Avril 1957

 

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1 Avril 1957 :

Un musulman assassiné à Bougie.

Un aumônier aussi.

Un cantonnier idem. (à Tekbalet).

Un agriculteur pareil. ( à Malherbe).

 

2 Avril 1957 :

20 fermes attaquées en oranie, 5 européens tués.

Un assassiné à Orleansville.

Un employé de SAS à sidi aïch.

 

3 Avril 1957 :

Rien.

 

4 Avril 1957 :

Poursuite de l'offensive FLN sur les fermes.

Un chauffeur de camion enlevé sur la route à Tlemcen.

Un employé assassiné à Malakoff.

28 inculpations et 18 mandats de dépôt (préventive) à Alger, dans l'affaire du soutien au F.L.N. apporté par des " libéraux ". Parmi eux Raymonde Peschard, communiste, poseuse de bombe, en fuite qui a rejoint les maquis, et sera tuée les armes à la main dans le Constantinois (ce qui n'empêche pas de la présenter, encore de nos jours, comme torturée et assassinée par les paras) l'abbé Barthez, deux conseillers municipaux, deux médecins.

 

5 Avril 1957 :

On apprend que le 3 avril la 2ème compagnie du 1/35 RI basée à Beni Ouelbane- PC bataillon à Sidi Kamber secteur de Saint Charles 14 ème DI a eu dans la massif Feh sidi Driss 27 morts, 22 blessés un disparu. Certains corps étaient affreusement mutilés.

Le cargo allemand Lindelfeld, fouillé à Mostaganem, livre une cargaison camouflée d'armes et de munitions destinées au F.L.N.

 

Pour faire toute la vérité sur les tortures dénoncées par la presse de gauche, le gouvernement met en place une commission permanente qui aura à charge d'enquêter sur chaque cas signalé.

 

6 Avril 1957 :

Embuscade près de Mascara, 3 tués, 3 blessés, 1 disparu.

Un entrepreneur et un de ses peintres assassinés sur un chantier, à fromentin.

 

7 Avril 1957 :

Grenade dans la foule qui assiste à un match au stade ASB d'Oran, 15 blessés.

Bagarre à la faculté de droit d'Alger entre F.L.N. et pro français.

 

Témoignage de Jean Torres : Jean Torres, né le 22 janvier 1926, Saïda. Conducteur de locomotives diesel CFA. il habitait 9, rue Colonieu, à Saïda, il raconte :

"Le 7 avril 1957, assurant la conduite d'un train transportant du matériel militaire et de l'essence de Saïda à Aïn -Sefra, j'ai été victime d'un attentat avant le Kreider.

La Loco diesel, DA 10 que je conduisais a sauté sur une mine, faisant dérailler le convoi. j'ai été blessé ainsi que le chef de train Charles Moisset et un jeune militaire du 8eme RIM qui a eu la jambe broyée.

Evacués sur l'Hôpital de Saïda, j'y ai passé quatre mois.

Apres ma convalescence j'ai subi un nouvel attentat. Le train que je conduisais (transport d'essence)a sauté sur une mine avant Tafraoua, mais sans dommages très graves cette fois. Ca m'a valu deux nouveaux mois d'arrêt.

Je me suis ensuite trouvé au milieu d'une fusillade qui a fait trois morts à Mecheria. De l'hôpital de Saïda, j'ai un souvenir, qui m'avait bouleversé: pendant mon séjour à cet hôpital, il y avait les douze cercueils des militaires du 8ème RIM tués dans une embuscade à la Ferme Garrigues à Fenouane".

 

8 Avril 1957 :

Trois terroristes guillotinés à Alger.

Le Cheik Tebessi, patron du mouvement fondamentaliste "oulema" disparaît, enlevé par le FLN.

 

9 Avril 1957 :

Bataille à Bordj de l'Agha, près de Bou Saada, 3 officiers, 9 soldats tués, 63 rebelles abattus.

Un passant assassiné à coups de couteaux à Perregaux.

Non loin de Tlemcen, un employé des ponts et chaussée et 7 ouvriers assassinés.

Un homme et son frère assassinés à Alger.

Arrestation mouvementée de Djamila Bouhired, poseuse de bombe, par les zouaves dans la casbah. Elle servait d'éclaireuse à la direction de la Zone Autonome, y compris son chef Yacef Saadi qui changeait de cache. Elle portait des documents prouvant qu'elle était en liaison avec les chefs de la zone autonome. La patrouille l'arrête pour une fouille de routine, mais les documents donnent tout de suite l'alerte. Saadi qui voit l'arrestation tire sur elle pour l'empêcher de parler mais ne fait que la blesser. Elle est remise à Aussaresses qui n'en tire rien et la remet au deuxième bureau de Massu, où elle est prise en charge par le capitaine Graziani. Graziani ne la traite pas comme une détenue, il va la voir plusieurs fois à l'hôpital où elle est soignée, quand elle est rétablie elle déjeune au mess des officiers qui ne la connaissent que comme l'invité d'un des leurs, elle est séduite par le capitaine, elle raconte ce qu'elle sait.

 

10 Avril 1957 :

 Grève générale des étudiants annoncée par le FLN. Elle est assez mal suivie, la plupart iront continuer leurs études dans les facs de métropole, d'autres auront le courage de continuer leurs études à Alger.

 

 11 Avril 1957 :

Embuscade à Saïda, plusieurs soldats tués. Voici ce qui se cache sous le communiqué militaire : Faits vécus et racontés par Georges Garrigues.

Le 18 février 1957 alors que d'autres colons voisins quittaient leurs fermes, ces dernières étaient vidées et incendiées par les fellaghas. Malgré ces événements, le trio des Garrigues: Camille, Marcel, Georges continuaient à travailler leurs terres. Ils ont eu le 18 février six tracteurs brûlés aux champs. A la suite de cette tragédie, les autorités civiles et militaires ont enfin décidé de leur assurer une protection afin qu'ils puissent continuer les travaux en pool à la ferme.

Une section de 50 soldats de la deuxième compagnie du huitième RIM veille sur eux, et protège le matériel de la ferme. Depuis deux ans, enfin, les colons n'ont plus à monter la garde eux-mêmes. Dès le 15 mars, 10 tracteurs prêts à l'emploi sillonnent les champs. Tout le monde reprend confiance. On laboure en moyenne 50 hectares par jour (c'est un record). Le 10 avril, à 5 heures du matin, Georges prépare les dix tracteurs avec Amara son aide. Vers 7 heures une bonne averse l'oblige à donner congé à tout le monde, à la joie des chauffeurs et des petits militaires. Seuls les engagés en ont profité pour réviser leurs véhicules.

Pour leur part, les chauffeurs n'ont pas voulu rester travailler à leurs tracteurs. Amara, lui, bricole avec nous. Sur son insistance nous sommes allés graisser les charrues aux champs. Je décide de prendre un camion de sable pour terminer les installations d'eau et de bain pour la section du 8ème RIM. Les militaires ont décidé de m'accompagner pour essayer leurs dodges. A midi, le lieutenant et le sergent chef mangent comme d'habitude chez Marcel. Ils décident ensuite d'aller faire un tour sur le terrain avec 12 militaires. Moi, ayant entamé un travail long et minutieux sur le tracteur de Bounaud, je reste à la maison. Vers 16 heures, une grosse fusillade éclate et nous met tous en émoi. Le sergent chef part avec un dodge sur le terrain pour constater le massacre de l'unité des soldats, et de mon frère Marcel.

Les véhicules étaient en feu. Moi, ayant téléphoné aux gendarmes d'Ain-El-Hadjar, les renforts de la Légion, du 8 ème RIM et SPAHIS sont arrivés très rapidement et je suis allé sur les lieux relever le corps de mon frère Marcel, criblé de balles alors que les militaires s'occupaient de leurs morts. J'ai constaté que le camion tractait le dodge, le câble était tendu au moment de la fusillade. Les 5 fusils mitrailleurs de la Katiba ont donc fait du tir aux pigeons et le convoi sûrement arrêté par quelqu'un très connu de mon frère.

En attendant l'arrivée des renforts, j'ai pu avec l'aide de Mohamed, notre garde, reconstituer l'embuscade où nous avons constaté qu'Amara était de mèche avec le FLN pour organiser l'embuscade. Le 11 avril, toute la 2e compagnie du 8ème RIM s'est installée à la ferme et la moisson a été faite sur toute la vallée sans aucun incident avant que d'autres événements suivent.

Morts lors de la fusillade : 1 civil et 12 militaires du 8ème RIM Marcel Garrigues, Alfred Masset, Joseph Babonneau, André Boucher, Roger Lalli, André Dubucq, Joseph Girard, Gilbert Terrière, Jean Fabri, Eugène Barguin, Germain Ferret, Claude Huet, Henri Gauthier.

Deux assassiné à Berthelot.

Une fermière à Isserville.

Un employé à Oued Fodda.

Une veuve de 81 ans à Babba-Hassen.

L'assassin de Amédée Froget condamné à mort.

 

12 Avril 1957 :

Vaste coup de filet dans les milieux communistes d'Alger, qui soutiennent le FLN, trente arrestations, dont le propriétaire d'une auberge bien connu du ruisseau des singes, arrêté pour trafic d'armes.

Grenade dans un cinéma de Aïn Temouchent, 3 morts, 25 blessés.

 

13 Avril 1957 :

Suite du coup de filet dans les milieux communistes, 22 arrestations ce jour.

Le maire de La Calle et sa fille de 19 ans assassinés.

 

14 Avril 1957 :

Accrochage à Philippeville, 11 soldats tués, 5 blessés, 5 disparus.

Un assassiné à Bône.

Un autre, par grenade, à l'arba.

Un chirurgien à Bougie.

Une ferme attaquée à Sidi Mimoun, les fermiers de 75 et 71 ans sauvagement massacrés.

 

15 Avril 1957 :

 Un commando FLN attaque la caserne des pompiers d'Alger, 6 soldats de garde et 4 pompiers enlevés.

 

 16 Avril 1957 :

Le général de la Bollardiére puni de 60 jours d'arrêts de forteresse, pour avoir dénoncé médiatiquement les exactions qu'il n'a pas su empêcher.

 

17 Avril 1957 :

Un cultivateur de Tlemcen assassiné dans les rues d'Oran.

Deux personnes enlevées à Oran.

Un caporal chef poignardé à Bône, dans le dos.

Deux employés agricoles assassinés à Miliana.

Le lieutenant de Pouilly, fils du général, assassiné. De pouilly qui a choisi la légalité dans les bouleversement ultérieur, témoignera en faveur de ses camarades rebelles en disant "j'ai choisi la légalité. L'histoire dira sans doute que leur crime est moins grand que le mien."

Le chirurgien Brechet, très aimé des musulmans car, conformément au serment d'Hippocrate, il faisait payer ses services en fonction des ressources de ses patients (et donc souvent gratuitement - comme beaucoup des médecins pieds noirs) assassiné.

 

18 Avril 1957 :

Accrochages, 14 tués, 20 blessés dans nos rangs.

Une personne assassinée, seul européen d'un car rançonné, près d'Alger.

Un commis de ferme assassiné à Changarnier.

Le train Oran- Oujda saute sur une mine.

Assassinat à Saïda : "Mon père décida de faire une promenade. Nous habitions près du cimetière israélite dont mes parents étaient les gardiens. Il fût attaqué et blessé mortellement de plusieurs coups de couteau. (…) je travaillais au comptoir d'escompte ; le directeur me fit appeler et me dit : "partez. On a besoin de vous à la maison, mais il ne voulut rien me dire de plus".

"Je courus, toutes sortes d'images atroces me hantaient l'esprit. Arrivé prés de la maison, je vis un attroupement, au loin, le long de la voie du chemin de fer, sans chercher à comprendre je m'y dirigeais. C'est alors que je vis mon père, allongé par terre, sur le dos, les bras en croix. Mon père a laissé ma mère avec neufs enfants, dont six mineurs."

 

19 Avril 1957 :

Bombe dans un trolleybus à Oran, le chauffeur tué, quatre blessés.

Un agent de police assassiné à Constantine.

 

20 Avril 1957 :

 Rien

 

21 Avril 1957 :

Rien

 

22 Avril 1957 :

Un cheminot en retraite assassiné à Blida.

 

23 Avril 1957 :

7 FLN arrêtés à Alger.

Le secrétaire général du parti communiste d'algérie (né dans la Loire), passé à la clandestinité, arrêté. Il sera condamné à 20 ans de prison, amnistié en 62, il rejoint la métropole et le parti, où il anime la FNACA.

Une femme , épouse d'un policier musulman, brûlée vive avec son bébé de 18 mois, à Héliopolis.

Enlèvement d'un agriculteur et de sa soeur au Telagh.

La totalité des membres musulmans de la délégation spéciale (mairie non élue) enlevés et massacrés avec imagination à Bordj Sabath.

Un agriculteur de 80 ans assassiné à Cap Aokas.

Deux agriculteurs pieds noirs de la région d'Oran arrêtés pour avoir payé "l'impôt révolutionnaire" aux fellaghas, afin d'avoir la paix dans leur exploitation.

 

24 Avril 1957 :

Rien

 

25 Avril 1957 :

Un agriculteur enlevé puis assassiné près de Saïda.

 

26 Avril 1957 :

Un assassiné à Cavagnac.

Deux à Guelia.

Bataille rangée entre FLN et MNA.

 

27 Avril 1957 :

Rien.

 

28 Avril 1957 :

Un commerçant tué à Oran dans sa boutique.

Un chauffeur de poids lourd, à Perregaux, dans son jardin.

Un homme à Menerville.

 

29 Avril 1957 :

Attaque d'un poste de police au Kroubs, un policier tué, quatre blessés, mais les rebelles ne peuvent s'emparer des armes qu'ils visaient.

 

30 Avril 1957 :

 Nombreux attentats dans toute l'algérie, 7 morts, 6 blessés., parmi eux :

Le garde champêtre de Baraki

Un employé des ponts et chaussée de Bône, tué devant sa fille de 6 ans, épargnée.