Octobre 1955

 

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1 octobre 1955:

Le F.L.N. diffuse un document qui interdit de fumer sous peine d'ablation du nez des fumeurs et d'incendies des magasins des vendeurs.

Qualques recalcitrants ici.

Paraît à Alger le numéro un de "Communauté algérienne" fondé et animé par Aziz Kessous et auquel collabore Albert Camus qui lui envoie une lettre (reprise dans actuelles III) dans lequel on trouve "J'ai mal à l'algérie, comme d'autres ont mal au poumon (…) les français d'algérie, dont je vous remercie de rappeler qu'ils ne sont pas tous des possédants assoiffés de sang sont plus d'un million, et cela seul suffit à différencier le problème algérien de celui de la Tunisie ou du Maroc".

 

2 octobre 1955:

Rien.

 

3 octobre 1955:

Cherif, chef de la zaouia kadar, à Amiche, assassiné. (les zaouias sont, pour caricaturer, l'équivalent musulman de nos monastères).

 

4 octobre 1955:

Vingt villageois égorgé (et le reste) dans le Constantinois.

200.000 militaires français sont en algérie.

 

5 octobre 1955:

Un ancien S.A.S raconte qu'il a été designé d'office, avec 23 camarades, pour ce travail, alors tout à fait inconnu; qu'il devait avoir un stage de six mois mais que, accueilli par Soustelle le premier octobre, ce dernier les informe que le stage est supprimé et qu'ils vont être immergés immédiatement dans la population. Il raconte la mesaventure arrivée à un de ces officiers: " N'est-ce pas, jeune lieutenant d'infanterie métropolitaine, chef de la SAS voisine sur la frontière algéro-marocaine? Installé de but en blanc dans une école inoccupée, en pleine nature, située à quelques deux kilomètres d'une compagnie de Légion Étrangère, il bénéficie pendant la première semaine de la protection d'une section, protection temporaire jusqu'au recrutement de son maghzen. Comment un jeune officier qui foule pour la première fois le sol d'Afrique du Nord, qui ignore tout du pays et de ses habitants, qui se sent perdu au milieu d'une région inhospitalière, peut-il procéder à ce recrutement? Le seul moyen est de faire confiance à son caïd, comme le lui a d'ailleurs conseillé l'administrateur chef de commune. Le caïd se portant garant de trente volontaires, trente moghaznis sont enrôlés et armés ... Et la section de Légion repart vers son bivouac.

Pendant plusieurs semaines tout se passe normalement ... Les supplétifs montent la garde. Les rebelles ne se manifestent pas, sinon par quelques coups de feu isolés et lointains à la nuit tombée. Tout semble paisible et rassurant à tel point que l'officier, jeune marié, obtient l'autorisation de se faire rejoindre par sa femme. Elle arrive d'Alger en une journée, et les deux tourtereaux de roucouler ... Hélas! les transports amoureux sont de courte durée! La deuxième ou troisième nuit c'est le drame. Tout près de l'école, un coup de feu claque, suivi de nombreux autres et de rafales. Le lieutenant bondit à la porte pour rameuter ses hommes et organiser la défense. Stupéfaction! Il n'y a plus personne! Tout le maghzen s'est évanoui dans la nuit. Le feu redouble d'intensité. Les balles traversent portes et volets et se fichent dans les murs et les plafonds des pièces. Les rebelles ne sont plus qu'à quelques mètres, et se glissent de part et d'autre de l'habitation pour tenter de couper le chemin de repli. Pistolet au poing, désemparé, l'officier en un instant comprend qu'il est trahi et que le salut ne peut être trouvé que dans la fuite. À "quatre pattes" avec sa femme en chemise de nuit, il sort par une porte dérobée et réussit, grâce à l'obscurité et servi par une chance inouïe, à passer à travers les assaillants.

Après une course éperdues, le couple parvient à rejoindre le poste militaire en état d'alerte, mais à quel prix? La perte de trente fusils vaudra trente jours d'arrêts de rigueur à l'officier, avec remise à la disposition de son arme ... et le profond traumatisme que j'ai pu constater par la suite.

 

  6 octobre 1955:

Six européens et quatre musulmans enlevés à Lannoy, près de jemmapes.

 

7 octobre 1955:

Rien.

 

8 octobre 1955:

Rien.

 

9 octobre 1955:

Manifestations pro FLN en métropole, en particulier à Paris, saint Etienne et Douai. Dans cette ville la manifestation dégénère, un agent de police est égorgé et trois autres blessés, deux manifestants sont tués.

 

10 octobre 1955:

60 FLN arrêtés à paris.

 

  11 octobre 1955:

Berkane Ayache Ben Amar, 18 ans, Raguedi Ayache Ben Brahim, 18 ans également, sont égorgés au douar Oued Mériel dans les Aurès, la nuit du 10 au 11 octobre 1955 par une quinzaine de rebelles. Leur crime, se sont rendus chez un colon européen pour lui demander du travail.

Djelloul, signataire du "manifeste" de Ferhat Abbas, se distance en déclarant "aucun esprit de sécession n'anime les signataires ".

 Débat à l'assemblée nationale sur l'algérie, Duclos, communiste "s'indigne de la dissolution du parti communiste algérien". Il en fait l'éloge.

 

12 octobre 1955:

On retrouve égorgé dans un ravin le chaufeur d'un camion d'une entreprise de travaux publics, incendié le 10, douar Ouled Selim.

 

13 Octobre 1.955 :

Dans le djebel Krouma, au cours d'un accrochage, le 40 ème goum trouve les ordres de la rebellion. ICI

 

14 octobre 1955:

Incendie de l'école de Kef-beni-Fedj.

 

15 octobre 1955:

Rien.

 

  16 Octobre 1.955:

rien.

 

17 Octobre 1.955:

Au col de Mizen sur la route entre Bone et Herbillon, une bande rebelle liquide un vehicule de GMS qui le protegeait puis tue tous les occupants d'un autocar.

 

18 Octobre 1.955:

Les chefs dans le Constantinois - zone du plus fort développement rebelle - viennent de s'entre-tuer, continuent de le faire et vont continuer pendant toute l'année 1956. La cascade d'assassinats donne une idée précise du meurtre, moyen ordinaire de conquête du pouvoir .

Chibani Bachir, jeune Constantinois de moins de 20 ans avait constaté l'échec de la tentative de soulever le bled le premier novembre 1954, il s'était réfugié dans les Nementchas et avait rapidement compris que sa position géographique le mettait hors des coups de l'armée française. Il allait y durer, pratiquement seul représentant du FLN en Algérie, jusqu'au nouveau coup de force des 20 Août (el halia) et 20 Octobre 1.955, qui allaient relancer la rébellion.

Chibani Bachir s'était nommé chef d'Etat-Major de l' A.L.N., mais la Kabylie est aux mains de l"'historique" Belkacem Krim et l'Oranie de Ben M'Hidi; il doit même renoncer au Nord-Constantinois au profit de Zirout Youcef, qui y organisera les émeutes du 20 août 1955; dans le Sud-Constantinois, les Nementchas lui sont disputés par Adjoul Adjoul, "bandit d'honneur" avant la rébellion algérienne. Adjoul fait assassiner Chibani Bachir le 18/10 pour récupérer son secteur de chasse et s'adosser à la Tunisie pour l'approvisionnement en armes. Cet assassinat sera classé parmi les "purges", par Mohammed HARDI, "Le FL.N. mirage et réalité", Paris. Jeune Afrique, 1985, avec pour "motif " accusation d'homosexualité.

En octobre 1956, un autre rebelle, Aïssi Messaioud, essaie d'abattre Adjoul; en définitive c'est Adjoul qui abat Messaioud. Survenant après la capture de Ben Bella, cette exécution démoralise Adjoul qui se rend aux autorités françaises. Les chefs de bandes ont trouvé dans le F.L.N. une image de marque plus présentable que celle, traditionnelle, des fellaghas. Grâce à cette désagrégation des réseaux de commandement, les Kabyles prennent le contrôle du F.L.N. au "congrès de la Soummam."

Le FLN passera son temps à se déchirer, non tant sur des problèmes de doctrines ou de tactiques, que comme lutte de clans. Les dissension dans les Aurés ne sont pas differentes de celles mieux connues, comme:

Celles de Ben Bella (au Caire) contre B. Krim, Boudiaf et le Congrès de la Soumman qui prônent la supériorité de l'intérieur sur l'extérieur;

du capitaine Mahsas en Tunisie contre le CCE.

Le complot Amouri -Lakhal de novembre 1958 se termine par 4 condamnations à mort, la torture et la détention de nombreux officiers.

Au début de 1959, Amira, qui s'oppose à Ferhat Abbas, est retrouvé sans vie à Tunis.

Lors d'une réunion au Caire "chacun gardait sa mitraillette sous son paletot", écrit Aït Ahmed.

Les chefs militaires, réunis pendant 110 jours à l'été 1959, refusent la présence du triumvirat Krim-Boussouf-Bentobbal.

D'anciens officiers français complotent alors pour kidnapper 3 colonels dont Boumediene.

Pendant le même été, l'insubordination se répand dans les bataillons de Tunisie, qui perdent 5 à 6 déserteurs par jour.

Après avoir épuré sa wilaya, Amirouche est chargé de remettre de l'ordre dans les Aurès (Wilaya 1).

Les "officiers libres" de la wilaya 3 refusent l'autorité des commandants Mohand El Hadj et Mira en septembre 1959.

En janvier 1960, la dissidence est partout, le capitaine Zoubir est exécuté au Maroc.

Si Salah est emprisonné en juin 1960 à la suite de ses contacts avec la France. A l'été 1961, l'Etat-major démissionne et Ben Khedda élimine Ferhat Abbas.

En janvier 1962, l'EMG se constitue en direction parallèle; après le cessez-le-feu, il reçoit l'appui de Ben Bella et de militants de la Fédération de France du FLN, met en place en Algérie des groupes concurrents de ceux du GPRA, s'oppose au Comité interwilaya constitué le 25 juin, avant d'être destitué par le GPRA le 30 juin.

 

19 Octobre 1.955:

rien.

 

20 Octobre 1.955:

Hamaji Belkacem Ben Embarek, 75 ans, au douar Ichmoul est égorgé dans la nuit du 19 au 20 octobre 1955, motif: tirailleur en 14-18, portait le drapeau des anciens combattants le 14 juillet précédent malgré la défense qui lui en avait été faite.

 

  21 Octobre 1.955:

rien.

 

22 Octobre 1.955:

rien.

 

23 Octobre 1.955:

Une bande rebelle essaye de franchir la frontière algéro- tunisienne (le barrage n'est pas encore en place) 10 rebelles tués, nombreux blessés.

 

24 Octobre 1.955:

rien.

 

25 Octobre 1.955:

 rien.

 

  26 Octobre 1.955:

Rien.

 

27 Octobre 1.955:

Soustelle crée le service des centres sociaux, destiné à promouvoir les musulmans. Il y en aura jusqu'à 65, avec 300 moniteurs. En parallèle il crée les SAS et les harkis, dans le même but. Sous l'influence successive de germaine Tillon, puis de Charles Aguesse, le service des centres sociaux se laisse aller à aider le FLN. Aguesse sera arrêté avec plusieurs collaborateurs le 11 juillet 1959, le service sera réduit à ne s'occuper que de l'éducation des jeunes, mais son orientation politique n'a pas changé. Le 15 Mars 1962, l'O.A.S. assassinera six de ses dirigeants dont l'écrivain connu de la gauche, Mouloud Feraoun.

Pour contrebalancer l'influence de ces centres, l'armée crée des CFJA (centre de formation de la jeunesse algérienne) le premier à Alger à l'initiative de Massu, en 1957, en pleine bataille d'Alger. Il y aura 26 CFJA, confiés à des officiers SAS. En juillet 1957 est cré à Issoires un "Centre d'entrainement de moniteurs de la jeunesse algérienne" (CEMJA) à l'initiative du colonel Lacheroy. Ce centre forme 300 moniteurs en 6 mois. En janvier 1959, à Nantes, un centre de monitrice (90 chaque six mois) est créé.

En 1958 Salan fonde les jeunes batisseurs.

 

28 Octobre 1.955:

rien.

 

29 Octobre 1.955:

rien.

 

30 Octobre 1.955:

 rien.

 

  31 Octobre 1.955:

 rien.