Novembre 1960

 

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1 Novembre 1.960:

Le vice président de la chambre de commerce de Sétif assassiné d'une balle dans le dos.

Deux grenades, toujours à Sétif, dix blessés.

Bombe dans la foule à Constantine, 29 blessés.

Expulsion en france de 13 français d'algérie, dont Cerdan, aveugle de guerre, président des anciens combattants. On notera qu'en même temps que l'on expulse sur la france les partisans de l'algérie française, on expulse sur l'algérie les partisans de l'algérie indépendante. On notera aussi que si les algériens expulsés de France ont un accueil, il n'en est pas de même pour les pieds noirs expulsés d'algérie, qui en général se retrouvent sur le pavé sans rien, avec leurs familles également sans rien et laissées en algérie dans l'ambiance terroriste de l'époque.

 Colloque de Vincennes , réunion des partisans de l'algérie française. Le maréchal Juin s'engage du coté des partisans de l'algérie française.

Ouverture du procès des Barricades, devant la juridiction spécialement mise en place pour l'occasion (le tribunal des forces armées) les accusés comportent trois députés, un militaire d'active (le colonel Gardes), deux militaires de réserve (des unités territoriales) un professeur d'université, le président de l'union des étudiants, le directeur du plus grand journal d'Alger, (il était de tous les procès coté accusé, les gaullistes voulaient lui piquer son journal, Sérigny n'a jamais accepté de le vendre) un médecin, un avocat, de nombreux présidents de mouvements d'opinion divers mais tous algérie française, un cafetier. Pas un seul "colon".

Pendant ce temps un commando FLN mitraille en gare de Pantin huit musulmans et en tue quatre. (des harkis).

 

2 Novembre 1.960:

L'offensive Boumedienne sur le barrage n'a pas eu lieu. Averti des intentions de Boumedienne, les français ont monté une vaste opération de dissuasion : parachutage de tracts montrant aux djounouds ce qui est arrivé l'an passé à leurs anciens, présence de troupes le long du barrage, rumeurs d'opérations à l'intérieur de la Tunisie. Le second bureau d'Alger avertit en confidence l'ambassade de france en Tunisie de cette éventualité, tout le monde est au courant, De gaulle demande à Crepin ce qu'il en est, Crepin nie tout, de Gaulle nie aussi de façon la plus officielle, le F.L.N. en déduit que l'opération est imminente, annule son attaque et retire ses troupes dans l'intérieur de la Tunisie.

 

3 Novembre 1.960:

A Pantin, le FLN attaque le MNA, 4 tués, 4 blessés. Le MNA qui a encore des ressources, riposte le 5, et le 11, 12 tués, 4 blessés.

 

4 Novembre 1.960:

Discours de De gaulle, il envisage d'être mis en minorité à l'assemblée par une coalition gauche - algérie française et annonce que dans ce cas il dissoudrait l'assemblée, recourrait au référendum et prendrait des pouvoirs exceptionnels, non mais.

Indique aussi que la pacification est tellement en bonne voie qu'il envisage une trêve unilatérale (compromis à la demande du F.L.N. de voir l'armée française partir avant toute négociation). Enfin il a ces mots sublimes: "ayant repris la tête de la france, j'ai comme on le sait, décidé en son nom de suivre un chemin nouveau. Ce chemin conduit "à une algérie algérienne. Cela veut dire (qu'elle) aura son gouvernement, ses institutions et ses lois".

Avec le F.L.N., ils sont maintenant deux à reécrire l'histoire, en 1.958 personne s'était aperçu de sa décision, sans doute même pas lui.

Aussi pour tenir attentiste les attentistes "nous prendrons toute mesure nécessaire pour sauvegarder, d'une part ceux des algériens qui voudraient devenir français, d'autre part nos propres intérêts". Sic transit.

Sur le référendum de l'auto détermination "j'ai invité les observateurs du monde entier à assister s'ils le désirent"

personne ne viendra le 1 Juillet 62, le F.L.N. se méfiait et a annulé cette invitation.

Pour calmer la révolte qui gronde, quelques promesses non tenues: "Les dirigeants du FLN prétendent ne faire cesser les meurtres que si, au préalable, eux seuls ont fixé avec nous les conditions du futur référendum ... comme s'ils étaient les représentants de l'Algérie tout entière. Tout se passerait donc comme s'ils étaient désignés d'avance, et désignés par moi-même, comme les gouvernants de l'Algérie ... Dès lors leur arrivée à Alger, dans de pareilles conditions, ferait de l'autodétermination une formalité dérisoire qui, même s'ils ne le voulaient pas, jetterait le territoire dans un chaos épouvantable".

Prophétique.

 Ce discours convaint les derniers hésitants que l'issue, la remise de l'algerie au FLN, est décidée. En particulier Challe démissionne de son poste à l'OTAN, et le patron des administratifs d'algérie,Jacomet, aussi. Jacomet sera poursuivi de la fureur des gaullistes qui, pour empêcher d'autres démissions l'empêchèrent par des pressions successives de demeurer dans les emplois qu'il trouvait.

 On rappelle les étapes de l'évolution gaulliste: Juin 1958: "Français à part entière... terre française aujourd'hui et pour toujours... Vive l'Algérie française!" Octobre 1958: la "paix des braves". Septembre 1959: l'autodétermination à trois branches, la sécession condamnée. Janvier 1960: "la solution la plus française". Mars 1960: la "francisation" est écartée, l'Algérie sera "algérienne". Juillet 1960: l'Algérie aura son gouvernement. Novembre 1960: elle sera un État. Avril 1961: cet État sera indépendant. Décembre 1961: en tout état de cause, on "dégage" et on s'en va! 4 Septembre 1963, pour féliciter Ben Bella de son "élection" à la présidence de la république algérienne : "je vous adresse mes félicitations et forme des voeux pour votre bonheur personnel, le succès de votre mission ainsi que pour l'heureux avenir du peuple algérien car cette indépendance nous l'avons voulue et aidée."

 

5 Novembre 1.960:

 Rien.

 

6 Novembre 1.960:

Les milieux algérie française sont catastrophé par le discours de De gaulle, rares étaient ceux qui pensaient qu'il irait si loin.

 

7 Novembre 1.960:

Monsieur Jacomet, le plus haut fonctionnaire non politique en Algérie remet sa démission ainsi qu'une quantité considérable de hauts fonctionnaires, en réaction au discours de De gaulle annonçant l'indépendance souhaitée. La démission de Jacomet est acceptée, les autres sont refusées. Chaque fois que Jacomet trouvera un job en france, des interventions politiques gaullistes auront lieu ouvertement, de façon à ce que les fonctionnaires sachent bien qu'ils n'ont que le choix d'obéir ou de crever de faim...

Le directeur de l'information du rocher noir, Coup de Frejac indique aux français d'algérie que leur nationalité sera précisée ultérieurement, ceci afin de rassurer ceux qui avaient compris qu'ils seraient algérien ou la valise.

Assassinat à Mostaganem, à quelques jours du défilé du 11 Novembre du porte drapeau des anciens combattants, monsieur Rhamouni Lakdar. C'est le huitième à donner sa vie pour cet honneur. Son successeur blessé le 16 janvier 1961 sera rapatrié, monsieur Lakdar est le dernier de la longue série des morts.

Grenade dans un café de Baudens, 7 blessés.

Grenades dans deux cafés de Lille, 5 blessés.

 

8 Novembre 1.960:

Manifestation de rue à Alger, la foule crie "De gaulle au poteau", "De gaulle en haute cour", De gaulle assassin".

 

9 Novembre 1.960:

Pour le punir d'avoir démissionné, Jacomet est par décret pris en conseil des ministres révoqué de ses fonctions de maître des requêtes du conseil d'état, une mesure jamais prise avant et jamais non plus après.

Le premier adjoint musulman de Chanzy, assassiné.

 

10 Novembre 1.960:

Fusillade à Epinay entre musulmans, 7 tués.

 

11 Novembre 1.960:

Violente bagarres à Alger entre musulmans et CRS.

Plastic devant la résidence de Delouvrier à Alger.

Commando dans un café, le propriétaire, conseiller municipal est tué, ainsi que trois consommateurs (dont deux musulmans), deux blessés graves.

Un adjoint musulman au maire de Beni Smiel assassiné.

Le 13 novembre 1960, des fellagha se sont introduits par les fenêtres sans défense de ma maison, y ont répandu de l'essence et mis le feu. Ainsi a disparu dans un cruel autodafé le bureau du Maréchal Clauzel et, du moins, j'ai la satisfaction de savoir que, suivant le vœu de notre parente, Julia Sauzède, seuls les bras et la plume d'honnêtes hommes y ont pris appui. Il s’agissait du petit (145 x 75 cms) mais superbe (en acajou massif importé du brésil rouge) bureau utilisé lors de la conquête de l’Algérie par le maréchal Clauzel, conservé dans la famille de son secrétaire, et dont l’histoire sert de fil directeur à l’histoire de l’Oranie de 1831 à 1871 dans l’excellent livre de geneviéve de Ternant (ISBN 978-2-35517-0003)

 Manifestation anti gaulliste sur les Champs Elysées lors du défilé, 5 inculpés.

 

12 Novembre 1.960:

Rien.

 

13 Novembre 1.960:

Rien

 

14 Novembre 1.960:

Delouvrier, délégué général à Paris. Mesmer, ministre des armés et Ely, chef d'état major à Alger.

Onze légionnaires tués.

Grenade dans un bureau d'allocations familiales à Sétif, 5 blessés.

 Un gardien de la paix assassiné à Faucigny

Nassi Djoudi, stagiaire à la FPA (les harkis de Paris), assassiné .boulevard Garibaldi

 

15 Novembre 1.960:

 Lagaillarde, député d'Alger, impliqué dans l'affaire des "barricades" remis en liberté provisoire.

Un sous officier de police assassiné par le F.L.N. à Nanterre.

Jouhaud qui vient d'être rendu à la vie civile, reçoit la visite d'émissaires des gaulliste (Frey, Debré, Foccard) qui lui demandent, compte tenu de son image en algérie, de créer un mouvement pied noir en faveur d'une algérie indépendante. Jouhaud n'est pas chaud, pense à une provocation, imagine que ça permettrait de dégager la france de l'algérie, les pieds noirs étant livrés sans soutien à la fureur FLN, et demande à réfléchir.

 

16 Novembre 1.960:

De Gaulle annonce que le référendum sur l'autodétermination aura lieu en janvier, foulant une fois de plus ses propres promesses qui disaient que ce référendum aurait lieu quand les armes seront au vestiaire et que les couteaux se seront tus.

Jouhaud, qui a été embauché par un groupe industriel qui ne dépend pas des commandes de l'état (d'autres groupes ont eu des pressions du gouvernement pour ne pas l'embaucher) s'installe à Alger, il est immédiatement appelé au téléphone par Delouvrier qui lui indique que s'il prend la moindre parole publique il le ferait expulser comme il a fait expulser Salan.

 

17 Novembre 1.960:

Rien

 

18 Novembre 1.960:

Le FLN refuse le référendum pour l'auto détermination, il craint que le résultat soit oui en france et non en algérie. De gaulle lui donnera satisfaction en ne faisant pas voter les français d'algérie, sous prétexte d'insécurité, alors même qu'il y a à cette période bien plus d'attentats en métropole qu'en algérie.

Arrestation du maire européen du Telagh, accusé d'apporter de l'aide matérielle au FLN.

Une femme poignardée à Mostaganem.

 

19 Novembre 1.960:

685 membres du F.L.N. sont libérés des centres d'internement.

Au fur et à mesure qu'avance le procès des "barricades", les juges remettent en liberté provisoire des accusés, après Lagaillarde, et Demarquet, députés, c'est le docteur Perez, Susini et Ronda (futur délégué aux rapatriés du gouvernement Juppé) qui sont ainsi élargis. L'accusation en effet ne tient pas la route, toutes ces personnes sont accusées sur la base d'opinions et non de faits. De plus le témoignage d'officiers parachutistes en particulier du capitaine la Bourdonnais prouve que l'essentiel des morts parmi les gendarmes est dû à deux fusils mitrailleurs servis par deux CRS en haut du forum, mal réglés et qui tiraient dans le dos des gendarmes en croyant tirer sur les pieeds noirs par dessus la tête des gardes mobiles... Le procés se terminera pas un acquitement général, dans le silence des médias.

 

20 Novembre 1.960:

 Renforcés d'une nouvelle compagnie, ayant repris le contrôle du 13 ème arrondissement, les harkis s'installent dans le 18ème arrondissement, au 25 et 29 rue de la goutte d'or. Ils sont immédiatement attaqués par un commando F.L.N. de bienvenue.

Avertis de ce qui allait arriver par certains des leurs infiltrés dans l'organisation FLN, les harkis ripostent en tuent un, en capturent quatre (deux blessés et deux qui se rendent, nouveau signe de baisse de moral chez le FLN).

Il y a un blessé harki et un mort, un voisin sorti à sa fenêtre voir ce qui se passait.

 

  21 Novembre 1.960:

Joxe est nommé ministre d'état, chargé des affaires algériennes. Son action, sectaire et violente, sera particulièrement sanglante.

Le Bulgaria, pavillon bulgare, décharge 1.300 tonnes d'armes à Tanger. Les services français de renseignements avaient parfaitement suivi l'affaire, mais le gouvernement n'a pas souhaité intervenir.

De même, les services français connaissent parfaitement les horaires et la nature des convois d'arme qui, de Tripoli gagnent Tunis par la route côtière. Ils suggèrent une intervention de commando, le gouvernement la confie au S.D.C.E. le sous marin s'empêtre dans des filets de pécheur, l'action ne sera jamais reprise.

 

22 Novembre 1.960:

Au procès des "barricades" Alain de Sérigny, P.D.G. du journal l'écho d'Alger révèle avoir en novembre 58 prêté 10 millions aux gaullistes pour leur campagne électorale. Qui ne seront jamais rendus.

 Le FLN abat dans un café de Limeil Brevannes, près de Versailles, deux personnes.

 

23 Novembre 1.960:

Morin remplace Delouvrier comme délégué général en algérie. Il mettra beaucoup d'allant à sa tache de liquidateur, mais pas encore assez car il sera pour la mise à mort de l'algérie française remplacé par Fouchet. Les délégués en algérie de De gaulle ne durent qu'un an et demi en moyenne, le temps d'abandonner leurs idées préconçues, de constater la réalité de la situation, de regretter ce qu'ils ont fait sans se rendre compte de l'impact, de commencer à respectueusement placer quelques objections, et hop ils sont remplacés.

Du temps de la quatrième nous appelions ça virer sa cuti (comme la tuberculose, les anciens me comprendront) pour la cinquième on vire ceux qui rétiffent, jusqu'à la cata finale.

Louis Joxe est nommé ministre d'état, chargé des affaires algériennes, il réside à Paris. Il est le grand maître de la politique algérienne. Le front de l'Algérie française, mouvement fort de 600.000 adhérents, en grande majorité musulmans (dans une algérie de 11 millions de personnes, dont plus de la moitié d'enfants) présidé par le bachaga Boualem, vice président de l'assemblée nationale déclare ne pas comprendre la création d'un ministère de l'algérie, fut-il ministre d'état, retour aux errements coloniaux et refus de l'intégration. Ces nominations confirment la volonté de De gaulle d'écarter le premier ministre Debré des affaires algériennes.

 

24 Novembre 1.960:

Dans la nuit du 23 au 24 novembre 1960, la ferme expérimentale du marais des Ouled Mendil, de l'Institut Pasteur d'Algérie, chère aux professeurs Etienne et Edmond Sergent. a été incendiée, saccagée. Les terroristes du FL.N. sont passés, rien n'a été respecté: bâtiments, matériels agricoles détruits, animaux (chevaux, boeufs, moutons,...) égorgés.

C'était en Mai 1.911, le docteur Roux, directeur de l'institut Pasteur visitait l'institut pasteur d'Alger, dirigé par les frères Sergent, et s'informait des résultats obtenus dans la lutte contre le paludisme. Longeant la Mitidja, Roux vit une ferme abandonnée par des colons, victimes de la terrible maladie. ROUX est resté songeur un long moment, puis il dit: "voici ce qu'il faut faire: cherchez un domaine que le paludisme a rendu inhabitable et qui, par la suite, est resté inculte. Il doit être situé près d'Alger pour être facilement surveillé. Je vous fournirai les moyens de l'acquérir. Vous y placerez des cultivateurs indemnes de fièvre. Vous protégerez les hommes et vous assainirez le sol par les méthodes prophylactiques que vous avez expérimenté. Vous montrerez ainsi par l'exemple que l'on peut, en prenant des mesures rationnelles, échapper au paludisme, vivre, fonder une famille, produire des récoltes sur une terre restée jusque là vide à cause de son insalubrité. Que votre expérience soit une leçon vivante! Le fait à plus de vertu démonstrative que le précepte. Que la preuve éclate, de la possibilité d'un assainissement sans risques, rapide et définitif. " A 12 kilomètres d'Alger sur la commune de Birtouta, le marais des Ouled Mendil, acquis par l'Institut Pasteur, servit donc de champ d'expérience. En quelques années, cette terre pestilentielle, source de mort, sera débarrassée du paludisme qui la rendait inhabitable et improductive.

La première partie du livre: "Le marais sauvage" des frères Sergent raconte la formation de la Mitidja: les eaux, la flore, la faune, dans l'histoire ancienne, médiévale et moderne. Les ravages du paludisme semblaient condamner tout établissement définitif dans cette plaine fétide. L'arrivée de la France marqua la résurrection de l' "immense cloaque" au prix de sacrifices sans bornes. Sous l'impulsion du Général Voirol, les premiers dessèchements furent entrepris avec une énergie opiniâtre. Dans le même temps, grâce aux travaux et aux découvertes de Pelletier et Caventou, de Maillot et de Lavéran, le sulfate de quinine prouva son efficacité et sauva la colonisation.

Le "Marais humanisé " titre la seconde partie. Sur les 360 hectares du Domaine, Edmond et Etienne Sergent montrent le sol façonné, les eaux drainées et évacuées. Dans l'attaque directe contre le marais, ils reprirent le procédé de colmatage décrit par Léonard de Vinci et qui consiste à combler et dessécher étangs et marais en y conduisant les eaux chargées de terre. L'Oued Terro fut ainsi domestiqué et déposa ses alluvions là où on lui commandait de le faire. Le marais rendu inhabitable aux larves de moustiques, les travaux achevés et les boisements accomplis (44.057 arbres de 25 espèces), les premières familles purent s'installer.

La France avait repris la tradition romaine. Un succès complet couronnera l'oeuvre d'art entreprise et réalisée. Une parcelle de 2.500 mètres carrés, telle que nous l'avions trouvée en 1830 fut conservée. Gravée dans le marbre, une inscription indique qu'elle constitue le "Témoin de l'oeuvre française." Après la construction d'une première ferme sur le Domaine, il fut décidé d'en construire une seconde à cinq kilomètres de là. Les frères Sergent, reçurent la visite d'un voisin, un modeste fellah inconnu. "Je m'appelle Brahim Kachouane. J'ai appris que vous cherchiez un chemin pour desservir une ferme. Vous pouvez passer sur mon terrain "Le fellah refusa fermement toute indemnité pour ce don à la Station expérimentale. Grâce à ce chemin, qui fut nommé Kachouane, long de 356 mètre, la ferme "Sidi Aïd" ne fut plus qu'à six kilomètres de Boufarik. Sans ce raccourci, il fallait accomplir quatorze kilomètres pour atteindre la petite métropole de la Mitidja. Le 9 avril 1930, l'acte de donation fut signé à Alger en l'étude de Maître Vaugien. Kachouane avait voulu que figurent ces mots : "..lequel à, par ces présentes, fait donation, ...en reconnaissance des bienfaits apportés par l'Institut Pasteur dans la région, résultant de l'assèchement et de l'assainissement du marais des OuledMendil, ...", Kachouàne n'a jamais rien demandé. Il n'a rien voulu accepter. Il est mort en septembre 1934.

 

25 Novembre 1.960:

 Arrestation de membres du FLN à Toulouse et à Aix en Provence.

De gaulle monte un coup foireux comme il en a le secret. Il demande à rencontrer Pierre Laffont, patron du journal "l'écho d'oran" pour "connaître ses sentiments" et "sous le sceau du secret". De gaulle n'a certes pas oublié que Laffont, journaliste avant tout, a publié son precedent entretien. Celui-là aussi sera publié, largement; De gaulle prépare son voyage en algérie "algérienne" (c'est à dire musulmane) il confie à Laffont: "je n'ai jamais cru à l'intégration" (au même homme, dix neuf mois plus tôt il avait dit "l'intégration, je la fais"!!)

Il explique "le referendum sera annoncé le 15 décembre, le dernier jour de la session parlementaire, de façon que le parlement ne s'en empare pas." aussi: "la vote d'autodetermination n'interviendra pas avant longtemps, que les combats aient cessé et que le calme soit revenu" aussi : "je n'accepterai jamais d'avoir des contacts avec le F.L.N. tant que les combats continueront. Je ne céderai jamais sur ce point"

et la meilleure "qu'on dise de Mendés France ou d'Edgard Faure que ce sont des bradeurs, mais qu'on dise que De gaulle est un bradeur, cela je ne l'admets pas".

Repris sur Pierre Laffont "l'expiation" Plon 1968.

Bref tout ce qu'il faut pour qu'un européen d'algérie normal ne puisse pas croire qu'un chef d'état aussi prestigieux puisse mentir à ce point.

 

26 Novembre 1.960:

Deux roquettes explosent dans le centre ville de Blida, faisant 7 morts et 54 blessés.

Une grenade dans un restaurant à Oran, un mort sept blessés.

 

27 Novembre 1.960:

Deux bicyclettes bourrées d'explosif explosent à Boufarik, 7 morts 64 blessés. Les deux bombes sont decalées de quelques minutes, la seconde massacre la foule des sauveteurs et des curieux. Tous les détails ici: http://profburp.com/~bertrand/alain_kuntz/bicyclette/ On y trouve en particulier la relation faite de son crime par son auteur en Novembre 1978.

 

28 Novembre 1.960:

Le cargo "Bulgaria" décharge une cargaison d'armes et de munitions à Tanger, don du gouvernement bulgare au gouvernement algérien, avec flonflons et télé.

 

29 Novembre 1.960:

Joxe a pris des contacts à Alger, en particulier pour préparer la visite prévue du général De gaulle en décembre. Il a dit-il "pris les mesures nécessaires". Ces mesures se concrétiseront par le plus affreux bain de sang jamais réalisé en algérie du moins avant l'indépendance.

 

30 Novembre 1.960:

 Nombreuses tentatives de franchissement du barrage tunisien, toutes infructueuses et toutes très meurtrières.