Juin 1957

 

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1 Juin 1.957:

rien.

 

2 juin 1.957:

Le M.N.A. accuse le F.L.N. de la tuerie de Melouza, le F.L.N. accuse la france.

Un pharmacien poignardé à El Mila.

 

3 juin 1.957:

Le F.L.N., battu dans la campagne, se réfugie à nouveau dans le terrorisme urbain, quatre bombes dissimulées dans des lampadaires explosent vers 18 heures trente, l'heure de sortie des bureaux, près d'arrêts de bus à Alger. Les bombes déchiquettent les lampadaires en fonte, c'est un carnage: 10 morts dont trois enfants et 92 blessés, dont 33 seront amputés, sans distinction de sexe, de religion ou d'âge, en majorité musulmans. Alger qui croyait que les paras avaient éliminé le terrorisme retombe dans la terreur.

La seconde phase de la bataille d'Alger commence. Photos

un jardinier est enlevé à Mila et tué avec les raffinements habituels.

Le vicaire (en soutane, pas d'erreur possible) de Sainte Marcienne à Mostaganem, grièvement blessé à l'arme blanche.

 

4 Juin 1.957:

Les maires d'Alger demandent que les européens soient armés.

Le président samson de la délégation spéciale (mairie) de Rovigo est arrêté pour collusion avec le F.L.N.

Le F.L.N. cherche à investir la ville de Tlemcen, il est repoussé avec de lourdes pertes.

 

5 juin 1.957:

  Argoud raconte ses demelés au sutet des executins publiques qu'il pratique: M. J .-B. Mayer, ouvrier maçon, est assassiné en plein coeur de l'Arba, à coups de hache, vers 7 heures. Immédiatement prévenu, j'envoie sur les lieux le chien policier Trias. Celui-ci se dirige droit sur une boucherie proche et saute à la gorge du commis. Celui-ci passe très vite aux aveux. Il est fusillé le lendemain, à l'endroit même de son crime, devant la population.

Le 20 juin. le suis convoqué par le général Allard, un ancien Ouled de Lattre, avec lequel j'entretiens d'excellentes relations. De manière très courtoise, mais fermement, le général m'invite à cesser toute exécution. le lui demande, pour toute réponse, à être relevé de mon commandement. Il m'invite à réfléchir et à venir le revoir un mois plus tard. Le 8 juillet. le suis convoqué par le général Salan. Il me parle lui aussi des exécutions publiques.

"Je suis entièrement d'accord avec vous, m'affirme-t-il, mais je ne puis à l'heure actuelle vous autoriser à procéder ainsi." Je lui souligne que les difficultés que lui attire mon attitude ne sont que peu de chose à côté de celles que ne manqueront pas de lui valoir tôt ou tard celle des paras. Il se garde de conclure. Le 12 juillet. Partant en permission le 15 juillet, je demande à être reçu par le général Allard. Visiblement, celui-ci espérait que je me le tiendrais pour dit. Il me reçoit très froidement. "Je ne puis absolument pas autoriser les colonels des sous-secteurs à utiliser les méthodes qui leur plaisent.

- Alors, mon général, comment vais-je procéder? Vous savez très bien que si je livre les terroristes à la justice légale, c'est la ruine de tous mes efforts."

Il me répond: "Je vous interdis de continuer."

En un clin d'oeil, je comprends qu'il ne cédera pas, car sa situation personnelle doit être en jeu. Ce qui le gêne, c'est le caractère public des exécutions, et non point l'exécution elle-même. Il me vient alors une idée, et je lui lance:

"Si je comprends bien, ce qui vous ennuie, c'est que les exécutions aient lieu dans les agglomérations. Eh bien, je vous propose de fusiller désormais le coupable dans la montagne, au-dessus de la cote 300 par exemple" (l'Arba, Rovigo, Rivet sont à 80 mètres d'altitude).

"D'accord", me répond-il.

Je respecterai les termes de notre accord. Les terroristes seront désormais fusillés dans la montagne, mais toujours en public car je transporterai en camions les spectateurs.

 

6 Juin 1.957:

une opération dans le sud Oranais coûte 80 morts aux rebelles.

Nombreux attentats.

 

7 Juin 1.957:

Un adjudant chef de gendarmerie est assassiné alors qu'il poursuivait des terroristes à Tiaret.

Un caïd assassiné à la sénia.

 

8 Juin 1.957:

Rien

 

9 Juin 1.957:

Nouvelle bombe à Alger, cette fois dans un dancing populaire auprès des jeunes, surtout des juifs de Bab-el-Oued, le casino de la corniche, la bombe était sous l'estrade de l'orchestre, elle tue dix personnes et fait 85 blessés, en général aux jambes. Certains (10) doivent être amputés.

Près de Sétif un agriculteur est assassiné dans sa ferme.

En Kabylie, la famille Hamid est éliminée (ancien combattants). Le père, Ahmed, 60 ans, énucléé, puis étranglée. La mère, Kaïsme, 45 ans, violée diversement, puis a la tête éclatée à coups de matraque. Les fils Tayeb, 21 ans, Rebaï, 12 ans, Mohand 4 ans, Hamid, dix mois, également violés, puis égorgés. Les filles encore à la maison, 18, 14, 10 et 8 ans enlevées pour un usage ultérieur.

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10 Juin 1.957:

 Important accrochage dans le sud algérois, les rebelles sont forts de 500 hommes bien armés.

 

 11 juin 1.957:

Après les obsèques des victimes du casino de la corniche, la foule à Alger exaspérée se livre à des exactions, 200 magasins de musulmans sont saccagés, cinq hommes sont tués, 200 personnes sont arrêtées, le couvre feu est fixé à 19 heures. Lacoste, débordé, donne les pleins pouvoirs à l'armée sur Alger. Les paras arrêtent Audin, professeur à l'université d'Alger où il avait obtenu sa mutation en 1953 afin de participer à l'insurrection qui s'annonçait, communiste. Audin s'échappera un jour, tout le monde le pense assassiné. C'est LE cas, celui que tout le monde connaît, typique des entreprises de propagandes de la france moderne. Ils arrêtent aussi Aleg, journaliste, qui lui réapparaîtra en bon état physique, et écrira un livre sur les tortures qui lui furent affligées. Ils arrêtent aussi de nombreux européens, complices bien connus du FLN. Ces arrestations que la police n'osait effectuer, vu les protections dont disposaient les suspects et le manque de preuve sèment la panique dans les réseaux de soutien, et envoient les chefs rebelles qui affectionnaient particulièrement les sécurités des quartiers européens vers les maquis.

Un sous brigadier de police musulman, déjà blessé dans un précèdent attentat est assassiné à Mostaganem.

 

12 juin 1.957:

Le parlement nomme le gouvernement Bourgès-Maunoury par 240 contre 194.

Arrestation d'Henri Alleg, communiste, directeur du journal Alger républicain de 1950 à 55, en clandestinité depuis novembre 1956.

 

13 Juin 1.957:

Une personne assassinée au couteau à Fort de l'Eau.

 

14 Juin 1.957:

Compte tenu de l'agitation des pieds noirs, lassés des continuels et sanglants attentats, en particulier à Alger, les mesures de sécurité (couvre feu, fouilles de voitures) sont renforcées.

 

15 Juin 1.957:

  En 1957, une étude de J. Leriche, "Les Algériens en France: un mal? Non un lien!", Cahiers nord-africains, n°59, juin-juillet 1957, p. 10. publiée par les Études sociales nord-africaines évalue à 100 000 le nombre habituel des Algériens sans emploi vivant en métropole sur une communauté d'environ 300 000 personnes.

Daniel Lefeuvre Chère Algérie, ISBN2-08-210501-6

 

16 Juin 1.957:

rien

 

17 Juin 1957:

Rien.

 

18 Juin 1.957:

Poursuivant la politique de regroupement de la population rurale de façon à la soustraire aux tentations (et aux exactions) du FLN, et de mieux l'administrer, la région de EL-Millia est déclarée zone interdite (les soldats tirent à vue sur tout ce qui s'y trouve).

 

19 Juin 1.957:

Un mort à Azazga.

 

20 juin 1.957:

rien

 

21 Juin 1957:

Commando FLN à Frenda, ils tuent deux pieds noirs et deux musulmans.

Le caïd et un garde - champêtre assassinés dans une embuscade à Noisy-les-Bains.

Le porte drapeau de la section de Mostaganem des anciens combattants, Caïd Mechta, abattu. Il est le deuxième d'une série de huit.

Il est probable (bien qu'il soit discret sur le sujet) que Aussaresse ait étranglé (ou fait étrangler) ce jour de ses fortes mains Audin, communiste, qui s'était fait muté à la faculté d'Alger en 1953 pour participer à la lutte du parti coté FLN, poseur de bombe, arrêté le 11. Nous en resterons à la version officielle de son évasion pour les rouges pays du communisme.

 

22 Juin 1.957:

Cinq terroristes, condamnés à mort sont exécutés à la prison d'Alger.

 

23 Juin 1957:

Grenade à Sidi-bel-Abbés, une tuée de 16 ans.

Un chauffeur est assassiné au volant de son véhicule, près de Hammam-bou-Hadjar.

 En Syrie, les oulémas déclarent le djihad (guerre sainte, qui garantit le paradis et ses plaisirs) à la France.

 

24 Juin 1.957:

Deux embuscades l'une à Maginot, l'autre à Bougie font 27 morts parmi les troupes françaises.

 

25 Juin 1.957:

 à Franchetti, prés de Saïda, deux agriculteurs assassinés.

Le 26 juin 1957, Salan signe une "directive générale". (Il attend le feu vert qui lui est donné le 8 juillet, le texte est diffusé le 17) Il y reprend les analyses précédentes: barrages aux frontières, renforcement des unités opérationnelles, multiplication des troupes mobiles "organiquement constituées et entraînées de façon permanente", impossibilité de fixer une échéance à cette guerre. Deux éléments sont particulièrement dégagés:

o L'action psychologique est, nettement, définie comme une arme "au bénéfice du rétablissement réel de l'ordre". o Il annonce que la constitution d'une "force d'intervention", les réserves générales, est "à la base de mes préoccupations". Il demande "une compagnie d'intervention dam chaque secteur ou sous-secteur" et des "groupements d'intervention dam chaque secteur". Il attend des renforts du Maroc et de Tunisie. Surtout, il va disposer d'une "réserve permanente" avec la 11 éme division d'infanterie (11 e DI) repliée de Tunisie, et avec deux divisions de parachutistes (DP), la lOe et la 25e DP.

Il ne doutait pas d'obtenir l'accord du ministre, car "toutes ces mesures sont déjà en œuvre depuis sa prise de commandement" .Le général Ely, chef d'État-Major général, vint à Alger vérifier la faisabilité du projet. Il obtint que Salan précisât certains points dans un rapport au ministre. Il y insistait sur la nature de l'Armée de libération nationale (ALN), présentée comme une "infrastructure politique et logistique puissante et tentaculaire, animant des bandes dont la qualité majeure est la fluidité". Cela donne à la guerre des traits originaux, qui n'ont pas tous été mis en valeur depuis 1954 :

o cette armée dispose de bandes qu'il faut attaquer en "permanence" car elles sont "diluées, dispersées, secrètes". Des "moyens importants dans tous les domaines" sont indispensables pour détecter leurs "activités souterraines et diverses";

o la tactique est d'abord la "recherche du renseignement sur les bandes, et l'infrastructure et l'état d'esprit des populations". Elle relève "de cadres spécialisés dans le renseignement, l'action psychologique et l'action avec les représentants de l'administration civile", et cela partout "où s'appliquent les efforts successifs du commandement";

o la destruction des bandes et de l'infrastructure revient à des "unités d'intervention", soit un "minimum de troupes de secteur, quelques unités d'intervention aidées par la gendarmerie et la police".

Il proclame que l'objectif est "le ralliement des populations", après anéantissement des bandes et de l'infrastructure. L'action psychologique sera soutenue par une "infrastructure nouvelle", conduite par des "commissaires politiques bien préparés, en attendant une administration nouvelle", par des "unités supplétives valorisées". Ce sont les progrès de cette pacification qui autoriseront l'allégement du dispositif militaire. Salan n'oublie pas les points sensibles: les frontières, la protection des recherches pétrolières au Sahara, "l'assainissement des villes" du terrorisme, la liquidation des maquis. Ces actions seront menées par les généraux "avec les moyens propres" à leur commandement. Le général Salan veut sortir les unités de l'attitude défensive imposée par le quadrillage, pour défendre les agglomérations et les fermes isolées. Il lui faut des unités d'intervention, pour agir dans un cadre difficile et montagneux: vallée de la Soummam en Kabylie, Monts du Hodna, région de Sétif, axe de l'évacuation des hydrocarbures en zone saharienne. Or, il ne dispose que de trois divisions pour cela. Dans la partie orientale du pays, il ne peut encore dégager que deux groupements d'intervention, soit quatre bataillons, et dans le Corps d'armée d'Oran un groupement à un bataillon soutenu par un régiment de blindés. Il décide d'y remédier en imposant une conception du combat moins lourde que celle "d'un certain nombre de combats récents". Il met fin aux "unités de marche", unités hétérogènes n'ayant pas l'habitude de combattre ensemble sous les ordres d'un chef connu. Tout doit rendre plus de mobilité aux unités engagées:

o il est gagné à l'emploi d'hélicoptères, mettant rapidement en place les unités, déversant "des troupes au cœur du dispositif rebelle", pendant que "les éléments de bouclage gagnent à pied leurs emplacements de combat" ;

o il conseille l'activité nocturne, pour la "destruction des bandes", la "démolition de l'infrastructure politico-administrative", et cela par des embuscades systématiques. Il parle de concentrer les moyens "sur une aire d'action de dimensions réduites", en tendant "des rideaux successifs d'embuscades sur un axe de déploiement connu des rebelles ou supposé".

Il demande que l'on soit prêt à engager le combat "à chaque instant, dès que le lieu de stationnement ou de bivouac est quitté", à rendre sûrs les déplacements par des "appuis feu", de bonnes transmissions, des "contacts radio sans ambiguïté" avec les unités voisines.

Au milieu de l'été 1957, le général Salan est en train de remodeler cette armée d'Algérie. Il estime qu'il est en train de regagner les populations. Dans un rapport il signale les "marques de confiance", les "effets de rapprochement sensibles partout où l'organisation rebelle a été chassée ou du moins réduite au silence". Dans l'A.L.N, il a été noté des "signes tangibles de lassitudes, de détachement, de désobéissance ou même de résistance au FLN".

En juin-juillet 1957, il juge que "tout prouve l'échec de l'adversaire". On vient de mettre "près de mille chefs ou membres du FLN hors d'etat de nuire", les "moissons sont sous protection de l'Armée". Rien n'est gagné, puisque la reforme communale est freinée par les exactions, "les djemâ'as ne peuvent subsister qu'autant qu'elles demeurent clandestines" en Kabylie. Mais il y oppose d'autres signes positifs. En juillet, il a été enrôlé neuf mille trois cents harkis, et leur participation aux combats a été efficace. Les séances de propagande ont été suivies, affiches et projections cinématographiques ont attiré du monde, des déclarations de ralliés ont été publiées. Cette action psychologique a été soutenue par une action sociale: des chantiers ont été ouverts employant douze mille hommes à des travaux de route, soit un quart de plus que le mois précédent. L'assistance médicale gratuite a attiré du monde, le nombre des consultations a été "accru de quarante mille". Les populations apprécient "de plus en plus l'action des médecins militaires et des équipes médico-sociales itinérantes". Les écoles sont pleines, malgré la consigne de grève scolaire du FLN, les impôts rentrent normalement, des "résistances commencent à se manifester dans le commerce contre les prélèvements du FLN". Seuls la reforme électorale "marque le pas" ("la guerre d'algérie du général Salan, Valette, ISBN 978-2-915960-38-9)

 

26 Juin 1.957:

Découverte sur renseignements de 33 bombes armées et prêtes à être placées à Alger.

Sept terroristes condamnés à mort à Oran.

Le ministre de la défense Morice, malgré les réticences des militaires ordonne la création le long de la frontière tunisienne d'un barrage analogue à celui qui a montré son intérêt coté marocain. Il portera son nom, ligne Morice. Il se révélera d'une redoutable efficacité, non comme barrage, mais comme moyen d'alerte (radars dopler, fils électrifiés) , le barrage est bordé d'une route et ponctué de troupes d'intervention qui foncent sur les moindres lapins.

Au cours du premier semestre 58 (bataille des frontières) 2416 rebelles seront tués lors de tentatives de franchissements ou peu après , 3300 armes récupérées.

 

27 Juin 1.957:

rien

 

28 Juin 1.957:

Des routes ont été minées par les rebelles.

Deux agriculteurs assassinés dans leurs champs.

 

29 Juin 1.957:

rien.

 

30 Juin 1.957:

 rien.