Juin 1955

 

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1 Juin 1.955:

une note de Soustelle : C'est ainsi que, dès le 1er juin 1955, dans un rapport adressé à Edgar Faure et à Bourgès-Maunoury, j'écrivais notamment : " On peut concevoir théoriquement, pour l'Algérie, quatre positions à l'égard de la France: l'assimilation, l'intégration, la fédération, la sécession. (Or), l'assimilation n'est plus possible...

La fédération n'est concevable qu'à long terme, une fois résolus les problèmes les plus aigus, et dans le cadre d'une Union française fortement structurée. Dans l'état actuel des choses, elle aboutirait tout droit au séparatisme."

Le 7 septembre, je développais ainsi ces idées dans une note destinée à Edgar Faure :"Ou bien l'on veut s'orienter vers la création d'un État algérien qui serait fédéré à la France, ou bien l'on entend aller vers l'intégration complète de l'Algérie dans la République française.

" En dehors de ces deux hypothèses, il ne subsiste que le maintien du statu quo, à mon avis impossible, et la sécession, que nous devons repousser.

" État algérien fédéré?.. Comme il n'y a pas d'État algérien, et qu'il n'y en a jamais eu, la naissance éventuelle de cet État serait dominée par la seule question importante: qui, dans ce cadre nouveau, détiendra le pouvoir?

" ...Une telle lutte pour le pouvoir entraînerait inéluctablement un effondrement économique total et une guerre civile prolongée.

" L'intégration permettrait de répondre à cette double exigence (celle des masses et celle des élites) : sur le plan matériel, elle assurerait, par la fusion de l'économie algérienne et de l'économie métropolitaine, la survie et le développement de l'Algérie; sur le plan moral, elle mettrait fin aux complexes d'infériorité dont se nourrit le nationalisme.

" Mais tout d'abord il convient de définir le terme. L'assimilation visait l'individu, l'intégration intéresse la province. Il faut renoncer à l'illusion de faire de chaque Musulman un Français de France. Faut-il renoncer à intégrer la province algérienne dans l'ensemble français? Certains craignent qu'il ne soit trop tard, et je ne suis pas sans redouter moi-même les conséquences de tant de refus (comme celui du projet Blum- Violette) et de tant d'atermoiements. Cependant ce serait folie que de ne pas faire cette ultime tentative.

" L'intégration suppose :

" a ) Que l'Algérie est une province ayant sa physionomie, sa "personnalité" particulières, notamment sur le plan culturel, linguistique et religieux;

" b ) Que l'économie, l'industrie et la monnaie de l'Algérie devront être complètement fusionnées avec celles de la métropole (rattachement de l'E.G. A. et des chemins de fer, suppression de la Banque en tant qu'institut d'émission, etc.)

" c) Sur le plan politique, complète égalité de droits et de devoirs. "

Dans les Aurés, l'agha Merchi Abdallah, dit Sebti ben Laâla, caïd depuis 1941, trés influent, léve une harka de 170 hommes, sous sa propre responsabilité, dans la faction des Touabas, avec l'appui de l'ethnologue pied noir Servier, qui était son ami. Servier lui procure 50 fusils malgré les reticences du sous-prefet. mais avec l'appui du général Parlange. Au départ de Parlange, sa harka fut desarmée. Interné à Lambése, torturé, il survit et sur l'insistance de la france (et de Servier) il est rapatrié et continue à s'occuper de ses fidéles Touabas, du moins ceux qui ont réussi à échapper au massacre. Il s'git là sinon de la toute premiére, en tout cas d'une des toutes premiéres harkas, le général Parlange s'en fera le promoteur.

 

2 Juin 1.955:

Bourgés Maunoury déclare après une visite en algérie, "le climat psychologique s'est amélioré".

 

3 Juin 1.955:

Rappel de nouveaux contingents, au total 10.000 hommes.

 

4 Juin 1.955:

Yacef Saadi, arrêté sur dénonciation à Paris est transféré à Alger.

Envoyé par Abane Ramdanee pour un contact avec "l'exterieur", il est d'abord passé en france où il rencontre les dirigeants de la fédération de france, Mahsas ("boudiafiste") et Terbouche ("benbelliste" les luttes de clan sont une constante du FLN), et où il a sans doute été reperé.

Il rencontre Boudiaf (avec Mahsas) à l'hôtel Couronne à Zurich et informe qu'Abdane a décidé de donner la primauté à l'interieur sur l'exterieur. En pleine réunion, la police suisse intervient, une premiére, elle avait jusqu'à présent montré une neutralité institutionnelle. La police saisit les papiers, interroge, garde les hommes dix jours, puis les expulse: Boudiaf et Mahsas vont au Caire, Saadi demande la Belgique d'où il pense pouvoir gagner Alger. Comme les polices européennes désormais collaborent, il est accueilli par la police belge, Expulsé, il est attendu par la DST à Paris ce 4 Juin. Qui l'interroge, n'en tire rien ("on m'a obligé") l'envoie à Alger, où, faute de preuves on le relache en esperant qu'il livrera ses contacts.

Les mauvaises langues disent qu'il a été retourné, les autres qu'il a roulé les policiers. On verra en date du 21 Juin une explication éventuelle.

Saisie à Marseille de tracts communistes invitant les militaires à la désertion.

 

5 Juin 1.955:

Deux femmes âgées de 65 ans, Amrami Mouhari et Kadri Zineb du village de Tigrine, sont entraînes hors de leur maison, violées, égorgées par une dizaine de fellaghas armés. Raison:percevaient la pension de leur mari tué en 1940 à Dunkerque. Photos

Assassinat du caïd Laissoub Hacène au douar Irdjana (commune de Taher). L

 

  6 Juin 1.955:

Soustelle soumet à Faure un plan de réforme pour l'algérie et demande encore des renforts.

 

7 Juin 1.955:

rien.

 

8 Juin 1.955:

rien

 

9 Juin 1.955:

rien

 

10 Juin 1.955:

M. July, ministre français des affaires marocaines et tunisiennes, regrette l'attitude des états unis en Afrique du nord.

 

  11 Juin 1.955:

Au douar Guer Amar (c.m. La Meskiana, dép. Bône), deux hommes sont assassinés: Belkhini Mohamed (qui voulait être garde champétre) et Makhloufi Athmane, chef de chantier; les mains liées dans le dos puis égorgés; le cadavre du premier tient dans sa main droite un tract dactylographié finissant par ces mots "Vive les patriotes, vive la liberté, vive la justice" et signé de l'A.L.N.

  

12 Juin 1.955:

Abane Ramdane, kabyle, est désigné par Belkacem, kabyle, pour prendre en main la ville d'Alger. Ramdane est une sorte d'intellectuel, il est connu pour ses argumentaires en faveur du recrutement des fells. Parmi ces arguments il y a "les combattants se partageront les femmes des européens". C'est lui aussi qui a rendu populaire le fameux "la valise ou le cercueil". Belkacem le confie à un couple d'européens, les Georges, qui déménagent pour le 28 de la rue Horace Vernet. Ali, alias Abane Ramdane, les suit. La reprise en main des collecteurs de fonds est rapidement menée. Sous son masque d'intellectuel sérieux, Abane dissimule une énergie féroce; pour l'exemple trois collecteurs indélicats sont égorgés, tout rentre dans l'ordre, l'argent afflue en Kabylie, plusieurs centaines de millions (francs anciens) en 1955, 1956 !

- Affaire réglée, rend compte Abane Ramdane. Mais il y a ici beaucoup de lacunes à combler. Les adjoints de Bitat sont parfaits pour s'occuper de la Casbah et des quartiers ouvriers, mais ils n'ont pas l'envergure suffisante pour faire connaître notre lutte dans les milieux évolués et les convaincre de choisir entre nous et les Français. Dans les djebels les Moujahidines mènent une lutte glorieuse, mais il faut aussi se battre dans les villes et de toutes les manières.

- D'accord, approuve Krim Belkacem. Tu as carte blanche.

Son sens inné de l'intrigue place rapidement Abane Ramdane au centre de l'activité clandestine dans la capitale. Tout en donnant au F.L.N. d'Alger sa première organisation politico - administrative sérieuse, il prend avec les milieux les plus divers des contacts fructueux qu'il sait au besoin rendre habilement compromettants. Les hommes ou les femmes qui mettront le doigt dans l'engrenage de sa conversation passeront tout entier à la collaboration avec le Front ou s'exposeront à bien des ennuis avec les autorités. Il reprend en main les hommes arrêtés fin 1954, puis libérés : Ben Khedda, Kiouane, Lamine Debaghine...Leurs troupes déjà en grande partie passées au F.L.N., les leaders du M.T.L.D. ne peuvent qu'apporter leur caution aux rebelles. Les chefs de l'U.D.M.A. : Ferhat Abbas, Ahmed Francis, Boumendjel, réservés jusqu'alors, se soumettent en deux mois aux conditions du Front. Ils s'engagent à ne se prêter à aucune négociation sérieuse avec les autorités avant d'avoir obtenu la reconnaissance de l'indépendance de l'Algérie et de la représentativité unique du F.L.N.

Bien introduit dans la bourgeoisie musulmane et dans les milieux français bien pensants, Lebjaoui, l'ami de Jacques Chevallier, ouvre à Abane bien des portes et celles de la mairie d'Alger, fournisseuse de faux papiers. Il requiert l'aide des communistes tout en refusant, conformément aux ordres de Krim, leur adhésion collective. Les communistes vont procurer au terrorisme algérois sa deuxième génération d'artificiers. Chez les Georges dont il fait son P.C., le pseudo Ali reçoit ses amis du maquis: Krim Belkacem et Ouamrame lorsqu'ils descendent de Kabylie; des Européens aussi, M. Chaulet, secrétaire de la C.F.T.C. (d'avant la scission) dont le fils médecin véhicule les chefs rebelles à l'abri du caducée, Robert Barrat un journaliste de Témoignage Chrétien pour lequel il organise une visite d'amitié dans le maquis de Palestro.

Le journal qu'il inspire, El Moujahid, transmet ses idées à la population. Les premiers numéros de ce journal, qui va devenir celui du F.L.N., sont tirés sur la ronéo de l'abbé Bertal que les appels au meurtre qu'ils contiennent ne semblent pas beaucoup troubler. L'amie de ce prêtre d'avant-garde se rend à Oran où, avec la complicité d'un autre prêtre, l'abbé Sacher, s'imprime l'édition oranaise d'El Moujahid. Ainsi patronné, Abane Ramdane devient une personnalité à peine clandestine. Il suffit de frapper à la bonne porte pour le rencontrer.

- J'ai l'occasion, dit-il à Krim Belkacem, de rencontrer un membre du cabinet de Soustelle qui a demandé à me voir .

- Qui ?

- Le commandant Monteil; c'est le professeur Mandouze qui s'offre à organiser un contact .

- Méfie-toi. Monteil est de notre côté, mais il parle beaucoup.

- Le rendez-vous aurait lieu chez le professeur Touchard qui a accepté de prêter son appartement pour certaines de mes rencontres avec les frères.

Le professeur Mandouze dirige une revue Consciences Maghrébines où s'élabore, en chambre, la solution du problème algérien, une solution si proche de celle du F.L.N .que celui-ci recopiera purement et simplement les six premiers numéros de cette publication sous le titre Documents algériens. Le professeur n'a pas jugé utile de dévoiler à son collègue l'identité réelle et les fonctions de son hôte rebelle. Le professeur Touchard s'imagine donner l'hospitalité à un doux intellectuel persécuté par la police. Très surpris par la violence des propos tenus par M. Ali, ses yeux innocents se décillent; il cessera de l'héberger .

- Ne t'engage à rien, recommande Krim à son délégué à Alger. Laisse venir. Attends les propositions et réclame en signe d'apaisement la libération de tous les prisonniers.

Encouragé par Maître Stibbe, par le journaliste Robert Barrat et par le toujours très actif professeur Mandouze, M. Mendès-France, alors ministre du gouvernement Guy Mollet, ministre sans porte- feuille il est vrai, ce qui le met à l'abri des responsabilités, cherche à rencontrer Abane Ramdane.

- Accepte, conseille Krim à son lieutenant, enregistre ses propositions. Rappelle la position du Front: la France doit reconnaître l'indépendance de l'Algérie avant toute négociation. C'est une ouverture intéressante. Je préviens l'extérieur .

Averti, le colonel Nasser fait savoir à M. Pineau, ministre des Affaires étrangères que le chemin de la négociation, pour avoir quelque chance de succès, passe par Ben Bella et ses amis, c'est-à-dire ses protégés et non par les terroristes d'Alger. Krim est furieux mais la position du Bikbachi ne déplaît pas aux hommes de gauche alors au pouvoir qui mettent volontiers dans le même sac, les militaires d'Alger et les combattants des djebels. Abane Ramdane ne rencontrera pas M. Mendés- France. En revanche, en janvier 1957, il s'entretiendra avec le consul général des Etats-Unis, M. Whright désireux, selon ce dernier, d'éviter une grève générale à Alger .

Pour les Européens qui se font les complices du F.L.N., leurs activités ont un petit goût de résistance qui ne déplaît pas à tous ces personnages mal dans leur conscience. C'est le très classique engrenage qui les conduit à la collaboration avec l'ennemi: on transporte une lettre puis un paquet de tracts, on donne asile à un homme traqué par la police en attendant de transporter des armes. Lorsque les parachutistes de Massu, en 1957, à la recherche des poseurs et des poseuses de bombes, donneront quelques vigoureux coups de pied dans le panier de crabes d'Alger, on s'étonnera tout de même de la curieuse impunité dont purent jouir si longtemps Abane Ramdane et ses amis.

- Nous connaissions la présence d'Abane Ramdane à Alger, ses complicités dans les milieux européens et ses relations avec des personnalités de la ville, dira M. Rauzy, le directeur de la Sûreté du territoire. A plusieurs reprises la D.S.T. a demandé au procureur de la République des mandats pour entendre les suspects et pour procéder à des perquisitions. Jamais, elle ne les obtint, le cabinet de M. Soustelle s 'y opposant ".

L'excessive propension d'Abane Ramdane à tenir le devant de la scène lui coûtera la vie: ses collègues excédés l'exécuteront trois ans plus tard.

(Henri Jacquin, la guerre secrète en algérie, Olivier Orban 1977, ISBN 2-85565-055-0)

 

13 Juin 1.955:

rien.

 

14 JUIN 1.955:

rien

 

15 JUIN 1.955:

rien

 

  16 JUIN 1.955:

rien

 

17 Juin 1955 :

9 bombes ont été posées dans la ville de Philippeville, dont 5 ont explosé, causant des degats materiels. Ce sont les premiéres bombes du FLN, (si on ne compte pas les tentatives ratées du premier novembre 1954, ni les bombes trouvées en avril à Constantine) d'autres suivront, ce qui n'empeche pas la propagande fell de pretendre que la premiére bombe a été posée par des euopéens le 12 Août 1956 dans la casbah d'alger.

A Victor Duruy un agriculteur Jacques Fiama est asassiné alors qu'il revenait de sa ferme en voiture . Son fils de 17 ans, qui conduiait un tracteur est arreté. et tué à son tour. Le materiel de la ferme est brûlé.

 

18 Juin 1.955:

La situation du Constantinois devient préoccupante, chaque jour apporte son lot de sabotages de cultures et de bâtiments agricoles, d'accrochages avec les soldats français et parfois d'assassinats, comme ce jour un père et son fils de 17 ans à Durny.

Encore rares en ce début de rébellion, les attentats aveugles, comme ces bombes à Philippeville qui ne font que des dégâts matériels.

 

19 juin 1.955

Arrestation de 46 FLN dans le Constantinois, par les paras.

 

20 Juin 1.955:

Rien

 

21 Juin 1955 :

Jacques Soustelle a lu le rapport de Krim et celui envoyé par Boudiaf saisis le 21 juin. Cadeau de preuve de bonne volonté de Yacef Saadi, retour de Zurich où il les a rencontré? certains le disent.. Ca expliquerait l'indulgence dont il beneficie.

Dans ce rapport est clairement indiqué que Ferhat Abbas, le leader de l'UDMA, parti réformiste a des contacts avec Ramdane, ainsi que Tebessi, un des leaders des religieux (Oulemas).

Soustelle écrit au ministre de l'intérieur, Bourgés Maunoury.

 

Je tiens à vous rendre compte, à titre strictement personnel, des résultats d'une opération de police qui a eu lieu le 21 juin et dont les développements peuvent avoir une assez grande portée. J'estime que certains éléments ne sauraient en être portés à la connaissance publique ni même à celle du parquet (au moins pour le moment) en raison de leur caractère politique ou de leurs possibilités d'exploitation policière ...

l) Rapport d'activité (photocopie jointe) . Il est hors de doute qu'Abbas (cité pages 2 et 3) n'est autre que Ferhat Abbas et que celui-ci a promis certains concours aux organisations rebelles. Certes, une telle position peut surprendre. A la vérité, elle s'inscrit malheureusement dans l'ordre actuel des choses. Il ne faut point se leurrer: les. notables musulmans ont presque tous, peu ou prou, des contacts avec les clans rebelles et, parmi eux, figurent des hommes qui, de tradition ou d'intérêts, se qualifient d'amis de la France. On cite des députés, des caïds, d'autres personnalités encore, qui ont des attaches avec les hors-la-loi et leur versent des subsides. Les uns agissent sous la contrainte, la menace ou l'empire de la peur; d'autres par calcul politique, estimant que les extrémistes, quoique peu nombreux, constituent désormais une force non négligeable. La comparaison avec la Tunisie s'impose: de même que, dans la Régence, les fellaghas étaient dans une large mesure une expression du Destour, les hors-la-loi représentent, en Algérie, l'aile marchante du nationalisme politique ou religieux. Le cheikh Tebessi, qui est un des principaux chefs des ulémas, s'est également révélé d'accord avec les envoyés de Krim. Il n'y a pas lieu non plus de s'en étonner.

Si j'ai donné mon accord à l'arrestation du docteur Lamine Debaghine, j'ai estimé que le cas d'un Ferhat Abbas ou d'un cheikh Tebessi devait être considéré et traité avec une grande prudence. Devais-je, au vu d'un tel document, livrer à la justice ces deux leaders? J'aurais alors engagé une partie dangereuse que je n'étais pas assuré de gagner. Dois-je rappeler que l'UDMA est actuellement le seul parti politique musulman autorisé et organisé et que son audience, sans être considérable, est cependant importante? Quant aux ulémas, ils représentent une force incontestablement très grande qui, par là même qu'elle touche aux fibres religieuses, peut subitement prendre une ampleur presque sans limites.

Une mesure contre un Ferhat Abbas ou contre un Tebessi s'accompagnerait nécessairement d'une action d'envergure contre l'UDMA et contre les ulémas. Ce serait alors pourvoir la rébellion et s'exposer, de la part des ulémas, à un ordre de révolte de caractère religieux. Vous conviendrez que je ne puisse, dans les circonstances actuelles, placer l'Algérie dans un tel risque. Il reste que je fais entreprendre à l'égard de Ferhat Abbas, de Tebessi et de leurs acolytes une surveillance stricte portant sur toutes leurs activités, et que je suis prêt, si la situation l'impose, à réviser ma position à leur endroit. Je compte d'ailleurs faire savoir à Abbas et à Tebessi - dès que l'enquête policière sera plus avancée - que je n'ignore rien des contacts qu'ils ont pris et que j'attends d'eux un changement formel d'attitude.

2) Lettre de Boudiaf. Ce document est d'un très grand intérêt. Il tente de justifier la carence des leaders du Caire et des capitales étrangères. Il fait valoir que les fonds du C.R.U.A. à l'étranger ne dépassent pas quatre millions et que l'acheminement des armes se heurte à de grandes difficultés. A cet égard. la lettre de Boudiaf apporte une note favorable à notre action, tout comme, d'ailleurs, certains passages du compte rendu à Krim Belkacem, qui mettent en valeur les déficiences de l'organisation rebelle.

Vous conviendrez avec moi que les considérations que je viens de vous exposer doivent rester strictement confidentielles, la partie est difficile et il faut éviter toute interférence susceptible d'en compromettre le déroulement.

Cité dans Historia, la guerre d'algérie, numéro 205

 

22 Juin 1.955:

rien

 

23 Juin 1955 :

Bourgés Maunoury réclame 40.000 hommes pour assurer la sécurité.

 

24 Juin 1.955:

Soustelle visite Batna.

Un des membres de son cabinet, Monteil, qui était chargé des liaisons avec les indépendantistes démissionne, il trouve que Soustelle met trop l'accent sur l'intégration, qui n'est pas acceptable pour les indépendantistes. Monteil ira dire à de Gaulle le mal qu'il faut penser de Soustelle, il raconte dans ses mémoires que de Gaulle avait approuvé son idée pour l'algérie d'une entité dotée d'un gouvernement autonome et intégrée dans l'union française. Enfin bon, à l'époque de Gaulle disait oui à tout le monde (ratissait large) il cherchait une occasion de revenir au pouvoir.

Coty (président de la république) affirme à Marseille: "ces pays que la france a civilisés et fécondés, elle ne les abandonnera pas à un fanatisme qui les mènerait à la pire des régressions"

 

25 Juin 1.955:

Belloul Salah ben Abdallah et Madani ben Abdallah sont égorgés à Kenchela. Photo ICI

 

26 Juin 1.955:

A l'imitation de l'ethnologue Servier, le général Parlange ouvre des S.A.S. et recrute des supplétifs.

 

27 Juin 1.955:

rien.

 

28 Juin 1.955:

rien.

 

29 Juin 1.955:

Une mission parlementaire comportant notamment Lejeune et Jacquet, retour d'algérie, critique sévèrement la situation "le justice et la force sont actuellement les deux seuls atouts de la france".

 

30 juin 1.955:

Dans Historia numéro 208 Démaret raconte que ce mois, un commando de quatre hommes, dirigé par un incertain Jo Rizza, aurait à Hussein Dey (donc aux environs immediat d'Alger) mitraillé un autocar se rendant à Djidjelli, chargé d'hommes, 60 morts, 40 blessés .

Nulle trace d'une telle hecatombe sur un autocar si lourdement chargé dans aucun journal, desinformation soigneusement mise en exergue par Historia.