Avril 1960

 

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1 Avril 1960 :

Deuxième bombe atomique qui explose à Regane.

 

2 Avril 1960 :

Rien.

 

3 Avril 1960 :

De gaulle écrit encore à Challe: "(...) je compte fermement sur vous (...) vous avez montré des qualités aussi éminentes qu'exceptionnelles. Vous quittez votre poste au moment où le succès militaire nest plus douteux. (...) soyez assuré, mon cher Challe, de ma profonde et amicale confiance. ("notre révolte")

La lettre ne parle plus du remplacement d'Ely au plus haut niveau de l'armée, plus tard Challe sera placardisé dans l'OTAN.

 

4 Avril 1960 :

Dix membres d'un réseau F.L.N., dont deux étudiants d'Aix en Provence arrêtés à Avignon et Aix.

 

5 Avril 1960 :

Une ferme est attaquée et brûlée à Detrie, près de Sidi bel abbés. Un mort.

 

6 Avril 1960 :

A Toulon, une bombe posée derrière la porte de l'appartement du commissaire chargé de la lutte anti F.L.N. explose ne blessant que légèrement le commissaire.

Deux aviateurs et un para en permission dans les rues de Blida assassinés.

 

7 Avril 1960 :

Bourghiba devant l'assemblée Tunisienne : "je me suis trompé en faisant confiance au général de Gaulle, la France est incapable de résoudre seule la crise algérienne."

Au djebel Ben Idir, le deuxième régiment de tirailleur algérien accroche une katiba venue du Maroc et la liquide, 50 tués, 50 armes de guerre saisies dont deux mitrailleuses.

 

8 Avril 1960 :

Rien.

 

9 Avril 1960 :

Ben Cherif, ancien officier de l'armée française, rallié au F.L.N. moyennant l'égorgement de ses soldats, réfugié en Tunisie, arrive à passer le barrage dans l'intention d'arrêter les dégâts causés par Amirouche dans toutes les willayas (et en particulier chez Si Salah) par la bleuite. Certains subodore que le FLN a été averti par le ministre de la justice Michelet des tractations en cours avec Si Salah.

 

10 Avril 1960 :

 Nouveau succès des harkis du bachaga Boualem, vice président de l'assemblée nationale, ils ont réussi à tendre une embuscade et à abattre le tueur du fils et du gendre du bachaga.

 

 11 Avril 1960 :

La bombe prévue par le FLN pour exploser sur le passage de Debré, premier ministre, près de Tizi Ouzou explose prématurément.

 

12 Avril 1960 :

Debré dans un discours à Alger, diffusé seulement sur France V la radio d'Alger, "la France n'exige pas qu'on soit français par coercition, mais il n'y aura pas d'abandon."

 

13 Avril 1960 :

Le chef de la musique municipale de Mascara assassiné d'un coup de poignard au cœur à Oran.

Le sergent-chef des moghaznis de la SAS de Belcourt assassiné.

 

14 Avril 1960 :

Dans une grotte, le FLN avait utilisé comme bouclier vivant 12 hommes et 8 femmes d'un douar voisin.

Grâce à la collaboration des villageois proches, les militaires français arrivent à pénétrer dans la grotte par des couloirs détournés, à surprendre les 23 rebelles qui sont tués ou fait prisonniers et à délivrer les otages sans qu'un seul soit blessé.

Arnould, aveugle de guerre, ancien président des anciens combattants d'algérie, incarcéré à la Santé pour cause d'activisme, remis en liberté mais interdit du territoire algérien.

Le comité des affaires algériennes du jour émet en direction des employeurs métropolitains une note les incitant à embaucher en priorité les français de souche nord africaine.

 

15 Avril 1960 :

 Grenade dans un boulodrome à Bône, dix blessés.

 Le 15 avril, Si Salah adresse un message chiffré au G.P .R.A.

"Puisqu'il semble définitivement établi que nous n'entretiendrons entre nous qu'un langage de sourds, nous nous permettons de vous envoyer ce dernier message... Vous avez interrompu radicalement tout acheminement de compagnies et de matériel de guerre depuis 1958... nous vous avons alerté lors des tragiques événements de la willaya VI …La willaya I n'a pas de chef, la willaya III également. Vous n'avez rien fait pour soulager cette dernière. La willaya I et la willaya V se pacifient et se constituent en auto-défense sous allure inquiétante... l'Algérie, devenue vaste champ de bataille, se caractérise: willaya IV du moins, par les regroupements de toute situation. …Vous avez de tout temps méconnu la situation du peuple et de l'A.L.N. Vous êtes enlisés dans la bureaucratie. ; … Ne pouvons plus en aucune manière assister les bras croisés à l'anéantissement progressif de notre chère A.L.N."

Si Salah n'est pas un lettré mais son message reflète bien la situation :

Arrêt des renforts de toute nature, extension de la pacification française, vindicte contre les gouvernants du GPRA. Le commandement français est bien renseigné sur l'état d'esprit qui règne en willaya IV. Non seulement tous les radiogrammes algériens sont interceptés et décryptés, mais encore le deuxième bureau a des indicateurs solides et des agents influents qui contribuent à distiller et accentuer le désarroi.

Des contacts sont pris dès février 1960, alors que Challe est encore comandant en chef. Les préliminaires sont assez longs. Les chefs rebelles veulent s'assurer de l'unanimité de leurs troupes et leurs communications sont difficiles. Pour les Français, un grand espoir s'est levé; l'heure de la paix des braves annoncée par de Gaulle n'a-t-elle pas sonné ? Ils ne cachent pas aux Algériens qu'un ralliement négocié pourrait être une solution honorable à un conflit présentement sans issue.

Preuve de l'intérêt apporté à l'affaire, des émissaires français sont désignés au plus haut. Bernard Tricot est celui de l'Elysée, le colonel Mathon, celui de Matignon. Le président de la République, son Premier ministre sont parfaitement informés de ce qui se trame à la préfecture de Médéa ou au mess des officiers du secteur de Damiette.

Montagnon, la guerre d'algérie, éditions Pygmalion, 1984, ISBN 2-85-704-171-1

 Au cours des réunions qui suivront, que Si Salah conduit personnellement, il déclare "les maquisards voient bien naître sous leurs yeux, sous l'aiguillon de la rébellion et aussi sous l'impulsion de l'armée, une algérie nouvelle où les français conserveront leur place, mais ni les Borgeaud ni les Laquières."

 Fusillade entre français musulmans à Levallois, un mort, trois blessés dont un policier.

Arrestation de huit FLN à Bordeaux.

Jeanson, animateur d'un réseau de transport de fond (moyennant un honnête dix pour cent), d'agents de renseignements et de distributeurs d'armes, en fuite, donne une conférence de presse à Paris.

 

 16 Avril 1960 :

Le FLN, dans un éditorial de son journal publié à Tunis, El Moujahid, menace officiellement de mort les candidats aux futures élections cantonales.

 

17 Avril 1960 :

Mine à Djelfa, une voiture civile saute, trois morts.

Grenade dans un bar à sidi bel abbés, 15 blessés.

 

18 Avril 1960 :

 L'ordonnance 60-384 du 18 avril 1960 étend à "tous les faits commis en relation avec les événements survenus dans les départements algériens" l'ordonnance 58-921 du 8 octobre 1958 qui ne s'appliquait jusqu'alors que contre les rebelles. Il s'agit de traiter les patisans de l'algérie française à égalité avec les partisans de l'independance, alors même que jusque là aucune action terroriste ne pouvait leur être imputée.

 

19 Avril 1.960 :

A Paris, un gardien de la paix est abattu par trois terroristes.

 

20 Avril 1.960 :

 Un fermier et son épouse enlevés par les rebelles à El-Hassi, près de Sétif.

 

21 Avril 1.960 :

Un chef de culture enlevé dans sa ferme à Saint-Louis, non loin d'Affreville.

 

22 Avril 1.960 :

Un journaliste qui a assisté, seul français, à une conférence de presse donnée par Jeanson, porteur d'armes et d'argent escroqué dans des valises, en fuite, est inculpé pour non dénonciation.

 

23 Avril 1.960 :

Grenade dans un café à Oran, 8 blessés.

 Commando dans un café maure à Lyon, trois tués, deux blessés, tous musulmans d'algérie.

Arrestation mouvementée à Paris, les FLN tirent, les policiers ripostent, deux FLN abattus.

 

24 Avril 1.960 :

Le général Challe, rageur, quitte l'algérie et son commandement en chef, pour rejoindre le commandement Centre Europe de l'OTAN. Il n'a été averti que quelques jours auparavant de cette promotion fabuleuse. En février De gaulle lui avait promis qu'il serait chef d'état major général de la defense, le plus haut poste de l'armée française. Il a demandé trois mois pour terminer ls négociations avec Si Salah et la rébellion intérieure, et le nettoyage des bandes armées F.L.N., les Aurès n'ayant pas encore subi le rouleau compresseur du plan Challe. Debré vient à Alger spécialement pour le convaincre, muni d'une grande croix de la légion d'honneur. Challe refuse. Alors De gaulle téléphone personnellement et se fait charmeur., il donne à Challe le choix entre l'OTAN et l'état major des armées, Challe accepte l'état major des armées, il aura l'OTAN. Un nouvel exemple du mépris de De gaulle envers les hommes qui le servent.

Son successeur, Crepin, celui-là même qui avait reçu l'ordre de prendre les barricades d'assaut en février, poursuit sans excés les opérations prévues dans les Aurès, et ne sait rien de la négociation Si Salah.

 

25 Avril 1.960 :

Un motocycliste abattu à l'arme automatique près de Douma.

Une cinquantaine d' activistes" expulsés d'algérie et assignés à résidence en métropole (où ils doivent se démerder…ça les occupe).

Parmi eux, le directeur de l'école d'agriculture d'algérie, un professeur d'université, des ingénieurs, un industriel…

 

26 Avril 1960 :

Soustelle est exclu de l'UNR (qu'il a pratiquement fondée) seuls trois députés en démissionnent par solidarité.

Cette mesure est accompagnée d'un arrêté de Joxe, UNR aussi, qui démet Soustelle de son poste à la commission des sciences humaines, au CNRS. Il est clair pour tout le monde (et en particulier pour les moralistes du Monde, de Témoignage Chrétien, de l'Obs...) que les idées de Soustelle sont incompatibles avec un poste concernant les pré colombiens, cette méthode sovietiforme resservira souvent.

 

27 Avril 1960 :

Un agriculteur enlevé dans son champ, près de Philippeville.

Deux ouvriers agricoles assassinés entre Perregaux et Jean-Mermoz.

Un groupe rebelle qui avait réussi à franchir le barrage au sud de Colomb-Béchar rejoint et mis hors de combat.

 Mendés France recommande que le barrage franco- tunisien soit gardé par des casques bleus.

 

28 Avril 1960 :

Rien.

 

29 Avril 1960 :

Un frigoriste qui se rendait réparer une installation dans une ferme assassiné au volant de sa voiture, sur la route près de La Chiffa.

Le Président du Front National pour L'Intégration et la Fraternisation inculpé pour activisme. (atteinte à la sûreté de l'état).

 

30 Avril 1960 :

 Benali Youcef, agent hors cadre de la police auxiliaire parisienne, matricule 029 (c'est à dire agissant en civil, chargé de renseigner) est abattu rue Moufetard.