1 Janvier 1.958 :
Grenade dans une épicerie à Sidi bel Abbés, deux morts l'épicier musulman et une de ses clientes.
Toujours à Bel Abbés, une femme et un commerçant assassinés au couteau.
Un retraité assassiné d'une balle dans la tête à Mostaganem.
Au cours de l'année 1957, les communautés juives de Medea, M'sila, Aflou ont pratiquement disparues. Ciblées par le F.L.N., tant sur le plan du terrorisme que par des consignes de boycott touchant leur commerce, arabophones, de conditions modestes, ils s'expatrient et s'organisent en communauté en France ou en Israël avec l'aide de sociétés israélites de bienfaisance françaises et américaines.
2 Janvier 1.958 :
Rien.
3 Janvier 1.958 :
La cellule terroriste de Constantine arrêtée.
4 Janvier 1.958 :
Rien.
5 Janvier 1.958 :
Rien.
6 Janvier 1.958 :
Grenade dans un car à Bône, 5 blessés dont deux enfants de 6 et 8 ans.
7 Janvier 1.958 :
Rien.
8 Janvier 1.958 :
Inauguration du pipe-line d'Hassi Messaoud.
Le chef des bleus de la casbah, infiltré dans la wilaya 3, et qui lui avait proposé de remonter un réseau terroriste sur Alger reçoit une lettre d'injures d'Amirouche, patron de la wilaya
" vous avez la marchandise (les bombes) et vous n'avez rien fait (…) les frères sont inquiets (…) ils se demandent si votre prétendue organisation existe (…) les frères vous donnent l'ordre formel de travailler avec toute la marchandise dont vous disposez, dans les tous prochains jours… "
Leger obtiendra enfin l'autorisation d'organiser des attentats, Amirouche eut ainsi une bombe au PC de ses propres bleus, une Jeep explosée, quelques grenades.
Amirouche sera ravi, il enverra des hommes, des noms et des adresses, de l'argent (la solde des bleus fut entièrement payée par la rébellion). Fin février, l'opération fut arrêtée, il ne restait plus à Alger que l'organisation de Leger, il fut envoyé avec ses hommes au 3ème RCP.
9 Janvier 1.958 :
Rien.
10 Janvier 1.958 :
Embuscades sur une route près de Tlemcen, deux voitures mitraillées, deux morts.
Un assassiné à Guelma.
Un autre à Sétif.
11 Janvier 1.958 :
Nouvelle embuscade au sud est de Sakiet Sidi Youssef. Les militaires français réclament une fois de plus le droit de suite, les rebelles partant et retournant en Tunisie.
Le 11 janvier, deux sections du 23e R.I., sous les ordres du capitaine Allard, partent se mettre en embuscade à environ 700 mètres de la frontière sur un lieu de passage habituel des éléments de l'A.L.N. s'infiltrant en Algérie. Elles se heurtent à un adversaire nombreux et sont prises sous un feu nourri venu des hauteurs aussi bien algériennes que tunisiennes.
Bousculées, elles ne se dégagent que grâce à l'arrivée de renforts mais perdent quatre prisonniers et ont quatorze tués, retrouvés affreusement mutilés.
La complicité tunisienne est évidente. Elle a couvert l'attaque à partir de son territoire national. Le gouvernement français entend protester mais le président Bourguiba refuse de recevoir son émissaire, le général Buchalet.
La rancoeur augmente dans le camp militaire français et la tension continue à monter dans le secteur de Sakiet
(d'après Montagnon, la guerre d'algérie, ISBN 2-85-704-171-1)
Les quatre prisonniers seront remis en liberté le 20.10.1958 par les tunisiens, à grand flonflons de propagende.
12 Janvier 1.958 :
Rien.
13 Janvier 1.958 :
Sérieux accrochages en Kabylie et dans l'Aurès.
14 Janvier 1.958 :
rien
15 Janvier 1.958 :
Rien.
16 Janvier 1.958 :
Bombe en métropole, à la préfecture de Melun, 10 blessés.
Le FLN envisage de porter le terrorisme en métropole.
17 Janvier 1.958 :
Rien.
18 Janvier 1.958 :
A Orleansville, des fells, vêtus d'uniformes et armés d'excellentes armes de guerre, attaquent une base de repos de l'armée française, 28 tués, 5 disparus retrouvés atrocement torturés ensuite.
L'amiral Geli, patron de Mers el Kebir fait confiance à un de ses amis qui dirige les renseignements à Alger et fait arraisonner un cargo yougoslave, le Slovenja, Détail de la cargaison du " Slovenija " : 15 mortiers de 81 m/m; 48 bazookas; 200 mitrailleuses M.G.34; 1.000 pisstolets-mitrailleurs; 4.000 fusils Mauser; 1.500 pistolets de 9 rn/m. Munitions : 6.000 obus de mortier de 81 m/m; 2.000 fusées de bazooka; 330 bengalores (charges destinées à détruire les réseaux); 1.002.200 cartouches de 9 m/m pour P.M.; 998.500 cartouches de fusil; 202.500 cartouches de pistolet. Poids total: 148 tonnes. Cet armement en parfait état de conservation provenait pour la plus grande part des fabrications sous autorité allemande des années de guerre et, stocké à cette époque, n'avait jamais servi. De quoi equiper une division.
Le Monde déplore cet acte de piraterie des officiers d'Alger, la quai d'Orsay, secoué dans sa sieste est furieux, il propose de rembourser le coût au gouvernement yougoslave, les yougoslaves (payés d'avance par le F.L.N.) refusent, en mars 62, dans les accords d'évian, De gaulle remboursera le F.L.N.
19 Janvier 1.958 :
Bombe devant le café de France à Sidi bel Abbés, quatre jeunes femmes tuées dont les deux sœurs Benhamou 22 et 18 ans, un enfant de huit ans et un instituteur, 41 blessés, certains amputés.
20 Janvier 1.958 :
Convoi d'ouvrier se rendant à la mine attaqué près de beni saf, 2 morts.
Embuscade sur une route, les automobilistes sont tués, le père et son fils de 6 ans, dans les environs de Guelma.
21 Janvier 1.958 :
Deguisés en fells, le capitaine Leger, Surcouf, deux repentis et quelques zouaves se presentent au P.C. de la zone 1 de la willaya 3, munis de tous les ppaiers necessaires de la zone autonome d'alger, et pour cause, ce sont eux la zone autonome. Godard a en effet decidé que la comedie a trop duré, il craint devant le manque de résultats de la zone autonome que la willaya 3 ne se decide à créer des reseaux parralléles, il fait ainsi prisonnier toute la zone 1. Un des responsables Sabri sera à son tour retourné, le FLN étant persuadé que c'était lui le traitre l'avait condamné à mort.
22 Janvier 1.958 :
Rien.
23 Janvier 1.958 :
Quatre soldats tués, huit blessés dans une embuscade près de El-Allia. La contre attaque portée en hélicoptère anéantit la bande rebelle, 25 tués. L'hélicoptère devient l'arme essentielle dans les aspects militaires du conflit.
Voiture mitraillée sur la route près de Sidi bel Abbés, le conducteur et sa fille de 10 ans tués, ainsi qu'une amie de 7 ans, l'épouse laissée pour morte.
Dans le courrier de la colére, Michel debré, le futur premier ministre de l'abandon des harkis s'éleve contre le sort des amis de la france au Maroc. Le 17 déjà il dénonce ceux qui les laissent "humiliés, bafoués, abandonnés, trahis". Ce jour il récidive: "Malgré les promesses du nouveau roi (...) on assassine systematiquement ceux qui ont servi la France. Un homme s'illustre particuliérement dans l'abjection, le Haut Commissaire Dubois, qui conseille au président du conseil de se mefier des Pachas fidéles à la Frace".
24 Janvier 1.958 :
Rien.
25 Janvier 1.958 :
Rien.
26 Janvier 1.958 :
De nombreux règlements de compte et attentats font une dizaine de morts algériens en France.
Embuscade à Aumale, 5 militaires tués.
Bombe à Beni-Saf, un mort musulman, tailleur, et 8 blessés.
Une draisine saute sur une mine, sur la voie Batna-Alger, 7 morts le conducteur et 6 militaires.
27 Janvier 1.958 :
Rien
28 Janvier 1.958 :
Un des fils du bachaga Boualem assassiné par les rebelles dans leur fief des Beni Boudouane.
En novembre 1957 a lieu un important changement de l'organisation territoriale du FLN. La limite entre les wilayas 2 et 3 est déplacée vers l'ouest, sur la nationale 9. Les structures de l'ALN se mettent en place: la Nahia (région) 211, subordonnée à la Mintaka (zone) 21 agit dans les massifs du Babor, de l'Arbaoun-Tamesguida, et des hauts plateaux jusqu'à Saint-Arnaud. La Kasma 2113 est chargée des populations des douars Oued Berd, Beni Meraï, Beni Felkaï, Babor, Ain Zoundaï, Mentanou, Guergour (entre Amoucha et Perigotville, à ne pas confondre avec la région du Guergour autour de La Fayette), et probablement une partie de Kerrata. A l'est de la RN 9 agit la Nahia 311 dont la Kasma 3113 est chargée des populations de Takitount et Amoucha, Ouricia et Dra el Caïd.
L'arrivée de la wilaya 2 dans l'oued Berd se traduit par un changement de politique vis-à-vis de la population. Les rebelles de la nahia 211 sont en majorité des Berbères arabisés des régions de Djidjelli, Taher et Mila, qui ne parlent pas le kabyle et ne connaissent pas les coutumes locales. Alors que les relations étaient bonnes avec Si Makhlouf (de la wilaya 3) elles se détériorent avec les "Arabes" de la wilaya 2.
Ceux-ci transforment la ferme Belaziz, la plus confortable et la plus éloignée de la route, en caserne où se succèdent les sections de passage. L'année 1958 sera particulièrement dure pour l'oued Berd.
Le 29 janvier 1958, une bande de 25 hors-la-loi enlève le contremaître de l'usine hydro-électrique, M. Bonsaudo, et le tuent dans le djebel.
Amar Bouchaib s'en souvient:
"Je travaillais à l'usine avec Benbechi, on travaillait jour et nuit par roulement, trois fois huit heures. Vers le 25 janvier, il y a un orage, il pleut beaucoup, et le canal a été coupé, il a disparu. On a arrêté la centrale, et tous les hommes sont allés travailler en haut pour réparer le canal. Il y avait 310 travailleurs de tous les villages. Moi j'étais avec 35 personnes pour nettoyer le canal, il y avait des chantiers partout. Le 28 janvier, le gérant est parti voir les travaux. Au moment du départ, le capitaine du poste dit: "il faut pas qu'il monte; qu'il reste là, il y a des fellagas partout". Mais Bonsaudo dit: "non, il n 'y a pas de fellagas". Nous, on savait bien qu'il y a des fellagas, mais on pouvait pas le dire. Avant, on avait notre mot à dire avec les kabyles de Si Makhlouf, qui m'avaient posé la question; "est-ce que ça vaut le coup de le tuer?. J'ai repondu surtout pas, il donne du travail à tout le monde, c'est un italien, il est juste".
Mais avec le changement de wilaya on n'avait plus la parole.
Le gérant me dit: "je porterai du ciment, dix sacs, tu viens avec dix ouvriers, parce que j'en ai besoin tout de suite". On a sorti le ciment de la remorque de la jeep, on est parti à pied à Ouled Aïed et on a posé le ciment. On entendait bien comme quoi il y a des fellagas en haut, sur Amdoun, mais on peut pas le dire, parce que ou bien on marche avec lui, ou bien on marche avec les fellagas. Si on le dit, on est rapporteur, et alors pfuit! Lui, il est là, on attendait, qu'est-ce qu'ils vont faire? Alors on est retourné là où était le travail, on travaille jusqu'au soir. Arrivé à la maison, je trouve les soldats qui demandent où il est Bonsaudo? Je réponds: "il faut aller à Ouled Aïed, c'est pas chez nous".
Les fells l'ont emmené à Tamerjejout, et direct à Ta Babor, ils l'ont tué derrière Ta Babor. Je connais le fellagha qui l'a tué".
Saou Aliti poursuit le récit :
"Avant, les kabyles ils sont d'accord avec nous. Ils disent: "il faut pas qu'on punisse les gens qui travaillent". C'est là que je gagne ma part moi aussi. Mais quand les autres (les arabes) sont rentrés, l'usine est fermée complètement, et le poste militaire est évacué. Alors les fells nous obligent à démolir le pont sur l'oued Berd, l'usine électrique et l'école. Ils interdisent à la population de passer l'oued, et deux honmes seulement sont désignés pour aller au marché d'Amoucha. Arrar Amar, qui est allé à Amoucha toucher sa pension d'ancien combattant (39-45), est égorgé au retour. Zihoune Abdallah, dont le fils est né aveugle en 1957, ne peut pas l'amener chez un docteur à Sétif.
L'armée française est là, l'armée fellagha est là, mais on est juste au milieu".
C'est en décembre 1957 que Mansour Rebiha, qui était allé travailler à Choisy-le-Roi à la fin de 1955, rentre au village. En France, il a entendu parler de la rébellion et a cotisé pour le FLN (15 F par mois) mais il ne sait pas très bien ce que sont les moudjahidines. A Beni Dracene, il voit des hommes en armes qu'il ne connaît pas, installés dans le village, nourris et entretenus par les habitants. Ils organisent des réunions avec chant, au cours desquelles ils expliquent le sens de leur lutte: "Les Français ont de belles maisons, ils ont des voitures, vous vous êtes pauvres, mal logés et mal vétus. Vous n'avez pas de droits. Il .faut mettre les Français dehors". Ce discours est bien reçu de ceux qui n'ont pas été bien traités dans les fermes des colons. Mais ils sont révoltés par l'assassinat de l'ancien combattant Amar Arrar, ils supportent mal les exigences de l'ALN, l'interdiction de sortir du village, les amendes pour le moindre manquement, les gardes et les corvées, la préparation des repas, l'obligation de se sauver dans les bois quand l'armée française arrive et fouille les maisons en y faisant maints dégâts.
(…)
on est fin 1958
La pression de l'ALN se fait de plus en plus pesante: impôts, corvées, gardes, coupure de route. Bouchaib Hamou, Bouchenter Saadi, Benazouz Messaoud et Aïssaouï Mohamcd sont recrutés de force; ils trouvent la mort au combat. Les jeunes du village refusent de participer aux ravitaillements, ils se cachent dans les bois. Les rebelles les recherchent et adressent une lettre à la djemaa, demandant 20 garçons et 5 filles. Cette exigence, contraire à "l'honneur kabyle", révolte les habitants, qui sont de plus en plus réticents à aider les djounoud. Le bruit court que ces jeunes sont portés sur une liste pour être égorgés.
Les habitants de Beni Dracene aspirent à la tranquillité. Ils risquent leur vie à tout moment, ils ont perdu le peu de bien qu'ils possédaient. C'est le village, pensent-ils, qui solidairement a le plus travaillé avec le FLN, sans recevoir jamais un remerciement. Les excès de l'ALN, en même temps que la supériorité de l'armée française sur le terrain, font basculer l'opinion et conduisent tout naturellement au ralliement des habitants de Beni Dracene, en avril 1959.
Après avoir participé au sabotage, à moitié réussi, du pont sur l'oued Berd, sept garçons prennent la fuite et vont à la SAS de Tizi N'Bechar demander un laisser-passer pour la France. L'officier SAS les retient, il voudrait les engager dans son Maghzen. Mais ils ne sont pas tentés par le travail administratif de la SAS, ils préfèrent l'action militaire. Attirés par le dynamisme du lieutenant Poisson, ils s'engagent dans la harka du 4/20ème Dragon. Il s'agit de: Aïssaouï Lakdar, Allar Mohamed et Abdelrahmane, Benazouz Hameni, BouchaÏh Amar, Meghrate Ahmed et Talata Mohamed. Ils sont rejoints en juillet par d'autres, et par leurs familles. La décision individuelle de quelques-uns rallie l'ensemble de la population. Tous se rangent du même côté, à l'exception sans doute des habitants des zones interdites, en particulier de Beni Mellah, qui se sont réfugiés dans le village. Mais au milieu d'une population unanime, ils ne peuvent manifester leur opposition.
D'après Faivre Maurice, Un village de harkis l'Harmattan, ISBN: 2-7384-2938-6 une monographie des Beni Dracene.
30 Janvier 1.958 :
Très violents combats près de Guelma. Il s'agit d'une nouvelle tentative d'infiltration depuis la Tunisie, 140 rebelles tués.
Un avion d'observation de l'armée française abattu par des batteries de DCA situées à Sakiet sidi Youssef, en Tunisie.
31 Janvier 1.958 :
Le FLN détient quatre soldats français en Tunisie, un représentant de la croix rouge s'entretient avec eux.
Un homme de 75 ans assassiné à Blida.
En métropole, de Novembre à Janvier, 969 attentats ont fait 336 tués, dont 9 métropolitains, et 741 blessés dont 35 métropolitains.