d'Alger fait état de ces retours en en soulignant le caractère définitif. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, cités par le journal, 8576 Algériens auraient regagné l'Afrique du Nord en février 1956, contre 4 127 au cours du même mois de l'année passée. Entre le 1er et le 6 mars, le nombre des départs se serait élevé à 2 177. Le 14 mars 1956, Le Monde signale que " les travailleurs algériens quittent la région du Nord en plus grand nombre. [ ... ] Jusqu'ici, les départs n'étaient qu'isolés; actuellement ils s'opèrent par petits groupes qui semblent obéir à des consignes venues d'Algérie. On se demande s'il ne faut pas voir là l'application d'une méthode de recrutement d'hommes destinés à grossir les rangs des hors-la-loi."

Selon le quotidien parisien, la plupart de ces départs suivraient de près la réception de télégrammes toujours libellés dans les mêmes termes: "Mère malade, rentrez d'urgence en Afrique". R. Villars, dans La Vie française du 23 mars 1956, affirme, lui aussi, que "les départs étaient organisés selon un plan d'ensemble" à la suite de la réception de lettres ou de télégrammes qui ont été adressés parmi les Algériens employés à la construction du barrage de Serre-Ponçon et qui quittent le chantier au rythme de 10 à 15 par jour depuis un mois, tout d'abord aux travailleurs originaires de la région de Tlemcen (début mars), puis à ceux originaires de Sidi Aïch (vers le 10), enfin à ceux de Nedroma et de Marnia (à partir du 20 mars). Cette "instabilité anormale, qui s'est sérieusement accrue depuis le début de l'année 1956" de la main-d'œuvre nord-africaine inquiète le patronat, dans la mesure où elle aggrave encore la pénurie de personnel et désorganise la production. Le manque de personnel devient un thème obsessionnel de la presse patronale. En mai 1956, ce problème est l'objet essentiel du discours que prononce M. Pabanel à l'occasion du banquet annuel de son organisation: "Le déficit [de main-d'œuvre] s'évaluait à près de 25 000 ouvriers spécialisés, il y a quelques mois, et si nous avons déjà pu réduire l'écart par l'immigration, nous devons poursuivre nos efforts dans ce domaine et ceci d'autant plus que nous devons tenir compte du déficit causé par le rappel des disponibles, le maintien du contingent sous les drapeaux et l'exode des Nord-Africains les plus qualifiés." Une enquête réalisée en février, auprès d'entreprises de la région parisienne, employant une nombreuse main-d'œuvre algérienne, confirme l'ampleur et la précipitation de ces démissions et les difficultés qu'elles suscitent dans certains secteurs. À la société Rateau, de La Courneuve, sur 160 Nord-Africains, 17 ont quitté l'entreprise entre le 10 et le 17 février. La Compagnie industrielle et commerciale de robinetterie et accessoires, également de La Courneuve, a enregistré, en un mois et demi, une trentaine de démissions sur les 150 Algériens qu'elle utilise. À la Raffinerie Lebaudy, qui occupe 450 Algériens sur un effectif total de 1 000 personnes, le rythme des départs hebdomadaires a été multiplié par trois ou quatre par rapport à 1955. Toujours selon la même source, "8% des ouvriers nord-africains d'Ivry auraient regagné l'Algérie" au cours du seul mois de février 1956.

Le caractère souvent définitif de ces retours en Algérie semble être attesté par l'importance des mouvements de fonds qui les accompagnent. "Les voyageurs se rendant dans les départements d'Afrique du Nord peuvent, aux guichets de notre institut d'émission, se faire délivrer des billets de banque algériens; les autres établissements financiers s'adressent également à la Banque de France pour obtenir ces mêmes espèces. Or, à Paris, en janvier et février 1956, une très nette augmentation des sorties par rapport aux mois correspondants de l'année précédente a été constatée:

1955 1956

Janvier 1l millions de francs 62 millions de francs

Février 7 millions de francs 190 millions de francs

La très grande majorité des demandeurs sont des travailleurs nord-africains qui regagnent l'Algérie" Le même phénomène est enregistré à Marseille.

Le gouvernement est lui aussi préoccupé par ces retours, d'une part, pour les mêmes raisons économiques que le patronat - une note à G. Mollet insiste notamment sur le fait que "si l'actuel mouvement s'accentuait, il est certain que des difficultés sérieuses se rencontreraient sur le plan proprement économique" mais aussi, parce qu'il ne nourrit aucun doute sur le fait que ces Algériens retournent en Algérie gonfler les effectifs des maquis. Aussi, Robert Lacoste signe-t-il un arrêté réglementant l'entrée des personnes en Algérie, qui vise explicitement à endiguer "le retour massif en Algérie des travailleurs algériens qui viennent grossir le nombre des rebelles". Grâce aux mesures prises, le gouvernement a pu enrayer, pour une part, l'hémorragie, et ce d'autant plus facilement que les envois de troupe monopolisaient les capacités de transport des compagnies de navigation, contraignant ainsi de nombreux Algériens à rester en France contre leur gré. Malgré tout, à la fin de l'année, certains parviennent encore à partir. Le Service de coordination des informations nord-africaines (SCINA), créé à la fin de 1955 et directement rattaché au cabinet du ministère de l'Intérieur, signale le 10 octobre 1956 que "de Forbach [ ... ] le FLN enverrait de pressants ordres de départ pour l'Algérie aux NA résidant dans la Seine et les Ardennes". Le 12, une décision du même ordre est signalée dans la Loire: "La Fédération de France du FLN a donné aux responsables de la Loire les directives suivantes: [ ... ] les jeunes Algériens musulmans résidant en métropole doivent rejoindre l'Algérie par tous les moyens." La synthèse de renseignements du 24 octobre fait état d'un "important départ de NA [ ... ] depuis quelque temps dans le secteur de Fréjus". De nombreux travailleurs algériens obtiennent, en effet, des autorisations pour aller passer leur congé en Algérie où "la plupart restent à l'expiration de ces congés. C'est ainsi que sur les 134 bénéficiaires d'autorisations délivrées, 17 seulement sont revenus." Enfin, la décision de R. Lacoste "ne résout qu'une partie du problème car elle n'a aucune influence sur les arrivées de travailleurs dans la métropole".

Ainsi, contrairement à ce qu'on aurait pu croire, les jeunes Algériens ne sont pas venus combler les vides, laissés sur le marché du travail, par la mobilisation des jeunes travailleurs métropolitains. Si, malgré tout, l'économie française n'en fut guère affectée - la production intérieure brute croît de 9,97% en 1956 et de 11,97% l'année suivante - c'est que d'autres facteurs de compensation ont joué: introduction de main-d'œuvre étrangère, recours accru à la main-d'œuvre féminine, maintien en activité de personnel âgé, allongement de la durée du travail, quasi-disparition du chômage. En outre, les entreprises qui se sont astreintes à de vigoureux efforts d'investissement ont réalisé d'importants gains de productivité.

Daniel Lefeuvre Chère Algérie, ISBN2-08-210501-6

Une hypothése que personne n'examine serait que, destabilisés par les pressions concurrentes du FLN et du MNA, les jeunes algériens rentrent au pays le temps de voir venir.

 

14 Mars 1956 :

Synthése du colonel Schoen:

Les signes précurseurs n'ont pas manqué, mais on ne les a pas pris au sérieux. "La sonnette d'alarme" a été tirée à peu près trois fois par mois du 1er janvier au 31 octobre. La création du C.R.U.A. a été signalée le 15 avril, puis ses intentions et le nom de ses chefs, avec des détails sur chacun d'eux, tout cela en vain.

Un avertissement précis, quelques semaines avant la Toussaint, n'a rencontré aucune audience. On s'est préoccupé seulement en haut lieu, de prévenir, dans l'Est Constantinois, les infiltrations de fellaghas tunisiens.

Les attentats du 1er novembre 1954 sont le fait des seuls membres du C.R.U.A.. Plus spectaculaires qu'efficaces, ils constituent surtout un signal, un appel à l'action destiné aux extrémistes de toutes tendances. On ne s'en rend pas compte, et l'on pense surtout, d'abord, à réduire la rébellion dans l'Aurès. On fait venir des renforts, on met en jeu de gros bataillons qui n'obtiennent guère de résultats.

 De mois en mois, la situation se dégrade. Nos pertes mensuelles en tués s'élèvent progressivement de 30 en novembre 1954 à 285 en janvier 1956 (forces de l'ordre: 94 civils européens: 8, civils musulmans: 183). Sans doute celles de l'adversaire sont-elles plus fortes que les nôtres (525 tués en janvier 1956), mais les hommes que nous abattons sont souvent de simples comparses: en effet, les armes que nous récupérons au combat sont presque toujours moins nombreuses que les cadavres: 286 en janvier 1956 (néanmoins la situation à cet égard s'améliore depuis quelques semaines). Militairement, ces pertes sont encore relativement faibles par comparaison avec celles de la guerre d'Indochine ou de la guerre du Rif en 1925-26.

Les rebelles abattent en effet beaucoup plus leurs coreligionnaires civils (quelque 1600 en 15 mois) que des militaires. Mais ce sont nos amis et nos fonctionnaires (caïds, gardes champêtres, informateurs, etc.) qui disparaissent ainsi, ce qui, en un sens est pire. L'insurrection s'étend aux Némenchas (février 1955), à la région de Condé Smendou, à l'Est Constantinois, à la Grande Kabylie (printemps 1955), à l'ensemble du Nord Constantinois (août), à la petite Kabylie (septembre), à l'Ouest Oranais (octobre). Des infiltrations menacent actuellement le Hodna, l'Atlas Blidéen, l'arrondissement d'Aumale, le Sud Oranais. Aujourd'hui, le tiers de l'Algérie du nord est atteint.

L'effectif total des rebelles "actifs" (sans compter les ravitailleurs, valets d'armes, espions, commissaires politiques, etc.) est évalué à quelques centaines en fin 1954, à 3 ou 4.000 au printemps 1955 ; actuellement entre 5 et 10.000.

Simultanément, le terrorisme fait son apparition dans les villes, surtout sur la personne des Musulmans loyalistes ou auxiliaires de l'Administration.

 Les réactions de nos troupes sont parfois excessives et maladroites. Un fossé se creuse entre les deux populations.

A l'automne 1955, on annonce la constitution d'un commandement unique entre les rebelles du Maroc et d'Algérie. Les hommes ne leur manquent pas, ni l'argent (tous les riches Musulmans sont taxés, et certains Européens).

Les bandes s'accroissent: aussi bien en nombre (en Kabylie, elles auraient triplé depuis l'automne) qu'en effectifs (dans l'Aurès, les bandes, de 10 à 20 hommes au début, atteignent parfois maintenant 150 hommes).

Leur armement est en progrès, par prises, contrebande, ou désertions. Les rebelles auraient maintenant une trentaine de fusils mitrailleurs (par endroits, ils commencent à les utiliser contre nos avions).

Le nombre des désertions devient angoissant: elles se multiplient depuis l'été 1955: 9 en juin, 58 en septembre, 112 en décembre, 150 en janvier (il ne s'agit que des seuls réguliers: les désertions dans les harkas ont été plus nombreuses). Le 19 février, en Oranie, 80 tirailleurs du 50ème B.T.A. passent à l'ennemi et nous tuent une dizaine d'hommes (plusieurs classes de militaires musulmans sont alors démobilisées en Oranie).

Lors de la récente incorporation du contingent, on a compté dans l'Algérois 65% de défections (au lieu de 12% en temps normal). Nos troupes indigènes ne sont plus sûres. Sabotages et destructions se multiplient de mois en mois (1000 en décembre 1954, 1500 en janvier 1956) et se perfectionnent (utilisation plus courante d'explosifs).

Les attaques d'automobiles et de cars sont d'une vingtaine par mois en été 1955, d'une cinquantaine en automne. On en compte 86 en janvier 1956. Même progression quant au sabotage de voies ferrées: une demi-douzaine par mois en été 1955, 13 par mois en automne, 27 en décembre, 36 en janvier. Nous comptons chaque mois plusieurs déraillements. Le 26 janvier, un train déraillé est ensuite mitraillé (12 blessés). Certaines coupures ont demandé plusieurs jours de réparation avant que le trafic ait pu reprendre. Les trains sont systématiquement mitraillés dans certains secteurs.

Le nombre mensuel de poteaux télégraphiques abattus passe de 300 au printemps 1955 à 700 en été, 2000 en automne, 3000 en décembre, plus de 6000 en janvier. Les coupures de conduites d'eau passent de 2 ou 3 par mois à 7 en décembre, 12 en janvier.

Les destructions se multiplient dans le Constantinois (le nombre de fermes européennes détruites dépasse 300, sur un total de 1500 que compte ce département). Les colons se découragent ou abandonnent. Ceux qui cherchent à vendre ne trouvent pas preneur.

L'audace des rebelles ne connaît plus de borne.

Ils s'attaquent à la perception de Fort-National pour s'y emparer d'argent, ils rendent un phare inutilisable. On leur prête l'intention, dans l'Ouest Oranais, de s'emparer d'un petit port, et d'empoisonner les puits. Les récents désordres d'Oran et de Tlemcen montrent que nous ne sommes pas non plus à l'abri de troubles dans les villes.

Les Musulmans restés fidèles se terrent ou prennent la fuite. La vie économique est gravement atteinte.

De plus en plus nombreux sont les douars en état de dissidence complète, sans caïd, sans garde-champêtre, sans djemaa ; dans lesquels les rebelles installent leur administration propre. Dans des régions entières, on ne circule plus que de jour, et en convoi. La nuit, les rebelles sont les maîtres.

Notre armée se révèle trop peu nombreuse et inadaptée. Notre système juridique et administratif trop lourd.

 

15 Mars 1956 :

Un commando FLN attaque le camp du 541 ème bataillon de l'air, au douar Zeglou, près de Tlemcen, un soldat tué.

 

16 Mars 1956 :

Couvre feu partiel à Alger, la circulation automobile est interdite la nuit.

Loi sur les pouvoirs en algérie, elle stipule "Le gouvernement disposera des pouvoirs les plus étendus pour prendre toute mesure (...) Lorsque les mesures prises auront pour effet de modifier la législation, elles seront arrêtées par décret pris en conseil des ministres. "

Ça revient à suspendre l'état de droit et à remettre tous les pouvoirs au gouvernement (qui les refilera aussi sec à l'armée).

La premiére partie de la loi, la moins connue, autorisait un programme d'expansion économique et de réforme administrative, en particulier en matiére de reforme fonciére.

La loi est votée par 456 voix (y compris communistes) contre 76. Ce vote communiste est systematiquement passé sous silence dans la présentation actuelle de l'histoire de la guerre d'algérie.

 

17 Mars 1956 :

Le ministre des armées, Bourgés Maunoury déclare " (…) la nation prend chaque jour plus nettement conscience que la perte de l'algérie, qui entraînerait la perte de tout l'empire français représenterait son irrémédiable décadence (…) "

Bien vu.

Le chef de la willaya 1, Ben Boulaid, un des "historiques" se fait sauter en manipulant un poste de radio piégé parachuté par les services français. Ben Boulaid était au congrès de la Soummam, il a créé la willaya 1 (Aurès), il a été arrêté le 11 février 55, condamné à mort, il s'est évadé grâce à des complicités le 4 Novembre de la prison de Constantine. L'explosion du poste est l'aboutissement d'un processus monté par le G.L.I., déguisé pour l'occasion en unité de. secteur . Après avoir localisé Benboulaïd, s'être assuré qu'il disposant d'electricité dans son bled (et lui seul) au cours d'une opération bidon le poste de radio semble s'accrocher à la roulette de queue. L'avion fait des efforts pour s'en debarasser et y arrive enfin ... au dessus du PC de Ben Boulaïd...

  

18 Mars 1956 :

Bilan du jour, 30 rebelles tués.

 

19 Mars 1956 :

Monsieur le président de l'assemblée algérienne, Salah Abdelkader, ayant reçu des menaces de mort, démissionne de son poste.

 Grève des français d'origine algérienne dans le Nord (19000 sont recensés) émeute à Roubaix où des cafés sont saccagés, un mort.

 

20 Mars 1956 :

La Tunisie devient indépendante.

L'ambassadeur des Etats unis en France, Dillon déclare : " La France peut compter sur l'appui total des états unis en algérie (…) les états unis condamnent le terrorisme aveugle et les influences extérieures (…) "

 

21 Mars 1956 :

Eisenhower confirme les forte paroles de son ambassadeur, et apporte un soutien sans réserve à l'action de la France en algérie.

15 cadavres de musulmans pro-français découverts égorgés près de Seddouk.

L'armée signale des combats sévères entre FLN et MNA.

Un propriétaire de café assassiné à Fort National.

Sur un marché d'un douar près de Chevreul, six personnes de la même famille (Beni Abylés) sont assassinés par le FLN.

Depuis le début de la rébellion, (17 mois) 120 écoles ont été détruites par le FLN (qui veut remplacer la culture française par la culture islamique), et 500 ont dû être fermées pour cause d'insécurité.

A Damas, la presse et les médias se déchaînent contre la France. On voit apparaître les désinformations qui sont depuis devenues des faits avérés (les 50.000 morts de Sétif, les tortures, les parachutistes violeurs et toutes ces sortes de choses…)

 

22 Mars 1956 :

Accrochage sur les confins sud tunisiens, une bande rebelle qui tente de s'infiltrer est accrochée, 70 tués coté rebelles, 23 prisonniers.

Loi votée, interdisant les importations d'arme en algérie.

 

23 Mars 1956 :

 Manifestation de loyalisme près de Palestro, 5000 hommes jurent serment de fidélité à la France, et sont armés en auto défense.

 Nouvelle grève dans le nord, incidents à Lille, (300 arrestations), pillages à Roubaix.

 

 24 Mars 1956 :

Lettre à un caïd :

" Armée de libération nationale,

Etat major de guerre

Cher Caïd, par ordre de l'Armée de Libération nationale, je tiens à vous annoncer que votre tête sera tranchée. Je vous jure, vous ne m'échapperez jamais, même si vous partiez au bout du monde. Vous rapportez tout ce qui se passe à l'administration. Je me marierai avec ta femme, mais pour échapper à la mort, vous avez un délai de cinq jours pour démissionner. Au revoir, sale tête.

Signé du commissaire politique. "

 

25 Mars 1956 :

Quatre communistes arrêtés à Alger dont un inspecteur de l'enregistrement.

Lors de sérieux accrochages en Kabylie, un hélicoptère sanitaire se pose près des blessés, mais le tir des rebelles empêche l'évacuation. Ce n'est que le soir que, les rebelles ayant décroché les blessés purent être arrimés à l'hélico, mais entre temps la nuit était tombée et le brouillard aussi. Le pilote, pied noir de Sétif, qui a eu largement le temps de se mettre la configuration des pitons tout autour décolle quand même et sauve quatre vies.

Decouverte d'un vaste gisement de pétrole, proche de la frontiére tunisienne.

 

26 Mars 1956 :

Un agriculteur assassiné près de Maillot.

D'après des sources militaires, des batailles importantes sont en cours entre diverses factions des rebelles.

Un decret paru le 28 au JO crée la CAPER, organisme chargé de la réforme agraire en Algérie. La CAPER peut nationaliser les propriétes supérieures à 1000 hectares, lorsque ces biens avaient été vendus par l'état. En Octobre les terres de la Compagnie algérienne et celles de la compagnie genevoise en février 1957, celles de la société des fermes françaises de Tunisie (leur propriété de Bône) Au total 80000 hectares sont recupérés, tous dans la plaines cerealiéres du constantinois. Les actionnaires (dispersés) de ces compagnies ne sont pas mecontents de fuir une zone de trouble.

 

27 Mars 1956 :

Cheikh Hadj Mouhab, chef de zaouia, chef religieux, vénéré dans toute la Kabylie est égorgé avec cinq membres de sa famille, devant les habitants de Tifrit N'Aït ou Malek, lors d'une petite cérémonie organisée par le FLN.

Lors d'un accrochage dans la région de Collo entre un commando de la marine et des rebelles, pour la première fois, l'artillerie de marine (le croiseur georges leygues ) tire sur les rebelles.

Embuscade, un lieutenant et sept hommes tués, 18 rebelles abattus dans l'opération de poursuite lancée immédiatement.

Une famille complète (dont un bébé de 18 mois) assassinés par les rebelles dans un douar de Kabylie, pour crime d'amitié pro française.

 

28 Mars 1956 :

Rien.

 

29 Mars 1956 :

Au cours de plusieurs embuscades, 7 militaires français sont tués.

Enlèvement du médecin militaire Guillemont, alors qu'il se rendait seul en consultation dans un douar.

La SAS de sidi-djillali a été livrée aux rebelles par une trahison, le chef de sas est tué, le médecin militaire et cinq sous officiers musulmans sont torturés au fer rouge et à l'huile bouillante, puis égorgés.

 

30 Mars 1956 :

Grève à Lyon de 7000 ouvriers originaires d'Afrique du nord.

Un commissaire de police assassiné en pleine rue à Constantine.

 

31 Mars 1956 :

 Messali Hadj, le chef du MNA est transféré à Belle Isle en Mer où sa sécurité semble devoir être mieux assurée.

Le ministre des affaires étrangères, Pineau proteste auprès de la Syrie et du Liban pour leur soutien aux rebelles algériens.

Un commandant d'une unité territoriale (composée de pieds noirs mobilisés sur place), président de Rhin et Danube, assassiné de cinq coups de couteau à l'Alma.

 

Bagarres à Longwy entre gréviste F.L.N. et service d'ordre, 3 policiers blessés, 150 arrestations