Mai 1960

 

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1 Mai 1.960 :

A Pékin, une délégation du GPRA est reçue en grande pompe par les communistes, ils l'assurent de tout leur soutien.

 

2 Mai 1.960 :

rien.

 

3 Mai 1.960 :

Rien.

 

4 Mai 1.960 :

Soigneusement mis en tas (les membres amputés sous les torses, le tout surmonté de la tête avec sexe incorporé dans la bouche) les corps du maire et de quatre de ses adjoints sont découverts sur une route près de Maison Carré.

Une automobile mitraillée sur la route entre Médéa et Alger. Deux morts (un employé des ponts et chaussée, la femme d'un sergent chef) deux blessés (un autre employé et un médecin militaire).

 A Paris le FLN essaye d'assassiner le député d'Alger Robert Abdesselam, ancien champion de tennis, exemple d'intégration réussie. Son garde du corps est tué, lui-même est grièvement blessé. Abdesselam est un des membres de la délégation française aux nations unies, en 56,59,60 et 61. Il sera député d'Alger de 58 à 62. Il observera avec chagrin les évolutions de De Gaulle, qui ne l'écoutera pas plus que ses autres collègues.

 

5 Mai 1.960 :

 Fadli Mohamed, indicateur de la FPA assassiné à Paris, rue du champs de l'alouette.

 

6 Mai 1.960 :

Rien.

 

7 Mai 1.960 :

 Rien.

 

 8 Mai 1.960 :

 Grenade dans un café d'Alger, un mort, quatre blessés.

Le F.L.N. essaye de nouveau d'introduire en Algérie des combattants venus de l'étranger, cette fois coté Maroc, au sud, vers Aïn Sefra. De violents combats laissent 150 rebelles sur place, contre 15 militaires français . Détails de cette bataille du barrage, le retour, passée inaperçue.

Un agriculteur et son fils assassiné à Karouba, près de Mostaganem.

 

9 Mai 1.960:

Vers 17h une section du Commando L 103 et tombé en embuscade lors du décrochage de leur Mission de choufe sur la plaine des Ouled Teben région de Tocqueville .4 tués et plusieurs blessés,FLN deux tués certain et plusieurs blessés d'après le 2e bureau,

Au décrochage a la tombée de la nuit le Gmc de la harka (j étais le radio)a sauté sur un obus piégé :1 blessé léger ,grâce a la dextérité du chauffeur qui était quillard (temoignage reçu par internet)

 

10 mai 1.960

à Sétif, un chauffeur de taxi, Mohamed Khelotti est tué à coup de revolver.

Le FLN fait campagne pour l'abstention aux cantonales, menaces de mort pour les votants.

 Le comité des affaires algériennes du jour prend une série de mesure ("discrimination positive") en faveur des français musulmans.

 

11 Mai 1.960:

Une statistique récapitule le terrorisme sur le territoire métropolitain depuis 1.956. Elle enregistre 77 tués et 486 blessés parmi les civils européens, 36 tués et 249 blessés parmi les policiers et les militaires, 2679 tués et 6284 blessés parmi les musulmans.

Les forces de l'ordre ont saisi 3080 pistolets et 111 armes automatiques, ainsi que 236 millions de francs.

cette statistique est diffusée à l'occasion de la mort du brigadier de police Magnieu.

Un indicateur de la FPA blessé rue Barrault.

 à Ain kermés une grenade lancée sur un marché fait 20 blessés dont 19 musulmans.

Des " officiers libres " s'élèvent au sein de la willaya 3 contre le GPRA et les "tunisiens", accusés de se prélasser dans les palaces et de mépriser les militants de l'intérieur. Les services français, occupés avec l'affaire Si Salah ne saisissent pas cette opportunité. C'est seulement après que de Gaulle ait méprisé la solution apportée par Si Salah (et Challe) qu'ils reprennent contact, mais n'obtiennent que des ralliements individuels.

 

12 Mai 1.960:

Paris un policier Bazi, assassiné par le F.L.N. rue saint Denis.

Tunisie, Ferhat Abbas donne (comme d'hab) une consigne de boycott des élections cantonales.

Oranie, un convoi de munitions destinées au FLN est détecté et anéanti près de la frontière marocaine.

 Le figaro publie les chiffres officiels du terrorisme FLN en métropole :

1956, 1270 agressions, 78 tués, 558 blessés, 1715 arrestations.

1957, 3223 agressions, 837 tués, 3272 blessés, 4819 arrestations.

1958, 2848 agressions, 954 tués, 1982 blessés, 11490 arrestations.

1959, 1662 agressions, 715 tués, 931 blessés, 8573 arrestations.

1960, (quatre premiers mois) 203 tués, 276 blessés, 2958 arrestations.

On voit que la situation s'améliore, les chiffres sont bien sûr douteux. Le Figaro ne souligne pas que au total ces 2792 tués représentent un pour cent des algériens en france et les 7019 blessés, 3 % ce qui laisse augurer de l'enthousiasme avec lequel le FLN est accueilli par les algériens.

1 % de la population française de l'époque représenterait 400.000 assassinés.

 

13 Mai 1.960:

 La commémoration du 13 Mai donne lieu à des incidents entre la foule et les forces de l'ordre, en particulier à Alger, la police enfonce la porte de la maison des étudiants où le drapeau français était muni d'un crêpe noir. La police a le dessus, quatre étudiants sont arrêtés.

 La police arrête treize personnes à paris, membre d'un réseau FLN chargé d'abattre des policiers. Elle saisit des armes et des plans des domiciles et des photos de trente policiers destinés à être abattus. Le PC était dans l'appartement d'une étudiante allemande, Inge Huscholtz.

 

14 Mai 1.960:

Nouvelle gesticulation de Debré, dans une note : "la sécession implique la séparation définitive entre la france et l'algérie. En aucun cas, la france n'abandonnera ceux des algériens qui veulent rester français. Dès lors, le partage du territoire algérien devra être opéré."

Ces gens ne peuvent comprendre qu'au lieu de devenir plus souples, le desastre que subit le FLN en algérie le durcit.

Ils croient que la menace de la partition peut les assouplir, Debré refera la même erreur avec sa troisiéme force.

 

15 Mai 1.960:

 Une automobile piégée explose au centre de Sétif, faisant un mort (Mlle maman, étudiante de 20 ans) et 32 blessés, en majorité musulmans.

Un agriculteur est assassiné avec les raffinements usuels dans sa propriété près d'Alger.

 

16 Mai 1.960:

rien

 

17 Mai 1.960:

près de Tiaret, à Bourbaki, un agriculteur assassiné.

A Geryville, plusieurs blessés.

 

18 Mai 1.960:

une grenade est lancée sur un boulodrome, un mort, neuf blessés.

 

19 Mai 1.960:

à Philippeville, trois attentats terroristes dans trois quartiers de la ville font deux morts et deux blessés.

A Bône, un train de marchandise saute sur une mine, le conducteur est tué.

A Oran un musulman, candidat aux élections législatives sur une liste de soutien au général de Gaulle est assassiné.

 

20 Mai 1.960:

 à Alger la censure est levée pour la durée de la campagne électorale.

A Toulon, 19 membres du FLN sont condamnés à diverses peines de prison.

 

21 Mai 1.960:

rien.

 

22 Mai 1.960:

 quatre morts à Alger par attentat, dont un musulman candidat sur une liste algérie française.

14 blessés à la suite d'attentats à Biskra, Blida, Oran, Chebli.

Hanouche Ahmed, indicateur de la FPA asassiné dans le 14 ème un autre est blessé dans le même arrondissement.

 

23 Mai 1.960:

Un taxi saute sur une mine près de Philippeville, un mort trois blessés.

 

24 Mai 1.960:

L'abbé Kerlan, breton qui avait caché et aidé des terroristes est condamné à cinq ans de prison avec sursis.

 

25 Mai 1.960:

 L'ancien maire de Pélissier est assassiné sur un chantier.

A Blida, l'armée abat le commissaire politique du coin, Saldani, sur renseignements.

Paris, deux musulmans assassinés par le F.L.N.

Bastia, plastic à la sécurité sociale.

 

26 Mai 1.960:

Une compagnie de 300 hommes qui tentaient de franchir le barrage nouvellement mis en place est durement accrochée. Détails ICI

Elle laisse 50 hommes sur le terrain, les français ont perdu 4 tués et 8 blessés, le F.L.N. désespère de franchir les barrages.

Deux avions de reconnaissance qui surveillaient les opérations sont, une nouvelle fois, pris à partie par de la DCA FLN située en Tunisie.

L'ancien officier français Saddok, qui avait rejoint le rébellion est fait prisonnier sur renseignements dans l'ouest Oranais.

Depuis quelque temps déjà, les officiers du deuxième bureau français ont découvert que les matrices du journal "el moujahid" du F.L.N. fabriquées à Tunis sont ensuite transférées au Maroc pour y être imprimées. L'avion qui opère le transfert est un avion de ligne qui fait escale à Alger. Le deuxième bureau a pris l'habitude de modifier le contenu du journal.

Cette fois-ci, à l'approche des élections cantonales, ils remplacent le discours de Ferhat Abbas demandant l'abstention par une grande déclaration comme quoi le vote est un devoir, tiré de ses oeuvres complètes, du temps de l'UDMA. Du coup la presse progressiste française, qui tire ses opinions de la lecture de El Moujahid ne sait plus à quel saint se vouer.

Le cabinet de De gaulle décide de mettre fin à cette "plaisanterie", le deuxième bureau obéit, non sans avoir publié les conclusions racistes et sanglantes du dernier congrès de Tripoli, qui devaient rester secrètes.

Meghnem Ahmed, assassiné rue des gravilliers (3 ème). Il s'agit encore d'un informateur des FPA, Décidément le FLN a recuperé un fichier ou a fait parler un des cadres de cette organisation.

 

27 Mai 1.960:

Maître Vergés et ben abdhalla, avocats du F.L.N., sont inculpés d'atteinte à la sûreté de l'état, mais laissés en liberté provisoire.

La "comission des droits et des libertés individuelles", suite à la campagne accusant de torture la Force de Police Auxiliaire (les harkis) fait une descente dans les locaux de la FPA, et, bien entendu n'y trouvent rien.

 

28 Mai 1.960:

Grenade dans une épicerie de Sidi-bel-Abbés, la propriétaire et un client musulman tués, sept blessés.

 

29 Mai 1.960:

 Les élections cantonales se déroulent dans le calme, les consignes d'abstention du F.L.N. ne sont une fois de plus pas suivies.

Grenade dans un café à Alger, le propriétaire et six clients musulmans sont tués, une dizaine de blessés.

Grenade à Massena, un blessé.

Deux soldats tués alors qu'ils désamorçaient un obus piégé.

 

 30 Mai 1.960:

Parmi les conseillers généraux élus, le bachaga Boualem, Saadsi, Burgat, Banallah, Bedredine, Manem, madame Lagaillarde, Sid Cara, Augarde. Décidemment, les français d'algérie, toute religion confondue, ne veulent pas disparaître.

Commentaire à chaud de Soustelle, à l'époque encore sinon gaulliste, au moins fraichement viré:

Le sens des élections cantonales en Algérie.(Vérités sur l'Algérie et le Sahara, 2 juin 1960)

On ne saurait dire que les résultats des élections cantonales en Algérie contribuent à dissiper la confusion politique. Les conditions mêmes dans lesquelles elles ont été engagées entachent leur signification d'un lourd facteur d'incertitude. La presse était maintenue sous le régime de la censure jusqu'à peu de jours avant le scrutin. Des mutations massives, des sanctions administratives, des arrestations et des inculpations avaient semé le désarroi parmi les Algériens attachés à la France. Plusieurs personnalités qui auraient été élues haut la main (le succès triomphal de Mme Lagaillarde le démontre) étaient en prison et empêchée de se présenter par une mesure sans précédent dans notre histoire. Enfin une nuée de parlementaires métropolitains s'étaient lancés sur l'Algérie et y avaient fait refleurir les méthodes de la candidature officielle que l'on croyait heureusement abandonnées, tandis que la radio d'État faisait ouvertement campagne pour certains candidats. De son côté, le F. L. N. avait multiplié les menaces et, hélas, les attentats. Dans la population musulmane, l'incertitude et la terreur avaient fait de profonds ravages.

(... on peut remarquer)

1. Si le F. L. N. n'a pas réussi à détourner des urnes les électeurs musulmans autant qu'il l'aurait voulu, cependant les abstentions musulmanes sont dans l'ensemble beaucoup plus considérables qu'en 1958. Dans certaines circonscriptions comme à Sétif, il faut reconnaître que la proportion des abstentionnistes, qui dépasse 90 % est catastrophique.

De même le nombre des bulletins blancs est très élevé dans certaines circonscriptions comme Saint-Arnaud.

J'estime quant à moi que ces fâcheuses réalités - regrettables mais qu'il serait absurde de nier ou de passer sous silence comme le fait la presse gouvernementale - démontrent beaucoup moins la force du F. L. N. que l'étendue de la perplexité, du doute et du désarroi créés par une politique qui s'est éloignée des objectifs et de l'esprit du 13 mai. A l'enthousiasme de 1958 a succédé une morne apathie qui fait le jeu de l'adversaire. En tout cas, c'est un symptôme très grave, et qui vaut d'être attentivement médité. (...)

5. De nombreux candidats ont été élus sous des étiquettes "apolitiques" de "défense des intérêts locaux", de "concorde", de "fraternité", etc. Il n'est pas douteux que la plupart d'entre eux sont fermement attachés à l'Algérie française.

6. Les élections ont été beaucoup plus significatives dans les villes, où l'électeur est plus indépendant et conscient, que dans le bled où des conseils, pour ne pas dire des pressions, peuvent s'exercer. Or, le scrutin dans les villes constitue en général une défaite à la fois pour le F. L. N. et pour les "ultras" de la tendance Ortiz, qui avaient les uns et les autres préconisé l'abstention, et un succès très net, parfois écrasant, pour les candidatures favorables à l'Algérie française par l'intégration. Même Le Figaro est obligé de reconnaître que, de ce fait, le conseil général d'Alger et celui d'Oran seront en majorité intégrationnistes.

7. A Alger, sur 205137 suffrages, 126511 se sont portés sur les listes favorables à l'intégration, qui ont enlevé 22 sièges contre 10; encore certains de ces dix élus sont-ils tout aussi intégrationnistes que les premiers. A Oran, où pour la première fois la grande popularité du député- maire a été mise en échec, 72 295 voix sur 133 230 ont été recueillies par les listes intégrationnistes, qui ont enlevé 16 sièges sur 23. Même à Tizi-Ouzou la liste Algérie française est élue en entier avec 23 073 voix sur 23 867, et à Constantine la liste qui se réclamait du Chef de l'État est battue, tandis qu'à Bône c'est la liste Algérie française qui obtient un succès total. On pourrait multiplier les exemples même dans les localités de moindre importance. Les listes intégrationnistes ont obtenu 18 869 voix sur 25 195 à Bel Abbés, 26 239 sur 40 875 à Mostaganem, 4 281 sur 6 072 à Sétif, 23 688 sur 30 316 à Khenchela, 10 440 sur 12 072 à Bordj-Ménalel, 15 567 sur 18 215 à Aumale, 11 212 sur 13 874 à Mouzïaville, etc. Et il est bien évident que de tels chiffres n'ont été atteints, dans ces localités, que grâce à un vote important des électeurs musulmans.

Dans ces conditions, parler de " troisième force " est une évidente absurdité. La seule conclusion qu'on puisse tirer de ces faits, c'est que, d'une part, l'incertitude et le doute qui rongent les masses musulmanes ont facilité la tâche du F.L.N., et que d'autre part l'idéal de l'Algérie française demeure plus vivant que jamais.

Grenade au centre d'Orleansville, cinq blessés dont trois jeunes filles.

 

31 Mai 1.960:

 Deux grenades, l'une à Bône, l'autre à Philippeville, cinq blessés.

Un accord est obtenu entre Jacquin (le patron des services spéciaux en algérie), et le capitaine Montagnon, Tricot, avec Si Salah. Il doit remettre ses armes dans les gendarmeries, les combattants rejoindront leur douar ou s'engageront dans l'armée, le sort des terroristes est remis à date ultérieure. Si Salah pense convaincre son collègue de la willaya 3 (Kabylie), entraîner avec lui la 2 et la partie de la 5 qui s'est regroupé dans son territoire.

Il demande à voir De gaulle qui le reçoit le 10 Juin. De gaulle a mis son uniforme, Si Salah et les autres lui font le salut militaire. Si Salah explique sa position, De gaulle développe ses propositions de paix des braves. Il indique qu'il compte lancer une nouvel appel au GPRA, il en donne les grandes lignes et explique que si le GPRA ne répond pas positivement, alors on mettra en oeuvre, avec Si Salah et les siens le cessez le feu convenu. Il ne leur serre pas la main. Cette déclaration refroidit l'ardeur des combattants de l'intérieur, et plonge Si Salah dans la perplexité.

 A Paris un gardien de la paix, un commerçant et un directeur de société assassinés par des terroristes.

Depuis 1956, en région parisienne seulement, 77 civils européens ont été tués, et 456 blessés.